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Bonjour, c’est Sarah pour votre Point fort du jour.

Aujourd’hui, je vous parle du mariage de l’intelligence artificielle et de la mĂ©decine.

Le corps mĂ©dical juge avec prudence l’essor des IA: les blouses blanches n’affectionnent guĂšre les boĂźtes noires.

Pourrait-on malgré tout réunir le meilleur des deux mondes?

photo journaliste

Sarah Sermondadaz, GenĂšve

28.06.2023

Avant d'entrer dans le vif

đŸ‘©â€âš•ïž Berne fait le forcing sur le dossier Ă©lectronique du patient. Le DEP est boudĂ© par les citoyens comme par les professionnels de santĂ©, alors la ConfĂ©dĂ©ration se dĂ©mĂšne.

đŸ‡źđŸ‡± En IsraĂ«l, deux entrepreneuses veulent remplacer les poules par des patates. Portrait de Maya et Raya, deux amies ambitieuses dans la foodtech.

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Face à l'essor de l'IA en santé, la prudence des médecins

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Image gĂ©nĂ©rĂ©e par le modĂšle Lexica Aperture avec l’instruction: «A robot wearing a white coat, standing next to a medical doctor»

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L’IA peut-elle ĂȘtre une chance pour la mĂ©decine?

A priori, c’est compliquĂ©. En dĂ©pit de ses aspects scientifiques et techniques, la mĂ©decine reste une science humaine, fondĂ©e sur la relation entre le mĂ©decin et son patient.

L’IA pourrait malgrĂ© tout aider Ă  replacer l’humain au cƓur de la pratique mĂ©dicale… A plusieurs conditions:

si elle ne se substitue jamais à la décision médicale,

et si elle parvient Ă  libĂ©rer le mĂ©decin d’une partie des tĂąches rĂ©pĂ©titives et chronophages qui lui incombent.

Il n’y a pas de docteur IA. Pour l’heure, il s’agit tout au plus de systĂšmes d’aide Ă  la dĂ©cision, celle-ci revenant in fine Ă  l’humain, illustrent les spĂ©cialistes:

  📄 «Cet essor de l’IA s’inscrit dans le long historique de l’informatique mĂ©dicale: cela fait depuis 1950 que l’on parle de dossier Ă©lectronique, rappelle le Dr François Bastardot, responsable de l’information mĂ©dicale au CHUV.

  đŸ©ș Il est important que ces technologies, en plus de respecter le contexte lĂ©gal existant, parviennent Ă  s’inscrire dans les habitudes des mĂ©decins, tout en respectant nos standards et nos bonnes pratiques», ajoute-t-il. «Il existe des directives de la FMH concernant l’IA, mais elles sont peu connues», complĂšte le Dr Marc-Antoine Bornet.

  đŸ””Â«A l’hĂŽpital, vous ĂȘtes bombardĂ©s de multiples alertes, dont peu sont vraiment utiles au lit du malade, poursuit le Dr François Bastardot. Si l’IA se contente d’augmenter le nombre d’alertes sans veiller Ă  les prioriser, le seul effet sera d’augmenter la fatigue du mĂ©decin – et le risque d’ignorer une vĂ©ritable urgence remontĂ©e par une de ces alertes.»

«Evidence based medicine» contre boĂźtes noires. L’IA devrait thĂ©oriquement respecter les mĂȘmes principes qui s’appliquent Ă  la recherche biomĂ©dicale: ĂȘtre fondĂ©e sur des preuves tangibles.

