Je partage | Je m'inscris

Bonjour, c’est Lorène pour votre Point fort du jour.

Des caméras qui savent qui vous êtes avant les soldats? C’est le système mis en place à Hébron par l’armée israélienne.

L’ONG Amnesty International a publié aujourd’hui un rapport qui dresse le portrait de cette reconnaissance faciale utilisée à des fins de coercition.

Aujourd’hui, ça se passe en Cisjordanie. Et demain, chez nous?

photo journaliste

Lorène Mesot, Genève

02.05.2023

Avant d'entrer dans le vif

🎥 La grève d’Hollywood contre les IA nous concerne tous. Pour notre journaliste Fabrice Delaye, ce sont tous les métiers créatifs qui sont touchés.

🌱 La brûlante question des semences industrielles. «On pousse les petits pays vers ces semences, au détriment des paysans», affirme la chercheuse Fulya Batur.

😷 «Si vous ne voulez plus entendre parler de la loi Covid, votez oui». C’est l’un des arguments d’Alain Berset pour défendre la loi Covid, en amont du référendum prévu le 18 juin.

Heidi.news fête ses 5 ans! Profitez de 50% de rabais sur nos abonnements

📧 On vous a transféré ce Point fort?
Alors n’hésitez pas à vous inscrire: c’est tous les jours et c’est gratuit.

🙏 Vous voulez nous rendre service?
Donnez-nous votre avis sur cette newsletter, vos retours sont précieux!

Les visages, nouveau territoire occupé en Palestine

Photo article

Caméras de surveillance dans le quartier de Silwan à Jerusalem-Est. Les caméras surveillent un cimetière juif dans ce quartier majoritairement occupé par des Palestiniens. / Photo Riva-press / Lucien Lung

🌐 Lire en ligne 🌐

L’armée israélienne utiliserait des systèmes de reconnaissance faciale dans deux villes situées en Cisjordanie. A Hébron, la technologie permettrait même de contrôler les mouvements des Palestiniens.

C’est ce que dénonce aujourd’hui Amnesty International dans un rapport de 80 pages.

De quoi on parle. Le document de l’ONG, intitulé «L’apartheid automatisé», révèle l’existence d’un logiciel de reconnaissance faciale baptisé Red Wolf.

Ce système serait utilisé à Jérusalem-Est et à Hébron, deux cités contrôlées, tout et en partie, par les forces israéliennes.

Installé dans différents points de contrôle, ce logiciel peut bloquer automatiquement l’accès aux Palestiniens qui sont recherchés ou non enregistrés dans les bases de données, affirme Amnesty dans son rapport.

Selon un témoignage d’un ancien commandant israélien en poste à Hébron, la caméra capture le visage et l’affiche sur l’ordinateur. Si le logiciel reconnaît le visage, l’écran devient vert et la personne peut passer sans même montrer sa carte d’identité.

Les conséquences. Le logiciel de reconnaissance faciale – Red Wolf – aurait ainsi la capacité de décider si une personne peut ou non traverser le point de contrôle, grâce à un portique automatique.

L’ONG dénonce une technologie qui trancherait de façon «automatique, arbitraire et sans possibilité de négociation ou d’intervention humaine».

Pour Matt Mahmoudi, spécialiste de l’IA chez Amnesty, contacté par téléphone: «Il s’agit d’un système dans lequel vous devez vous fier à un algorithme imparfait, reposant sur une base de données composée uniquement de visages palestiniens, lesquels ont été capturés à leur insu et sans leur consentement».

Selon lui, cela modifie profondément la manière dont les individus se comportent, car ils se savent surveillés en permanence.

«A Hébron, nous avons reçu des témoignages de Palestiniens qui affirment que l’omniprésence de la surveillance a tué toute forme de vie sociale», rajoute Matt Mahmoudi.

Une meute de loups. Le système red wolf s’inscrit dans un véritable écosystème de la surveillance:

 🐺 La base de données Wolf Pack recenserait de nombreuses informations sur les Palestiniens vivant en Cisjordanie.

