Bonjour, c’est Eric à Doha, où je passe 36 heures entre un saut à Dubaï et un autre à Mascate et où je me suis glissé dans les bagages de mon épouse qui s’intéresse à la présence chinoise dans la région. China moment vous a-t-on dit?
Ce lundi, je vous parle du deuil qui tourne à la colère en Iran, du rapport du pape François à la Chine et d’IA pour rédiger des lois. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Des pompiers tentent d’éteindre l’incendie du port de de Shahid Rajaee, le 27 avril 2025. © Keystone / AP Photo / Meysam Mirzadeh / Tasnim News
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En Iran, le deuil tourne à la colère.
L’explosion qui s’est produite samedi matin dans le plus grand port commercial du pays, celui de Shahid Rajaee, a tué au moins 40 personnes et blessé plus de 1000 autres. Hier encore, les incendies provoqués par la déflagration faisaient toujours rage. L’ampleur du sinistre et les difficultés des autorités à le maîtriser alimentent un climat de défiance à l’égard du gouvernement: de quels types de produits inflammables s’agissait-il? Comment de tels produits ont-ils pu être laissés sans surveillance? Et puisque près de 80% des importations du pays passent par Shahid Rajaee, quelles seront les conséquences pour l’économie du pays? Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a demandé l’ouverture d’une «enquête approfondie».
BBC (EN)
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Israël frappe un fief du Hezbollah au Liban.
Le tir qui a frappé hier la banlieue sud de Beyrouth constitue la troisième violation du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d’un an de guerre entre le Hezbollah et Israël. L’Etat hébreu dit avoir ciblé un entrepôt de «missiles de précision» du mouvement islamiste pro-iranien, accusé en préemptif de «violation flagrante» des dispositions de la trêve pour avoir stocké des armes sur ce site. Le président libanais, Joseph Aoun, a appelé les Etats-Unis et la France, garants de l’accord de cessez-le-feu, à «assumer leurs responsabilités et contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques».
France TV Info (FR)
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Guerre en Ukraine: Pyongyang confirme avoir envoyé des troupes en Russie.
Et c’est l’agence de presse officielle de la Corée du Nord, la KCNA, qui vient de l’admettre pour la première fois. Pis encore, c’est le dirigeant suprême du pays, Kim Jong-un, qui aurait pris la décision de déployer des troupes dans le cadre du traité de partenariat stratégique global signé avec Vladimir Poutine en 2024, considérant «le territoire russe à l’égal de celui de la Corée». La Russie a confirmé samedi pour la première fois que des soldats nord-coréens combattaient aux côtés des Russes à Koursk. Selon une estimation des autorités ukrainiennes, la Corée du Nord aurait envoyé au total quelque 14’000 soldats, dont 3000 renforts pour compenser ses pertes.
Reuters (EN)
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Il est temps de raconter le monde
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🙅 Nouvelle Exploration: Vous n’aurez pas nos graines!
A l’occasion de notre sixième anniversaire, nous vous proposons de découvrir une toute nouvelle Exploration, Vous n’aurez pas nos graines! Au cœur de la lutte contre les semences industrielles.
Quatre géants chimiques contrôlent 60% des semences de la planète, avec leurs engrais, leurs OGM et des graines qui ne poussent qu’une fois, obligeant les paysans à les racheter chaque année. Résultat? Les cultures se sont standardisées, les sols se sont appauvris et les plantes sont devenues vulnérables au moindre choc.
Notre journaliste a arpenté les champs, les fermes et les stations de recherche. Du nord au sud, paysans, chercheurs et activistes réclament la souveraineté des semences.
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Dans mon radar aujourd'hui
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Elections fédérales au Canada.
Les Canadiens sont appelés aux urnes aujourd’hui pour élire les 343 députés de la 45e législature de la Chambre des communes du Canada, au terme d’une campagne de 36 jours dominée par la guerre économique menée par Donald Trump et ses menaces d’annexion. Mark Carney, le chef du Parti libéral, est grand favori pour rester premier ministre du Canada. Hier, la dernière journée de la campagne s’est déroulée dans l’ombre de la tragédie mortelle survenue la veille à Vancouver, lors de laquelle au moins onze personnes sont mortes lorsqu’un véhicule a foncé dans la foule d’un festival.
