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Bluesky, l'anti-Twitter qui fait trembler Elon Musk?

Bluesky a été créé par le fondateur de Twitter, Jack Dorsey. | Photo capture d’écran / GB/HD

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➢ Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, les choix draconiens du milliardaire déplaisent à des millions d’utilisateurs, en quête d’alternatives.

➢ Ces derniers jours, les regards se tournent vers Bluesky, un réseau social créé en 2019… par Twitter.

Pourquoi c’est un sacré feuilleton. Bluesky a été créé par l’ancien CEO de Twitter, Jack Dorsey, à la fin 2019. L’intéressé est une personnalité respectée dans le monde du numérique.

➢ Bluesky a été financé par Twitter jusqu’en 2021, avant de prendre la forme d’un projet entièrement indépendant.

➢ Quand Elon Musk rachète Twitter en 2022, Jack Dorsey, son fondateur, se réjouit et estime que le milliardaire est la «seule alternative» pour empêcher le réseau social de tomber entre de mauvaises mains.

➢ Il s’est depuis ravisé. Il a publié sur Bluesky un texte dans lequel il appelle à construire une alternative pour qu’une telle situation ne puisse pas se reproduire.

Comment ça marche. 🐦Sur Bluesky, les publications sont appelées des skeets, que l’on peut traduire en français par «tir au pigeon». Une allusion à l’oiseau bleu de Twitter?

➢ Dans sa version d’essai, limité à des utilisateurs triés sur le volet, Bluesky ressemble encore beaucoup à Twitter.

➢ Ici aussi, la taille des textes est limitée: 300 caractères, contre 280 caractères pour les tweets. Les fonctionnalités sont similaires – partages, interactions, commentaires.

➢ Mais si sur la forme, les deux plateformes n’ont pas l’air de se différencier, il en va tout autrement pour le fond.

L’approche de la décentralisation. Contrairement à Twitter, Bluesky permet aux utilisateurs de créer et d’héberger leur propre instance de réseau social, avec des règles de modération et des services qui peuvent différer de ceux proposés par l’instance originelle de l’entreprise.

➢ Ces différentes instances peuvent être fédérées, ce qui permet aux utilisateurs de naviguer entre elles tout en conservant leurs données et leur profil.

➢ Cette décentralisation réduit l’importance de l’entreprise à l’origine de la plateforme, puisque les instances tierces existent indépendamment de Bluesky.

Un algorithme enfin personnalisable? Le principe de décentralisation s’applique aussi au choix des contenus affichés.

➢ Bluesky propose par défaut deux algorithmes: l’un classe les contenus par ordre chronologique en fonction des abonnements d’un utilisateur, et l’autre sur la base de leur popularité.

➢ Des tiers pourront développer leurs propres algorithmes – par exemple pour recommander des contenus sur la base des intérêts manifestés par l’utilisateur, et ce dernier sera libre de s’en servir ou non.

➥ Exemple fictif: un algorithme qui affiche en priorité des contenus liés au climat, tout en affichant d’abord les publications les plus commentées.

➢ Une proposition diamétralement opposée aux modèles mis en œuvre par Twitter, Facebook ou encore TikTok, qui imposent des algorithmes opaques à tous les utilisateurs.

Et une modération à la carte. 🚫

➢ Sur la modération, Bluesky va mettre en œuvre un filtrage automatisé, notamment pour supprimer les spams, à la manière de la concurrence. Les administrateurs d’une instance pourront également modérer les contenus manuellement.

➢ Les utilisateurs pourront de plus procéder à l’étiquetage du contenu pour signaler d’éventuels abus. Par exemple: cette publication relève du harcèlement.

➢ Là où Bluesky se démarque, c’est sur la possibilité pour les utilisateurs d’ajouter leurs propres règles de modération. Cela permettra par exemple de masquer des contenus étiquetés «harcèlement».

Des promesses. Ces fonctionnalités semblent intéressantes mais elles restent encore à déployer. Ces promesses permettront-elles à Bluesky de réaliser le tour de force de détrôner Twitter?

🚩 Je viens d’obtenir un accès à l’application. Je vous en parlerai dans quelque temps. Il sera intéressant d’analyser la manière dont Bluesky va intégrer des algorithmes de recommandation tiers.

Pour aller plus loin

L’opération séduction de TikTok n’épargne pas la Suisse. L’application chinoise est réputée pour son algorithme de recommandation très efficace. S’il ne s’agit pas d’un réseau social comme Twitter, la plateforme s’appuie sur des fonctionnalités similaires. Sous le feu des critiques politiques ces derniers mois, elle en vient à modifier sa stratégie de communication.

Meta travaille à une alternative à Facebook. Nom de code: P92. Meta, la maison mère de Facebook, pourrait proposer dans les années à venir un réseau social fédéré, à l’image de Mastodon et de Bluesky. Si l’on ne sait pas grand-chose sur ce projet, certains éléments évoqués par l’entreprise permettent d’entrevoir à quoi une telle plateforme pourrait ressembler.

«L’industrie de l’information est probablement la plus dangereuse pour la société.» Le spécialiste du machine learning Lê Nguyên Hoang met en garde contre les dérives des algorithmes de recommandation. Selon lui, l’industrie de l’information devrait faire l’objet d’une attention particulière des autorités. Il en compare les effets à l’industrie du tabac.

Il est temps de raconter le monde

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Découvrez aussi notre toute nouvelle Exploration axée solutions, On a trouvé des journalistes heureux, qui dresse le portrait de médias qui marchent. Bonne lecture!

De bonnes lectures

Le protocole ActivityPub peut-il sauver internet? C’est le protocole utilisé par le réseau social Mastodon. Mais pas seulement. Ces derniers mois, des acteurs bien connus de la tech s’y sont convertis, à l’image de Mozilla, Meta ou encore Flipboard. Les mots-clés? Décentralisation et interopérabilité. Si ActivityPub venait à s’imposer comme un standard, chaque utilisateur pourrait contrôler son identité sur le web. Mais les défis sont immenses.

Les réseaux sociaux, pas si polarisateurs? Le sociologue américain Chris Bail ne pense pas que les réseaux sociaux seraient responsables d’un enfermement idéologique. Dans son livre Le Prisme des réseaux sociaux, il présente les résultats de ses recherches. Selon lui, ce sont surtout les médias traditionnels qui polarisent les opinions.