Bonjour, c’est Yvan à Genève pour votre Point fort, le premier de l’année.
C’est la Bérézina en Chine, où la vague Covid déferle fort… mais en silence. Que peut-on en dire, et Berne va-t-elle réagir?
Ce Point fort est encore en phase d’évaluation. N’hésitez pas à nous faire vos retours! |
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La Suisse va-t-elle tester les voyageurs de Chine?
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Shutterstock / Tomas Ragina
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Du tout au rien.
La Chine est passée en quelques semaines du «zéro Covid» au «zéro mesure». Alors que le Sars-CoV-2 infecte des centaines de millions de Chinois, les pays européens marchent en ordre dispersé. Du côté de Berne, ça sent l’attentisme.
Un grand bon en avant. Les manifestations politiques ont convaincu Pékin de lever la quasi-totalité des mesures Covid-19 début décembre, et de rouvrir ses frontières aux étrangers, ce dimanche. Le virus circule encore et encore, laissant craindre l’apparition d’un nouveau variant délétère dans le monde.
La mort peut attendre. Pékin a cessé d’annoncer les décès Covid-19 depuis Noël, laissant ce soin aux provinces.
- A l’époque, le bilan officiel était de 5000 morts. Même l’OMS, peu encline à pointer des pays du doigt, critique ce décompte aberrant.
- La société britannique Airfinity, spécialisée en intelligence prédictive, prévoyait entre 1 et 2 millions de morts en cas de levée des mesures, par analogie avec Hong Kong.
Trois anecdotes locales.
- Les dabai, ces «hommes en blanc» qui testent et contrôle partout dans la rue depuis trois ans, ont tout bonnement disparu.
- Sur les réseaux, les internautes malades se signalent avec un… mouton 🐑, qui se prononce comme le mot «positif» (/yáng/).
- Malgré la censure, certains décès font grand bruit, comme celui de la chanteuse d’opéra Chu Lanlan (40 ans) ou le réalisateur Wang Jing Guang (57 ans).
Le mot qui tue. «Covid? No one gives a fucking fuck, à part le personnel de santé ou quand il faut s’occuper de sa famille infectée», nous confie un expatrié français, dans une grande ville chinoise de la côte.
Vers un Nouvel An lunaire. Le retour des Chinois dans leurs familles pour le Nouvel An a débuté samedi. C’est la plus grande migration au monde: 2 milliards de déplacements sont attendus sur 40 jours.
De quoi porter l’épidémie au cœur des campagnes, auprès des parents âgés et vulnérables, où les hôpitaux – déjà débordés en ville – sont rares.
Sommet probable de la vague en Chine intérieure: d’ici fin janvier.
Place à la politique. La semaine dernière, pantomime à Bruxelles:
- Plusieurs pays européens ont décidé de tester les voyageurs: France, Italie, Espagne…
- Objectif: identifier un éventuel nouveau variant venu de Chine.
- Mais aucun consensus européen n’a émergé, face à la pression de Pékin.
Raison invoquée par le CDC européen: le niveau d’immunité en Europe est déjà élevé, et les sous-variants Omicron détectés en Chine «circulent déjà dans l’UE».
Où le bât blesse. Comme tout le monde, la Chine a levé le pied sur le dépistage. Or, la détection de nouveaux variants nécessite une politique active de séquençage et un partage transparent des données. Illusoire.
Si les mécanismes restent discutés, tous les spécialistes disent que la probabilité d’émergence d’un nouveau variant est proportionnelle à la circulation du virus. A bas bruit, la Chine est peut-être en train de produire le variant de demain.
Du côté de chez Berne. Selon Le Temps, la Suisse attend mollement la réaction de Bruxelles pour statuer. Une décision est attendue demain mercredi, à l’issue de la séance du Conseil fédéral. Trois éléments à garder en tête:
- Le dépistage du Covid est en berne en Suisse et la Confédération a acté la post-pandémie.
- Au plan sanitaire, le pays a tendance à s’inscrire dans le sillage de l’Allemagne, opposée à des mesures contre la Chine.
- La Chine est le troisième partenaire commercial de la Suisse.
En un mot comme en cent. Ne vous attendez à rien… si ce n’est peut-être un nouveau variant.
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«Voyager en Chine, c’est comme jouer au chat et à la souris»
Fin novembre, un enseignant français expatrié témoignait de la vie sous cloche en Chine juste avant la levée des mesures, où chaque déplacement courant, chaque voyage, était soumis à dépistage, traçage et autorisation. Une vie en cage, à l’origine des heurts politiques ayant forcé la main de Pékin.
Heidi.news (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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La mystérieuse efficacité des vaccins chinois.
C’est une des dimensions peu discutées de la débâcle sanitaire en Chine, mais pas la moins intéressante: la vaccination. Le journal québécois La Presse revient sur les deux singularités du pays: le choix de ne s’appuyer que sur des vaccins maison, et l’aversion marquée des personnes âgées face à l’aiguille.
La Presse (accès libre) (FR)
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Un portrait de Xi en pleine déconfiture.
Comment la Chine a-t-elle pu passer aussi brutalement du zéro Covid au quasi laisser-faire? Il y a encore quelques semaines, le régime plaçait la réussite de sa politique sanitaire au cœur de sa propagande. Le président chinois Xi Jinping semble avoir perdu une bonne partie de son crédit politique, à l’aube d’un troisième mandat qui se voulait pourtant triomphant.
Financial Times (payant) (EN)
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Keystone / Agence officielle Xinhua / Wu Zhizun
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Vue aérienne d’un dépôt ferroviaire à Wuhan, le 7 janvier 2023.
Prêts au départ. Tous les ans, à l’occasion du Festival du Printemps (Chunyun), les Chinois voyagent pour fêter le Nouvel An lunaire, qui tombe cette année le 1er février. C’est un moment clé de la culture chinoise, l’occasion pour les travailleurs urbains de retrouver leurs familles – pierre de touche de la société chinoise –, à la campagne ou dans les villes de l’intérieur des terres. Une perspective qui explique aussi les manifestations de novembre 2022, contre une politique sanitaire qui menaçait de gâcher les fêtes pour la troisième année consécutive.
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Pendant ce temps sur Heidi.news
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