Les infos que j'ai retenues pour vous

Inondations à Colombo, au Sri Lanka, dimanche 30 novembre 2025. © Keystone / AP / Eranga Jayawardena

Près de 1000 morts après le passage de deux tempêtes dévastatrices en Asie en une semaine. Le bilan des pluies diluviennes, des inondations et des glissements de terrain n’en finit pas de s’alourdir après un passage dévastateur de tempêtes en Indonésie et au Sri Lanka, pays où un tiers de la population est privée d’électricité et d’eau courante. La mousson du nord-est, de novembre à février, apporte traditionnellement de plus fortes pluies dans cette partie du monde, mais les inondations extrêmes résultent aussi de facteurs climatiques exceptionnels. Selon le Centre météorologique spécialisé de l’ASEAN, l’épisode La Niña, combiné à un dipôle négatif de l’océan Indien et à l’influence du typhon Koto et du cyclone Senyar, a amplifié les précipitations. La hausse record des températures marines en 2024, rapportée par l’Organisation météorologique mondiale, a certainement accentué ces dérèglements, au point de bouleverser le cycle saisonnier de la région.

Le pape Léon XIV redit son soutien à la création de deux Etats, israélien et palestinien. Pour la première fois depuis son élection en mai, le pape américain s’est prêté à l’exercice de la conférence de presse à bord de son avion qui le menait hier d’Istanbul à Beyrouth. Lors d’un bref échange improvisé, il a rappelé que «le Saint-Siège soutient publiquement la proposition d’une solution à deux Etats depuis plusieurs années. Nous savons tous qu’Israël ne l’accepte toujours pas. Mais nous la considérons comme la seule solution susceptible de résoudre le conflit actuel». Léon XIV a indiqué avoir évoqué le sujet lors de sa rencontre jeudi à Ankara avec le président turc Recep Tayyip Erdogan «qui approuve pleinement cette proposition», affirmant que «la Turquie a un rôle important à jouer dans ce processus». Le Saint-Siège reconnaît l’Etat de Palestine depuis 2015.

Seulement 32% des Israéliens soutiennent une grâce pour Netanyahou. La demande de grâce demandée par le premier ministre israélien auprès du président Isaac Herzog, qui a promis de l’examiner de façon «responsable et sincère», provoque une véritable déflagration dans le paysage politique israélien. Hier, des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu devant la maison présidentielle. Poursuivi pour fraude, pots-de-vin et abus de confiance depuis cinq ans, Netanyahou fait cette demande en ne reconnaissant aucune responsabilité, et seulement au nom de la réconciliation et de l’intérêt national. L’opposition et la société civile y voient une menace pour la démocratie et l’Etat de droit. Si les résultats du sondage de l’Université hébraïque publiés hier rendent compte, globalement, d’un faible soutien populaire, ils révèlent également une forte polarisation politique, puisque parmi les électeurs de la coalition au pouvoir, 62% soutiennent la grâce, alors que du côté des soutiens de l’opposition, 81% la rejettent.

Il est temps de raconter le monde

🦅 Retour vers le sauvage. Face à la sixième extinction de masse, des pionniers se battent au jour le jour pour restaurer activement les écosystèmes. Qui sont ces réensauvageurs et surtout, que peuvent-ils?

Notre grand reporter Fabrice Delaye a sillonné la planète pour répondre à ces questions. Il en a tiré une enquête exceptionnelle par sa taille et son ambition, dont voici le premier tome (📖 feuilleter un extrait).

Elle nous mènera des hauts plateaux réensauvagés du Portugal à la luxuriante campagne anglaise, de la brousse kenyane à la jungle australienne.

