Bonjour, c’est Laure à Genève où je vous propose de continuer notre plongée (virtuelle) au coeur des hôpitaux tout au long de cette période d’épidémie en Suisse.

Au menu d’aujourd’hui: le témoignage d’un étudiant en médecine mobilisé aux soins intensifs, le récit d’un test de Covid-19 et une invitation à penser au don du sang afin d’éviter la pénurie.

Laure Gabus, Genève
18.03.2020

Témoignage d’un étudiant en médecine mobilisé aux soins intensifs des HUG

La semaine dernière, Marc-Aurèle a reçu un email de ses chefs. Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) lui proposaient de s’engager volontairement à prolonger son stage de fin d’études de médecine aux soins intensifs jusqu’à fin avril. Le jeune homme de 24 ans n’a pas hésité et immédiatement répondu positivement. Il a annulé le stage prévu le mois prochain en chirurgie pédiatrique à Paris.

Comme lui, une vingtaine d’élèves de médecine ont bousculé leurs programmes pour venir renforcer le service des soins intensifs et faire face à la pandémie de Covid-19. Les élèves ont été répartis sur trois fronts: l’aide aux médecins, la cellule de crise ou contribuer à la recherche. L’appel des HUG a été lancé aux étudiants et étudiantes ayant déjà fait une expérience aux soins intensifs, avec un message les invitant à convier d’autres camarades intéressés.

Depuis lundi, Marc-Aurèle continue son stage avec de nouvelles responsabilités. Il «double» un médecin afin de l’assister et essaie d’apprendre rapidement pour pouvoir être de plus en plus autonome -avec supervision- si le nombre de malades devait augmenter en flèche comme cela a été le cas en Chine ou en Italie. La situation aux HUG est «gérable», bien qu’exceptionnelle. Hier mardi, une septantaine de patients étaient hospitalisés pour le Covid-19, dont dix-huit aux soins intensifs. Un hôpital reçoit rarement plus d’une dizaine de personnes avec la même pathologie, à l’exception de la grippe, et requérant le même équipement, explique-t-il. Les malades graves du Covid-19 requièrent une intubation, de la ventilation et un isolement pendant 7 à 10 jours. L’enjeu est donc aussi logistique.

Comme beaucoup, il pense aux semaines à venir, à toutes les inconnues qu’elles comportent. Ses collègues et lui sont actuellement à l’oeuvre douze à treize heures par jour. «On se pose beaucoup de questions: Quelle ampleur la pandémie prendra à Genève? Pourra-t-on prendre des mesures suffisantes? Arrivera-t-on à gérer la fatigue? Comment est-ce que je vais vivre la quarantaine? L’isolement loin de mes amis et de ma famille?»

Par sécurité, le jeune homme ne rencontre plus personne en dehors des heures de travail: «Notre rôle est de montrer l’exemple, de prévenir, de ne pas mettre nos proches en danger, il faut protéger les autres et être strict, ces mesures préventives ne sont pas là pour rien.» Les HUG ont doublé les services de psychiatrie et d’aumônerie pour les malades, leurs proches et le personnel soignant. Cela rassure Marc-Aurèle, tout comme l’ambiance à l’hôpital: «Tout le monde s’est retroussé les manches. Les petites rivalités entre les services et les gens se sont envolées, maintenant tout le monde s’entraide et travaille ensemble. Il y a une belle énergie.»

Des émotions ambivalentes parcourent le jeune étudiant. D’un côté, le Covid-19, toutes les informations et prédictions qui arrivent chaque heures d’autres pays et hôpitaux lui font froid dans le dos et il appréhende lui aussi le pire. De l’autre, cela confirme sa vocation et sa mission de médecin: «Toutes ces heures passées dans les bouquins, tous ces examens, tout cela fait soudain sens. On a choisi ce métier pour cela, pour aider, pour soigner. Toutes ces choses s’alignent d’un coup. Cela fait chaud au coeur.»

Récit d'un test (négatif) du Covid-19

Mal de tête, toux, courbatures. Samedi, François° s’est réveillé avec des symptômes inquiétants. Le Genevois a pris peur car «je ne suis jamais malade, j’avais été en contact avec beaucoup de gens et ma mère est âgée», raconte-t-il. Vers 23h30, il se rend donc en ligne et tape «test dépistage coronavirus genève» et tombe après quelques clics sur la page qu’il cherche -coronacheck- et répond aux questions. L’outil informatique lui recommande de rester confiner chez lui ou d’aller à l’hôpital faire un test. Que faire? Il appelle la réception des Hôpitaux universitaire de Genève (HUG) et tombe sur une personne ne sachant lui répondre. Elle lui dit d’appeler le 144. Au téléphone, on lui dit de se rendre aux HUG le dimanche matin, car aucun test de dépistage n’est réalisé la nuit. (François n’a pas eu écho de la hotline genevoise 0800 909 400 ndlr.)

