Bonjour, c’est Adriana pour ce nouveau Point fort, dédié à un sujet aussi inquiétant que tabou: les cyber-délits sexuels sur mineurs.
Ce type de crimes inquiète le Conseil fédéral. Une étude de l’Université de Lausanne fait le point: la Suisse manque de données et de recherche scientifique.
Quels sont les cyber-crimes qui menacent les plus jeunes? Et comment accompagner leur usage d’internet? On en parle. |
Avant d'entrer dans le vif
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Sur internet, les mineurs sont (très) exposés aux pédocriminels
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➢ Début janvier, le Conseil fédéral adoptait un rapportsur la base d’une étude réalisée par des criminologues de l’Université de Lausanne.
➢ Le besoin de mieux recenser les délits cyber-sexuels sur mineurs y est fortement mis en avant.
➢ Christine Burkhardt, criminologue à l’Université de Lausanne et co-autrice de l’étude, est claire: sur le net, les mineurs sont très exposés aux dangers.
«Les parents ont tous dit à leur enfant de ne pas faire confiance à une personne inconnue dans la rue… il faut que le même réflexe soit appliqué dans la sphère numérique. Il faut faire attention avec qui on discute sur internet, la personne n’étant peut-être pas qui elle prétend être.»
De quoi s’inquiéter.
➢ En Suisse, les rares statistiques existantes sont préoccupantes:
● En 2021, 73% des victimes de cyber-délits sexuels recensés par la police sont des mineurs. Les 10-15 ans sont les plus concernés.
● Dans l’étude EU Kids online Suisse – réalisée en 2019, sur la base d’un échantillon de 1026 jeunes de 9 à 16 ans –, 21% des répondants ont été sollicités, sans le vouloir, pour fournir des informations à caractère sexuel.
● Et 2% des 11-16 ans sondés ont été victimes de chantage (sextorsion) par une personne détenant des photos, vidéos ou messages à caractère sexuel les concernant.
Une sous-estimation probable.
➢ Extrait du rapport:
«Globalement, les experts interviewés constatent ou présument que les cyber-délits sexuels à l’encontre de mineurs sont en augmentation. Toutefois, cette tendance n’est pas toujours visible dans les statistiques, laissant penser que l’augmentation est à considérer dans le chiffre noir de la criminalité.»
➢ Contactée, la Police cantonale vaudoise confirme pour sa part la probable existence d’un chiffre noir ou «obscur» concernant les cas de cyber-délits sexuels. Elle souligne les difficultés, pour les victimes, à signaler leur situation.
Quatre infractions.
➢ Pour briser le tabou, l’étude de l’UNIL détaille les types de cyber-délits sexuels fréquents:
● La production ou la distribution de matériel pédopornographique via internet.
● Le pédopiégeage ou cybergrooming, qui survient lorsqu’un adulte (se faisant généralement passer pour un adolescent) entre en contact avec un mineur sur internet à des fins sexuelles.
● La sextorsion consiste à faire chanter un mineur suite à l’acquisition de matériel numérique de type sexuel le concernant. Souvent, l’adulte menace de publier les éventuels clichés ou vidéos dans le but d’obtenir de l’argent ou une rencontre.
● Le livestreaming désigne (en l’espèce) le fait de filmer et retransmettre en direct des actes sexuels impliquant un mineur.
Les plateformes utilisées.
➢ Le rapport des criminologues identifie aussi les catégories de plateformes les plus utilisées par les auteurs de cyber-délits sexuels sur mineurs.
➢ Parmi elles: Instagram, TikTok, mais aussi les jeux vidéos en ligne et leurs espaces de discussion.
Le conseil de l’experte.
➢ Christine Burkhadt:
«Rien ne sert de diaboliser les nouvelles plateformes et technologies. Il est important de les maintenir pour le développement des jeunes. Simplement, on parle souvent d’hygiène numérique en faisant référence aux mesures techniques (comme un bon antivirus, un mot de passe robuste), mais cela ne suffit pas. Notre étude met en avant l’importance de parler avec les mineurs des risques liés à leur intégrité sexuelle lorsqu’ils naviguent sur le net.»
Pour aller plus loin.
➢ Les criminologues de l’Unil formulent dix recommandations dans leur rapport, dont:
● Encourager les recherches scientifiques sur la thématique des cyber-délits sexuels.
● Développer une stratégie nationale pour la prévention de ces délits envers les mineurs.
Heidi.news (FR)
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HD
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En 2019, au moins 350 enfants victimes d’inceste.
C’est une enquête de la RTS, menée à partir des données de la statistique policière, qui le révèle: en 2019, en Suisse, 350 enfants ont été victimes d’inceste. Il y a dix ans, le chiffre oscillait autour des 250 cas signalés. «Ces chiffres ne révèlent toutefois que la pointe de l’iceberg», avertissent des experts interrogés.
RTS (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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⚠️ Mieux comprendre les violences sexuelles entre mineurs.
Le phénomène reste tabou et sensible: les enfants et adolescents peuvent aussi commettre des violences sexuelles à l’encontre de leurs pairs. En France, la moitié des auteurs de viols sur mineurs ont eux-mêmes moins de 18 ans. Cet article de Slate se penche sur les stratégies de prévention et affirme qu’en améliorant les compétences psychosociales des jeunes aux comportements problématiques, il est possible d’améliorer la situation.
Slate (FR)
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💢 Une affaire qui secoue la BD française.
Depuis décembre, le dessinateur Bastien Vivès, auteur d’albums autour de thèmes pédo-érotiques, est au centre d’une polémique qui prend son origine dans sa mise à l’honneur au Festival d’Angoulême. Où s’arrête l’art et où commence le délit? C’est tout l’enjeu de cette affaire, ici résumée par Le Monde, qui suscite beaucoup de réactions. Certaines pour demander son annulation, comme cette tribune hébergée par Mediapart. D’autres pour défendre le pré-carré de la fiction, comme dans Slate ou ActuaLitté.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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