Les infos que j'ai retenues pour vous

Le leader républicain de la chambre des représentants a entériné hier le «One Big Beautiful Bill». | Keystone / AP Photo / Rod Lamkey, Jr.

Victoire politique majeure de Trump avec sa méga-loi à tout faire. La «Grosse Unique Magnifique Loi» – pardonnez la traduction sans fard – est finalement passée à la chambre des représentants hier après son acceptation au Sénat. Ce texte phare du président, dont la patte se sent jusque dans le style de son intitulé, a nécessité plus d’une année de tractations dans les rangs conservateurs. Il préconise des coupes drastiques dans le domaine social, et notamment les aides à l’assurance-santé, tout en propulsant le déficit sur une lancée inédite — deux raisons qui ont suscité l’opposition de plusieurs républicains jusqu’au dernier moment.

Le commandant adjoint de la marine russe tué à Koursk par l’Ukraine. Le ministère russe de la défense a confirmé le décès du général de division Mikhaïl Goudkov, survenu le 2 juillet «lors d’opérations de combat dans l’une des régions frontalières». Il avait été nommé à ce poste il y a trois mois à peine, où il agissait en tant que commandant en chef adjoint de la marine russe, avec notamment comme responsabilité la coordination des actions du Corps des marines dans le cadre de la guerre contre l’Ukraine.

Téhéran assure son respect du Traité de non-prolifération nucléaire et dément vouloir mettre un terme à la coopération avec AIEA. C’est du moins ce qu’a déclaré hier le ministre iranien des affaires étrangères. Selon lui, le parlement aurait voté un gel de sa collaboration avec l’agence onusienne en attendant de pouvoir assurer la sécurité des sites bombardés par Israël et les Etats-Unis. Toutefois, chez les durs du régime, des voix s’étaient élevées pour traduire en justice le directeur de l’AIEA et un journal ultraconservateur avait même lancé un appel à son exécution.

L’Iran inculpe deux Français d’espionnage pour le compte d’Israël. Téhéran n’avait jusqu’alors pas désigné de pays. Cécile Kohler et Jacques Paris — respectivement professeure de lettres de 40 ans et enseignant en maths retraité de 72 ans — sont détenus depuis plus de trois ans à la tristement célèbre prison d’Evin. Un juge a confirmé hier leurs chefs d’accusation — «espionnage pour le Mossad», «complot pour renverser le régime» et «corruption sur terre». Ils risquent la peine de mort, tandis que Paris dénonce des accusations «infondées». Il y a trois jours c’était un autre ressortissant français, le journaliste sportif Christophe Gleizes, qui était condamné à sept ans de prison en Algérie pour «glorification du terrorisme» après l’interview d’un président de club de foot kabyle à la fibre indépendantiste.

Le Pitch de la semaine

Et si les semences locales, c’était au coin de la rue? Pour ce 7e épisode de notre exploration «Vous n’aurez pas nos graines!», notre journaliste découvre le monde des semences locales, avec des légumes biscornus mais bien suisses. Comment les vendre au juste prix, si personne n’a conscience de leur importance et qu’au supermarché, le «bio» provenant du Pérou a un succès fou?

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Dans mon radar aujourd'hui

Premier entretien entre Trump et Zelensky depuis que les Etats-Unis ont mis sur pause leurs livraisons d’armes à l’Ukraine. Ce devrait être le thème principal de leur conversation aujourd’hui. Le sujet n’aurait pas été évoqué hier dans un appel très médiatisé entre le locataire de la Maison-Blanche et le maître du Kremlin. Vladimir Poutine aurait notamment assuré qu’il n’abandonnerait pas ses objectifs en Ukraine et insisté sur la nature bilatérale d’un accord de paix avec Kyiv, dans lequel les Etats-Unis n’ont pas leur place.

Week-end dans la nouvelle maison d’amis en banlieue de Boston. Le coût de leur confortable, mais somme toute modeste, mitoyenne me donne le tournis — intérêts, taxes d’habitation, assurances… L’Amérique est parvenue à ce point où, dans ses villes les plus courues, seul un couple de médecins ou de traders peut encore aspirer à la propriété.

Ce qui me frappe aussi, c’est — excusez le terme — la merdicité de la construction. Dans cette maison neuve, une arrivée d’eau a déjà pété derrière une fausse paroi en plâtre (elle-même de qualité discutable) et inondé l’étage inférieur; des câbles électriques pendouillent du toit vers absolument rien, vestiges intrigants de projets avortés et laissés à l’abandon; les robinets et chasses d’eau sont montés à l’envers, les serrures de manière aléatoire, mal ajustées dans leur logement; l’isolation phonique est telle qu’on entend presque respirer le voisin du dessus.

Un machin à 1,2 million de dollars. Pour les frais réels et à prix comparable, il faut à peu près tout doubler ce que l’on paierait en Suisse. Les banques américaines sont gloutonnes en intérêts et les taxes à la propriété représentent de loin la principale manne financière des communes. Les assurances et le vendeur, malgré les sommes faramineuses qu’ils encaissent, ne sont tenus de ne payer aucun des défauts sus-cités.

Mon ami, face à un hallucinant devis de 15’000 dollars pour poser des étagères dans son walk-in closet, en a été quitte pour 800 dollars chez Ikea. «Le pire, c’est que j’ai sans doute mieux fait le boulot que l’entreprise», ajoute-t-il.

