Bonjour, c’est Amaury à Marseille, première ville cosmopolite de France qui se gentrifie à vitesse grand V. Hier soir, dans le centre, une amie me faisait remarquer: «Tu vois ici, avant, il y avait un restaurant algérien et un autre syrien. Maintenant, c’est un barber shop chic.»
Ce matin, je vous parle de la candidature de l’inoxydable Paul Biya, de la pression meurtrière mise par Israël sur la Syrie qui retire ses troupes du sud et du célèbre E.T. sur une photo coloniale. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Les forces gouvernementales syriennes ont commencé à se retirer de Soueida.
«Nous avons donné la priorité à l’intérêt des Syriens plutôt qu’au chaos et à la destruction», a déclaré le président syrien Ahmad al-Chareh dans une allocution télévisée. Ce retrait intervient après la conclusion d’un accord de cessez-le-feu dans la zone du sud de la Syrie, théâtre de sanglants affrontements communautaires depuis dimanche, entre factions bédouines et druzes d’abord, puis entre troupes gouvernementales et druzes. Le dernier bilan s’élève à plus de 350 morts, selon une ONG. Ahmad al-Chareh a annoncé jeudi le transfert «à des factions locales et des cheiks» druzes la responsabilité du maintien de la sécurité à Soueida.
Le Temps (FR)
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Vingt morts près d’un centre de distribution d’aide dans le sud de Gaza.
Un site de distribution d’aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a de nouveau été le théâtre de violences. Selon l’organisation privée soutenue par Washington et Tel-Aviv, des «agitateurs» ont provoqué un mouvement de foule meurtrier tandis que les premiers secours palestiniens et des témoignages parlent de tirs de lacrymogènes par la GHF. Mardi, les Nations unies avaient affirmé que 875 personnes avaient été tuées dans la bande de Gaza alors qu’elles tentaient de se procurer de quoi manger depuis le début des opérations de la GHF le 26 mai.
Associated Press (EN)
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Il est temps de raconter le monde
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🏔️ Trail, la montagne en courant: nouvelle édition augmentée!
Et si courir en montagne était une façon de retrouver le souffle de l’aventure dans nos vies routinières? Charlie Buffet et Sophie Guignard racontent le trail comme une traversée intime.
De l’UTMB à la Diagonale des Fous, d’Aristote à Kilian Jornet ou Mathieu Blanchard, cette édition augmentée interroge le sens de la course, la nature du dépassement et la part animale qui se réveille – ou pas – en nous.
Un récit incarné, illustré par les meilleurs photographes de trail, pour comprendre ce que ce sport dit de nous – et ce qu’il fait naître en nous.
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Où se trouvent exactement les huit expulsés des Etats-Unis?
Je vous en avais parlé la semaine dernière: huit ressortissants de six pays du monde, condamnés aux Etats-Unis, ont été expulsés vers le Soudan du Sud en vertu d’un accord financier entre les deux pays. Sauf que mi-juillet, on n’a aucune nouvelle des huit personnes. Djouba dit qu’ils sont en détention. Tom Homan, le «tsar de la frontière» de l’administration Trump, a de son côté déclaré à Politico qu’il n’avait aucune idée de leur localisation. «En ce qui nous concerne, ils sont libres. Ils ne sont plus sous notre garde, ils sont au Soudan», a-t-il notamment dit (en se trompant de pays!). Plusieurs confrères m’ont confirmé qu’ils enquêtaient pour savoir où sont les huit déportés: on devrait en savoir plus bientôt.
Politico (EN)
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Une des oeuvres exposées aux Rencontres d’Arles de l’artiste brésilien Denilson Baniwa. | Tous droits réservés à l’artiste
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Ca m'est arrivé cette semaine
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L’IA dans les photos face à la colonisation.
Je vous raconte finalement une exposition des Rencontres d’Arles, la grand-messe de la photographie d’art, qui se tient chaque été dans cette ville provençale du sud de la France. L’artiste brésilien Denilson Baniwa y a proposé une exposition de son projet Ficções coloniais («Fictions coloniales») où il intègre des machines et des créatures emblématiques de la pop-culture hollywoodienne dans les photographies d’un ethnologue allemand du début du 20e siècle.
Le résultat est brillant: on y voit Godzilla ou E.T. se mêler à des populations amazoniennes photographiées par l’Allemand Theodor Koch-Grünberg. Représentant les colons, bien sûr. Et le cartel d’introduction de demander: «Qui sont vraiment les envahisseurs qui détruisent la planète?»
Un peu plus loin, Denilson Baniwa raconte sa première rencontre avec la photographie: un photographe européen, venu en commande pour un grand magazine américain, qui a photographié sa famille et lui. Il avait une dizaine d’années, se souvient de cet étrange individu, juge qu’il s’est fait voler son image.
J’ai beaucoup de réserves personnelles avec l’intervention de l’intelligence artificielle dans l’art, mais il n’a suffi ici que d’inclure un Godzilla dans une photo en noir et blanc pour faire passer un message très fort: pas mal, non?
