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Bonjour, c’est Nina à Genève, pour votre Point fort.

A la veille de la grève des femmes, je voulais ce soir mettre en lumière le quotidien de celles qui nous nourrissent: les paysannes.

Je vous partage mes rencontres avec des paysannes du bout du lac, qui iront manifester le 14 juin.

photo journaliste

Nina Schretr, Genève

13.06.2023

Avant d'entrer dans le vif

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Cinq femmes, et autant de facettes de la vie de paysanne

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Une agricultrice s’occupe d’un cochon sur l’alpage de Selezol, le 29 août 2017. | Keystone/Urs Flueeler

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Ce mercredi 14 juin, un demi-million de femmes sont attendues dans les rues suisses.
A Genève, des paysannes rejoindront le cortège.

📈 Le contexte.
93% des exploitations agricoles suisses sont dirigées par des hommes.
Un tiers des femmes du secteur ne seraient pas rémunérées.
Au-delà des salaires, cela se répercute sur l’assurance maternité ainsi que les cotisations AVS et LPP.

Des quotidiens à gérer. Derrière les statistiques arides (et lacunaires), il y a les réalités. Je vous en propose cinq, à travers quatre portraits.

🐐 Etre éleveuse et mère. Sophie Regard et Sophie Hodel ont créé les Chèvres de la Touvière, à Meinier.
Elles élèvent 60 chèvres… et leurs enfants.
«On est un peu double cheffe d’exploitation», confie Sophie Regard. Une réalité à laquelle les éleveurs masculins font moins face, ajoute-t-elle.
Et la responsabilité n’est pas qu’individuelle, ajoute Sophie Hodel:
«Il y a le rôle de l’État, au niveau de l’accès en crèche, la reconnaissance de la pénibilité durant la grossesse, le congé maternité, ou le soutien de ce type de projet agricole… mais aussi le soutien de la société à une agriculture paysanne, qui ferait que les métiers sont mieux rémunérés et donc moins précaires.»

🌳 Hériter d’une ferme quand on est une femme. Aline Chollet se qualifie de «paysanne sans terre». Elle avait pourtant «la chance» d’être fille d’agriculteurs.
En 2013, elle s’est vu refuser la reprise de la ferme, au profit de son frère.
La pratique est traditionnelle: «Ma mère m’a dit, “tu dois laisser ta ferme à ton frère comme moi je l’ai fait pour le mien”»
C’est un schéma favorisé par loi, qui favorise les transmissions unipersonnelles
Pour continuer dans le secteur, on conseille à Aline Chollet de «se marier à un paysan».
Alors que les exploitations agricoles perçoivent des paiements directs, «l’Etat doit garantir la protection de ses citoyens et l’égalité», juge la paysanne.

🍅Prendre sa place. Myriam Dupraz-Dange est cheffe d’exploitation en maraîchage à Vésenaz.
En 2012, elle a repris le domaine agricole familial pour créer Le Jardin de Max.
Pour la «néo-paysanne», c’est tout un travail pour faire sa place: faire ses preuves pour soi, se sentir légitime auprès de la famille et des agriculteurs voisins.
Le sexisme dans l’agriculture? Elle confie ne pas se sentir concernée au quotidien, aussi parce que son tempérament lui a permis de «prendre sa place».
Elle précise: «je ne peux pas dire que je ne vois pas de sexisme dans le milieu agricole».

🚜 La vieille école. Les stéréotypes de genre se construisent aussi dans les écoles agricoles.
C’est du moins ce qu’a vécu Caroline Jeanneret, paysanne et botaniste, dans un portrait à venir.
Elle est cheffe d’exploitation du Domaine de la Touvière, avec deux associés.
Selon elle, certains professeurs choisissaient les hommes pour la pratique des machines. Ce qui pénalise la formation des femmes.
Mais c’est une discrimination vis-à-vis des personnes qui ne sont pas fils ou fille d’agriculteurs qui prédomine.

🪧 Les revendications. Avec d’autres, ces paysannes défileront demain pour:
une meilleure reconnaissance de leur travail;
une égalité des salaires;
une meilleure conciliation entre la famille et l’activité professionnelle;
montrer la place des femmes dans les champs, qui reste trop effacé dans les imaginaires;
revendiquer plus généralement une agriculture plus juste.

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Les portraits

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Myriam Dupraz-Dange, cheffe d’exploitation du Jardin de Max, le 30 mai 2023. | Heidi.news / NS

📍 «Le sexisme, je ne le vis pas au quotidien: je prends ma place.» Myriam Dupraz-Dange est cheffe d’exploitation en maraîchage à Vésenaz. Cette néo-paysanne a repris l’exploitation du grand-père, un long processus pour faire sa place dans le secteur agricole.

⛔ Tu ne seras pas cheffe d’exploitation, ma fille Aline Chollet se définit comme une «paysanne sans terre». La paysanne n’a pas pu reprendre la ferme familiale, confiée aux seules mains de son frère. Entre se «soumettre au système» et partir, elle a choisi.

🐐 Jongler entre les chèvres et les enfants. Sophie Regard et Sophie Hodel ont cofondé les Chèvres de la Touvière, à Meinier. Ces chevrières sont aussi mères de famille ce qui, au quotidien, revient à assurer un rôle de double cheffe d’exploitation.

🇨🇭 «La Suisse a besoin de l’agriculture et l’agriculture des femmes.» Où l’on revient sur le sondage mené par Agridea et publié en 2022. Les concernées déclarent avoir davantage d’influence économique, et une meilleure couverture sociale, par rapport à 2012.

Il est temps de raconter le monde

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Bien vu

Les conjoints-aidants, une réalité méconnue. La situation des conjoints aidant les chefs d’exploitation suisse est très méconnue. Pour pallier ces lacunes, la Haute école spécialisée bernoise lance un sondage sur la rémunération et la protection sociale des époux et partenaires qui participent à la vie des fermes suisses.

Bonnes lectures

«Une paysanne sur trois travaille sans rémunération.» Anne Challandes, est présidente de l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF). Pour Terre & Nature, elle revient sur les revendications du 14 juin et la représentation des femmes dans les organisations agricoles.

Terre & Nature (gratuit) (FR)

Des visages. Elles ont le regard fier et le visage buriné. La série photographique «Paysannes» du photographe Alexis Vettoretti raconte la vie du début du siècle dernier, entre la cuisine et la ferme. Des images de ces dames nées dans les années 20 et 30, à découvrir dans Le Monde.

Le Monde (abonnés) (FR)

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