L’info du week-end

Plus de 3’300 arrestations, parfois musclées comme ici à Moscou. Photo Keystone/AP

Manifestations et castagne tous azimuts en Russie. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi en Russie, à l’appel de l’opposant Alexeï Navalny. Les rassemblements ont provoqué des heurts dans plusieurs villes et entraîné plus de 3300 arrestations, dont celle de Ioulia Navalnaïa, la femme de l’opposant, qui a toutefois été libérée quelques heures plus tard. Les principaux rassemblements se sont produits à Moscou et à Saint-Pétersbourg, avec dans chaque ville quelque 20’000 participants, selon les estimations des médias. Il s’agit des manifestations les plus importantes qu’ait connues le pays depuis plusieurs années, où des milliers de personnes scandaient «Liberté à Navalny!» et «Liberté aux prisonniers politiques!».

La veille, les partisans du célèbre opposant politique avaient publié une enquête vidéo qui n’a pas manqué de galvaniser les manifestants. Visionnée plus de 70 millions de fois sur YouTube, elle accuse Vladimir Poutine de s’être fait bâtir pour plus d’un milliard d’euros une fastueuse demeure privée sur les bords de la Mer Noire. Cette salve médiatique est de loin la plus féroce et la plus fouillée qu’ait jamais produite le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) créé par Navalny.

Ce vaste mouvement de contestation se produit à quelques mois des élections législatives prévues pour l’automne, sur fond de chute de popularité du parti au pouvoir Russie unie. Cette lame de fond ébranle le pouvoir de Vladimir Poutine, de plus en plus accusé de corruption et de gigantesques détournements de fonds à son propre profit et à celui de ses fidèles. Mais il n’est pas prêt de le faire trébucher: le président russe tient fermement les leviers du pouvoir, il règne en maître absolu sur sa cour et contrôle sévèrement les médias officiels. Le coup de semonce n’en est pas moins sérieux: alimentée par des réseaux sociaux encore relativement libres, la contestation touche de larges franges de la population.

Et Navalny jouit d’une popularité grandissante, tout en ne sous-estimant pas sa vulnérabilité, avec humour: «Je précise à tout hasard que je n’ai pas l’intention de me pendre, ni de me taillader les veines, et je suis très prudent en descendant les escaliers», annonce-t-il sur son compte Instagram. «Parce que je sais que, de l’autre côté des murs de ma prison, il y a beaucoup de gens très bien, et qu’ils ne vont pas tarder à venir m’aider.»

La revue de presse dominicale

Roi incontesté de l’interview, Larry King est mort. Star inégalée de l’audiovisuel américain, Larry King s’est éteint samedi à 87 ans, des suites du Covid-19. Il a passé plus de 60 ans derrière un micro, et son émission sur CNN diffusée de 1985 à 2010 était devenue un passage obligé pour les responsables politiques et les célébrités du monde entier. Toujours en bras de chemise, il était facilement reconnaissable à ses cravates multicolores et ses bretelles.

Explosion des cas de violences domestiques. La crise du coronavirus a fait exploser les cas de violence domestique. Dans le canton d’Argovie, les interventions de la police ont augmenté de 12% l’année dernière. Le nombre de cas est également en progression à Berne et à Zurich. Les demandes de conseils de la part de jeunes sont aussi en hausse: ils sont toujours plus nombreux à vouloir quitter leur foyer en raison de conflits avec leurs parents.

Migros avare avec les augmentations de salaires. Alors que Coop et le groupe Fenaco-Landi, avec ses magasins Volg, ont chacun augmenté la masse salariale de 1% pour 2021, chez Migros, cette hausse n’est que de 0,2 à 0,5%. En outre, Coop et Fenaco ont procédé à une augmentation générale pour les salaires allant jusqu’à 4’700 francs bruts. Elle se monte à 40 francs chez Coop et 50 francs chez Fenaco. Migros en revanche n’a augmenté les salaires que sur une base individuelle.

Davantage de femmes dans les conseils d’administration. La proportion de femmes dans les conseils d’administration augmente. La barre des 30% devrait être atteinte au plus tard dans trois ans, estime le chasseur de têtes Guido Schilling. Selon ses calculs, il manque actuellement 114 femmes au sein des conseils d’administration des 200 grandes entreprises suisses cotées en bourse, qui devront se conformer à la nouvelle loi d’ici 2026.

