Bonjour, c’est Adrien à Lausanne, où il devient de plus en plus difficile d’interroger des soignants du CHUV. Ceux-ci ont pour consigne de renvoyer toutes les demandes vers la communication de l’hôpital, qui en a trop à gérer.

Aujourd’hui, nous nous intéresserons donc au rôle des cliniques privées, en allant faire un tour à celle de La Source à Lausanne. Nous y croiserons le directeur, le responsable de la maternité et une assistante hospitalière.

Adrien Miqueu, Lausanne
07.04.2020

La Source, une clinique privée sur le front du Covid-19

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La Clinique de La Source à Lausanne. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

«N’arrêtez pas de consulter votre médecin!», martèle Dimitri Djordjèvic, directeur général de la Clinique de La Source. «Tous les cas que nous ne prenons pas en charge maintenant vont nous revenir plus tard en pire. Une peur généralisée s’installe dans la population, où l’on a peur d’aller à l’hôpital et d’attraper le virus. Mais on a moins de risques de l’attraper ici qu’en faisant ses courses.»

La clinique a été intégrée dès le départ dans la cellule de crise du canton, qui coordonne les disponibilités en lits et en matériel. «Nous avons déplacé nos soins intensifs non-covid ailleurs dans le bâtiment, et sécurisé une zone soins intensifs covid pouvant accueillir jusqu’à 10 patients. Nous travaillons en étroite collaboration avec le CHUV, que l’on décharge des patients à l’état stabilisé. Le CHUV reste en première ligne pour les cas les plus lourds. C’est un système de vases communicants. Pour l’instant, nous avons eu jusqu’à 4 patients covid, et l’un d’entre eux a été extubé. On est donc bien en-dessous des capacités. Peut-être que l’on aurait pu faire différemment, mais quand on regarde ce qui s’est passé ailleurs, on se dit qu’il vaut toujours mieux être trop préparé dans une crise.»

Il faut dire que ces mesures ont sérieusement impacté l’activité de l’établissement: depuis le 16 mars, hôpitaux et cliniques ne peuvent plus pratiquer d’interventions non urgentes. «C’est un gros coup, notre activité est divisée par deux. Une partie du personnel est en chômage partiel, car tous les collaborateurs ne sont pas transférables aux soins intensifs, qui restent assez spécifiques. Et surtout, on craint que si ces mesures durent trop longtemps, on se retrouve avec un tsunami non-covid après coup.»

Au niveau du matériel, M. Djordjèvic assure que la situation s’est stabilisée. «J’avais poussé un coup de gueule le 20 mars sur la RTS, car on nous disait que tout était sous contrôle, qu’il y avait des réserves de guerre. Et nous, on voyait nos stocks fondre comme neige au soleil. À un moment, nous nous sommes vraiment posé la question, si cela continuait et que l’on ne pouvait plus protéger notre personnel, d’arrêter notre activité. Mais depuis, la situation est revenue à la normale. Nous pouvons tenir 3 ou 4 semaines, si toutes les commandes arrivent et s’il n’y a pas d’énorme pic.»

Dans la clinique, le port du masque est généralisé à l’ensemble du personnel. «Nous l’avons mis en place même avant les recommandations officielles, et nous avons bien fait car nous avons eu quelques foyers de contagion. Une vingtaine de collaborateurs ont été touchés sur 580. Au final, cela a démystifié le «virus qui va tuer tout le monde»: ils vont tous bien, aucun n’a dû être hospitalisé et les premiers guéris sont revenus travailler. La situation est moins tendue qu’il y a 2 ou 3 semaines. Ce qu’il faut surtout maintenant, c’est rassurer les gens. Les patients suivent les consignes de confinement à la lettre, au point de ne plus oser aller chez les médecins.»

