L’info du week-end

Manifestation anti-confinement, samedi à Altdorf - KEYSTONE

Confinement et ras-le-bol en Suisse. Peut-être est-ce le syndrome du dernier kilomètre? Celui qui nous sépare du but et qui semble toujours le plus long. Alors même que le Conseil fédéral fait miroiter une fin possible du confinement pour l’été, la Suisse craque de partout. Restaurants sauvages, soirées clandestines, arrestations de jeunes et manifestations de rue comme hier à Altdorf, où des opposants aux mesures anti-covid ont tenté de forcer la main des autorités.

Le Blick pose cette question en une: les vaccins sont là, alors pourquoi seuls 7,4 % de la population en ont profité? Pourquoi les cantons trainent-ils les pieds? Les nerfs sont à vif alors que UDC et radicaux exigent désormais du Conseil fédéral qu’il ouvre les restaurants dès le 19 avril.

De quoi parle-t-on? Il y avait eu les fêtes de Pâques agitées et ce weekend, seule une forte mobilisation policière a empêché des débordements, en Suisse alémanique. A Altsdorf, la police a dispersé un rassemblement non autorisé d’opposants aux mesures anti-Covid, alors que des sonneurs de cloches se réunissaient près du monument de Guillaume Tell, symbole de la résistance à l’étranger, fût-il sous forme de virus. A Saint-Gall, la police a expulsé de la ville 90 personnes, dont un tiers de mineurs, venues de Berne ou Lucerne assister ou prendre part à d’éventuels troubles. La génération Covid, celle qui voit son avenir s’assombrir, explose. Elle entendait, cette semaine, le président de la Task force scientifique de la Confédération, Martin Ackermann, conseiller de ne rien rouvrir avant trois mois.Trois mois?  Et après? L’incertitude ne fait pas rêver.

A Berne, l’UDC, soutenue par des élus PLR et du Centre, exigera en début de semaine prochaine, via la Commission de l’économie du National, des ouvertures immédiates, dès le 19 avril, pour les restaurants et les différents acteurs des domaines de la culture, du sport et des loisirs, rapporte la SonntagsZeitung. Cette demande parviendra au Conseil fédéral sous forme de lettre.

La revue de presse dominicale

Berne: 740’000 tests PCR périmés. La facture est salée: plus 12 millions de francs pour des tests PCR périmés qui restent sur les bras de la Confédération, selon la NZZ am Sonntag. La Confédération a acheté au printemps dernier plus d’un million de ces tests, prévus comme réserve en cas d’urgence mais 740’000 sont désormais périmés. En raison de leurs composants biochimiques, les tests PCR ont une durée de vie limitée.

Lonza: 1200 emplois seront créés en Valais. Une bonne affaire pour le Valais. Lonza, active dans la chimie et la pharma, va engager 1200 personnes à Viège, selon des déclarations du directeur du site valaisan Renzo Cicillini dans une interview donnée au Walliser Bote. L’entreprise a démarré en novembre dernier la production d’un principe actif pour le vaccin anti-Covid Moderna et tourne à plein régime. Reste la question d’une éventuelle ligne de production du vaccin, soutenue par la Confédération. Des contacts sont en cours avec Alain Berset.

Sauver l’environnement pour prévenir les pandémies. Le commerce d’animaux sauvages ou le défrichement des forêts, pour cultiver soja et l’huile de palme, peuvent favoriser les pandémies, selon une étude publiée jeudi par IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Selon les experts, la moitié des 1,7 million de virus non découverts dans la nature pourrait être capable d’infecter des personnes. La prévention coûterait 100 fois moins cher que la réponse aux pandémies.

Birmanie : l’ONU sommée d’agir. Les appels a une intervention de l’Onu se sont multipliés ce weekend, alors que les opposants à la junte ne désarment pas. Ils ont maculé de sang les rues de Rangoon, après la répression féroce des militaires, qui a fait 80 morts vendredi à Bago. Dans la ville de Tamu, au nord-est du pays, des soldats ont à nouveau tiré à balles réelles contre des manifestants, tuant deux civils.

Bien vu

Paul Edwards KEYSTONE

Farewell prince Philipp. De lui, on ne savait pas grand chose, sinon ce que nous en a dit Netflix et la série «The Crown». Pas de biographies tapageuses, pas de scandales, juste quelques rumeurs, aussitôt contenues derrière les lourdes portes du château de Windsor. C’est là qu’auront lieu samedi les funérailles privées, mais télévisées, du prince Philip décédé vendredi à l’âge de 99 ans. Le prince Harry y assistera, sans son épouse. Hier des salves ont été tirées dans tout le Royaume-Uni, en hommage à cet homme, à l’élégance toute british, qui emportera avec lui le secret d’une vie passée dans l’ombre de sa Majesté. Les images du couple, qui a si bien tenu son rôle, resteront comme un marqueur du siècle.

Il est temps de raconter le monde

🙂 On a trouvé des journalistes heureux! A l’occasion de notre premier lustre de journalisme, nous vous proposons de découvrir une toute nouvelle Exploration très à propos: On a trouvé des journalistes heureux! Alors que la presse est à la peine, cette enquête axée solutions dresse le portrait de médias qui marchent, un peu partout. Ou comment redonner un peu d’optimisme à notre beau métier!

