Les infos que j'ai retenues pour vous

Le bipeur AR-924 de la société de Taïwan Gold Apollo, capture d’écran sur le site de la société.

Quelques grammes d’explosif dans les bipeurs taïwanais du Hezbollah. Ce matin, le bilan est de 11 morts et plus de 2800 blessés dans l’attaque spectaculaire contre la milice chiite libanaise Hezbollah. Deux journalistes de Reuters ont recueilli les confidences de sources au sein des services de sécurité à Beyrouth. Cette année, le Hezbollah, qui se méfiait de la pénétration de ses téléphones portables par les services secrets israéliens, a commandé pour ses troupes et ses alliés, comme l’ambassadeur d’Iran au Liban, 5000 bipeurs à la société taïwanaise Gold Apollo, plus précisément le modèle AR-924, qui pèse 95 grammes, batterie comprise.

Les appareils ont été lestés de quelques grammes d’explosif et d’un minuscule détonateur. Le dispositif a été déclenché par un message codé parvenu à 15h30 heure locale, qui semblait provenir du commandement du Hezbollah. Les appareils étaient programmés pour «biper» durant plusieurs secondes avant d’exploser. A Taipei, le patron de Gold Apollo, Hsu Ching-Kuang, a déclaré, très embarrassé, que la fabrication des bipeurs du Hezbollah avait été sous-traitée à une entreprise en Europe, dont il n’a pas révélé ni le nom, ni le pays.

«Cette attaque atteint le Hezbollah à son talon d’Achille, son principal moyen de communication», estime le New York Times. Reste à comprendre s’il s’agit d’une opération isolée ou des prémisses d’une attaque plus large par Israël contre la milice ainsi affaiblie, avec qui les tensions n’ont fait qu’empirer ces derniers jours.

Instagram impose des «comptes ados» aux mineurs. Depuis hier en Amérique du Nord et dès la fin de l’année en Europe, les 13 à 17 ans seront contraints par des conditions d’usage plus protectrices. Notifications coupées entre 22h et 7h, extension du contrôle des parents, censure de contenus sensibles: toutes ces options, jusqu’ici facultatives, deviennent obligatoires. Pour implémenter la mesure, l’application demande une vérification de l’âge à l’aide d’une pièce d’identité ou d’un selfie vidéo. Le nouveau dispositif devrait s’étendre à d’autres plateformes de Meta comme Facebook.

Tamedia annonce la fusion de ses trois rédactions romandes. Afin de «réduire la complexité» mais surtout les coûts, «Le Matin Dimanche», «24heures» et «La Tribune de Genève» ne feront plus qu’une rédaction, a décidé TX Group. Le titre genevois conservera tout de même sa présence numérique et son journal papier. Quant à l’hebdomadaire «Femina», il passe à une fréquence mensuelle. Avec cette mesure de concentration, 25 équivalents plein-temps seront supprimés en Suisse romande, soit environ 40 personnes concernées. Cela ne surprendra pas celles et ceux qui ont lu notre grande enquête «Tamedia Papers».

Château-d’Oex ouvre la voie au bâtiment le plus étonnant des Alpes suisses

Image d’artiste, septembre 2024. © Votre Cercle de Vie

C’est oui, mais pas un blanc-seing. Le conseil communal de Château-d’Oex a donné le 12 septembre son aval au dézonement d’une zone agricole pour réaliser un projet agrotouristique hors normes, «Votre Cercle de Vie», dont nous vous parlions déjà en 2020. Son bâtiment principal a déchaîné les passions depuis ses premières esquisses. La mise à l’enquête avait suscité 48 oppositions. En jeu: l’avenir du Pays d’Enhaut, dont ferment les hôtels et les pistes de ski.

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

Aussi acclamé que décrié dans le monde arabe, «The Goat Life» débarque dans les cinémas égyptiens. Ce long métrage raconte l’histoire vraie de Najeeb, un Indien pris dans l’engrenage de la Kafala, un système de parrainage oppressif qui limite les droits des travailleurs immigrés dans les pays du Golfe. Affamé et assoiffé, le malheureux se retrouve à devoir garder un troupeau de chèvres au milieu du désert avant de s’enfuir. Acclamé par une partie du public au Moyen-Orient, le film suscite l’ire de l’Arabie saoudite, qui craint de voir ses dispendieux efforts de communication réduits à néant. Par ricochet, la polémique apporte même de l’eau au moulin aux frères ennemis marocains et algériens. En attendant, le film engrange les récompenses et des dizaines de millions de vues sur Netflix.

L’Égyptologue. Vendredi dernier, je me suis retrouvé dans une de ces soirées expats que j’essaie généralement d’éviter. C’était en plein centre-ville, dans un majestueux appartement au parquet lustré et aux quatre mètres de plafond. Y frayaient la fine crème des journalistes, professeurs et humanitaires français, mais aussi quelques Égyptiens. Entre deux gorgées de Stella, la bière nationale, ça parle arabe, français, anglais, dans une ambiance au final plutôt sympathique. Je commençais à me dire que j’avais peut-être trop d’a priori sur ces fêtes, quand une dame d’une quarantaine d’années m’aborde, visage jovial et poignée de main franche. On se présente, elle me demande mon métier, je lui demande le sien.

- Égyptologue, répond-elle pleine d’aplomb.

- Ça se dit encore? rétorqué-je candidement.

- Bien sûr… pourquoi? relance-t-elle, sourcils froncés.

- Je ne sais pas, le terme est chargé historiquement, il charrie un passif colonial et orientaliste. De plus, à ma connaissance on ne parle pas d’«Irakologue», de «soudanologue» ou de «grécologue», fais-je remarquer.

