đ Lire notre interview Ă chaud sur le sujet (abonnĂ©s) đ
➢ Lâinitiative pour lâallĂšgement des primes dâassurance-maladie du parti socialiste Ă©chauffe les esprits au Parlement.
➢ Enfin, câest surtout son contre-projet indirect qui gĂ©nĂšre un bras de fer tendu entre les deux chambres de lâAssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale.
L’enjeu? Il est double.
➢ Lâinitiative du PS prĂ©voit de plafonner Ă 10% du revenu dâun mĂ©nage le montant des primes dâassurance-maladie. CoĂ»t estimĂ© du projet, sâil est acceptĂ© par le peuple: 4,5 milliards.
➢ Le contre-projet indirect poursuit le mĂȘme objectif, mais va moins loin que le texte de lâinitiative. CoĂ»t estimĂ© de ce projet de loi: 2,2 milliards.
đïž Qu’en ont dit les sĂ©nateurs? Ils se sont prononcĂ©s en novembre 2022, et ne veulent ni l’un ni l’autre. «Raison Ă©voquĂ©e: en l’acceptant, on s’immisce dans la rĂ©partition des compĂ©tences entre cantons et ConfĂ©dĂ©ration», commente Benjamin Roduit (Le Centre/VS).
Sous la coupole Hier, le Conseil national a remis l’ouvrage sur le mĂ©tier et les Ă©changes ont Ă©tĂ©… musclĂ©s. đ„ FlorilĂšge.
➢ CĂ©line Amaudruz (UDC/GE):
«La rĂ©alitĂ© nous la connaissons tous trop bien: les dĂ©penses de la santĂ© augmentent constamment. Lâinitiative dite dâallĂ©gement des primes est un emplĂątre sur une jambe de bois. Et les pyromanes dâhier viennent en pompier tenter dâĂ©teindre un feu social. Ce projet est un palliatif qui se limite Ă accompagner un systĂšme dĂ©faillant tout en se heurtant Ă l’autonomie des cantons. Enfin, lâinitiative ne sâattaque pas aux coĂ»ts.»
➢ Thomas de Courten (UDC/BS):
«Le contre-projet signifie une hausse des impĂŽts. Il se contente aussi de rĂ©gler les symptĂŽmes d’un problĂšme, mais pas le problĂšme de fond.»
➢ RaphaĂ«l Mahaim (Les Verts/VD):
«Le refus du Conseil des Etats est un bras d’honneur Ă toutes les familles et mĂ©nages modestes de pays. Ils sont Ă©tranglĂ©s par le montant des primes. Certains mĂ©nages paient des primes dĂ©passant 15% de leurs revenus et elles atteignent parfois jusqu’Ă 20%.»
➢ Benjamin Roduit (Le Centre/VS):
«Neuf cantons dĂ©pensent moins d’argent en subsides de primes qu’il y a dix ans, alors que les coĂ»ts de la santĂ© ont augmentĂ© durant cette pĂ©riode. Alors ce qu’on doit faire, c’est agir pour les payeurs de primes fortement impactĂ©s par la hausse de cette annĂ©e. La charge pour les mĂ©nages s’Ă©lĂšve en moyenne Ă 14% des revenus des mĂ©nages. Il y a urgence Ă freiner la hausse des primes.»
➢ Barbara Gysi (PS/SG):
«Les cantons ne font pas leur travail. Cinq ont encore allouĂ© moins de moyens cette annĂ©e aux subsides. Ăa suffit.»
➢ Pierre-Yves Maillard (PS/VD)
«[C’est] le sujet de prĂ©occupation numĂ©ro un des citoyens. Franchement, refuser dâentrer en matiĂšre sur les deux objets, l’initiative et le contre-projet indirect, est incomprĂ©hensible. Mais il y a un parti qui dit quâil ne faut faire ni lâun ni lâautre: lâUDC. Et une partie du PLR. On nây comprend plus rien.»
La position d’Alain Berset. Le conseiller fĂ©dĂ©ral a menĂ© la charge sabre au clair:
«Les primes reprĂ©sentent une charge importante pour les mĂ©nages. Et la charge des primes dĂ©pend aussi des rĂ©ductions de primes financĂ©es par la ConfĂ©dĂ©ration. Cette derniĂšre finance 7,5% des coĂ»ts de l’assurance obligatoire. Cela suit l’Ă©volution des coĂ»ts. En 2023, ce sont 170 millions de plus que la ConfĂ©dĂ©ration va mettre pour ces rĂ©ductions de primes. Pour la premiĂšre fois, le montant global va dĂ©passer les trois milliards de francs. En parallĂšle, les cantons ont peu ou pas de contraintes pour fixer leur contributions. Cela conduit Ă des Ă©volutions asymĂ©triques problĂ©matiques.
Je vous donne l’exemple d’un canton: entre 2010 et 2020, la contribution de la ConfĂ©dĂ©ration y est passĂ© de dix Ă quatorze millions de francs, soit une hausse de 40%. Et dans l’exact mĂȘme temps, ce canton a rĂ©duit sa participation Ă la rĂ©duction des primes de 7 Ă 2 millions, soit une baisse de 70%. C’est ce type d’Ă©volution qui nous pose des problĂšmes.»
Bilan des courses.
➢ A 106 voix contre 79, le National a votĂ© le contre-projet Ă 2,2 milliards.
➢ Retour en juin devant les sĂ©nateurs, pour un choix qui s’annonce difficile…
Mon analyse.
đž Pour la droite, 2,2 milliards c’est trop. Un front de la rigueur qui s’est durci depuis que Karin Keller-Sutter tient les cordons de la bourse.
đ Ce faisant, la droite prend un gros risque: celui de voir le peuple opter pour l’initiative socialiste Ă 4,5 milliards. Pour les finances publiques, c’est quitte ou double.
➥ DonnĂ©e perdante en juin dernier, l’initiative de la discorde s’est vue renforcĂ©e par l’inflation et la hausse des primes en 2023. En d’autres termes, le Parlement joue avec le feu…
đ Lire notre interview de Pierre-Yves Maillard sur le sujet (abonnĂ©s) đ (FR)
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