 📱 L’application smartphone Blue Wolf permettrait pour sa part d’interroger en temps réel Wolf Pack, en s’appuyant sur le logiciel de reconnaissance faciale. Ces éléments avaient été révélés il y a deux ans par le Washington Post.

 📸 Selon Amnesty et le média américain, l’armée israélienne a mis en place des prix pour récompenser les unités qui récoltent le plus grand nombre de photos de Palestiniens, de manière à alimenter la base de données.


Aujourd’hui chez eux, demain chez nous? Le rapport d’Amnesty International s’inscrit dans une démarche globale. L’ONG cherche à faire interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale à des fins d’identification dans le monde entier.

Matt Mahmoudi affirme qu’aucune recherche ne démontre aujourd’hui que le recours à cette technologie réduit la criminalité, alors qu’il s’agit souvent de l’argument justifiant son déploiement.

En Suisse, la Ville de Lausanne a décidé en mars d’interdire les systèmes de reconnaissance faciale dans l’espace public, comme l’ont déjà fait Saint-Gall et Zurich.

Mais en parallèle, le Conseil fédéral a récemment demandé 25 millions de francs pour permettre à l’Office fédéral de la police de recourir à l’identification biométrique – incluant la reconnaissance faciale – pour confondre un suspect dès 2026.

Lire sur Heidi.news (abonnés) (FR)

Pour aller plus loin

Surveillance numérique: jusqu’où sommes-nous traqués? Si bien des gens estiment n’avoir rien à cacher, ils n’ont pas forcément conscience de l’ampleur de la traque dont ils font l’objet. Redécouvrez notre enquête sur ce thème.

Heidi.news (accès abonnés) (FR)

«Comme pour le climat, il faut une sobriété face à la surveillance numérique.» Le journaliste Olivier Tesquet, auteur de deux ouvrages sur les technologies sécuritaires, nous fait remarquer que si la sobriété est un terme à la mode quand on parle climat, il n’est jamais employé pour évoquer la surveillance des individus.

Heidi.news (FR)

La Suisse joue encore la montre sur le front de la protection des données. Le 1er septembre, la nouvelle Loi fédérale sur la protection des données entrera en vigueur en Suisse. Considérée comme moins ambitieuse que son homologue européenne (RGPD), voici ce qu’elle va changer dans notre pays.

Heidi.news (accès abonnés) (FR)

Il est temps de raconter le monde

Photo article

✨ Heidi.news fête son premier lustre. Pour célébrer nos cinq ans, profitez de 50% de rabais sur nos abonnements et nos bons cadeaux. Nos offres anniversaires sont valables jusqu’au dimanche 12 mai inclus: faites vite!

Découvrez aussi notre toute nouvelle Exploration axée solutions, On a trouvé des journalistes heureux, qui dresse le portrait de médias qui marchent. Bonne lecture!

Voir les abonnements

De bonnes lectures

La reconnaissance faciale est-elle vraiment sûre? La RTS tente de répondre à cette épineuse question. Entre les biais potentiels propres aux algorithmes et les méthodes qui permettent d’attaquer ces technologies afin d’en détourner l’usage, les risques sont réels. Pourtant, ces systèmes s’immiscent de plus en plus ouvertement dans nos vies. Un exemple? La fonctionnalité Face ID, proposée par les modèles d’iPhone les plus récents. Simple, rapide et efficace. Mais quid de la sécurité?

RTS Info (FR)

A Paris, les JO 2024 permettront de tester la reconnaissance faciale. C’est un sujet qui a divisé jusqu’au sein de la majorité présidentielle en France. La loi qui définit le cadre sécuritaire pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris, adoptée depuis, autorise le recours à des systèmes de surveillance algorithmiques, parmi lesquels la reconnaissance faciale. Le journal Libération en dresse les contours, avec cette formule bien trouvée en titre: «Les JO de Paris 2024, cheval de droit pour arsenal sécuritaire».

Libération (FR)

Vous avez aimé? Partagez:

Facebook Twitter Linkedin Instagram
b696e884-f624-429e-91a6-1af20f5cf9e3.png

Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse