Avant d'entrer dans le vif

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Faire diminuer le racisme en Suisse, c'est possible

13 juin 2020, les manifestations Black Lives Matter à Berne. | Keystone / Peter Klaunzer

🌐 Lire l’épisode complet en ligne 🌐

➢ Le racisme, en Suisse comme ailleurs, prend plusieurs formes, comme l’a révélé notre série: celle de la violence et de l’insulte, ou parfois d’une discrimination plus sournoise.

➢ Alors, quelles solutions se dessinent pour améliorer la situation sur sol helvétique?

De quoi on parle. Notre série d’articles diffusée ces derniers mois a montré la réalité des discriminations raciales dans de nombreux domaines:

  👮‍♂️ Dans la police. La mentalité de «chasse» de certains agents les pousse à avoir un comportement différent selon la couleur de la personne qu’ils interpellent.

  ⚖️ Au moment d’appliquer la justice, les biais peuvent amener certaines catégories de population à être «présumées coupables» plutôt qu’innocentes.

  💼 A l’embauche ou dans le monde du travail. Un exemple: les citoyens suisses descendants d’immigrés camerounais doivent envoyer 30% de dossiers de candidature en plus pour être convoqués à un entretien d’embauche.

Mais les choses bougent.

➢ Le collectif Afro-Swiss, qui lutte contre le racisme en Suisse, souligne une évolution récente:
 «Depuis peu, on nous demande notre avis, dans le cadre de formations par exemple. Il nous semble que depuis 2020 et Black Lives Matter, il y a eu un petit déclic jusque chez nous.»

➢ Les autorités publiques semblent de plus en plus sensibles au sujet. A Genève par exemple, le Conseil municipal a débloqué 50’000 francs dédiés spécifiquement à la lutte contre le racisme anti-Noirs.

Comment aller de l’avant? Quelques pistes de solution.

 1️⃣ Récolter davantage de chiffres et données. Si des études et chiffres existent, les données manquent en Suisse pour cartographier le phénomène et ses ressorts profonds.

 2️⃣ Nommer le racisme pour ce qu’il est. Un fait notable: dans notre enquête, les autorités interrogées répondaient presque toujours sur «l’intégration des étrangers» et la migration. Comme si les Suisses racisés ne pouvaient être concernés.

 3️⃣ Ecouter les personnes concernées. Cela peut sembler une évidence, mais ce n’est de loin pas toujours une réalité en Suisse.

 4️⃣ Penser le racisme en politique. Amina Benkais-Benbrahim, cheffe du Bureau cantonal de l’intégration du canton de Vaud:
 «Demeure un peu cette idée que l’Etat ne doit pas se mêler des questions du racisme, comme ç’a longtemps été le cas pour les violences domestiques.»

 5️⃣ Sensibiliser et former plus. A l’école, surtout: tous les enseignants ne sont pas également formés à la question du racisme et beaucoup sont démunis, notamment face au racisme entre élèves.

 6️⃣ Envisager des évolutions du cadre juridique. Le Code civil ne protège pas les victimes d’abus dans des domaines comme le logement et le travail.

 7️⃣ Questionner la norme pénale antiraciste, d’application très difficile.

 8️⃣ Repenser la police. Les cas de racisme et la culture de «chasse» de certains corps de police (pas tous) appellent une formation bien plus approfondie que les deux ans actuels – et peut-être une assermentation renouvelable.

Pour aller plus loin

«Les enfants ne peuvent pas être racistes, les profs non plus» et autres fadaises. Insultes entre élèves, réactions inadaptées de certains enseignants, manuels scolaires vecteurs de clichés: les enfants ne sont pas toujours protégés du racisme et de la xénophobie au sein des établissements scolaires.

Comment les centres d’écoute participent malgré eux à sous-estimer le racisme en Suisse. Les employés des centres chargés de recueillir les témoignages sont tous à temps partiel. Au-delà de l’organisation mise en place par chaque canton, à l’intérieur ou en dehors de l’administration, les moyens manquent partout pour se faire connaître. Un cercle vicieux.

«Il faut arrêter de traiter le racisme sous le seul angle de la morale» Le racisme, c’est mal… Le prêche a ses limites: pour l’anthropologue Ninian Hubert van Blijenburgh, rien n’est plus humain que se méfier de son prochain. Ce qu’il faut, c’est enseigner dès l’école la façon dont la culture et la société façonnent nos tours de pensée.

Contenu partenaire

Festival Histoire et Cité. Du 28 mars au 2 avril 2023, le Festival Histoire et Cité explore l’alimentation sous le titre «Nourrir le monde». Unique en Suisse, la manifestation, qui se déploie à Genève, Lausanne et, pour la première fois, dans la région neuchâteloise, vise à interroger les échos entre le passé et le monde actuel et à inscrire l’histoire au centre des débats.

1 Suisse sur 5

Sondage: «Le racisme en Suisse», M.I.S. Trend pour Heidi.news. Graphe Flourish.

Environ 20% de la population a déjà expérimenté le racisme. La grande majorité d’entre eux déclarent avoir subi des insultes (65%) et des discriminations (56%). Enfin, 14% affirment avoir subi des menaces et 7% des violences physiques. Tels sont les résultats du sondage réalisé par MIS Trend fin janvier 2023 pour Heidi.news.

A lire, écouter, regarder

«Racisme structurel en Suisse : un état des lieux de la recherche.» Cette étude publiée fin 2022 montre qu’il existe en Suisse des indices documentés de discrimination structurelle dans de nombreux domaines de vie. Un rapport édifiant réalisé sur mandat du service fédéral de lutte contre le racisme.

Suisse: histoire d’un déni racial. Un podcast français… sur la Suisse. Le célèbre «Kiffe ta race» de Rokhaya Diallo et Grace Ly a été enregistré en septembre 2022 à Genève. Les animatrices s’entretiennent sur le question du racisme version helvétique avec les comédiens Cédric Djedje et Safi Martin-Yé ainsi que Noémi Michel, enseignante-chercheure, activiste afro-féministe et travailleuse culturelle.

Pourquoi la notion de race n’a pas de sens (en biologie comme en sciences sociales). Dans cette vidéo, le vulgarisateur scientifique Homo Fabulus explique pourquoi la notion de race n’est plus utilisée en sciences, si ce n’est pour décrire les discriminations liées à sa persistance dans les représentations.