A la recherche du temps volé par la pandémie

Anthony Anex | Keystone-ATS

La pandémie, encore et toujours. Nouvelle souche du virus, quarantaines, Britanniques qui s’échappent la nuit, évolution à la hausse des indicateurs, mesures, contre-mesures, Fêtes perturbées, aveu d’un ministre, début de la campagne de vaccination et débat sur l’obligation ou non de se faire vacciner: les principales informations du week-end, comme vous le constaterez dans notre revue de presse dominicale ci-dessous, appartiennent presque toutes à cette constellation obsessive de la lutte contre Covid-19 et ses dommages collatéraux.

Pourquoi un début de confession. Cette crise, d’abord sanitaire, a fini par gagner tous les rouages de nos sociétés. Tant et si bien que ses conséquences ne pourront être appréhendées que bien plus tard, par le regard de ceux qui manient le temps long, les historiens en tête. Alain Berset, soumis à la tyrannie de l’immédiateté, n’a pas ce luxe.

Un parfum de début de confession emplissait le discours du conseiller fédéral dimanche, lors d’un long entretien accordé à l’émission Sternstunde Philosophie de SF. «Nous avons été trop optimistes», a admis le Fribourgeois, un peu comme s’il donnait officiellement le départ au temps de l’examen. Dans un mouvement qui avait quelque chose de poignant, car initié par un homme qui se sent et se sait jugé pour sa politique et celle du gouvernement.

Nostra culpa et désorientation physique. Être ministre de la Santé, au temps du coronavirus, cet ennemi redoutable, puissant et difficilement saisissable, a fait d’Alain Berset un ministre de la Guerre et des Armées. En première ligne, le socialiste en a perdu ses notions de base, comme il l’explique lui-même. Atteint physiquement par le tourbillon qui emportait la planète entière, mais duquel il a le devoir de sortir le pays, jusqu’à parfois «ne plus savoir si c’est le jour ou la nuit, la semaine ou le week-end».

«Nous avons été trop optimistes», a-t-il donc lancé, en faisant référence à l’été dernier, au sortir de la première vague, quand le gouvernement a autorisé la Suisse à reprendre une vie quasi normale. Trop optimistes «quand nous avons pensé que nous pourrions permettre toutes les grandes manifestations pendant l’automne», alors que tout indiquait que l’épidémie progressait. «Il s’est agi de notre plus grande erreur.»

La revue de presse dominicale

Forcer les gens à se faire vacciner. La vaccination n’est pas obligatoire en Suisse. Le début des campagnes et l’espoir que celles-ci font naître chez certains ne vont toutefois pas sans remettre en cause ce principe garanti par la constitution. Ainsi plusieurs organisateurs de grands événements (comme les concerts) voudraient pouvoir exiger que les spectateurs soient vaccinés, faute de quoi l’entrée leur serait interdite, lit-on dans SonntagsBlick. Des réflexions qui occupent également d’autres secteurs (comme le football professionnel) mais, aussi, les institutions de santé, où la réticence des professionnels à se faire vacciner pose problème et interpelle la NZZ am Sonntag. Pour l’Office fédéral de la Justice, il devrait être légalement possible de traiter différemment les personnes vaccinées et non vaccinées.

La fuite nocturne et silencieuse des Britanniques. Ils devaient rester en quarantaine, ils ont «fui dans la pénombre», témoigne un responsable de la communication de Verbier. «Ils», ce sont les touristes britanniques dont une bonne moitié (sur les 400 connus) a discrètement disparu de la station valaisanne. Un départ précipité remarqué en raison, entre autre, des denrées alimentaires finalement pas consommées. Récit d’une semaine folle dans le Val de Bagnes dans SonntagsBlick.

Le «miracle de l’emploi» en Suisse. Il y aurait eu, en Suisse, un «miracle de l’emploi» durant la crise Covid-19. C’est ce qu’affirme la SonntagsZeitung, s’appuyant sur une enquête chiffrée démontrant que de grands employeurs du pays (Migros, Landi, Aldi, Spar, Volg, Otto’s) ont augmenté leurs effectifs cette année. Il s’agirait de 1000 postes supplémentaires rien qu’à la Coop. Une tendance qui devrait perdurer en 2021, réfutant la crainte de licenciements en masse en raison de la crise économique.

La pharmacie de l’armée n’était pas prête. La pharmacie de l’armée suisse n’était pas prête à faire face à l’achat en grand nombre de matériel médical le printemps dernier. Un audit demandé par le Département fédéral de la Défense relève des manquements importants, apprend-on dans la SonntagsZeitung. La Conseillère fédérale Viola Amherd a ainsi assigné au chef de l’armée Thomas Süssli la mission de revoir et corriger les structures.

Opposition au mariage pour tous. Un comité bourgeois s’est formé pour mener campagne contre le mariage pour tous, accepté par le Parlement lors de sa session de décembre. Alors que l’UDF avait annoncé un référendum, un groupe emmené par l’UDC (notamment le président Marco Chiesa et son prédécesseur Albert Rösti) et le PDC (avec Benjamin Roduit, Marco Romano ou encore Christian Lohr) s’est également signalé, explique Le Matin Dimanche.

Procès en Suisse pour Dieudonné. La justice genevoise a renvoyé Dieudonné en procès, découvre-t-on dans Le Matin Dimanche. L’humoriste et acteur français sera jugé en Suisse pour propos négationnistes. Le procès se tiendra en 2021.