Soudainement, son sourire disparaît, ses traits se durcissent, son ton monte.

«C’est la chose la plus stupide qu’il m’ait été donné d’entendre. Evidemment que l’on dit encore «égyptologue». Ce métier requiert un large champ de connaissances spécifiques. J’ai étudié l’archéologie, l’histoire de l’art, la papyrologie, l’épigraphie. J’ai effectué un master, un doctorat, un postdoctorat. Toutes ces études, toutes ces connaissances m’autorisent à affirmer que, oui, je suis é-gy-pto-logue. Certes mon champ de recherches a pu avoir des pratiques douteuses à la fin du 19e siècle et au début du 20e, mais maintenant c’est loin derrière. Et pour ta gouverne, tu sauras que l’on parle également d’assyriologue ou de sinologue».

Secoué, je m’excuse de l’avoir blessée et je précise que je m’interrogeais uniquement sur la formulation, rien d’autre. J’ajoute que vu sa réaction, ma question n’était peut-être pas si bête que ça.

Cela ne suffit pas à la calmer, son visage est désormais pourpre. Elle fulmine:

«J’ai travaillé avec plein de médias, j’ai collaboré à la réalisation de plusieurs documentaires, mais jamais ne j’ai rencontré un journaliste aussi inculte. Comment peux-tu te réclamer de cette profession et savoir si peu de choses? Il faut ouvrir tes horizons. Je me fais du souci pour toi et les articles que tu pourras bien produire. Tu viens d’arriver en Egypte, tu ne connais rien à rien, tu chipes à la va-vite une fake news sur les réseaux sociaux et tu te crois intelligent en posant une question que tu crois impertinente. Juste là, c’est du mépris que je ressens pour toi».

Là-dessus, elle tourne les talons et s’éloigne à grands pas du petit balcon où l’on se tenait.

Abasourdi, il me faut quelques minutes pour reprendre mes esprits et essayer de comprendre ce qu’il vient de se passer. Quel point sensible ai-je bien pu toucher? Pourquoi a-t-elle ressenti un tel besoin d’affirmer sa légitimité? Croule-t-elle au quotidien sous le feu nourri des activistes postcoloniaux? Autant vous dire que je n’ai pas osé revenir vers elle pour lui poser ces questions.

Je suis parti de la fête peu après, rejouant dans ma tête son monologue en traversant les rues pleines de chiens et d’ombres de la nuit cairote. Je regrette surtout de ne pas avoir pu avoir un débat terminologique constructif, lequel aurait été plus intéressant que sa réaction émaillée d’orgueil et d’arguments d’autorité.

En revanche, notre chère égyptologue a raison sur un point. Cette semaine, j’ai effectivement chipé à la va-vite un post sur les réseaux sociaux, et il m’a bien fait rire: «Pourquoi les pyramides se trouvent-elles en Egypte? Parce qu’elles sont trop grosses pour être transportées dans un musée britannique».

Mon labo arabe

Le 28 août à Alep, plusieurs marchés endommagés durant la guerre ont été rouverts après leur reconstruction financée par des ONG et fonds du gouvernement. Crédit: Keystone / EPA / Youssef Badawi

Plongée dans la Syrie post-guerre. Les articles sont payants, mais impossible de ne pas mentionner l’excellente série de reportages du Monde. Pendant l’été, ses journalistes ont traversé un pays toujours en ruines, six ans après la fin du conflit, où règnent une pauvreté extrême, une corruption tentaculaire et une irrépressible désillusion qui pousse les jeunes à s’exiler.

Comment l’armée israélienne enrôle des demandeurs d’asile africains. Selon les témoignages recueillis par Haaretz, Tsahal n’hésite pas à recruter parmi les plus de 30’000 requérants africains présents dans l’Etat hébreu. En échange de leur participation aux opérations à Gaza, on leur propose une rémunération correcte et on facilite leur procédure d’asile.

Percée des islamistes en Jordanie. Lors des élections législatives qui se sont tenues la semaine dernière, le Front d’action islamique, branche jordanienne des Frères musulmans, a plus que triplé son nombre de députés. Désormais premier parti du pays, il reste toutefois loin de la majorité absolue, avec 31 sièges sur 138. Il a fait campagne en appelant à soutenir la résistance palestinienne et en critiquant la passivité du pouvoir en place, qui avait notamment décidé d’intercepter les missiles lancés par l’Iran.

Une raison d'espérer

90% des enfants gazaouis vaccinés contre la polio. Alors qu’en Suisse le Conseil national souhaite lui couper les vivres, l’UNRWA continue avec succès sa campagne de vaccination: 560’000 enfants de moins de dix ans ont reçu leur première dose. La seconde leur sera administrée fin septembre. «Les parties en conflit ont largement respecté les différentes pauses humanitaires requises, ce qui démontre que lorsqu’il y a une volonté politique, l’assistance peut être délivrée dans interruption», s’est félicité Philippe Lazzarini, le directeur suisse de l’organisation.

Votre correspondant. Passionné de terrain et de reportage au long cours, j’ai réalisé pour Heidi.news une infiltration dans la complosphère lors du pic de la pandémie, puis j’ai travaillé pendant deux ans pour Le Temps. Il y a un an, je me suis installé au Caire pour travailler comme correspondant et finalement apprendre cet arabe que mon père tunisien ne m’a malheureusement pas légué. Raison pour laquelle j’essaie tant bien que mal de voir le documentaire Mauvaise langue de France 2, qui parle précisément de cette transmission ratée. Mais pour l’instant, le portail France.tv semble plus malin que mon VPN.