Bonjour, c’est Florent dans le sud de la France, où j’essaie de profiter de mes vacances malgré la chaleur caniculaire, avant de repartir sur le front de l’Est.

Au menu du jour: l’annonce tonitruante par Donald Trump d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, la double peine pour les opposants iraniens, emprisonnés et bombardés, ainsi que les sévices vécus par les Ukrainiens dans les prisons russes.

Sans oublier une lueur d’espoir pour les albinos en Afrique et un guide indispensable pour les arbres genevois, ces cathédrales végétales.

photo journaliste

Florent Vergnes à Carcassonne
24.06.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

«FELICITATIONS À TOUS!»: Donald Trump annonce la fin de la guerre entre Israël et l’Iran. Le président américain se rêvait en sauveur, en médiateur, il avait promis de résoudre les conflits au Moyen-Orient et la guerre en Ukraine en quelques heures dès son investiture. Il n’a pu cacher sa joie en annonçant, sur son habituel Truth Social avec pléthore de majuscules, que l’Iran et Israël avaient accepté un «cessez-le-feu complet et total», qui doit se dérouler sur 24 heures en deux temps, l’Iran arrêtant initialement toutes ses opérations avant qu’Israël ne fasse de même 12 heures plus tard. Selon Donald Trump, il devait débuter autour de 5h du matin (heure en Suisse) mardi et déboucher sur «la fin officielle» de ce qu’il veut nommer «LA GUERRE DE 12 JOURS». Mais les principaux intéressés n’ont pas confirmé: le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a dit qu’il n’existait «pas d’accord» formel à ce stade, mais que Téhéran n’avait «pas l’intention» de poursuivre ses frappes si Israël «arrête» son agression. L’armée israélienne a, elle, déclaré ce matin que l’Iran avait envoyé des missiles sur son territoire.

France 24 (FR)

Les opposant iraniens, premières victimes du conflit. Israël a frappé hier la sinistre prison d’Evin, située dans le nord de Téhéran, qui enferme notamment des prisonniers politiques. Une double peine pour les opposants alors que l’Iran multiplie les arrestations d’activistes. Ali Younesi, étudiant médaillé d’astronomie, a été envoyé le 17 juin à Evin, selon sa sœur, sans nouvelles depuis. Mostafa Mehraein a lui été arrêté après avoir demandé la démission du guide suprême, et de nombreux autres font face à une répression accrue, malgré les frappes israéliennes. Certains sont détenus pour des posts sur les réseaux sociaux, tandis que la milice des bassidjis renforce les barrages routiers et que la surveillance en ligne s’intensifie, accompagnée de coupures d’Internet.

Iran Wire (EN)

La Russie multiplie les morts à Kyiv. Dans la nuit de dimanche à lundi, 352 drones russes et 16 missiles, dont la plupart de fabrication nord-coréenne, se sont abattus dans la région de Kyiv, faisant 10 morts, dont une fillette de onze ans, et plus d’une vingtaine de blessés. Dans la capitale, plusieurs quartiers ont été touchés, un immeuble résidentiel de plusieurs étages a été réduit en poussière. Le président Volodymyr Zelensky a dénoncé une «attaque totalement cynique» de l’armée russe depuis Londres, où il cherche à approfondir la coopération de défense. Cette nouvelle attaque enterre un peu plus des pourparlers de paix déjà au point mort.

Euronews (FR)

Nouvelle chronique sporadique de Malka

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Le chêne d’Amérique du parc Beaulieu est l’un des premiers arbres «étrangers» à avoir été introduit en Europe. Celui-là a a été planté au début du XXe siècle. On l’installe de moins en moins le long des avenues, ses racines longues et puissantes ayant tendance à soulever l’asphalte. Il s’est cependant imposé en sylviculture, avec un atout: sa résistance aux ravageurs. | © Thierry Parel et Stéphanie de Roguin.

Et si nos écoles se faisaient plus buisonnières? En voici le manuel. Notre chroniqueuse estime que le dernier ouvrage des éditions Georg, Genève en arborescence, devrait figurer au programme de l’enseignement scolaire obligatoire. Cela étant dit, elle se livre à d’autres considérations sur la façon aride dont les questions environnementales sont inculquées à nos enfants ainsi que sur le biotope très particulier des infatigables de la coopérative éditoriale Médecine & Hygiène sans qui la ville ne tournerait pas rond – et sans qui des ouvrages aussi indispensables ne seraient tout simplement pas publiés. Le vernissage sera en marchant, rendez-vous au parc La Grange mercredi 25 à 15h30 (entrée route de Frontenex 71).

A lire sur Heidi.news (libre accès)

Il est temps de raconter le monde

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📖 Ozempic, la révolution de l’obésité. Issu de l’Exploration Minceur sur ordonnance publiée en ligne sur Heidi.news, ce livre aux éditions Odile Jacob prolonge l’enquête de Fabrice Delaye, avec une préface de Patrick Aebischer.