Bien vu

Laurent Gilliéron | Keystone-ATS

On ne va décidément plus à l’église en 2020 comme par le passé… Ici, à la Cathédrale de Lausanne, méditation, histoires et chants de Noël étaient diffusés dans les oreilles de quelque 400 personnes (par groupes de 50) pour un 24 décembre intimiste et pas comme les autres.

Le fait sportif du week-end

François Mori | AP

Raymond Domenech officiellement de retour sur le banc. On ne sait pas combien de temps cela va durer, mais on se prépare déjà à un feu d’artifices. Raymond Domenech, un des personnages les plus polarisants du football français, est de retour sur un banc, ayant été engagé comme entraîneur d’un monument en détresse, le FC Nantes. L’ex-sélectionneur de l’équipe de France, aux prises de parole sans filtre, aura pour patron le controversé et sulfureux Waldemar Kita, ancien président de Lausanne-Sport.

Il est temps de raconter le monde

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Une raison d’espérer

Pixabay / Alexandra Koch

Les mutations britanniques ne diminueraient pas l’efficacité des vaccins. Depuis dimanche 20 décembre, le nouveau variant britannique de Sars-CoV-2, identifié pour la première fois en Suisse le 24 décembre, rythme l’actualité: la presse s’emballe et les frontières se ferment. A ce stade, la communauté scientifique doute fortement que ce variant porte atteinte à la vaccination, sans toutefois pouvoir l’exclure. Blaise Genton, chef du groupe d’experts de la Task force vaccination du canton de Vaud, et Guiseppe Pontaleo, directeur exécutif du Swiss Vaccine Research Institute et chef de la division d’immunologie et d’allergie du CHUV, expliquent les zones d’ombre et comment s’y prendre pour trouver des réponses.

Pourquoi la question se pose. Le vaccin de Pfizer/BioNTech, le premier homologué en Suisse, est constitué d’un ARN qui, une fois dans la cellule de l’organisme, est transcrit en protéine S. Cette fameuse protéine S de Sars-CoV-2 qui permet au virus de se lier à nos cellules pour y entrer. Grâce au vaccin, l’organisme est entraîné à reconnaître cette protéine et à la combattre rapidement et efficacement en cas d’infection naturelle. Or, le variant britannique comporte 14 mutations dont deux sont situées précisément au niveau du gène codant pour la protéine S. Cela signifie qu’entre la souche dominante, pour laquelle le vaccin a été conçu, et le variant britannique, la protéine S diffère très légèrement.

L’actu clé de la semaine qui vient

Image d’illustration | Jean-Christophe Bott/Keystone-ATS

Pourquoi les lecteurs seront les gagnants de 2021. Le monde de l’édition du Royaume-Uni va vivre une petite «révolution» dès le 1er janvier 2021, avec le lancement de Facebook News. Une section que le géant des réseaux entend consacrer à la diffusion de l’information, à la promotion du journalisme et à son effort, très personnel, pour défaire sa réputation de paradis de la désinformation. La Suisse aussi va connaître de profonds changements.

Pourquoi ce dispositif. Le dispositif était en test aux Etats-Unis depuis fin 2019, voilà qu’il débarque en Europe (du moins dans l’Europe géographique). Facebook propose à une partie de ses presque 3 milliards d’utilisateurs dans le monde des articles de presse ne se trouvant pas déjà sur sa plateforme. Contre rémunération des éditeurs, ce qui a convaincu quelques poids lourds britanniques (The Guardian, The Economist, The Mirror, Cosmopolitan, Vogue). Ce point de jonction, qu’une large partie de l’édition appelait de ses vœux, s’inscrit dans un contexte délicat pour la firme de Mark Zuckerberg.

Aucun calendrier n’a encore été communiqué quant à un possible élargissement territorial de cette nouvelle offre, en Suisse ou ailleurs. Le lectorat romand aura tout de même de quoi s’occuper en cette année 2021, avec d’importants bouleversements de son paysage médiatique.

A noter cette semaine

Photo: David Hume Kennerly/Gerald R. Ford Presidential Library and Museum

Lundi 28. Début de la campagne de vaccination à Genève et Neuchâtel. Un exercice tout sauf anodin, à la fois sanitaire, économique et politique, comme nous le rappelions en septembre dernier.

Lundi 28. Il faut désormais conclure. Après dix mois d’âpres négociations de l’accord du Brexit, les Etats membres de l’Union européenne doivent lancer en début de semaine la procédure de signature. Les députés britanniques débattront eux la question à partir de mercredi.

Mardi 29. SOS Méditerranée donnera une conférence de presse à bord de l’Ocean Viking, qui mouille dans le port de Marseille. Il y sera question de la poursuite en 2021 des sauvetages de migrants en mer.

Mercredi 30. Moment attendu et redouté, le Conseil fédéral se livrera à l’analyse intermédiaire de la situation épidémique qu’il avait promise. Pour rappel, le gouvernement avait prononcé le 22 décembre des mesures restrictives - notamment la fermeture des établissements publics - en vigueur jusqu’au 22 janvier. Renforcement desdites mesures ou statu quo? Le point-presse des experts Covid de la Confédération, mardi 29, donnera le ton.

Jeudi 31. «Welcome to the other side». C’est le titre du concert virtuel que donnera le pionnier de la musique électronique Jean-Michel Jarre dans le décor reconstitué de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Dimanche 3. A cette date, la Suède comptera au moins une électrice de plus en la personne de… Greta Thunberg. La jeune militante aura 18 ans dimanche et pourra donc officiellement exercer ses droits civiques. Même si elle n’avait pas attendu sa majorité pour le faire.