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La poudre et la poudreuse.
➢ Les stations de ski, en Suisse comme en France, ne fonctionneraient pas sans les travailleurs saisonniers. Lesquels sont attirés par de bons salaires, mais aussi par l’ambiance festive, l’esprit de corps et l’idée d’échapper, en altitude, aux contraintes de leur vie d’avant ou d’ailleurs.
➢ Ils sont des milliers, dans les Alpes, à affluer chaque année au rythme des chutes de neige.
➢ Bien sûr, certaines stations sont aussi connues pour la consommation de drogue par les clients et les touristes. Comme à Verbier, où la coke «ça y va au canon à neige», dit un habitué. Mais la situation des saisonniers est particulière: ils ne retournent pas à la vie normale à la fin de la semaine ou du week-end.
➢ Tout commence par la «bière de débauche», à la sortie du travail. Puis l’alcool coule à flot. Ceux qui travaillent dans les bars y sont encouragés, «pour être dans l’ambiance». Plus tard dans la soirée, la cocaïne permet de se débarrasser des effets de la boisson, et de continuer de boire.
A la source des violences.
➢ C’est ainsi que se met en place une spirale infernale, qui débouche dans certains cas sur des violences: bagarres, tentatives de suicide et entre trois et cinq viols par hiver et par station, selon la police, un chiffre sans doute sous-estimé.
➢ Les victimes de ces violences hésitent à porter plainte, s’étant elles-mêmes mises du mauvais côté de la loi en raison de leur consommation.
➢ Les médecins, les policiers et les pompiers qui récupèrent les saisonniers abîmés sont inquiets. «Avec toutes ces drogues dans le sang, les gens perdent le contrôle. Ils ne savent même plus ce qu’ils prennent tellement ils font de mélanges», dit la doctoresse Popa, en Haute-Savoie. L’effet? «C’est comme une mort de l’égo. Ça leur donne une confiance en soi inouïe, ils ne ressentent plus la peur», poursuit le Pr Zullino, des HUG à Genève.
Le tabou de la coke.
➢ Les responsables des stations n’en parlent pas. La drogue fait partie du paysage, elle sert peut-être même de carburant, pour tenir le rythme infernal de la haute-saison.
➢ Les employeurs sont souvent laxistes. Soit ils consomment eux-mêmes des substances interdites, soit ils sont obligés de tolérer les écarts de leurs employés, en raison de la pénurie de main d’œuvre.
➢ A Verbier, certains patrons tentent de vérifier les antécédents des candidats, mais sont parfois contraints d’embaucher, par facilité, ceux qui ont déjà un logement sur place.
➢ Les médias non plus n’en font pas grand cas: certains ont des partenariats financiers avec les stations, qui impliquent une couverture «positive». D’autres sont sans doute gênés de «salir» ces lieux qui respirent le bon air et nous ont accueillis durant la pandémie.
Une Exploration à lire sur Heidi.news (4 épisodes parus sur 6)
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