Bonjour, c’est Sami à Dahab, de retour après une semaine au Liban, qui m’a rappelé ce que les civilisations, peuples et religions du pourtour méditerranéen ont en commun. Je vous en parle plus bas.
Au menu ce matin: cessez-le-feu en Syrie après les affrontements sanglants entre Druzes et bédouins, prolifération des fosses communes à Gaza et réunion urgente de 30 pays pour prendre des mesures concrètes contre Israël. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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L’armée syrienne déployée à Soueïda suite aux affrontements entre Druzes et bédouins. Crédits: Keystone / EPA / MOHAMMED AL RIFAI
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Trêve en Syrie après les combats entre Druzes et bédouins.
Hier, au lendemain des affrontements communautaires qui ont fait une centaine de morts à Soueïda, dans le sud du pays, le ministre syrien de la Défense a annoncé un «cessez-le-feu total, après un accord avec les notables de la ville», c’est-à-dire les responsables druzes. L’armée syrienne, nouvellement formée par Damas, est entrée dans la ville et a saisi les armes des factions.
RFI (FR)
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En Israël, les partis ultra-orthodoxes désertent la coalition gouvernementale.
Hier, les médias israéliens ont annoncé que «Judaïsme unifié de la Torah», le groupe parlementaire ultra-orthodoxe, quitte la coalition dirigée par Benyamin Nétanyahou. En cause: la conscription des 54’000 étudiants de la Torah, jusqu’ici dispensés de service militaire. Le gouvernement actuel, le plus à droite de l’histoire du pays, tenait grâce à une alliance entre le Likoud, les partis d’extrême droite et les formations ultra-orthodoxes. Sans celles-ci, l’alliance du Premier ministre ne dispose plus que d’une courte majorité à la Knesset.
RTS Info (FR)
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Émeutes racistes en Espagne.
La petite ville de Torro Pacheco, dans le sud-est du pays, est dans la tourmente depuis une semaine, après qu’un retraité a été agressé gratuitement par trois ressortissants nord-africains. En réaction, des groupes d’extrême droite sont venus d’autres villes pour s’en prendre aux immigrés. Hier, certaines formations radicales appelaient à mettre le feu aux commerces maghrébins. La police locale a interpellé 11 personnes et en a identifié 80 depuis le début des violences.
RTS Info (FR)
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Une rue de Nancun, près de Canton, village où se concentrent de nombreux sous-traitants de Shein. Crédits: Panos Pictures / Qilai Shen
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Il est temps de raconter le monde
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🏔️ Trail, la montagne en courant: nouvelle édition augmentée!
Et si courir en montagne était une façon de retrouver le souffle de l’aventure dans nos vies routinières? Charlie Buffet et Sophie Guignard racontent le trail comme une traversée intime.
De l’UTMB à la Diagonale des Fous, d’Aristote à Kilian Jornet ou Mathieu Blanchard, cette édition augmentée interroge le sens de la course, la nature du dépassement et la part animale qui se réveille – ou pas – en nous.
Un récit incarné, illustré par les meilleurs photographes de trail, pour comprendre ce que ce sport dit de nous – et ce qu’il fait naître en nous.
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Dans mon radar aujourd'hui
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A Bogota, 30 pays réunis pour prendre des mesures contre Israël.
Aujourd’hui en Colombie a lieu le deuxième et dernier jour du «sommet d’urgence» convoqué par le Groupe de La Haye, une coalition formée en début d’année par l’Afrique du Sud, la Malaisie et la Colombie. Leur but? «Non pas créer du nouveau droit international qui existe déjà, non pas exhorter, appeler à, condamner, mais appliquer des mesures concrètes de la part des États, c’est-à-dire des politiques concrètes, de façon collective et coordonnée, pour mettre fin au carnage, pour mettre fin au génocide», tonne Guillaume Long, conseiller diplomatique principal du groupe.
RFI (FR)
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Ça m'est arrivé cette semaine.
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Un mariage, deux confessions, une myriade de civilisations.