  ⬛ Dans les faits, les solutions commercialisĂ©es peuvent s’apparenter Ă  des boĂźtes noires. Watson, l’IA d’IBM qui devait rĂ©volutionner dĂšs 2015 la pratique de la mĂ©decine, s’est ainsi heurtĂ©e Ă  un gros problĂšme: les donnĂ©es mĂ©dicales sur lesquelles elle avait Ă©tĂ© entraĂźnĂ©e n’étaient pas reprĂ©sentatives des populations des hĂŽpitaux oĂč elle a pu ĂȘtre utilisĂ©e


«Il faut que nos confrĂšres restent critiques face aux arguments marketings des sociĂ©tĂ©s qui vendent ces outils d’IA, insiste le Dr François Bastardot. La validation externe qui s’applique en recherche clinique devrait aussi s’appliquer aux produits qui utilisent l’IA Ă  des fins mĂ©dicales.»

  đŸ•¶ïžLe fond du problĂšme, c’est aussi la façon dont les systĂšmes de machine learning fonctionnent. PlutĂŽt que de suivre un cheminement diagnostique dĂ©fini de maniĂšre explicite, comme les mĂ©decins, les IA apprennent Ă  partir d’un grand nombre d’exemples diffĂ©rents
 sans pouvoir toujours expliciter la rĂšgle qu’ils appliquent.

  ⚖ Cette particularitĂ© n’est pas sans consĂ©quence pour le droit:

«Le mĂ©decin et/ou l’hĂŽpital restent responsables de l’utilisation qui est faite des IA mĂ©dicales, rappelle François Charlet, juriste spĂ©cialisĂ© dans le droit des nouvelles technologies. La loi fĂ©dĂ©rale sur la responsabilitĂ© du fait des produits, qui Ă©tablit le principe de la responsabilitĂ© du producteur en cas de dommage causĂ© par son produit qui prĂ©sente un dĂ©faut, permet thĂ©oriquement d’attaquer les dĂ©veloppeurs d’une IA dĂ©fectueuse». Dans les faits, cette responsabilitĂ© est souvent compliquĂ©e Ă  prouver avec l’IA.

  đŸ„Œ Longtemps, l’informatique mĂ©dicale a surtout Ă©tĂ© une affaire d’ingĂ©nieurs oĂč les mĂ©decins avaient peu leur mot Ă  dire… Cela doit changer, martĂšle le Dr Bastardot.

«Si vous engagiez un assistant mĂ©dical pour vous aider, par exemple sur les recherches de littĂ©rature, vous apprendriez Ă  vous connaĂźtre avant de travailler ensemble. C’est la mĂȘme chose pour l’IA.»

Des patients humains, trop humains.

  đŸ“–Â«Il n’y a pas de e-patients et de e-cancers, il n’y a que des patients et des cancers qui ne sont jamais comme dans les livres», lançait en mai dernier, Ă  l’antenne de la RTS, Christian Lovis, mĂ©decin-chef du service des sciences de l’information mĂ©dicale aux HUG.

  đŸŽïž «Notre force d’humains, c’est de savoir quand sortir des modĂšles, confirme François Bastardot. Le mĂ©decin doit pouvoir sortir des guidelines lorsqu’il estime que non, le patient en question n’est pas reprĂ©sentatif. Il doit pouvoir reprendre le contrĂŽle, exactement comme le ferait le pilote d’un vĂ©hicule high-tech.»

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Pour aller plus loin

Pour unir IA et mĂ©decine, rĂ©concilier ingĂ©nieurs et cliniciens. Pour concevoir une IA, il faut des informaticiens. Mais pour fabriquer une IA mĂ©dicale, il faut aussi des cliniciens. Regards croisĂ©s de plusieurs experts, qui s’accordent sur un point important: les deux corps de mĂ©tier doivent travailler main dans la main, car la machine ne peut remplacer le praticien et la mĂ©decine reste un art.

Heidi.news (FR)

La fable de Dr House et de la valeur mĂ©dicale des donnĂ©es. Aux HUG ou Ă  hĂŽpital Necker Ă  Paris, les IA jouent le rĂŽle d’un vĂ©ritable Dr House Ă©lectronique, en tirant parti des donnĂ©es patients pour mieux identifier des maladies gĂ©nĂ©tiques rares. On lĂšve le voile sur cet usage vertueux des donnĂ©es, encadrĂ© par de solides rĂšgles d’Ă©thique.