Accoucher en temps de crise

«Les gens sont surpris de la sérénité qui règne dans les couloirs.» François Millier, responsable de la maternité de La Source, témoigne de la façon dont son service s’est adapté à l’urgence sanitaire. «Je crois que pour les femmes qui viennent accoucher, la crainte disparaît en arrivant. Elles voient le dispositif mis en place, le port du masque généralisé, les visites interdites. Il y a de l’appréhension en suivant les médias, mais dans la pratique c’est plus serein.»

«Surtout, on les rassure par rapport à la présence du père. Nous avons tout mis en place pour qu’il puisse être là, avec port de masque et déplacements limités à une venue par jour. Après, il peut rester la journée entière. Nous avons eu un papa qui est venu avec ses affaires, et est resté les quatre jours d’hospitalisation. Il peut aussi assister à l’accouchement, avec une tenue hospitalière. C’est un immense réconfort pour la patiente, c’est très important psychologiquement.»

L’accompagnement se déroule également en amont de l’accouchement. «Les activités non urgentes ont été décalées ou adaptées. Par exemple la préparation à la naissance se fait en visioconférence. Nous avons retravaillé le contenu pour que les patientes puissent avoir toutes les informations nécessaires, même si on passe de deux jours de formation à quelques heures. On se rend compte de l’importance de ce travail en temps normal, car elles sont vraiment apaisées d’avoir ce soutien.»

En effet, ce qui guette les femmes enceintes dans cette période, c’est l’isolement. «Elles respectent beaucoup plus le confinement, et suivre les informations toute la journée peut générer une angoisse. Des patientes qui n’arriveront à terme qu’en septembre ou octobre nous posent déjà plein de questions et sont très inquiètes. On leur rappelle aussi qu’il est important de maintenir une activité physique, en sortant dans des environnements où elles ne croiseront pas de monde. Nous avons de toute manière un rôle de prévention, de conseil, et encore plus aujourd’hui.»

Les premières craintes de contagion, suite à l’infection d’une vingtaine de collègues, sont maintenant loin. «On se sent en fait plus en sécurité dans la clinique qu’à l’extérieur, nous prenons toutes les précautions. Et nous remplissons juste notre rôle de soignant. Les applaudissements tous les soirs, ça peut agacer car nous faisons juste notre travail. D’un coup nous sommes mis en lumière alors qu’hier nous faisions exactement la même chose. Tout ce que l’on demande, c’est de ne pas être oubliés demain.»

Une raison d'espérer

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Les distances sociales sont rappelées par les éditeurs de jeux vidéos. (DR)

Les jeux vidéos, c’est pas si mauvais. L’OMS soutient les jeux vidéos pendant le confinement pour deux raisons. C’est une façon de conserver du lien grâce aux jeux en ligne, et ils peuvent être des supports sans pareil pour les messages de prévention. L’industrie du jeu a ainsi lancé l’initiative #PlayApartTogether, appuyée par l’OMS, qui rappelle les bons gestes en période de crise.

#PlayApartTogether sur Twitter (EN)

Nettoyer après le virus

Leur travail est crucial, mais on n’en parle presque pas. Le personnel d’entretien, au jour le jour, s’assure de nettoyer, désinfecter, pour limiter la contagion. À la clinique de La Source, une aide hospitalière nous raconte la manière dont la crise a changé son travail:

«Maintenant, on met un masque, on se désinfecte souvent les mains. On fait plus attention. En rentrant chez moi, je laisse mes chaussures dehors, je change d’habits et je les mets dehors sur le balcon avant de prendre une douche.»

Mais pour celui qui ne connaît pas ce monde médical, on lui rappelle que le travail de nettoyage est le même tous les jours de l’année, covid ou pas covid. «On nettoie les chambres de patients covid exactement de la même manière, c’est une procédure habituelle. On désinfecte comme tous les jours. Il y a juste une chose: si on travaille en zone covid, on ne se promène pas ailleurs, on y reste la journée.»

Le coronavirus sur Heidi.news

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