Dimanche matin, François va donc aux Urgences, à 9h. Le service lui indique que les tests de dépistage du Covid-19 se font dans un autre bâtiment, à proximité du parking Lombard. Il arrive finalement au bon endroit, répond à une série de questions et patiente une heure et quart, la priorité étant donnée au personnel soignant. Dans la salle d’attente, une dizaine de personnes -malades ou très inquiètes- attendent leur tour avec un masque sur le visage. Une infirmière le reçoit finalement, lui insert une longue tige dans le nez et quelques secondes plus tard, c’est terminé. Que va-t-il se passer maintenant? On lui indique de rentrer chez lui et qu’il sera appelé en cas de résultat positif, uniquement. Frayeur: son téléphone sonne lundi. Au bout du fil, l’infirmière lui indique que son test est… négatif.

François est soulagé et salue le travail et l’humanité du personnel soignant, malgré le stress ambiant. En professionnel de la communication, il est néanmoins persuadé que «le processus pourrait être optimisé, en commençant par la partie digitale, puis en donnant les bonnes informations aux gens sur place afin d’éviter que les gens malades ne se rendent aux mauvais endroits et infectent d’autres personnes.» Il enverra ses remarques prochainement aux HUG.

°Nom d’emprunt

Une raison d'espérer en quarantaine

Photo article

Agathe et son chien Narco en quarantaine dans leur appartement lausannois.

Radio 40 fait passer les DJ et les débats en ligne. L’idée était simple: créer un endroit où musiciens, comédiens, performeurs et bien d’autres pourraient donner vie à leurs projets artistiques annulés et où «on pourrait être tous ensemble à distance». Face à l’annulation des soirées prévues en public, Agathe (comédienne, performeuse et membre du collectif «Où êtes-vous toutes?») et Semion (ingénieur en informatique, DJ et producteur du label lémanique «CAF?») ont créé Radio 40, une radio en ligne pour tous les artistes qui ont vu leurs spectacles, lectures, concerts ou DJ sets passer à la trappe.

Radio 40 (FR)

Dans les coulisses des HUG

Crainte d’une pénurie de don du sang. Avec l’épidémie de grippe et l’apparition du coronavirus, le nombre de dons de sang baisse aux HUG. La demande, elle, se maintient. L’hôpital insite donc toutes les personnes en bonne santé -et surtout celles ayant un groupe rare- à venir donner leur sang. Toutes les mesures sont prises pour assurer la sécurité des donneurs et donneuses. Deux collectes vont être prochainement organisées à Meyrin (salle Antoine Verchère) le 25 mars et l’autre à la salle communale du Petit-Lancy le 31 mars.

Toutes les informations sur le don du sang (FR)

Témoignage d’une infirmière aux urgences (secteur non Covid-19). «C’est un petit peu plus calme: les gens semblent éviter l’hôpital pour des bêtises qui ne nécessitent pas une hospitalisation. On est plus nombreux pour moins de patients. Il y a des choses qu’on ne voit plus: des gens qui ont un mal de tête et n’ont même pas pris un Dafalgan ou vu leur médecin traitant! Et c’est beaucoup plus agréable de travailler sur de vrais cas que de la bobologie. L’atmosphère n’est pas tendue. Il y a de l’inquiétude mais pour autant, il y a un énorme esprit d’entraide entre nous, on parle, on rigole. En ce moment je trouve qu’on est en nombre, la direction a pris les choses en main en temps et en heure et on n’est pas dans l’inquiétude, on se sent préparés.»

Covid-19 sur Heidi.news

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«C’est en ville qu’on doit gagner la guerre.» Il faut éviter à tout prix que le virus se répandent dans Milan. Si c’était le cas, les services de santé n’y resisteraient pas, comme à Bergame. D’ailleurs, certains dénoncent leurs voisins qui quittent trop souvent la maison. Toute la ville est supendue aux lèvres d’un homme, Massimo Galli, infectiologue qu’ont rencontré nos journalistes Gea, 40 ans, mal de gorge, température 36,7, et Gabriele, 42 ans, symptômes grippaux légers, température 36,6.

Heidi.news (FR)

Un bug de Facebook a censuré du contenu lié au Covid-19. Des utilisateurs, des sites d’actualité et même des demandes de levées de fonds en ont fait l’expérience. Du contenu pourtant légitime, dont une bonne partie traitait du coronavirus, a été censuré par le réseau social ce mardi 17 mars. Trois journalistes de Heidi.news ont aussi vu leurs posts bloqués. Facebook incrimine un bug dans son système.

Heidi.news (FR)

Le premier coronavirus en Chine remonterait à mi-novembre. La Chine a reconnu l’existence d’une transmission du coronavirus entre humains le 20 janvier. Pourtant, le premier cas, celui d’un résident du Hubei âgé de 55 ans, est apparu le 17 novembre déjà, selon un rapport interne du gouvernement chinois.

Heidi.news (FR)

Des Italiens ayant imprimé en 3D des valves à oxygène menacés de procès. Ce devait être la belle histoire de la pandémie. Deux Italiens ont fabriqué, à l’aide d’une imprimante 3D, des valves à oxygène. Ces dernières venaient en effet à manquer dans un hôpital à Brescia pour les respirateurs artificiels, le fabricant n’arrivant pas à suivre l’augmentation de la demande. Mais ce dernier a menacé de porter l’affaire en justice pour violation de propriété intellectuelle.

Heidi.news (FR)

Plus de 3000 cas en Suisse et 200’000 dans le monde. Toutes les grandes étapes de l’épidémie de coronavirus dans notre récapitulatif régulièrement mis à jour.

Heidi.news (FR)

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