L’info du week-end

Quelles suites politiques au refus de la loi CO2? En matière d’environnement, les Suisses sont plutôt des consommateurs que des idéalistes et ceux qui l’avaient oublié ont été rappelés à l’ordre dimanche 13 juin. La question de l’après votations tourne désormais en boucle dans la Berne fédérale. Que faire pour remplacer la loi CO2 et respecter ainsi les Accords de Paris? Une enquête du cabinet de conseil Deloitte, publiée aujourd’hui par la SonntagsZeitung, peut aider à la réflexion.

De quoi on parle. Elle indique que l’écrasante majorité des Suisses est soucieuse de l’avenir du climat mais ne souhaite pas pour autant des taxes sur l’essence ou sur le mazout. Et les moins de 30 ans sont les plus réticents. Dès lundi 21 juin, Simonetta Sommaruga, affectée mais non découragée par le refus populaire, reviendra devant le parlement avec des propositions concrètes, esquissées dans SonntagsBlick.

Les chiffres. Ceux publiés par l’enquête Deloitte indiquent clairement que le soutien diminue lorsque les mesures de protection de l’environnement touchent directement le quotidien de chacun. Ainsi, 70% des personnes interrogées estiment qu’il est important d’éviter les émissions de CO2 et 60% appuient l’introduction d’objectifs d’émissions plus stricts pour les nouveaux véhicules. Mais une taxe sur les billets d’avion ne récolte l’adhésion que d’un Suisse sur deux et seuls 43% disent «oui» à une taxe CO2 sur l’essence, le diesel, le mazout et le gaz naturel.

Autres chiffres intéressants, publiés par SonntagsBlick, s’appuyant sur un sondage post-électoral réalisé par Tamedia: les 18-34 ans ont dit non à 58% à la taxe CO2. Cloé Jans, politologue à l’institut de recherche GFS Berne, estime que «les moins de 30 ans ont grandi dans un monde incertain et s’inquiètent pour leur sécurité économique et leur propre niveau de vie».

Reste désormais à savoir ce que vont faire le gouvernement et le Parlement.

La revue de presse dominicale

La Suisse va vacciner à partir de 12 ans. La Suisse veut ouvrir dès la semaine prochaine la vaccination contre Covid-19 aux adolescents âgés de 12 à 15 ans, déclare le président de la Commission fédérale pour les vaccinations, Christoph Berger, dans la NZZ am Sonntag. Cela vaut également pour les jeunes qui sont en contact avec des personnes à risque, dont le système immunitaire est affaibli. L’infectiologue ne s’inquiète pas de l’arrivée du variant Delta du SARS-CoV-2, dit variant indien. La protection des vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna est élevée, dit-il.

500’000 morts du Covid au Brésil et des manifestations anti-Bolsonaro. Des milliers de Brésiliens sont retournés dans la rue ce week-end pour protester contre la réponse de l’administration du président Bolsonaro à la pandémie, qui a causé la mort de près d’un demi-million de personnes dans le pays. Seuls 11% des 212 millions de Brésiliens ont été entièrement vaccinés, selon les médias locaux. Le président brésilien fait l’objet d’une enquête du Congrès pour avoir pris du retard dans l’acquisition de vaccins et poussé l’utilisation de médicaments inefficaces tels que la chloroquine.

Les réactions à la victoire d’Ebrahim Raïssi à la présidentielle iranienne. Ebrahim Raïssi, l’actuel chef de l’Autorité judiciaire, a remporté l’élection présidentielle en Iran, au terme d’un verrouillage sans précédent et alors que 51,2 % des citoyens se sont abstenus d’aller voter. Une très mauvaise nouvelle pour la société civile, commente Amnesty International, qui réclame une enquête pour «crimes contre l’humanité» et «répression, brutale» contre le nouveau président ultra-conservateur, proche du Guide suprême Ali Khamenei. Son élection ne devrait certes pas avoir d’incidence dans les négociations en cours sur le dossier nucléaire, estime Le Monde.