Une raison d’espérer

Keystone

Un islam tolérant et féminin. Elle est le nouveau visage de la tolérance religieuse. Kahina Bahloul, première femme imame en France, publie ces jours «Mon islam, ma liberté», chez Albin Michel. Un livre engagé qui plaide pour un islam libéral. «Le Coran ne justifie pas l’oppression des femmes.» «Et gardons nous de faire de l’Islam une identité à part entière», dit cette islamologue de tradition soufie, née d’un père kabyle et d’une mère française juive et catholique.

Le Conseil fédéral doit murmurer à l'oreille des chevaux

Le conseiller fédéral Alain Berset en présence d’un cheval – Keystone/ Peter Klaunzer

La chronique de Claude-Inga Barbey. C’est très compliqué d’entretenir l’espérance, aussi exigeant et coûteux que d’entretenir un cheval. C’est une des tâches (et peut-être la plus pointue en ce moment) du Conseil fédéral et de sa task force. Entretenir la fougue tout en bridant l’animal. Le faire courir quotidiennement, mais au bout d’une longe, le maintenir au pas avec des œillères afin qu’il ne soit pas distrait par les sollicitations extérieures. Et le piquer au flanc si nécessaire.

Qu’il se laisse docilement enfermer pour la nuit avec la promesse d’un sucre ou d’un ballot de foin. La nuit, debout dans sa stalle étroite, le cheval empêché contemple le ciel étoilé et rumine l’espérance. Et on le laisse faire, parce que l’espérance n’est pas incompatible avec l’obéissance, loin de là. Dans la boîte de Pandore, qui était en fait une jarre, Zeus avait enfermé tous les fléaux de l’humanité. Dont la famine, la folie, le vice, la vieillesse, la maladie… Il avait retiré la voix aux fléaux, afin que les humains ne soient pas prévenus de leur arrivée et qu’ils ne puissent en esquiver aucun.

L’actu clé de la semaine qui vient

Vue d’artiste du rover Perseverance et de l’hélicoptère Ingenuity | NASA/JPL-Caltech

Un hélicoptère va voler sur Mars. La Nasa le compare au premier vol contrôlé des frères Wright, le 17 décembre 1903. Ingenuity, hélicoptère embarqué par le rover martien Perseverance de la mission Mars2020, pourrait de la même façon marquer l’Histoire, tant de l’exploration spatiale que de l’aéronautique, en devenant le premier aéronef à réaliser un vol contrôlé sur une autre planète que la Terre. Initialement programmé au 11 avril, le vol a finalement été reporté au 14 avril au plus tôt, après la détection d’une anomalie lors d’une procédure de test.

Pourquoi c’est périlleux. L’atmosphère martienne n’a presque rien de commun avec celle de la Terre: légère et peu dense, composée majoritairement de dioxyde de carbone, il y règne une fraction infime de la pression terrestre (moins d’un pourcent). Y obtenir une portance aérodynamique suffisante pour faire décoller un hélicoptère représente donc un véritable défi pour les ingénieurs de la Nasa.

Le problème de physique. Sur Terre, sur Mars ou ailleurs, s’affranchir de la pesanteur à l’aide d’un aéronef n’a rien d’évident. Il a fallu attendre plusieurs siècles entre les premiers concepts purement théoriques de machines volantes et l’épopée des pionniers de l’aéronautique, jusqu’au premier vol motorisé contrôlé, accompli par les frères Wright en 1903 après de multiples essais infructueux.

A noter cette semaine

Lundi. La semaine à Berne sera politique ou ne sera pas. Elle débutera par le lancement de la campagne du 13 juin sur la loi Covid 19, par Guy Parmelin, Alain Berset et des représentants des cantons. Le cœur de la révision réside dans l’aide aux cas de rigueur.

Lundi. Economiesuisse s’engage pour l’adoption le 13 juin de la loi sur le CO2. On retrouve dans le comité l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard et la conseillère national Jacqueline de Quattro.

Lundi. La Fondation pour la famille, appuyée par l’UDF et des personnalités UDC, se battra le 13 juin contre le mariage pour tous. Le projet ouvre notamment la voie à la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes. Plusieurs représentants UDC annonce toutefois dans la presse dominicale vouloir former un comité en faveur du projet.

Mardi. Début du mois sacré du Ramadan chez les musulmans. La date exacte sera définie lors de la Nuit du Doute, ce dimanche 11 avril, à 18h30, en fonction de l’observation du ciel.

Mercredi. Conférence de presse de la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter pour défendre la loi fédérale contre la menace terroriste et le crime organisé, soumis également au vote le 13 juin. L’arsenal législatif est fortement critiqué par des experts suisses et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Jeudi. Le Festival Vision du Réel aura lieu en version digitale, pour la deuxième année, avec des films en ligne pour 72 heures. Emmanuel Carrère sera l’invité d’honneur de cette 52ème édition.