Heidi.news (FR)

En biomĂ©decine aussi, se mĂ©fier des prĂ©dictions de l’IA. Gavin Brown est professeur de machine learning Ă  l’UniversitĂ© de Manchester. En 2020, il Ă©voquait la fiabilitĂ© limitĂ©e des modĂšles prĂ©dictifs et la nĂ©cessitĂ© pour les experts d’y prendre garde, tout particuliĂšrement dans le domaine de la santĂ©. Entretien.

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Il est temps de raconter le monde

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L'IA, la brute et le truand

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WallHere / szaborozika

Les assureurs en embuscade. Le corps mĂ©dical n’est pas le seul Ă  trouver intĂ©rĂȘt aux algorithmes: c’est aussi le cas des assureurs, en particulier aux Etats-Unis. Une enquĂȘte exhaustive de Stat News montre comment les algorithmes utilisĂ©s par les assureurs peuvent se retourner contre les patients, et leur refuser une couverture santĂ© Ă  laquelle ils sont pourtant Ă©ligibles en thĂ©orie… Et ce, en toute opacitĂ©. Sur la plateforme mĂ©dicale KevinMD, une mĂ©decin oncologue revient sur l’affaire.

KevinMD (accĂšs libre) (EN)

De bonnes lectures

MĂ©decine artificielle ou intelligence augmentĂ©e? Dans ce dossier thĂ©matique publiĂ© par la revue trimestrielle de la SociĂ©tĂ© Vaudoise de MĂ©decine (SVM), plusieurs mĂ©decins s’interrogent sur le recours Ă  l’IA par le corps mĂ©dical suisse. Pour eux, le «remplacement» du mĂ©decin par l’IA n’est pas Ă  l’ordre du jour. Mais bien utilisĂ©e, l’IA pourrait rendre la pratique de la mĂ©decine plus humaine.

Site de la SVM (accĂšs libre) (FR)

Watson en mĂ©decine, anatomie d’un Ă©chec. Ce devait ĂȘtre l’avenir de la mĂ©decine. La division mĂ©dicale de Watson, IA emblĂ©matique d’IBM, a finalement Ă©tĂ© revendue pour une fraction de son coĂ»t total en 2022. Dans cette interview Ă  Slate, Casey Ross, journaliste pour Stat News, revient sur l’Ă©chec cuisant de Big Blue en oncologie. En cause, l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des donnĂ©es utilisĂ©es pour modeler les algorithmes…

Slate (accĂšs libre) (EN)

L’heure des IA mĂ©dicales est-elle enfin arrivĂ©e avec ChatGPT? Impossible d’Ă©chapper Ă  la dĂ©ferlante ChatGPT des derniers mois. Est-ce le dĂ©clic qui fera dĂ©coller pour de bon les IA mĂ©dicales? Les mĂ©decins amĂ©ricains Eric Topol et Isaac Kohane Ă©changent Ă  ce sujet dans un podcast retranscrit sur Medscape.

Medscape (accĂšs libre) (EN)

L’IA n’est pas un autre comme les autres. C’est ce qu’arguait, en 2017 dĂ©jĂ , l’Ă©thicien Bertrand Kiefer dans la Revue mĂ©dicale suisse. A cet Ă©gard, l’IA est incapable de voir au-delĂ  de la question posĂ©e comme le ferait le mĂ©decin, et ne saurait le remplacer pour l’interprĂ©tation mĂ©dicale. «Ce qui est important, dans le rĂŽle du soignant, c’est d’abord qu’il soit un autre, quelqu’un qui se tient en face, Ă©coute avec bienveillance et dĂ©cale l’analyse», Ă©crivait-il. Ce dont les algorithmes demeurent incapables.

Revue médicale suisse (accÚs libre) (FR)

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