Bonjour, c’est Sarah pour vous parler des sciences face au coronavirus. Ce soir, je me penche sur l’explosion inédite du nombre de publications et sur les questions que cette accélération pose.

Un chercheur en psychologie sociale m’a aussi expliqué pourquoi et comment diverses théories du complot surgissent dans le contexte actuel.

Sarah Sermondadaz, Genève
11.05.2020

Le regard de la psychologie sociale sur les complotismes

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Image d’archive du 11 septembre 2001, événement fréquemment réinterprété par les adeptes de diverses théories du complot |AP/ABC/KEYSTONE

Pascal Wagner-Egger est enseignant chercheur en psychologie sociale et en statistique à l’Université de Fribourg. Dans ses travaux, il s’intéresse tout particulièrement aux croyances (dont notamment les théories du complot) et aux raisonnements quotidiens. Or, dans le contexte actuel lié à la pandémie de coronavirus et à ses incertitudes, il a vu resurgir dans certains discours alternatifs plusieurs schémas de pensée typiques des théories du complot. Il les évoque pour Heidi.news.

Il faut commencer par rappeler ce qu’on appelle ‘théorie du complot’: en l’occurrence, une hypothèse cherchant à expliquer certains événements par l’intervention d’un petit groupe de personnes. «Cette hypothèse se fonde sur des éléments de ‘preuve’ insuffisants, et elle est formulée de sorte à se soustraire à toute possibilité de réfutation (les contre-’preuves’ sont considérées comme faisant partie du complot)», explique-t-il.

La pandémie vue par les complotistes. «Comme tous les événements majeurs de ces dernières décennies, la pandémie de coronavirus a donné lieu à de nombreuses théories du complot, afin d’expliquer les événements par une autre cause que le hasard malheureux de la transmission de l’animal à l’être humain. Imaginez: il y a déjà des théories du complot sur les thèmes où il y a un consensus solide, comme le climat, alors avec les incertitudes scientifiques liées au fait qu’il s’agisse d’une maladie nouvelle…».

Un exemple: celui de l’hypothèse d’une fuite, volontaire ou accidentelle, du virus dans un laboratoire à Wuhan. Cette double déclinaison d’une théorie du complot, l’une très radicale et l’autre plus modérée est en fait classique.

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Une raison d'espérer

La Nouvelle-Zélande contre le coronavirus. La Nouvelle-Zélande semble être proche de gagner sa bataille contre le Covid-19. Le 11 mai, le petit archipel à l’est de l’Australie ne décomptait que 1497 cas suspects (confirmés et probables) et 21 morts. Les conditions de ce succès? Des mesures de confinement rapides, ainsi que des infrastructures permettant de traiter 8000 tests par jour, sans oublier un système permettant d’envoyer automatiquement un SMS aux personnes ayant été en contact avec un malade testé positif. Une entreprise largement facilitée par la nature insulaire du pays, et sa densité de population relativement faible, mais qui a semble-t-il permis de juguler l’épidémie, en tout cas jusque-là. Les mesures ont été partiellement levées depuis le 27 avril pour permettre la réouverture de certaines écoles.

Wired UK (EN)

Une accélération inédite de la recherche

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Image d’illustration | Montage S.Sermondadaz d’après Pixabay

Le virus SARS-Cov-2, à l’origine de la maladie Covid-19, était encore inconnu il y a quelques mois. Le 7 mai, le nombre de publications scientifiques consacrées au sujet a dépassé les 12’000. En cause, l’urgence sanitaire à trouver des traitements et vaccins efficaces. Mais mener (puis publier) des études rigoureuses prend du temps, un temps qui manque dans le contexte actuel. Comment le monde de la recherche fait-il face? Enquête.

Cet effort international se traduit par davantage de littérature scientifique en accès libre, aussi, y compris de la part des grandes revues scientifiques qui font traditionnellement payer très cher les abonnements aux universités. L’évaluation par les pairs, processus qui implique de demander l’avis de plusieurs autres chercheurs spécialistes du domaine avant publication, est également accélérée. Mais plusieurs questions de fond demeurent.

C’est l’autre exponentielle de l’épidémie. D’une poignée d’articles scientifiques sur une mystérieuse maladie ayant émergé en Chine en janvier, la littérature scientifique sur le Covid-19 est rapidement devenue pléthorique. Le 8 mai, le site Covid-19 Primer, qui exploite des algorithmes de traitement du langage naturel afin d’identifier automatiquement celles qui touchent de près ou de loin la maladie, en dénombrait 12’153.

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La publication rapide de certains articles clés, par exemple la structure de la protéine S du virus, qui lui permet de se lier à certaines cellules du corps, a permis de rapidement lancer de nouvelles études et de faire progresser la recherche. Entre la réception du manuscrit et la publication, il s’est écoulé seulement neuf jours. Cette vitesse est inédite pour l’édition scientifique.