Comment un médicament antidiabétique est-il devenu un coupe-faim star, symbole d’une nouvelle ère dans la lutte contre l’obésité ?
Entre espoir médical, engouement mondial et risques sous-estimés, cette enquête décrypte un phénomène qui bouleverse à la fois la médecine, les marchés… et notre rapport au corps.

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Dans mon radar aujourd'hui

Zelensky va tenter sa chance au sommet de l’OTAN. Le président ukrainien a prévu de se rendre à la Haye, où l’Alliance va se réunir pour deux jours. Une nouvelle opportunité de «promouvoir l’idée d’un cessez-le-feu» avec la Russie, selon un responsable ukrainien. Volodymyr Zelensky va tenter de réintéresser ses alliés au sort de l’Ukraine, devenu un problème secondaire depuis qu’Israël a attaqué l’Iran. Le président ukrainien va aussi tenter de rencontrer son homologue américain Donald Trump, alors que ce dernier a menacé de quitter la table des négociations entre Kyiv et Moscou, pour l’instant au point mort.

Radio France International (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

Dans un village de 700 âmes du sud de la France, les conversations au coin de la boulangerie sont régies par des règles tacites. On commence par un souriant «bonjour», ponctué d’un «ça va?» La réponse doit toujours être: «ça va» ou «ça va pas mal». On peut se plaindre de la maladie de son grand-père ou se réjouir pour l’obtention de la mention très bien pour le bac du petit dernier, mais en général, on ne rentre pas dans des considérations plus profondes. Mais dans mon village, tout le monde sait que je suis en Ukraine, ou du moins quelque part où ils n’iront pas en vacances. J’ai donc droit à un régime spécial.

«Et bonjour! Toujours en…?» «… En Ukraine, oui.» S’en suit l’habituel «Ah! Oui! Et ça va là-bas?». Et c’est ici que le bât blesse. Je pourrais me contenter de «ça va» comme le veut la coutume, mais ce serait trahir mes nuits sans sommeil et mes amis, de plus en plus nombreux, qui ont perdu des proches.

Je lâche donc: «Non. Ça ne va pas, sinon je n’y serais pas.» Un ange passe. Suivi du visage de l’interlocuteur déformé en une grimace incontrôlée qui oscille entre la gêne, la surprise et la pitié. J’enchaîne alors avec un «mais c’est la vie», pour ponctuer un peu plus le blanc déjà bien gênant.

Au-delà du petit jeu, je suis surpris de la réaction de mes concitoyens du bled que j’ai quitté il y a bientôt 20 ans maintenant. «C’est bientôt fini la guerre là-bas, non?». Preuve que je ne fais pas correctement mon travail, car non, la guerre en Ukraine n’est pas terminée, et elle continue d’emporter des centaines de personnes chaque jour. Alors, je réponds, déprimant au possible: «Et non, je pense qu’on en a encore pour dix ans. Et d’ici 3 ou 4 ans, elle deviendra mondiale, donc bon, j’ai encore du taff devant moi.» Ce nouveau pavé dans la conversation laisse souvent la personne silencieuse, le pain à peine tenu au bout d’un bras ballant, rendant absurde le chant des cigales en fond.

La conversation sera oubliée assez rapidement, mais elle aura instauré une lourdeur dans un havre de paix qui n’est pas censé en avoir. Car, ces petites discussions de retrouvailles, devant les éclairs au café, sont tacitement censées rester légères. Ce qui devait être superficiel devient profond. Non pas que les habitants de mon village en soit dénué. Mais juste car la guerre, qu’ils voient habituellement par la lucarne de la télévision, s’incarne d’un seul coup devant leurs yeux.

La troisième phase, souvent, se décline en deux catégories. Ceux qui veulent parler, posent des questions, ont soif de savoir. Puis ceux qui se détournent, veulent garder cette vie d’aberration, de danger, d’explosions et d’étrange le plus loin possible d’eux. Tous cependant le font avec une certaine pudeur et beaucoup de politesse. Mention spéciale cependant pour la sœur de mon ami d’enfance, Neige, qui m’a sorti un «t’es en vacances? Il ne se passe plus rien dans le monde?» avec énormément d’humour noir.

Ce retour chez moi ne me permet pas d’oublier la guerre, car pour moi elle est partout, à la télé, dans les journaux, et si les gens de mon village ne la vivent pas intensément au jour le jour, elle s’invite, chez eux aussi, en toile de fond.

D’ailleurs, pour m’occuper et oublier les missiles, avec ma compagne, on a acheté des pistolets et des bombes à eau pour s’arroser, jusqu’à ce que l’un abandonne, incarnant les Russes et les Ukrainiens, les Israéliens et les Iraniens, l’ICE et les migrants.

