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Bonjour, c’est Sarah pour votre Point fort.

Ce soir, je vous parle de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine.

Alors que l’Ă©vacuation des civils a commencĂ© dans la rĂ©gion sous contrĂŽle russe, l’Agence internationale de l’Ă©nergie atomique (AEIA) redoute un «grave accident nuclĂ©aire».

Qu’est-ce qui pourrait mal tourner? Voyons voir.

photo journaliste

Sarah Sermondadaz, GenĂšve

09.05.2023

Avant d'entrer dans le vif

đŸ‡ș🇩 «La seule diffĂ©rence entre le rĂ©gime nazi et celui de Poutine, c’est les chambres Ă  gaz.» Entretien avec AndrĂ© Markowicz, grand traducteur du russe et fin connaisseur du pays.

đŸ•Šïž La kalachnikov, l’olivier et l’histoire: trois façons de rĂ©sister en Palestine. Ils ont grandi sous le joug israĂ©lien, et ont choisi d’y faire face. Trois hommes, trois chemins.

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Centrale de Zaporijjia évacuée, quels sont les risques?

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Creative Commons / Ralf1969

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Un ordre d’Ă©vacuation partiel vient d’ĂȘtre lancĂ© par les autoritĂ©s russes dans la rĂ©gion autour de la centrale nuclĂ©aire.

L’Agence internationale de l’énergie de l’énergie atomique (AIEA) parle d’une situation «de plus en plus imprĂ©visible et potentiellement dangereuse» et redoute «un grave accident nuclĂ©aire».

  ⚛ Doit-on craindre l’accident nuclĂ©aire?

đŸ€Ż Un «Tchernobyl 2.0» trĂšs improbable.

La centrale de Zaporijjia s’appuie sur une technologie trĂšs diffĂ©rente de celle de Tchernobyl. Il s’agit d’un rĂ©acteur Ă  eau pressurisĂ©e, assez proche des EPR, dotĂ© de deux circuits de refroidissement. A contrario, Ă  Tchernobyl, il n’y avait qu’un seul niveau, l’eau radioactive Ă©tait directement en contact avec la turbine qui produit l’électricitĂ©.

Cette différence de conception a des implications importantes: si le réacteur monte en température, la réaction ne sera pas accélérée (comme lors de la catastrophe Tchernobyl), mais au contraire stabilisée.

🏭 Une centrale dĂ©jĂ  Ă  l’arrĂȘt… ou presque. La centrale de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, se compose de six rĂ©acteurs de 1000 MW, ce qui lui permet en temps normal d’approvisionner en Ă©lectricitĂ© environ 4 millions de foyers.

En août 2022, seuls deux réacteurs étaient encore en fonctionnement.

Aujourd’hui, plus aucun rĂ©acteur ne produit d’électricitĂ©. Techniquement, cinq sont en «arrĂȘt Ă  froid» et un en «arrĂȘt Ă  chaud» afin de produire de la vapeur, nĂ©cessaire au traitement des eaux usĂ©es.

⚡ Suspendue Ă  un fil (Ă©lectrique) et quelques jerricans de diesel. MĂȘme quasi Ă©teinte, la centrale a besoin d’électricitĂ© pour rester en sĂ©curitĂ©.

L’arrĂȘt Ă  froid de cinq rĂ©acteurs sur six permet de limiter la consommation d’Ă©lectricitĂ© des pompes des circuits primaires, mais il faut encore refroidir le combustible usagĂ©, stockĂ© dans des piscines Ă  l’intĂ©rieur de l’enceinte de chaque rĂ©acteur.

Depuis la guerre, il ne subsiste plus qu’une seule ligne Ă  trĂšs haute tension sur quatre Ă  raccorder la centrale au rĂ©seau extĂ©rieur.

A six reprises depuis 2022, la centrale nuclĂ©aire a perdu toute alimentation Ă©lectrique – dĂ©clenchant des procĂ©dures d’urgence pour dĂ©marrer des groupes Ă©lectrogĂšnes qui dĂ©pendent de stocks de diesel limitĂ©s, et ceci afin de permettre d’assurer la sĂ»retĂ© des rĂ©acteurs encore en fonctionnement.