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Séance de rattrapage

Si vous les aviez ratés, voici quelques articles publiés ces derniers jours sur le Flux Sciences.

L’innovation au paléolithique. Homo sapiens serait arrivé en Europe depuis au moins 45’000 ans. Ces résultats, obtenus grâce à la datation de restes archéologiques et à l’analyse génétique de dépouilles humaines, découverts dans les années 1970 dans une grotte bulgare, mettent fin à un long débat sur qui, de Néandertal ou de l’homme moderne, avait réalisé les outils et bijoux associés à ce site.

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Confinement et animaux de laboratoire. Pendant le confinement, qu’est-il arrivé aux animaux de laboratoire? La réponse à cette question dépend largement des pays considérés. Aux Etats-Unis, par exemple, certaines populations ont dû être euthanasiées. En Suisse romande, les Universités de Genève et de Lausanne ont préparé en amont le semi-confinement afin de limiter son impact. Explications.

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Le lien entre coronavirus, aviation et prévisions météo. La qualité des prévisions météo est indirectement victime de la crise du coronavirus. Les modèles météorologiques se basent en effet sur des mesures (température, mais surtout vitesse du vent) réalisées en vol par les avions de ligne, encore largement cloués au sol. Pour pallier leur absence, des météorologues européens exploitent désormais les données du satellite Aeolus, placé en orbite par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour observer la dynamique des vents sur Terre. Ce substitut n’est toutefois pas entièrement suffisant.

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Le pangolin à la loupe. Des chercheurs ont découvert que le pangolin présente un système immunitaire qui détecte mal les virus à ARN, dont les coronavirus. Cette anomalie évolutive pourrait être un avantage pour le petit mammifère à écailles, considéré comme un hôte intermédiaire plausible de Sars-CoV-2 entre la chauve-souris et l’homme. Cela pourrait expliquer sa tolérance pour le virus et constituer une piste de recherche pour combattre les formes graves du Covid-19.

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Le coronavirus sur Heidi.news

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Traiter son cancer au temps du coronavirus. Pour les patients atteints de cancer et en cours de traitement, les visites en milieu hospitalier sont souvent une nécessité, alors même que la maladie les rend plus vulnérables au coronavirus. Face à cette menace invisible, les équipes soignantes des centres d’oncologie et de radiothérapie de Hirslanden Clinique des Grangettes, à Genève, ont instauré un cadre sanitaire strict et travaillent, depuis plusieurs mois, à rassurer les patients. Seule une poignée d’entre eux a vu son traitement être suspendu ou modifié. Reportage sur place.

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Les sans-papiers en première ligne face au coronavirus. Les sans-papiers, dont on estime le nombre a environ 10’000 à Genève, sont particulièrement vulnérables face à la crise sanitaire et économique déclenchée par la pandémie du Covid-19. Sur la base d’un sondage réalisé le 2 mai, lors d’une distribution de colis alimentaires, une étude menée conjointement par Médecins sans frontières (MSF) et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) révèle l’extrême précarité de cette population, en appréhendant leur situation de façon globale.

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«Nous devons tout mettre en place pour éviter un deuxième confinement.» Depuis le début de la crise du coronavirus, l’Office fédéral de la santé publique a un visage: celui, creusé, de Daniel Koch. Mais il a aussi un directeur, Pascal Strupler, qui se tient en retrait depuis le début de l’épidémie. Il a accepté de rencontrer Heidi.news à Berne. Il parle des masques, des tests de dépistage, du déconfinement, d’une éventuelle deuxième vague et reconnaît que certains outils informatiques de l’OFSP n’était pas prêts au début de l’épidémie. Il répond aussi à quelques critiques.

Heidi.news (FR)

La passion d’entreprendre pour produire des masques à Genève. Zalfa El-Harake a travaillé 15 ans pour Procter&Gamble, en particulier dans les achats stratégiques et les négociations de contrats globaux. Une expérience utile, parmi d’autres, pour fabriquer des masques à Genève. Mère de deux adolescentes, elle nous reçoit chez elle, non loin de la Praille où elle espère installer sa manufacture. Elle parle de son enfance au Liban, de ses filles et surtout de sa passion pour l’entrepreneuriat.

Heidi.news (FR)

Les Milanais, boucs émissaires d’une Italie à cran. Il aura suffi d’une vidéo montrant une rue de Milan bondée pour que la polémique éclate. «Stupides, moins que rien», les habitants de la capitale lombarde sont devenus en moins d’une journée les cibles d’une Italie qui commence tout juste à se déconfiner. Un procès en irresponsabilité qui ulcère Gea, notre correspondante sur place.

Heidi.news (FR)

Sarah Sermondadaz est journaliste scientifique et chef d’édition du flux sciences pour Heidi.news. Pour lui écrire, c’est par ici.

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