Rappel des infos qui comptent

Ruée vers les dollars. Le pays est à deux doigts de la faillite. Le Liban est la troisième économie la plus endettée du monde, après le Japon et la Grèce. Sa dette représente 150% du PIB. Près de 40% des entreprises sont actuellement menacées de dépôt de bilan. Les banques, en pénurie de dollars depuis le début de la crise politique, ont instauré des limitations de retrait. La livre libanaise s’est effondrée et les transferts de capitaux sont restreints. Les prix des produits importés (essence, produits médicaux, cigarettes) ont explosés.

Cinq condamnés à mort pour le meurtre de Khashoggi. La justice saoudienne a condamné à mort cinq personnes pour l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre 2018 au consulat saoudien à Istanbul. Deux proches du prince héritier Mohammed ben Salman, dit MBS, ont été acquitté. Agnès Callamard, rapporteure spéciale des Nations unies sur les exécutions sommaires: «Bilan: les hommes de main sont coupables, condamnés à mort. Les têtes pensantes sont non seulement libres, mais n’ont presque pas été touchées par l’enquête et le tribunal. C’est l’antithèse de la justice. C’est une parodie».

Intensification de l’offensive sur Idleb. Le régime syrien et son allié russe ont intensifié leurs bombardements sur la région d’Idleb, l’un des derniers bastions de l’opposition armée, dominé par les djihadistes. Trois millions de personnes, dont moitié de réfugiés d’autres régions, y sont coincées. La Turquie ne veut plus les accueillir alors que la Russie et la Chine ont mis vendredi leur veto au projet de résolution visant à étendre d’un an l’aide humanitaire transfrontalière de l’ONU.

Démission du patron de Boeing. Dennis Muilenburg était en difficulté depuis des mois, lourdement touché par la crise du 737 Max. Le patron de Boeing a finalement démissionné lundi 23 décembre. Deux accidents de son avion vedette en moins de cinq mois ont plongé Boeing dans la plus grave crise de son histoire.

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar

Six semaines pour un gouvernement. Hassan Diab a été désigné Premier ministre du Liban le 19 décembre. Il remplace le sunnite Saad Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous pression de la rue. Ingénieur, inconnu grand public, vice-président de l’Université américaine de Beyrouth, il a annoncé vouloir former un gouvernement dans les six semaines. Il ne fait pas l’unanimité: sa nomination résulte d’un choix de l’establishment, que les manifestants rejettent en bloc, et sa proximité avec le Hezbollah l’affaiblit auprès de l’opinion sunnite.

Les hôpitaux ferment. Même à AUBMC, l’hôpital de l’Université américaine de Beyrouth, deux étages ont été mis à l’arrêt. Au Liban, seule 3% de la population est assurée et la sécurité sociale ne couvre qu’une partie de la population. Or l’État libanais n’a plus remboursé les hôpitaux depuis longtemps, si bien que ceux-ci n’acceptent que les quelques patients qui paient l’entièreté de leurs soins. Faute de patients solvables, le personnel médical est au chômage technique une à deux semaines par mois. De plus, le matériel médical vient à manquer, en raison de la pénurie de dollars. Philippe Douaihy, médecin urgentiste à AUBMC: «La situation est pire que pendant la guerre civile.»

Les réfugiés syriens paient le prix de la crise du dollar. Virés de leur job, expropriés de leurs logements de fortune, leurs enfants déscolarisés… dans la vallée de la Bekaa, les familles syriennes sont les premières victimes de la crise économique et se préparent à rentrer au pays, en désespoir de cause. Les ONG voient leurs financements bloqués par les limitations de transferts de capitaux et gèlent donc les projets. De plus, une partie de l’aide humanitaire est détournée des Syriens pour subvenir aux besoins des Libanais affectés par la crise.

Sophie Woeldgen

Libanais, plutôt que sunnite, chiite ou chrétien. Hady vient d’une petite ville à l’extrême sud du Liban. Comme la plupart, il est au chômage. Pour lui, avant la révolte, il y avait deux alternatives: émigrer en Afrique, comme son frère, ou s’enrôler dans une milice. Mais cela fait deux mois qu’il vit sur la Place des Martyrs. Et, comme beaucoup de jeunes, il a retrouvé espoir en son pays. Il participe à des conférences sous dans les tentes du centre-ville, il fraternise avec ceux dont il se serait méfié, avant. Beaucoup le disent: en octobre, nous nous sommes réveillés Libanais, pas de telle ou telle confession.