Radio Canada (FR)
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Xi Jinping avec son épouse Peng Liyuan à leur arrivée à Abou Dhabi, le 19 juillet 2018.
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Un «moment chinois», vraiment?
C’est un peu l’idée derrière la recherche qui conduit mon épouse au Moyen-Orient: savoir si effectivement, on assiste à une montée en puissance de la présence chinoise dans cette partie du monde. De par chez nous, on en avait beaucoup entendu parler à l’époque du Covid-19, quand Sinopharm, l’un des grands groupes pharmaceutiques du pays, s’était mis à produire son vaccin sous le nom de Hayat-Vax à Abou Dhabi en joint-venture avec une entreprise émiratie. Puis en 2023, quand l’Arabie saoudite et l’Iran avaient amorcé un rapprochement sous l’égide de la Chine – un peu de façade, et en profitant d’un effet d’aubaine, j’en conviens. Et puis, à Hong Kong, depuis 2023 justement, l’ouverture vers le royaume saoudien, notamment via des accords-cadres sur les investissements, s’est poursuivie avec les autres membres du Conseil de coopération du Golfe, et en particulier avec les Emirats arabes unis.
Au fil des entretiens, ce qui revient c’est que «oui, les Chinois sont plus visibles, notamment via les téléphones et les voitures», mais que «non, ils ne semblent pas devoir remplacer dans un avenir plus ou moins proche, la présence dominante des Américains». Et un cadre d’Al-Jazeera d’insister sur une lecture aussi culturaliste que politique: «les programmes sur la culture et la civilisation, c’est utile et ça peut servir d’amorce, mais après, nous sommes une chaîne d’information, et on a comme tout le monde beaucoup de mal à opérer de façon indépendante en Chine même: les outils de la propagande se sont modernisés, mais le pays semble toujours retranché derrière sa Grande Muraille».
Et cet ancien journaliste, longtemps basé à New York pour couvrir les Nations unies, d’ajouter: «pour assumer pleinement son leadership, il faut accepter un certain niveau d’ouverture, notamment parce que toute puissance montante perturbe forcément les intérêts et les équilibres en place, et ces éléments de friction doivent être explorés et rapportés». «Plus encore, ajoute-t-il, il faut que cette ouverture fonctionne dans les deux sens: que la Chine formate son message via ses chaînes internationales, CGTN notamment, c’est normal, mais il faut qu’en retour nous soyons capables d’aller y voir par nous-mêmes… Sinon l’intérêt initial finit par faire pschitt.»
Bon, il y a fort à parier que les pétroliers et gaziers de la région ne soient pas du même avis… Mais des intérêts commerciaux bien compris sont une chose, une familiarité, voire une connivence en sont une autre. D’ailleurs, en matière de soft power, bien peu de nos interlocuteurs mentionnent les Instituts Confucius, ces Alliances françaises aux caractéristiques chinoises censées partir à la conquête des cœurs et des esprits… En revanche, partout les campus des grandes universités américaines s’affichent – pas moins de six, rien qu’à Doha!
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Le pape François place Saint-Pierre au Vatican, le 8 mars 2023. © Keystone / Photo AP / Andrew Medichini
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Le pape François et la Chine: un héritage ambigu.
D’un côté, la tension entre le Vatican et Pékin a perduré: pour preuve, la couverture pour le moins laconique du décès du souverain pontife dans les journaux chinois. Au cœur de ces rapports difficiles, le choix du Vatican de figurer parmi les onze pays au monde et d’être le seul en Europe à reconnaître officiellement Taïwan. De l’autre, un rapprochement avec la Chine, notamment à travers l’accord de 2018 sur la nomination des évêques, renouvelé trois fois déjà et dont les détails sont restés secrets, qui reconnaît l’autorité du pape tout en donnant à Pékin un rôle clé dans ces nominations. Une approche plus «pragmatique» au nom de l’unité qui s’est faite au prix d’un silence pudique sur les atteintes aux droits humains, alors même que Pékin a continué de nommer unilatéralement certains évêques, renforcé la répression contre les Eglises clandestines fidèles à Rome et encouragé la «sinisation» des religions.
