Bonjour, c’est Lionel à New York, où le rêve américain emprunte tous les sentiers possibles, même ceux des ratons laveurs. Je vous en parle plus bas.
Au menu ce matin: Trump face à la contre-attaque des juges, le départ de Musk de la Maison Blanche et le lac de Blatten qui menace de déborder.
A noter aussi deux mises à jour sur heidi.news. La Fondation de Verdeil a réagi au troisième épisode de notre enquête et conteste avoir dû signaler les enseignants maltraitants aux autorités. A lire en fin de l’article (accès libre). Par ailleurs, l’auteur de l’enquête sur la mort de Nzoy, que nous avons publiée en février, analyse un rebondissement inattendu: la justice vaudoise rouvre l’enquête. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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KEYSTONE / Jean-Christophe Bott
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A Blatten, le lac sur le point de déborder.
Le nouveau plan d’eau, formé à la suite de l’éboulement monstre de mercredi sur le village valaisan, se remplissait hier de 80 centimètres par heure. Les experts s’attendent à ce qu’il déborde aujourd’hui dans la matinée. Hier en soirée, on craignait des érosions potentiellement destructrices le long de la rivière Lonza, qui s’écoule en aval de Blatten, et on évoquait de nouvelles évacuations dans les localités en contrebas.
Le Nouvelliste (FR)
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Israël annonce la construction de 22 nouvelles colonies juives en Cisjordanie occupée.
Il s’agit de la plus grande expansion depuis des décennies. Considérées comme illégales du point de vue du droit international, les colonies sont un sujet de discorde majeur. Sans même tenter de dissimuler l’objectif de cette initiative, le ministre de la Défense Israel Katz s’est félicité qu’une telle mesure empêche la création d’un État de Palestine. Pour sa part, l’autorité palestinienne a dénoncé une «dangereuse escalade».
BBC (EN)
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Elon Musk quitte la Maison Blanche.
Pendant 114 jours, le milliardaire s’est employé à réduire les dépenses publiques au sein de l’inofficielle agence de l’efficience gouvernementale DOGE. Il quittait le navire hier, un jour après avoir exprimé sa «déception» quant au très coûteux plan républicain pour financer les initiatives de Donald Trump. L’homme d’affaires sud-africain avait promis des économies de 2 billions de dollars. Pour l’heure, DOGE n’en a annoncé «que» 175 milliards – une évaluation probablement encore trop optimiste.
NBC News (EN)
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Affaire Nzoy: rebondissement inattendu
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Rassemblement «justice pour Nzoy» à Morges en août 2023. (KEYSTONE/Pierre Albouy)
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Il est temps de raconter le monde
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🌾 Vous n’aurez pas nos graines!
C’est la semence qui dirige le monde. Sans graines, plus rien dans l’assiette. Durant des millénaires, les paysans ont nourri une diversité extraordinaire de plantes, en échangeant, préservant, et replantant leurs semences. Jusqu’au jour où l’industrie s’en est mêlée, au nom du profit et de la productivité.
Notre journaliste a arpenté les champs, les fermes et les stations de recherche. Du nord au sud, paysans, chercheurs et activistes réclament la souveraineté des semences. Une question de bon sens, mais aussi de survie.
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Dans mon radar aujourd'hui
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La Russie convoque le Conseil de sécurité pour discuter des menaces européennes contre la paix.
Il y a un mois, l’auguste instance onusienne s’était réunie à propos de la guerre en Ukraine – presque un record depuis le début du conflit en 2022! Mardi, au lendemain de ses attaques aériennes massives sur l’Ukraine, le Kremlin a demandé que le Conseil de sécurité se rassemble pour discuter «les menaces à la paix et la sécurité internationales» que feraient planer les alliés européens de Kyiv. On s’attend à ce qu’il réitère comme condition d’un cessez-le-feu l’arrêt des transferts d’armes européennes vers l’Ukraine. Les regards seront bien sûr tournés vers les Etats-Unis, dont les dispositions fluctuent tant à propos des Européens que de la Russie.
Security Council Report (EN)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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C’est l’histoire d’un type qui nourrit les ratons laveurs de Central Park.
Je l’ai croisé cette semaine en promenade avec ma fille, assis sur un banc, au détour d’un chemin forestier. Il m’a interpelé pour me montrer du doigt un de ses protégés, perché à quelques mètres à peine sur la haute branche d’un noyer. J’ai d’abord pensé à un hasard. En réalité, j’avais affaire à un spécialiste.
Voici plus de 25 ans qu’il apprivoise ces animaux, me raconte-t-il. Il agite un sac rempli de pain rassis, et voilà que la boule de fourrure grise glisse le long du tronc et s’approche de lui. Devant ma fille ravie, elle fait rouler son quignon entre des pattes qui se donnent des airs de mains bien humaines. Je ne sais que trop en penser. Le raton laveur est de tendance mordeuse et souvent infecté par la rage; je doute aussi qu’un régime de buns industriels lui soit bénéfique. Mais passons.