Le labo solidarité

Consultations médicales gratuites. Le jeune urgentiste Philippe Douaihy a lancé le mouvement il y a un mois. Confronté à des malades incapables de payer une consultation médicale, il a publié un post Facebook dans lequel il proposait de lui décrire leurs problèmes de santé, ajoutant qu’il essaierait de les aider comme il pouvait. Il reçoit désormais une centaine de messages par jour et a été rejoint par une trentaine de médecins ou de cliniques qui proposent des consultations gratuites.

729 avocats en tournée dans les prisons libanaises. Le candidat indépendant Melhem Khalaf, soutenu par la société civile, a été élu bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth à la mi-novembre. Son élection est l’une des victoires du mouvement de contestation. Dimanche, Melhem Khalaf et 728 de ses collègues ont visité une vingtaine de prisons sur l’ensemble du territoire libanais, pour un état des lieux. «Le prochain gouvernement doit mettre l’humain en priorité, a-t-il déclaré à son retour. Nous ne pouvons accepter ce que nous avons vu aujourd’hui comme souffrances dans les centres de détention.»

Organisation connectée des protestataires. Depuis le début des manifestations, le 17 octobre, les rassemblements sont imprévisibles. Les Libanais se passent le mot via des groupes WhatsApp et descendent aussitôt dans les rues. Mais depuis quelques semaines, ces moyens de communication sont surtout utilisés pour transmettre des adresses, des numéros où quiconque peut obtenir de l’aide. Nourriture gratuite, distribution de vêtements, l’offre est variée. L’application Khayyak, dont le nom peut être traduit par «ton frère», met en contact ceux qui peuvent aider et ceux qui en ont besoin.

Sur Heidi.news aujourd’hui

A Noël, la famille se retrouve pour évaluer ses performances ou insulter la grand-mère. «Défis de famille» est signé par deux thérapeutes de familles qui travaillent ensemble depuis 15 ans: le psychologue Jon Schmidt et le pédiatre Nahum Frenck. Les seize histoires de thérapie systémique qu’ils développent dans ce livre révèlent des familles où la performance est devenue la norme et où la crise naît dans la trivialité du quotidien. A l’heure de se réunir en famille pour Noël, ils offrent une réflexion aux parents. Attention, ça pique, un peu comme les épines d’un sapin.

Santé mentale et surpoids chez l’enfant. Le surpoids chez l’enfant n’est pas qu’une histoire d’alimentation et de nutrition. Dans cette vidéo, Allan Bonjour, maître sportif en activité physique adaptée, soulève l’aspect psychologique du surpoids chez l’enfant.

Reportage au Chili, où le télescope LSST filmera l’Univers en continu. Implanté en bord de falaise à 2700 m d’altitude au Chili, le télescope LSST (pour Large synoptic survey telescope) observer dès 2022 l’Univers… en 3D. Encore en cours de construction, cet outil unique au monde photographiera le ciel austral pendant dix ans. Reportage.

Dans le même format très court et incisif que pour son prix Goncourt 2018, Eric Vuillard se penche avec «La guerre des pauvres» sur un nouvel extrait des banlieues de l’histoire. De la mise en place du pouvoir hitlérien qu’il autopsiait dans «L’ordre du jour», on passe aux révoltes protestantes du XVIe siècle, ce «soulèvement de l’homme ordinaire» contre les privilèges des puissants et les manipulations religieuses du système féodal. Une flambée qui n’est pas sans rappeler la montée en puissance des gilets jaunes. Dans son style très travaillé et identifiable, expressif mais efficace, l’auteur nous raconte la spiritualité et le grain de folie qui ont lancé ces premières révolutions. Et encore une fois, il le fait à hauteur d’homme, et en particulier en suivant le vigoureux prédicateur allemand Thomas Müntzer.

Sophie Woeldgen s’est tournée vers le journalisme et la photographie après des études de médecine et d’économie. Elle a travaillé à La Gruyère, la RTS, Le Temps et vient de terminer son stage chez Heidi.news, au sein du Flux Santé. Elle en est à son 5e séjour au Liban.