Digital Brazil (EN)
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Le président Paul Biya en octobre 2018, à la sortie du bureau de vote, lors de la dernière élection présidentielle. Il avait huit ans de moins. | Keystone / EPA / Nic Bothma
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«Camerounais, attachez vos ceintures, Biya repart pour 7 ans.»
La formule est du journaliste François Gaëlle Mballa sur 237Actu, après l’annonce de la nouvelle candidature du président du Cameroun Paul Biya, 92 ans, sept mandats au compteur. Il est au pouvoir depuis presque 43 ans, ne fait quasiment plus d’apparition publique, et parle à ses concitoyens au travers d’une télévision nationale aux ordres. Je couvrais en 2018 la dernière élection présidentielle camerounaise: Biya avait fait un seul meeting, où les présidents du Sénat, de l’Assemblée et de la Cour constitutionnelle, tous octogénaires, s’étaient relayés au micro, la voix chevrotante, pour appeler leur patron à rempiler. Il avait fait des promesses, dont on peine à voir si elles ont été tenues, mais qu’importe: le 12 octobre, son nom sera de nouveau sur les bureaux de vote.
237 Actu (FR)
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Que faut-il retenir: la bourde de Trump ou la proposition de Boakai?
Vous avez dû voir passer la sortie de Trump sur le président du Liberia, Joseph Boakai, le premier demandant au second où il avait appris l’anglais, alors que c’est la langue officielle du pays. J’ai écumé la plupart des médias libériens à la recherche d’éditoriaux s’en offusquant - il y en a beaucoup. Puis, je me suis ravisé: dans The Analyst, média d’opposition de Monrovia, on s’offusque non pas de cette énième bourde, mais plutôt que Joseph Boakai ait proposé à Donald Trump de venir exploiter les minerais du petit pays d’Afrique de l’Ouest: «croyez-moi, lorsque les sociétés d’exploration américaines auront fini d’explorer le Liberia, elles posséderont également toutes les terres riches du pays. C’est ce qui va se passer et je vous promets que c’est ainsi que l’Afrique perd chaque jour».
The Analyst Liberia (EN)
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Au tour de Moussa Mara de subir la foudre malienne.
L’ancien premier ministre du Mali, l’une des rares figures du spectre politique national à ne rien taire des absurdités autocratiques qui se déroulent dans son pays depuis le double coup d’Etat de 2020-2021, est dans de sales draps. Sur Facebook, Moussa Mara avait apporté début juillet son soutien à ce qu’il qualifiait de «prisonniers d’opinion» et dit: «aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître! Et nous nous battrons par tous les moyens pour que cela arrive et le plus tôt possible!» Evidemment, cela n’a pas plu: depuis deux jours, il passe devant les enquêteurs de la Brigade d’investigation judiciaire de Bamako. «Personne ne sera surpris s’il atterrit à la maison d’arrêt dans les prochains jours…», lâche un observateur, qui conserve l’anonymat.
Bamada (FR)
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L’olivier, arbre du futur au Pakistan?
«Avant 2014, ce n’était que de la terre en friche», raconte Salahuddin, la cinquantaine, à Reporterre, avant de montrer ses 8000 oliviers. Il y a au Pakistan un «phénomène de mode» sur la production de ces arbres fruitiers qui ont l’avantage de résister au changement climatique dans un des pays les plus touchés au monde par le réchauffement rendant arides ses sols. Ils étaient plus de 15’000 producteurs dans le pays en 2024, contre seulement 7000 en 2021. Face à l’inaction globale, peut-être que les éleveurs pakistanais ont trouvé un moyen de s’adapter. Et peut-être le monde savourera dans quelques années de l’huile d’olive pakistanaise?
Reporterre (FR)
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En direct de la Trumposphère
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Les dossiers Epstein n’intéressent que des «bad people»
Donald Trump est confronté à une crise politique au sein de sa base républicaine habituellement fidèle, Make America Great Again (MAGA), car son administration est soupçonnée de dissimuler les détails des crimes commis par Jeffrey Epstein afin de protéger l’élite riche à laquelle il était associé, et dont le président américain faisait partie. Donald Trump a donc dégainé mercredi face à des journalistes:
«Je ne comprends pas pourquoi l’affaire Jeffrey Epstein intéresserait qui que ce soit. C’est assez ennuyeux. C’est sordide, mais c’est ennuyeux, et je ne comprends pas pourquoi cela continue. Je pense qu’il n’y a vraiment que des gens méchants, y compris les «fake news», qui veulent faire perdurer ce genre de choses. Mais les informations crédibles, qu’ils les donnent. Tout ce qui est crédible, je dirais qu’il faut le leur donner.»
Y compris celles le concernant? Rien n’est moins sûr.
The Guardian (EN)
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Votre correspondant.
Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad mais aussi à Marseille, un pas ici, un pas là-bas.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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