Bonjour, c’est Sophie à Beyrouth, où l’humeur, deux semaines après l’explosion, oscille entre épuisement et humour noir.

Ce matin, je vous parle des Libanais, de leur situation économique et de l’enquête sur l’explosion, à laquelle personne ne croit. A Beyrouth, il y a aussi Manuel Carcassonne, le patron des éditions Stock, qui a écrit pour Heidi.news un texte intime et poignant.

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Sophie Woeldgen à Beyrouth
17.08.2020

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Rappel des infos qui comptent

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Une équipe de secours dans le port de Beyrouth, le 8 août. (AP Photo/Thibault Camus)

Une explosion qui ne passe pas! Près de deux semaines après l’explosion, les Libanais continuent de déblayer. Ceux qui ont les moyens réparent, les autres se contentent de nettoyer et de colmater les fenêtres avec du plastique. Mais en pleine crise politique et économique, cette explosion est la goutte de trop. L’épuisement est général. Le sentiment principal est celui de l’impuissance, couplé à une note d’espoir. Bientôt, ce sera le bon moment pour un renouveau politique, estime l’hebdomadaire allemand dans un excellent article.

Der Spiegel (DE)

La viande hors de prix. Julie, une journaliste qui gagnait en livres libanaises l’équivalent de 1450 dollars par mois, en gagne maintenant 200. Avant l’explosion déjà, elle ne pouvait plus payer son loyer et n’achetait plus de viande. Maintenant que le toit de son appartement s’est effondré, la question ne se pose plus, elle vit chez sa tante. La dégringolade de la livre libanaise couplée à l’hyperinflation touche la classe moyenne de plein fouet. Selon Save the Children, près de 910’000 personnes, dont un demi-million d’enfants, peinent à satisfaire leurs besoins essentiels, dont s’alimenter. Depuis septembre dernier, le pouvoir d’achat des familles a chuté de 85%. Environ 40’000 élèves vont être déscolarisés car leurs parents n’ont plus les moyens de payer les frais d’inscription.

L’Orient le Jour (FR)

Sortir des rouages communautaires. Les Libanais s’accordent sur le fait que leur classe politique est corrompue et qu’il faut du changement. Mais après 30 ans de communautarisme, difficile d’abandonner les alliances. Les chiites partisans du Hezbollah, notamment, craignent de perdre leur protecteur, Hassan Nasrallah, un père, un protecteur. Grâce au parti, leurs enfants ont accès à l’éducation et ils se sentent protégés d’Israël.

The New York Times (EN)

Le régime Loukachenko sur la sellette. Je comptais ne mettre dans cette newsletter que des articles sur le Liban, mais la situation en Biélorussie mérite une exception. Les manifestations se poursuivent et Pavel Latouchko, ancien ministre de la culture, confie au Monde: «vendredi matin, j’ai eu honte et j’ai fait défection».

Le Monde (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans le radar

Verdict attendu Mardi, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) veut rendre son verdict. Plus de 15 ans après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri, lors duquel 22 personnes ont trouvé la mort, les Libanais sauront peut-être qui en a été l’auteur. Les juges du TSL sont libanais et internationaux. Ce verdict prend une saveur particulière dans un pays où les crimes de la guerre civile n’ont jamais été jugés et au moment où les Libanais aimeraient savoir si l’explosion qui a ravagé leur capitale est accidentelle ou non.

L’Orient le jour (FR)

Ambitions étrangères. Depuis l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth, les dirigeants étrangers se succèdent au pays du Cèdre. La venue d’Emmanuel Macron a été largement débattue. L’arrivée du porte-hélicoptères tricolore Tonnerre dans le port de Beyrouth, venu livrer de l’aide humanitaire, soulève de nombreuses questions. Ici, un bâtiment militaire n’est jamais perçu comme anodin. Paris est actif, mais Washington et Téhéran ne sont pas en reste.