💣 Un risque de «bombe sale» en surface?

Il y a aussi le «stockage Ă  sec» de combustible usagĂ© – dans des conteneurs en bĂ©ton. Un entreposage en surface vulnĂ©rable aux attaques aĂ©riennes.

Par ailleurs, les forces russes auraient temporairement stockĂ© du matĂ©riel militaire – dont des Ă©quipements explosifs – dans la salle des turbines de plusieurs rĂ©acteurs.

Une attaque ciblĂ©e pourrait provoquer la dispersion de particules de combustibles usagĂ©es et d’aĂ©rosols radioactifs, de façon Ă©quivalente Ă  «une bombe sale».

đŸ‘· Le facteur humain. Il risque d’ĂȘtre le maillon faible, alertait l’AIEA:

«La chaĂźne de commande et de responsabilitĂ© en cas d’urgence n’est plus sous contrĂŽle ukrainien. Cela pourrait nuire Ă  l’efficacitĂ© des mesures d’urgence en cas d’accident ou d’incident nuclĂ©aire, il y a un manque de clartĂ© sur les personnels et les organisations en charge d’avertir les autoritĂ©s et le public, ce qui pourrait entraĂźner des retards.»

đŸłïž A quoi joue donc la Russie? La question reste en suspens:

S’agit-il d’acter une dĂ©gradation objective des conditions de sĂ©curitĂ© de la centrale?

De se préparer militairement à une contre-offensive ukrainienne dans la zone?

Ou d’amorcer un narratif qui rendrait l’Ukraine responsable en cas d’accident?

Une chose est sĂ»re, Zaporijjia n’a pas fini de rythmer l’agenda international.

đŸŽČ «Le monde joue aux dĂ©s, un jour, nous arriverons Ă  court de chance», alertait en mars dernier le directeur de l’AIEA.

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Pour aller plus loin

Y a-t-il un vrai risque nuclĂ©aire Ă  Zaporijjia? En 2022 dĂ©jĂ , on faisait le point sur le scĂ©nario d’un incident nuclĂ©aire sur la centrale ukrainienne, avec l’appui d’experts ukrainiens et internationaux.

Heidi.news (FR)

La centrale de Zaporijjia est-elle une zone de non-droit? Quel est le droit qui s’applique sur la centrale de Zaporijjia, sous contrĂŽle russe: le droit international, le droit russe, ou le droit ukrainien?

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Pollution: la guerre en Ukraine tue aussi à petit feu. Le point sur les atteintes environnementales qui découlent du conflit.

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Bonnes lectures

En Ukraine, des Ă©vacuations chaotiques. Dans la rĂ©gion occupĂ©e de Zaporijjia, les civils font Ă©tat de stations-service Ă  sec et de rayonnages vides dans les Ă©piceries. Alors qu’une contre-offensive ukrainienne est imminente, la confusion rĂšgne. La ville de Melitopol a connu des embouteillages records: cinq heures pour sortir de la ville.

The New York Times (accĂšs restreint) (EN)

Vers une redĂ©finition du droit nuclĂ©aire international? L’AIEA a-t-elle les moyens de rĂ©agir Ă  l’irruption de la guerre sur des sites nuclĂ©aires civils? Les pouvoirs de l’agence onusienne sont trop limitĂ©s, avance le magazine Nature, et le cas de figure de Zaporijjia n’a tout simplement pas Ă©tĂ© prĂ©vu par les rĂ©gulateurs.

Nature (abonnés) (EN)

L’autre crise du nuclĂ©aire ukrainien. L’Ukraine pourra-t-elle sauver son fleuron nuclĂ©aire? Les trois centrales du pays encore en activitĂ© font face Ă  un Ă©norme dĂ©fi: leur approvisionnement en combustible fissile neuf dĂ©pend du gĂ©ant russe Rosatom. Et son concurrent amĂ©ricain direct, Westinghouse Ă©lectrique, a un carnet de commandes dĂ©jĂ  plein…

IEEE Spectrum (accĂšs libre) (EN)

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