Depuis quelques mois, sur les conseils d’un influenceur rencontré en ces mêmes lieux, l’homme serait passé aux réseaux sociaux, me confie-t-il. Il lui est venu l’idée qu’il y avait peut–être quelques sous à se faire. Timidement placée à ses côtés (je ne la remarque que maintenant) une petite pancarte donne son identifiant Tiktok @theraccoonman et, pour les généreux donateurs, ses coordonnées Venmo – une application de paiement en ligne.
Le rêve américain, c’est faire feu de tout bois. Ce type ne deviendra pas millionnaire, mais après un quart de siècle de bénévolat, il aura fini par faire sien l’esprit d’entreprise qui caractérise le pays. Son appeau à touristes est en place; il interpelle les autres passants qui, comme moi, sont accompagnés d’un enfant; il se prête au jeu du selfie, esquisse un V de la victoire avec un couple de visiteurs asiatiques. En l’espace de quelques minutes, il rassemble autour de lui et du raton indifférent une douzaine de personnes. Quelques téléphones se tendent déjà vers le code QR de son Venmo.
Je le cuisine sur ses revenus, il reste évasif. Il jette parfois des regards inquiets de côté, son corps se tend comme s’il était prêt à fuir son banc – de peur qu’un ranger ne surgisse d’un buisson pour mettre un terme à ses affaires? Sa visibilité nouvellement trouvée attirera l’attention des gestionnaires du parc, et les jours de son activité devenue business sont probablement comptés. Il le sait, sans doute.
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Mon Labo Trump: la contre-attaque des juges
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Les droits de douane suspendus par une cour fédérale, puis restaurés temporairement.
Les républicains ont beau hurler à un «coup d’Etat» orchestré par des juges de gauche, deux des trois magistrats ont été nommés par un président conservateur, dont un par Donald Trump lui-même. La décision de justice s’attaque au pilier des décrets présidentiels sur les droits de douane, le International Emergency Economic Powers Act (IEEPA). Selon le jugement, Donald Trump aurait abusé de cette loi, qui permet au président de réglementer le commerce sans passer par le Congrès face à une menace inhabituelle et extraordinaire. Etaient visées les taxes dites «de représailles», et non celles sur l’acier ou les automobiles. Jeudi en soirée, une cour d’appel fédérale restaurait temporairement la capacité du président à décréter des droits de douane, en attendant un examen plus approfondi de la justice.
The Hill (EN)
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Une Cour fédérale restaure le droit de Harvard à recruter des étudiants étrangers.
Avec le jugement sur les droits de douane, dont il est question plus haut, c’est le second revers judiciaire majeur de Donald Trump en une semaine. Et pour d’aucuns, un véritable test de la démocratie américaine et de ses contre-pouvoirs. Engagée dans un bras de fer avec la vénérable université de Harvard – accusée de collusion avec des entités étrangères et d’attentisme face à l’antisémitisme – Washington l’avait dépouillée de son droit à obtenir des visas pour ses étudiants étrangers. Une juge fédérale de Boston a rétabli les statuts de l’institution pendant le temps de la procédure. Harvard a été la première université américaine à traîner l’administration Trump devant les tribunaux, dénonçant des représailles illégales et politiquement orientées. Depuis, la guerre fait rage entre la Maison Blanche et l’institution académique la plus cotée au monde.
Associated Press (EN)
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Comment l’IA va révolutionner la sauvegarde des milieux naturels.
Elle peut venir au secours de l’environnement – et pas seulement en éradiquant l’humain. L’intelligence artificielle peut analyser des enregistrements sonores pour étudier et détecter la présence d’animaux, suivre l’évolution de maladies affectant la flore et la faune, assister les autorités dans leurs décisions de gestion des ressources… D’innombrables applications sont évoquées dans cet article de Yale Environment 360. Les scientifiques notent toutefois le risque de finir avec des experts déconnectés de leur sujet d’étude, si l’IA, les micros et les caméras devaient prendre toute la place sur le terrain.
Yale Environment 360 (EN)
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En direct de la trumposphère
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«J’ai ramené 5.1 billions de dollars»
«Je suis allé en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats, et nous avons ramené 5.1 billions de dollars. J’ai fait tout cet argent en plus ou moins deux heures».
Hier à la Maison Blanche, le président a évoqué face à la presse ce qu’il considère être sa plus grande réussite. Mais son chiffre de 5,1 billions de dollars, soit 5100 milliards de dollars, est loin de convaincre tout le monde. Premièrement, la somme est une addition difficile à contrôler, émanant d’une série d’accords vagues et peu, voire pas contraignants – dont certains signés du temps de Joe Biden. Certains experts estiment la valeur réelle de ces traités à 283 milliards de dollars, lesquels devraient être ventilés sur plusieurs décennies. Autant dire assez longtemps pour que les parties se retirent. Mais surtout, la valeur annoncée représente plus du double des PIB des trois pays, qui ensemble dépassent à peine les 2 billions de dollars. Des commentateurs de la vie politique américaine n’hésitent pas à dénoncer une véritable poudre aux yeux.
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Votre correspondant.
Journaliste et communicateur scientifique, procrastinateur professionnel, je fais tout à la dernière minute. Cet autoportrait bâclé ne fait pas exception, rédigé en moins de temps qu’il n’en faut au président américain pour négocier un mirage en plein désert saoudien.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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