L’Orient le Jour (FR)
Une raison d’espérer

Solidarité omniprésente. Les quartiers proches du port étaient l’épicentre de la vie nocturne et culturelle beyrouthine. Les grandioses boîtes de nuit ont été soufflées. Les galeries d’art et les cafés, hébergés dans les vieilles bâtisses libanaises, sont en ruine. Dans les quartiers de Gemmayzé et de Mar Mikhael, autrefois vivants jour et nuit, il ne reste plus un snack. A la place, des milliers de bénévoles venus de tout le pays aident les habitants. La journée, sous un soleil de plomb, les rues sont bondées. Chacun s’affaire. Les distributions de nourriture, d’eau et de masques sont permanentes. Sandwich et barquettes de Mujadarra, plat typique de lentilles, de riz et d’oignons caramélisés, sont disponibles à longueur de journée. Tout est gratuit, tout le monde mange à la même enseigne.

La Croix (FR)

Trois projets d'aide humanitaire

De l’aide aux retraités à la distribution de nourriture. L’ONG Beit el Baraka, fondée et présidée par Maya Chams Imbrahimchah, travaille sur trois axes: un supermarché solidaire, la restauration d’appartements et le financement de traitements médicaux. D’abord destinée aux personnes âgées, l’association aide maintenant 200’000 personnes, de tout âge, à travers le Liban. En effet, plus de 60% des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Dans les quartiers détruits par l’explosion, l’ONG a récupéré des cuisines de restaurants endommagés et distribue de la nourriture.

Beit el Baraka (EN)

D’antiquaire à gestionnaire d’ONG. En décembre dernier, le magasin d’antiquités d’Akram Nehme accueillait encore des clients. Mais ils devaient circuler entre les palettes de nourriture. Car certaines familles du quartier commençaient à manquer de tout. Ce commerçant a donc improvisé une banque alimentaire dans son magasin. Depuis, son association, Achrafieh 2020, compte une centaine de bénévoles et des centaines de bénéficiaires réguliers, dont les récentes victimes de l’explosion. Sur le site, vous pouvez participer à une fenêtre, ou l’offrir complètement.

Just Help (FR)

Aide psychologique et rétablissement de l’eau courante. Depuis l’explosion, l’Unicef est omniprésent dans les quartiers dévastés de Beyrouth. Des membres de l’organisation passent de maison en maison pour répertorier les bâtiments qui n’ont plus accès à l’eau. Elle distribue aussi de l’eau potable aux habitants de ces quartiers et a mis en place des soutiens psychologique.

Unicef (FR)

Pendant ce temps sur Heidi.news

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(KEYSTONE/Peter Klaunzer)

La nouvelle vie de Daniel Koch: Monsieur Covid chez les banquiers. Après son «plouf» dans l’Aar, Monsieur Corona est très demandé. Samedi, il a honoré de sa présence l’Association des Propriétaires d’Appartements et de Chalets de Crans-Montana (sic). Notre envoyé spécial y était. Les avis de l’épidémiologiste ont été complétés par quelques conseils d’investissement, «pour ne pas s’appauvrir durant la crise».

Heidi.news (FR)

Ça pourrait vous étonner

100 millions de dollars retrouvés. Des rumeurs évoquaient la fortune du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, depuis des années. Mais jusqu’ici, le montant de cette fortune était restée inconnu. Le voilà: le fonctionnaire a tranquillement investi 100 millions de dollars dans des actifs à l’étranger, notamment au Royaume-Uni, alors qu’il passait son temps à encourager les Libanais à investir dans son pays, économiquement dévasté.

OCCRP (FR)

Un parasite qui pourrait tuer son hôte. Dans un entretien à L’Orient-Le Jour, Nadim Houry, directeur du think tank Arab Reform Initiative, évoque les dysfonctionnements de la politique libanaise et ses espoirs de voir un autre système émerger. «Ce régime est un parasite qui est en train de tuer son hôte», dit-il.

L’Orient-Le Jour (FR)

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