Cette semaine, j’étais au Liban pour assister aux noces d’un couple rencontré l’année dernière lors d’une croisière sur le Nil. Ce fut l’occasion de m’attarder au pays du Cèdre où, depuis le début de l’année, je ne fais que passer en vitesse pour me rendre à Damas ou en revenir.
Avec les invités au mariage, nous avons visité Byblos, ou Jbeil en arabe, ancienne cité phénicienne perchée sur un promontoire surplombant la Méditerranée, au nord de Beyrouth. C’est là qu’a été retrouvé le sarcophage d’Ahiram, roi phénicien du premier millénaire avant notre ère. Et sur son sarcophage, la plus ancienne trace de l’alphabet phénicien, à l’origine des nos alphabets latin, grec, arabe et hébreu!
Depuis Byblos, les Phéniciens exportaient leur cèdre vers l’Egypte, où son bois était utilisé pour les sarcophages et sa résine pour l’embaumement. En échange, les Egyptiens leur vendaient du papyrus, dont les Phéniciens avaient besoin pour écrire leur alphabet linéaire. Papyrus, qui se dit «byblos» en grec, a donc donné son nom à la ville à l’époque hellénistique, et sera quelques siècles plus tard à l’origine du mot «Bible». Quant à «Baal», la principale divinité du polythéisme phénicien, il est à l’origine du nom du commandant carthaginois Hannibal (grâce de Baal) ou à la ville libanaise de Baalbek (le Baal de la Bekaa), tandis que «El», le mot générique pour dire «dieu», donnera son nom à Marseille (le port de dieu), à Israël (combat de dieu) ou encore à Raphaël (guérison de dieu).
Il n’en faut pas plus à notre guide Tony pour soutenir qu’au fond, le Liban est un peu à l’origine du monde tel que nous le connaissons – un chauvinisme partagé par tous les Libanais. Il en veut pour preuve les ruines que nous visitons: sous la cathédrale romane actuelle, bâtie au temps des croisés, se superposent des pierres issues des constructions mameloukes, romaines, grecques et phéniciennes. Un millefeuille civilisationnel révélé par les fouilles de Maurice Dunand au milieu du siècle dernier. Tony s’émerveille: «C’est à Byblos qu’on a prouvé, pour la première fois, que les civilisations passées par ici sont cumulatives et non exclusives. Le Liban est ainsi à l’image d’un fleuve, dont l’eau se compose de tous ses différents affluents. Dans ce pays fort de 18 communautés religieuses, les fouilles archéologiques ont donc un énorme potentiel de réduction des tensions politiques. Est-on phénicien? Oui. Est-on romain? Oui. Est-on arabe? Oui».
Deux jours plus tard, cette jolie théorie a trouvé son expression la plus parfaite. Dans la cathédrale maronite de Batroun, à quelques kilomètres de la cité antique, Aurélie et Karam se sont dit «naam». Elle est libanaise chrétienne, il est palestinien musulman, tous deux sont beaux comme des dieux grecs, brillants comme des marchands phéniciens, et couronnés de succès comme les diplomates français qu’ils sont devenus. Entre les vieilles pierres de la bâtisse, un chœur a entonné un poème de Mahmoud Darwich (icône de la littérature arabe et de la résistance palestinienne), avant de répéter Hallelujah («louange de Dieu» en hébreu), puis de reprendre le Chant à la Vierge Marie. Le tout en arabe, évidemment. Je crois que personne, dans l’assistance, n’a été épargné par la chair de poule. En ressortant de la cathédrale, au milieu des pétales, de la mer et du soleil couchant, nous avons tous repris un peu foi dans le grand fleuve de l’humanité, à une époque où les artisans de la haine s’appliquent à ériger des barrages.
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Une fosse commune est creusée à Khan Younes, en août 2024, pour accueillir 84 corps. Crédits: Keystone / EPA / HAITHAM IMAD
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A Gaza, la prolifération des fosses communes.