Décès et vaccins Covid-19: pas de lien établi. Depuis le début des campagnes de vaccination, des cas de personnes décédées alors qu’elles avaient reçu peu avant une injection ont été rapportés dans certains pays. Scrutés de près, ces décès sont très peu nombreux et ne sont pas pour l’heure attribués au vaccin. Mais partout, une surveillance stricte est appliquée.

La pandémie creuse les inégalités. Le risque de contracter le Covid-19 et d’en mourir est bien plus élevé pour les personnes à bas salaire. La crise du Covid-19 agit comme une loupe de la société: elle rend les problèmes préexistants plus visibles. Selon le sociologue Thomas Abel, cette pandémie est une occasion à saisir pour mettre en exergue l’effarante augmentation de l’inégalité des chances en matière de santé. Et non seulement ces personnes courent un risque accru de contamination, mais elles tendent aussi à en souffrir plus sévèrement.

Bien vu

Photo AFP

Les tape-culs rose fluo prix du design 2020. Donald Trump avait fait de son mur à la frontière mexicaine un symbole de sa tolérance zéro face à l’immigration illégale. Comme un pied-de-nez, des citoyens avaient construit des tape-culs composés de grandes barres de métal rose. Ils n’avaient existé que quelques dizaines de minutes à l’été 2019, mais leur apparition avait été tout un symbole, largement répercuté par les réseaux sociaux. Les trois balançoires transperçant le mur qui sépare les Etats-Unis du Mexique ont remporté cette semaine le Prix Beazley du design 2020, décerné par le Design Museum de Londres.

Le fait sportif du week-end

EPA / Christian Bruna

Le ski suisse à la fête! Dimanche triomphal pour le ski helvétique! Beat Feuz s’est imposé pour la deuxième fois consécutive sur la mythique Streif de Kitzbühel, qui s’était toujours refusée à lui jusqu’à vendredi. Le Bernois s’empare du même coup du dossard rouge de leader du classement de la descente. Chez les dames, bien qu’en délicatesse avec son dos, Lara Gut-Behrami a remporté sans coup férir le super-G de Crans-Montana. La Tessinoise a écrasé la concurrence pour signer son 28e succès en Coupe du monde, le 14e dans cette discipline. Et, pour couronner le tout, Fanny Smith a cueilli son 27e succès en Coupe du monde de skicross à Idre Fjäll, en Suède.

Il est temps de raconter le monde

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Une raison d’espérer

Une journée mondiale pour redynamiser l’éducation pour la génération Covid-19. Photo Keystone

Mobilisation planétaire en faveur de l’éducation pour les oubliés du savoir. Alors que la moitié des élèves dans le monde est toujours affectée par la fermeture totale ou partielle des établissements, l’UNESCO et la communauté éducative mondiale célèbrent ce 24 janvier la troisième Journée internationale de l’éducation. Thème de cette année: «Relancer et redynamiser l’éducation pour la génération Covid-19 ».

La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, s’exprimera lundi aux côtés d’enseignants, d’éducateurs et de décideurs politiques lors d’un colloque virtuel visant à réaffirmer que l’éducation est tout à la fois un droit humain, une responsabilité et un bien publics.

Pourquoi c’est important. En lui dédiant une journée spéciale, la communauté internationale réaffirme que l’éducation joue un rôle essentiel dans la construction de sociétés résilientes et qu’elle contribue à la réalisation de tous les autres objectifs de développement durable.

L’appel à célébrer cette journée s’adresse à toutes les parties prenantes, notamment les Etats membres, les organismes du système des Nations unies, ainsi que la société civile, les organisations non gouvernementales, les institutions académiques, le secteur privé et les particuliers. L’idée étant de renforcer la coopération internationale autour de l’objectif no 4 de développement durable (une éducation de qualité pour tous),

1,6 milliard de personnes concernées. Rassemblant un très large éventail d’acteurs, l’événement se concentrera sur la nécessité de mobiliser des ressources intellectuelles et financières pour surmonter les défis posés par les dysfonctionnements liés à Covid-19. Tout en abordant aussi les profonds problèmes structurels préexistants.