Une nouvelle version de l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE? Ignazio Cassis estime que l’adhésion à l’Union européenne n’est pas réaliste dans les prochaines années. Il n’exclut cependant pas la possibilité que la Suisse discute à nouveau de questions institutionnelles avec l’UE, malgré l’échec de l’accord-cadre. Un tel pas peut être franchi grâce à un dialogue politique, autour des points de convergence, comme le pacte vert européen («Green Deal»). Confédération et UE ont des objectifs similaires en matière de protection du climat, remarque-t-il. «Il serait logique que nous examinions la possibilité d’une alliance.»

En Suisse, la violence domestique affecte aussi les enfants. Un enfant sur cinq en Suisse a déjà observé des actes de violence entre ses parents, affirment Le Matin Dimanche et la SonnstagsZeitung, citant des chiffres du Bureau fédéral de l’égalité et une étude du Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne datant de 2020. En appliquant cette proportion au nombre de mineurs dans le pays, cela veut dire que 300’000 enfants ont pu être exposés à ces brutalités, dont plus de 90’000 fréquemment. L’effet est dévastateur, selon l’étude.

Bien vu

Keystone / Walter Bieri

En mémoire des disparus, qui ont voulu trouver refuge en Europe. 44’000 bandes de tissus flottent autour de la Fraumünster et de la Wasserkirche à Zurich, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, ce dimanche 20 juin. 44’000, c’est autant que le nombre de réfugiés et migrants, disparus en mer et aux portes de l’Europe depuis 1993, vaincus par le destin alors qu’ils croyaient atteindre l’Eldorado. Les circonstances de leur décès et leurs noms sont inscrits sur les bandelettes. Six artistes se sont associés à l’opération, baptisée «Beim Namen nennen» («Les appeler par leur nom») et ont conçu des cartes postales, à envoyer aux parlementaires. Avec ce vœu: «La Suisse devrait devenir une valeur refuge en Europe.»

Le fait sportif du week-end

Keystone / Ozan Kose

La Nati: objectif victoire! L’équipe suisse de football foulera la pelouse du stade de Bakou, ce dimanche à 18h, avec un seul objectif: gagner ! Sans victoire contre la Turquie, elle sera définitivement éliminée de l’Euro 2020. Un succès lui garantirait presque à coup sûr sa qualification pour les 8es de finale. Dans la presse alémanique, le sélectionneur Vladimir Petkovic s’est adressé par lettre à la nation, promettant un meilleur état d’esprit. On croise les doigts, car pour l’instant la déception est immense envers cette formation qui avait promis la lune. Alors tous devant les écrans, dès 17h50 sur la RTS?

Il est temps de raconter le monde

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Une raison d’espérer

Capture d’écran de la conférence de presse organisée par l’UEFA

Un geste de Ronaldo et Coca plonge en bourse Les stars de l’Euro 2020 ont une influence planétaire et il arrive qu’ils en usent pour faire passer des messages. Les joueurs anglais et belges mettent un genou à terre, avant les rencontres, à la manière de Colin Kaepernick, en signe de lutte contre le racisme. Et voilà que Cristiano Ronaldo a écarté deux bouteilles de Coca-Cola pour inciter le public à boire de l’eau, lundi dernier en conférence de presse. Un geste qui a fait perdre 4 milliards de dollars en bourse à la boisson iconique, dont chaque canette de 33 cl contient 7 morceaux de sucre. L’Association européenne pour l’étude de l’obésité se bat depuis des années pour l’instauration de taxes en fonction du taux de sucre de chaque boisson. Les 300 millions de followers Instagram de Ronaldo (qui roule par ailleurs pour Nike, dont le bilan carbone et humain n’est pas exemplaire) auront tout de même peut-être compris la leçon: après l’effort, mieux vaut boire de l’eau (sans bouteille plastique)!

Retraite des femmes à 65 ans? La 3e fois, c'est la claque!