En Amérique, où le filet social est maigre et la protection des locataires famélique, la propriété est l’unique manière de se construire un avenir sûr et une retraite confortable. D’où une demande souvent frénétique par rapport à l’Europe. Les boomers, habitués à vendre leur maison 15 ou 20 fois son prix de 1985, sont en train de saigner la jeune génération. Ceux qui n’ont pas la chance d’hériter ou de bosser dans la finance pourraient bien aller dans le mur. A moins de consacrer les trois quarts de leur salaire dans une maison en carton.

Mon labo américain

Donald Trump et la secrétaire à la sécurité intérieure Kristi Noem lors d’une visite de l’Alcatraz des alligators, mardi. | Keystone / AP Photo / Evan Vucci

L’Alcatraz des alligators. Soucieuse de montrer sa détermination à lutter contre les migrants pour un coût le plus modique possible, l’administration Trump et l’Etat de Floride ont présenté cette semaine leur projet de centre de détention perdu au milieu des marécages de la péninsule. Argument: laisser la nature faire le boulot de garde-chiourme. «Clairement, d’un point de vue sécuritaire, si on s’échappe, il va falloir se débrouiller avec beaucoup d’alligators», a déclaré le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Pas si bon marché, la prison n’accueillera que 3000 migrants par année pour un coût estimé à 450 millions de dollars. Les détenus seront logés dans des tentes, alors que la région est traversée par de violentes tempêtes tropicales et que les températures flirtent souvent avec les 35 degrés. Des opposants ont critiqué une infrastructure «conçue pour faire souffrir».

Comment l’IA aide à semer le doute sur les dangers des polluants. Le chercheur et analyste américain Tony Cox n’en est pas à son coup d’essai. Financé par Philip Morris et le lobby pétrolier American Petroleum Institute pour critiquer les recherches soulignant le danger des émissions tabagiques ou pétrolières, il a notamment servi comme conseiller de la précédente administration Trump. Cette fois-ci, il compte se servir de l’IA pour débusquer les travaux de recherche qui mettent en lumière les risques sanitaires des polluants. Nul doute qu’il en trouvera quelques-uns de mal fichus, la qualité des études scientifiques n’étant pas toujours au rendez-vous. Mais si Tony Cox assure vouloir identifier ainsi la «propagande» et promouvoir «l’esprit critique», on ne doute pas qu’il s’en servira surtout comme d’une arme de décrédibilisation massive contre la science et la santé publique.

Une Tesla Model Y flambant neuve se livre elle-même à son propriétaire. L’opération de com est un succès. Le véhicule a parcouru seul, sans assistance ni même opérateurs à distance, les quelque 30 kilomètres qui le séparaient de l’usine d’Austin au domicile de son nouveau propriétaire, à travers le périphérique autoroutier et les banlieues de la ville. Le but, bien sûr, est d’attester la sécurité et la maturité de la conduite autonome. Si on peut saluer la prouesse, ces systèmes n’ont pas encore fait leurs preuves. Récemment, une Tesla en mode autonome dépassait un bus scolaire à l’arrêt en train de décharger ses passagers — un véritable crime capital en matière de conduite aux Etats-Unis.

Une raison d'espérer

Des plantes et des microbes pour lutter contre les polluants éternels. Ces molécules à très longue durée de vie — rien n’est absolument éternel en ce monde, sauf peut-être les protons — et leurs effets sur la santé préoccupent de plus en plus les experts. Aux Etats-Unis, des scientifiques imaginent modifier des plantes pour qu’elles émettent des signaux bioluminescents quand elles absorbent ces substances dans le sol. Une manière plus simple et pratique pour les agriculteurs de surveiller l’état de leurs sols. De même, des microorganismes pourraient être capables de digérer ces polluants. Plongée dans les arcanes de la lutte contre l’éternité.

Mike Johnson, leader de la majorité républicaine à la chambre des représentants, s’exprimait ainsi en janvier. Six mois plus tard, il déposait ravi sur le bureau du président la One Big Beautiful Bill validée par les deux chambres du Congrès. Un mégaprojet de loi, qui réussit la gageure de tailler drastiquement dans les budgets sociaux et environnementaux, tout en ajoutant au moins quatre billions de dollars à la dette publique.

«En ce moment, la menace numéro un qui plane sur notre pays, c’est notre dette. Ce n’est pas la Chine, la Russie, l’Iran… C’est la dette. Et nous prenons cela très au sérieux», avait pourtant martelé Mike Johnson dans une allocation publique.

Si ce vote a confirmé quelque chose, c’est sans doute l’emprise inédite du président sur son parti. Malgré une hostilité plutôt nourrie contre ce texte de loi chez les conservateurs — de même que dans une majorité du public américain — la crainte de déplaire au commandeur en chef de l’Amérique l’aura finalement emportée.

Votre correspondant. Journaliste et communicateur scientifique, procrastinateur professionnel, je fais tout à la dernière minute. Ce Gros Unique Magnifique Autoportrait ne fait pas exception, validé il y a une minute seulement par mes deux hémisphères cérébraux en surcharge, et présenté ici dans sa dernière mouture.