En 2020, la pandémie a entraîné une perturbation sans précédent de l’apprentissage au niveau mondial et les fermetures d’écoles ont touché quelque 1,6 milliard d’apprenants dans plus de 190 pays. Avec la réapparition du virus, environ un milliard d’étudiants continuent d’être affectés par la fermeture totale ou partielle des écoles et des universités, ce qui augmente le risque de retard et d’inégalité dans les apprentissages, d’abandon scolaire et d’isolement social.

L’UNESCO rendra publiques de nouvelles données mondiales selon lesquelles les apprenants ont perdu en moyenne une centaine de journées d’école dans le monde.

La Journée internationale de l’éducation vise à:

- stimuler les engagements et les actions pour assurer la reprise de l’éducation, accroître l’inclusion et réduire les taux d’abandon;

- célébrer les initiatives menées par les gouvernements, les éducateurs et les organisations ainsi que les partenariats visant à reconstruire des systèmes éducatifs plus résistants et plus inclusifs;

- plaider en faveur d’un financement accru et de meilleures pratiques en matière de financement équitable de l’éducation, afin de servir efficacement les plus défavorisés;

- donner une voix à la génération Covid-19 pour qu’elle exprime ses préoccupations et ses aspirations face à un avenir placé sous le signe de la récession économique et du changement climatique.

Toujours dans l’esprit de la Journée internationale de l’éducation, l’UNESCO lance un «festival de la planète de l’apprentissage» pour célébrer les études dans tous les contextes et partager les innovations qui aident chaque apprenant à réaliser son potentiel quelles que soient les circonstances.

L’actu clé de la semaine qui vient

Photo Keystone / Laurent Gilliéron

Valse à deux temps pour le Forum économique mondial de Davos. Une fois n’est pas coutume et pour la deuxième fois seulement de son histoire commencée en 1971, le Forum économique mondial de Davos n’aura pas lieu cette année dans la station grisonne. Crise du coronavirus oblige, il se scinde en deux événements distincts pour sa 51e édition : une version virtuelle du 24 au 29 janvier (les dates habituelles du WEF) et le Forum lui-même, bien réel, décentralisé au chaud à Singapour du 25 au 28 mai. Le retour à Davos est prévu pour l’édition 2022.

Cet événement en ligne verra la participation de nombreux chefs d’État et de gouvernement, de directeurs généraux et de capitaines d’industries, de dirigeants de la société civile, de médias mondiaux et de jeunes leaders d’Afrique, d’Asie, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Amérique latine et d’Amérique du Nord.

Parmi les têtes d’affiche : le Chinois Xi Jinping, l’Indien Narendra Modi, le Japonais Yoshihide Suga, le président Emmanuel Macron, la chancelière Angela Merkel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et… le Suisse Guy Parmelin, président de la Confédération cette année. Interviendront également la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres et le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

A noter cette semaine

Lundi. L’acte d’accusation contre Donald Trump pour «incitation à l’insurrection» est transmis au Sénat ce lundi. Le procès en destitution démarrera le 8 février, avec pour enjeu principal de le rendre inéligible. Mais le risque est grand d’éclipser les premiers pas de Joe Biden.

Mardi. Alors que les caméras de surveillance se multiplient partout sur la planète, Amnesty international lance une nouvelle campagne pour l’interdiction de la reconnaissance faciale à travers le monde, au titre de la défense des droits civiques.

Mercredi. Commémoration (façon de parler!) du 70e anniversaire du premier essai d’une bombe atomique en surface. Cela se passait non loin de Las Vegas, dans le désert du Nevada. 70 ans plus tard, le Conseil fédéral refuse toujours d’appliquer le Traité d’interdiction des armes nucléaires, pourtant entré en vigueur vendredi et malgré les injonctions du Parlement.

Jeudi. Coup d’envoi ce soir, en streaming depuis le Théâtre du Passage, du festival «Danse» dans le canton de Neuchâtel. Feu le festival «Hiver de Danses» se mue en «ADN-DANSE Neuchâtel». Cette année, les organisateurs ont décidé de prolonger les festivités toute l’année, les répartissant en trois volets. L’inauguration est signée par l’une des pièces du chorégraphe genevois Foofwa D’Imobilité.

Vendredi. Décision, attendue en principe ce vendredi, de l’Agence européenne des médicaments sur la demande d’autorisation de mise sur le marché du vaccin AstraZeneca/Oxford.