Depuis le 7 octobre, plus de 120 sépultures collectives autorisées ont été dénombrées par l’Euro-Mediterranean Human Rights Monitor. Les croque-morts travaillent quasiment non-stop. Ils ont parfois contraints de collecter des bouts de chairs et d’os éparpillés appartenant à une même famille, sans personne de vivant pour les identifier. Ils doivent alors les enterrer ensemble. Sur chaque tombe anonyme, les travailleurs placent une plaque en fer portant un numéro gravé. Ils prennent ensuite une photo de la sépulture, notent l’emplacement dans un carnet spécial et conservent les objets trouvés avec les cadavres, dans l’espoir qu’un jour les corps soient identifiés. Dernièrement, cette tâche de documentation a pris une ampleur telle que des bénévoles et des employés du ministère de la Santé prêtent main-forte aux croque-morts.
The New Arab (EN)
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A Gaza, interdiction de faire trempette.
L’armée israélienne a interdit aux Gazaouis de se baigner et aux pêcheurs de sortir en mer. «L’armée réprimera toute violation de ces restrictions», a prévenu son porte-parole. Face aux bombardements, à la faim, à la chaleur et au manque d’hygiène, «la mer était le dernier endroit où l’on pouvait se sentir humain, ne serait-ce que pour quelques minutes», déplore Ibrahim Dawla, Palestinien de 26 ans. Pendant ce temps, les négociations de trêve piétinent toujours. Entre 50 et 100 Gazaouis meurent chaque jour sous les balles et les bombes de Tsahal.
The National (EN)
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En Egypte, la QRisation des plages méditeranéennes.
En été, la population cairote se divise en trois catégories: la majorité précaire qui reste cuire dans la capitale faute de moyens, la petite minorité bobo-yoga-kitesurf qui va à Dahab (dans laquelle je m’inclus), et entre-deux toutes les classes moyennes supérieures qui vont au Sahel (la côte méditerranéenne) profiter des plages de sable fin. Là, les prix ont toujours été exorbitants. Cette saison, c’est pire que jamais: la semaine de location d’un chalet (c’est ainsi que les Egyptiens appellent toutes les maisons de vacances, ne me demandez pas pourquoi) coûte entre 2000 et 3000 dollars. Et désormais, il faut montrer un QR code pour pénétrer les gated communities ou aller à la plage, là où auparavant une petite négociation avec le gardien faisait l’affaire.
Egyptian Streets (EN)
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La Belgique rend à l’Egypte un sarcophage vieux de 3000 ans.
L’artefact, accompagné d’un morceau de barbe en bois, a été retrouvé en 2015 suite à une investigation d’Interpol. Ces dix dernières années, il était resté cloîtré dans le Musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, le temps que la justice vienne au bout de sa procédure. Le sarcophage, datant de l’époque ptolémaïque, appartenait à un membre de la haute société égyptienne dénommé Padihorpakhered. Il a été remis à l’ambassadeur égyptien à Bruxelles lors d’une cérémonie vendredi dernier.
RTBF (FR)
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En direct de la Trumposphère.
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«Il m’a déçu, mais j’en n’ai pas fini avec lui».
C’est en ces termes que Trump a parlé hier de Poutine, lors d’un entretien exclusif avec la BBC, au lendemain de sa décision de reprendre les livraisons d’armes à l’Ukraine. Le président américain semble être le dernier à se rendre compte du double jeu de son homologue russe.
Interrogé sur sa stratégie mettre fin au bain de sang, il répond, dépité: «Nous aurons une longue conversation. Je lui dirai: «C’est bien, je pense que nous sommes proches d’un accord», et ensuite le lendemain il va détruire un immeuble à Kiev». Le fantasque chef d’Etat a également profité de sa tribune pour estimer que les Etats-Unis étaient «morts» il y a un an, et que sa personne sera commémorée dans l’Histoire comme celle qui a «sauvé» son pays.
BBC (EN)
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Votre correspondant.
Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a un an et demi pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis correspondant pour Le Temps et Libération. Mais ces jours, je suis à Dahab, où je partage mes journées entre des cours d’arabe et des cours d’apnée.
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1209 Genève
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