China Digital Times (EN)
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En matière de consommation, les petites villes font la nique aux mégapoles.
Longtemps, la mode se faisait et se défaisait à Shanghai et nulle part ailleurs. Aujourd’hui, dans le Zhejiang limitrophe, ce sont les centres commerciaux et les livestreams de Yongkang qui dictent les tendances. Sur les 700 grandes villes que compte le pays, c’est dans celles de troisième et quatrième rangs (sur cinq) que la croissance de la consommation a été la plus forte en 2024. L’immobilier y est moins cher et les salaires y ont augmenté relativement plus vite. Et puis les trains à grande vitesse, le commerce électronique et un assouplissement des règles de résidence les ont largement désenclavées et permis d’estomper la frontière entre les différents niveaux de centres urbains. Une bonne nouvelle pour les caciques du régime qui n’en finissent plus de réaffirmer le rôle moteur de la consommation pour relancer la croissance!
Sixth Tone (EN)
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Des entreprises américaines qui veulent toujours investir en Chine?
Le titre de l’article de Yicai le laisse penser, puisqu’il clame haut et fort que selon une enquête de la Chambre de commerce américaine en Chine, effectuée en mars 2025, près de la moitié des entreprises membres placeraient le pays parmi leurs trois principales destinations d’investissement. Un résultat qui viendrait contredire un constat établi par la même AmCham à l’automne 2024, qui indiquait qu’au moins 25% des entreprises membres y avaient réduit leurs investissements et se réorientaient vers le Vietnam ou la Malaisie. En y regardant de plus près, le rapport du printemps 2025 montre quand même que les entreprises qui désignent la Chine comme leur principale cible d’investissement a chuté de 6 points de pourcentage par rapport à 2024. Et puis le baromètre de cette confiance toute relative a été établi avant le fameux «jour de la libération» du 2 avril… Dans les médias chinois, le verre est toujours à moitié plein!
Yicai Global (EN)
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Les Emirats arabes unis confient la rédaction des lois à l’IA.
Fini les débats à rallonge, place au code qui ne dort jamais. Grâce au robot-juriste, on promet des lois écrites 70% plus vite (et sans pause café). On ne s’échigne donc plus à forger un compromis, et on remplace le tout par la logique algorithmique et l’exigence de résultats. Au passage, on crée tout de même une nouvelle unité ministérielle, le Bureau du renseignement réglementaire, en espérant qu’elle ne sera pas trop bureaucratique. Dans un premier temps, une base de données sera établie à partir des textes législatifs existants, ainsi que des données issues du secteur public. A l’arrivée, l’IA servira non seulement à rédiger de nouvelles lois, mais aussi à examiner et modifier des lois existantes. Proprement orwellien…
Usbek & Rica (FR)
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En direct de la Trumposphère
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Une casquette Trump 2028 en vente
«L’avenir s’annonce radieux» comme le dit le site Trump Store, même s’il va à l’encontre du 22e amendement de la Constitution des Etats-Unis qui stipule clairement que «nul ne peut être élu à la fonction de président plus de deux fois».
L’article, vendu 50 dollars américains parce que Made in America, est apparu jeudi 24 avril sur un cliché posté sur Instagram par le fils du président, Eric Trump.
Les Echos (FR)
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Votre correspondant.
J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Il faut absolument aller voir le reportage photo d’Alessandro Gandolfi sur la démesure de Chongqing, cette mégapole du sud-ouest de la Chine presque aussi grande que l’Autriche, mais pas loin de quatre fois plus peuplée, avec ses 34 millions d’habitants.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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