Keystone / Peter Schneider

Un jour, notre chroniqueuse, l’artiste Claude-Inga Barbey, va faire ses courses. De là lui vient une réflexion sur le condition des travailleuses et sur le rehaussement de l’âge de la retraite des femmes en Suisse. Comment en est-elle arrivée à cela? Découvrez-le en lisant son billet dominical.

L’actu clé de la semaine qui vient

Ti-Press / Pablo Gianinazzi

Avec le mariage pour tous, une brise arc-en-ciel souffle en Suisse. La forteresse des préjugés se craquèle mais tombera-t-elle complètement le 26 septembre prochain? La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter va lancer, mardi à Berne, la campagne politique du «mariage pour tous», ouvrant un large débat national sur l’homophobie et les discriminations dont sont encore victimes les couples LGBTQIA+.

Pourquoi c’est intéressant. La mobilisation a déjà commencé et un air de liberté arc-en-ciel souffle sur le pays. Des personnalités publiques romandes s’expriment désormais ouvertement sur leur vie de couple du même sexe, à l’image du conseiller national Damien Cottier ou de Christine Gonzalez et Aurélie Cuttat, ces journalistes de la RTS qui sont en Une de la dernière édition de L’Illustré. Un groupe LGBTQIA+ a été créé au parlement à Berne.

Un rassemblement militant aura lieu samedi prochain sur la place des Nations à Genève. Enfin, la question sort du placard et descend dans la rue! Passionnant et salutaire, pour peu que la campagne évite la stigmatisation de ceux qui vivent et pensent autrement, quel que soit leur camp. Car sur cette question, le fossé est béant entre la Suisse des villes et les bastions catholiques et conservateurs du pays.

De quoi on parle. Le mariage pour tous tire ses origines d’une initiative parlementaire des Vert’libéraux, déposée en 2013 et adoptée par les chambres le 18 décembre dernier. Il prévoit:

- en cas de mariage, les mêmes droits pour les couples formée de personnes de même sexe que pour leurs pairs hétérosexuels, en cas de mariage,

- le don de sperme pour les couples lesbiens mariés,

- la naturalisation facilitée du conjoint et l’adoption conjointe d’enfants.

A noter cette semaine

Lundi. Greenpeace Suisse présente les résultats d’une étude sur les fonds d’investissements durables. Les activités économiques soutenues actuellement par la place financière suisse, forages pétroliers, aciéries, déforestation, etc., font envisager un réchauffement climatique de 4 à 6 degrés, dit l’organisation, qui a porté plainte au Parlement fédéral contre les autorités de surveillances de la place financière.

Lundi. C’est une première. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga effectuera une visite de travail, virtuelle, en Californie, jusqu’au 24 juin. Elle s’entretiendra avec des personnalités politiques et visitera des entreprises qui investissent dans un avenir respectueux du climat. Tout cela en virtuel, donc. Un projet pilote pour évaluer si ce type de visites, respectueuses du climat, peut servir de modèle.

Mardi. Les Amis de la Constitution ne désarment pas, malgré leur lourde défaite sur la loi Covid. Ils lancent un nouveau référendum, cette fois-ci sur le certificat Covid, jugé discriminatoire.

Mercredi. Grève du personnel du CHUV, qui sera dans la rue pour dénoncer ses conditions de travail. Selon les syndicats, les employés sont «au bout du rouleau», avec des taux d’absence pouvant aller de 20% à 30% dans certains services, tant les effectifs sont insuffisants. Par ailleurs, la prime Covid de 900 francs, débloquée par le canton en février, est jugée trop restrictive.

Dimanche. Après le 1er tour des élections régionales en France, dont les résultats sont attendus ce dimanche soir, ce sera le verdict final pour le gouvernement Macron, à un an des présidentielles. Tous les regards seront fixés sur le score du Rassemblement national, favori dans certaines régions. On craint surtout un très fort taux d’abstention.