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Bonjour, c’est GrĂ©goire pour votre Point fort du jour.

Vous avez sĂ»rement dĂ©jĂ  vu des photos ou des vidĂ©os montrant des exactions commises par l’armĂ©e russe en Ukraine.

Pourront-elles ĂȘtre admises devant la justice internationale pour poursuivre les crimes de guerre?

Peut-ĂȘtre, mais ce ne sera pas simple. Voici pourquoi.

photo journaliste

Grégoire Barbey, GenÚve

28.02.2023

Avant d'entrer dans le vif

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Vladimir Poutine un jour condamné via des vidéos TikTok?

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Photo Keystone via DPA / Federico Gambarini

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La guerre en Ukraine s’accompagne de milliers de photos et vidĂ©os publiĂ©es sur le web par des amateurs. Certaines semblent dĂ©montrer la responsabilitĂ© de l’armĂ©e russe dans des massacres perpĂ©trĂ©s contre des civils.

De là à aider à faire condamner Vladimir Poutine et ses généraux pour leurs responsabilités dans des crimes de guerre?

Pourquoi ce n’est pas si simple. «Le nƓud du problĂšme, c’est de faire admettre devant la justice internationale des preuves qui sont le fruit d’investigations numĂ©riques, surtout quand la rĂ©colte est assurĂ©e par une multitude d’acteurs», explique Adrien Vincart, expert forensique travaillant en zones de conflit.

  đŸ“± Les Ă©lĂ©ments de preuve issus de sources ouvertes, comme des vidĂ©os, photos ou informations publiĂ©es sur des sites web, peuvent facilement faire l’objet de manipulation.

  ⚠ A l’heure oĂč les trucages (deepfakes) se perfectionnent, distinguer le vrai du faux devient de plus en plus difficile.

  🔎 La tĂąche d’un juge consiste Ă  prendre en compte autant les indices Ă  charge que ceux Ă  dĂ©charge. Il doit pouvoir s’assurer que les Ă©lĂ©ments de preuve qui lui sont soumis sont crĂ©dibles.

La complexité de la preuve numérique.

David-Olivier Jaquet-Chiffelle, professeur en forensique numĂ©rique Ă  l’Ecole des sciences criminelles (Unil): «Deux composantes sont essentielles pour renforcer la confiance dans l’information rĂ©coltĂ©e: l’intĂ©gritĂ© et l’authenticitĂ© de l’Ă©lĂ©ment de preuve.»

Or, l’accĂšs Ă  l’information dans le domaine numĂ©rique est toujours indirect. «C’est une premiĂšre source d’erreur potentielle. Il s’agit d’interroger un serveur informatique et d’avoir confiance dans sa rĂ©ponse», prĂ©cise le spĂ©cialiste.

Garantir que l’information vĂ©hiculĂ©e par l’Ă©lĂ©ment de preuve n’a pas Ă©tĂ© trop altĂ©rĂ©e et dĂ©crit le plus fidĂšlement possible l’Ă©vĂ©nement d’origine est donc indispensable.

Vers des standards internationaux?

La mĂ©thodologie des enquĂȘteurs est un Ă©lĂ©ment clĂ© pour favoriser l’admissibilitĂ© des preuves devant la justice. «Il faut Ă©tablir des standards internationaux qui Ă©tabliront des lignes de conduite claires», estime Adrien Vincart.

L’UniversitĂ© de Berkeley, en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, a dĂ©veloppĂ© une mĂ©thodologie qui pourrait servir de standard.

Ce protocole de Berkeley sur l’utilisation des sources ouvertes numĂ©riques dans les enquĂȘtes instaure des principes sur lesquels doivent s’appuyer les enquĂȘteurs.

«C’est une bonne base, mais sa traduction opĂ©rationnelle reste complexe, mĂȘme avec une mĂ©thodologie robuste», observe Adrien Vincart.

Il n’y a ainsi pour l’heure aucune garantie que des preuves issues d’investigations numĂ©riques pourront ĂȘtre reçues devant la justice une fois que la guerre en Ukraine, qui dure depuis un an dĂ©jĂ , s’achĂšvera.

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Pour aller plus loin

OSINT: la guerre en Ukraine enflamme les espions du dimanche. Le conflit dont est victime l’Ukraine depuis le 24 fĂ©vrier 2022 est la premiĂšre guerre live-streamĂ©e en permanence, au point oĂč n’importe qui pense pouvoir faire du renseignement de sources ouvertes (Osint). Ce n’est pourtant pas Ă  prendre Ă  la lĂ©gĂšre.

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Il est temps de raconter le monde

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Sur le mĂȘme sujet

Le rĂŽle des militaires russes dans le massacre de Boutcha. C’est «un travail digne d’un service de renseignement» rĂ©alisĂ© par le New York Times, selon le spĂ©cialiste de l’Osint Baptiste Robert. Le journal amĂ©ricain s’est appuyĂ© sur des photos et vidĂ©os publiĂ©es Ă  Boutcha, tĂ©moin des exactions commises en Ukraine, pour Ă©tablir la responsabilitĂ© des soldats russes.

Youtube (accĂšs libre) (EN)

La diffusion de photos en ligne peut ĂȘtre mortelle. Un journaliste pro-russe a publiĂ© l’an dernier sur Telegram des photos montrant le supposĂ© quartier gĂ©nĂ©ral du groupe de mercenaires russes Wagner dans une ville en Ukraine. L’armĂ©e ukrainienne a bombardĂ© le site quelques jours plus tard, ces photographies ayant servi Ă  localiser l’endroit. Un exemple de la façon dont le renseignement de sources ouvertes peut aussi avoir de sĂ©rieuses consĂ©quences.

Wired (accĂšs libre) (EN)

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