Il n’y a rien de drôle dans tous ces sujets là… C’est même très triste. Mais l’humour noir, c’est pour nous le lien qui permet à l’inhabituel devenu quotidien de s’intégrer dans un quotidien devenu inhabituel.

Mon labo slave

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Les mots «Gloire à la Russie» gravés sur le flanc droit d’un prisonnier de guerre ukrainien blessé. / Maksym Turkevych / Facebook

Le dernier échange de prisonniers entre Kyiv et Moscou révèle de nouveaux sévices. La photo a fait le tour de la toile ukrainienne et au-delà. Il s’agit du ventre d’Andrii, soldat ukrainien détenu en Russie et revenu lors du dernier échange de prisonniers en date. A côté d’une longue cicatrice, une plaie forme une phrase en cyrillique: «Slava Russia»(«Gloire à la Russie»). Faite sous anesthésie par le chirurgien carcéral russe, c’est une marque «d’humiliation», selon Maksym Turkevych, directeur du programme Neopalymi qui soigne les blessés de guerre. Selon lui, de nombreux prisonniers libérés reviennent avec des cicatrices en forme de croix gammées, parfois sur le front, infligées par les matons russes, qui reprennent le narratif du Kremlin qui prétend «dénazifier» l’Ukraine. Selon le renseignement ukrainien, 95% des prisonniers libérés rapportent des tortures en captivité russe.

Kyiv Independent (EN)

Sur le dossier iranien, Poutine entre l’enclume et le marteau. Avec l’attaque américaine contre l’Iran, le président russe se retrouve pris en étau. D’un côté Téhéran, son allié avec lequel il a noué des liens de défense forts ces dernières années, l’aidant dans l’invasion de l’Ukraine. De l’autre, Washington, dont Moscou profite de la complaisance sur le dossier ukrainien. Hier, Vladimir Poutine a donc joué la montre lors de sa rencontre avec le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, condamnant les attaques et les qualifiant d’«agression non provoquée», mais sans promettre d’aide militaire. Si Abbas Araghtchi a salué l’alliance «étroite» avec Moscou, les experts estiment que la Russie a été sollicitée pour un soutien armé, ce qui n’arrange pas Moscou, qui tente de renforcer son armée face à Kyiv.

Le Soir (FR)

La Russie aurait tenté d’assassiner Volodymyr Zelensky. Vasyl Malyuk, chef du service de sécurité de l’Ukraine, a annoncé hier que son agence, avec son équivalent polonais, a déjoué deux tentatives d’assassinat contre le président ukrainien: l’une à Kyiv, l’autre à Rzeszów, hub stratégique polonais. Un vétéran polonais, Paweł K., recruté il y a des décennies par les Soviétiques, planifiait l’attaque via un drone ou un sniper, sous la supervision des services russes. Détecté en avril 2024, il a été arrêté et inculpé d’espionnage en Pologne le mois dernier. Le ministre de l’Intérieur polonais Tomasz Siemoniak avait souligné la coopération étroite avec l’Ukraine pour sécuriser Volodymyr Zelensky, sans donner plus de détails sur l’incident de Kyiv.

UNN (EN)

Une raison d'espérer

Une adolescente zambienne révolutionne la protection solaire. L’histoire commence tragiquement. Mwape Chimpampa perd son père en 2017, atteint d’albinisme, à cause d’un cancer de la peau après avoir passé sa vie sans accès à la protection solaire faute d’argent. En réponse, à seulement 15 ans, l’adolescente décide de créer une crème abordable, naturelle et locale, pensée pour répondre aux besoins urgents des peaux dépourvues de mélanine. Composée d’ingrédients biologiques accessibles comme le miel, la banane, le curcuma et le lait, sa formule se détourne volontairement des filtres chimiques classiques, souvent onéreux et peu accessibles aux communautés rurales africaines. Selon les Nations unies, les personnes albinos en Afrique ont jusqu’à 1000 fois plus de risques de développer un cancer de la peau. La crème solaire de Mwape pourrait être inscrite sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS début juillet.

Focus on Africa, BBC (EN)
En direct de la Trumposphère
La riposte iranienne raillée

«L’Iran a officiellement répondu à la destruction de ses installations nucléaires par une réaction très faible, à laquelle nous nous attendions, et à laquelle nous avons riposté très efficacement.»

Téhéran a revendiqué hier une attaque de missiles balistiques contre la plus grande base américaine du Moyen-Orient, celle d’Al-Udeid au Qatar, en réponse aux frappes de Washington sur ses sites nucléaires. Le président Donald Trump a minimisé ces tirs, qualifiant la riposte de «très faible». Selon le président américain, l’Iran avait prévenu de cette salve de missiles, indiquant qu’il voulait éviter de faire des victimes. L’Iran «s’est débarrassé de tout ce qu’il avait dans le ventre, et il n’y aura, espérons-le, plus de HAINE.»

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je profite de mes vacances loin d’Ukraine.

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