Dans mon radar aujourd'hui

Guerre en Ukraine: Emmanuel Macron reçoit Volodymyr Zelensky à Paris. Cette rencontre s’inscrira «dans la continuité des discussions de Genève et du plan américain, et d’une concertation étroite avec nos partenaires européens», a précisé l’Elysée. Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réaffirmé son soutien plein et entier à Zelensky, qui «dispose de toute la légitimité pour conduire l’Ukraine vers la paix», rappelant que le président ukrainien «a été élu dans des élections ouvertes, transparentes et démocratiques, ce qui n’est pas le cas de Vladimir Poutine». «C’est la guerre que le président russe a choisi de livrer qui empêche l’Ukraine de procéder à des élections. Quant aux affaires de corruption [en référence au récent limogeage du bras droit de Zelensky, Andriy Yermak], elles doivent être traitées par les institutions compétentes, sans interférence avec le processus de paix», a-t-il estimé.

Image de l’exposition Hong Kong Matters, à Sham Shui Po.

Hong Kong Matters. C’est le titre de l’exposition que je suis allé voir vendredi dernier. Résultant d’un studio de Master en architecture de l’Université chinoise de Hong Kong, le projet invite à «découvrir les bâtiments cachés» du territoire en révélant, à travers des maquettes, des cartographies sensibles et personnalisables, des dessins et des vidéos, la richesse méconnue des typologies locales – tong lau, ke lau, needle towers, mushroom stalls, échafaudages en bambous, stairwells shops, passerelles piétonnes surélevées, bouches d’aération du MTR, etc. – qui composent l’ADN visuel et social de la ville. Une invitation à circuler au milieu d’un véritable atlas de fragments urbains, où chaque détail – corniche, enseigne, cage d’escalier, alignement de façades – devient une preuve que, oui, Hong Kong Matters, et que son «bâti» mérite d’être observé, compris et défendu. Une ambiance studieuse et festive, sous le signe du recueillement, puisque l’exposition se tenait alors même  que le gigantesque brasier de Wang Fuk Court continuait de révéler son terrible bilan de victimes.

Parce que je suis aussi un éducateur, j’ai été particulièrement touché par la façon dont les douze étudiants impliqués se sont emparés du projet, en menant collectivement une enquête de terrain sur ce qui fait l’unicité architecturale de la mégapole, puis en me racontant, section par section, leur travail avec une fierté communicative. En les écoutant revenir sur leurs repérages, leurs prises de vue dans les avenues et les ruelles de cette immensité urbaine, leurs découvertes de hidden buildings et leurs débats sur ce qui méritait ou non d’être montré, j’ai ressenti à quel point ce projet ne se limitait pas à une exposition, pour se transformer en véritable acte d’engagement architectural et citoyen, porté par une génération qui embrasse avec ardeur la beauté, la complexité et la fragilité du paysage urbain hongkongais. Et puis, par solidarité pour les victimes de Wang Fuk Court, tout l’argent collecté par l’achat des catalogues de l’expo était reversé aux ONG opérant sur le site du sinistre. J’aurais dû en acheter un deuxième…

Mon labo chinois

Des éoliennes fonctionnent le long d’une centrale solaire près de Weifang, dans la province du Shandong, le 22 mars 2024. © Keystone / AP / Ng Han Guan

La Chine souhaite prendre le leadership mondial après la COP30. Et cela semble logique, les Etats-Unis de Trump poursuivant la politique de la chaise vide dans les instances multilatérales. Trois domaines motivent la Chine: réorienter les négociations climatiques autour des axes «technologie et commerce», où elle se positionne comme superpuissance des technologies propres; utiliser cette puissance pour développer son économie d’exportation; et renforcer la coopération entre pays en développement et l’influence qui en découle. En revanche, le pays n’est pas prêt à réduire drastiquement ses émissions de CO2, ni à soutenir l’objectif de 1300 milliards de dollars annuels de financements climatiques ou une feuille de route pour éliminer progressivement les combustibles fossiles.

Main basse sur l’industrie pharmaceutique. Les pharmas chinoises s’imposent comme les nouveaux poids lourds mondiaux, portées par une explosion des essais cliniques, des réformes réglementaires rapides et le retour de talents formés à l’étranger. Longtemps cantonnée aux génériques et aux ingrédients bon marché, l’industrie développe désormais des traitements innovants, notamment en oncologie et contre l’obésité, attirant des partenariats qui se chiffrent à plusieurs milliards avec notamment l’américain Pfizer ou le britannique GlaxoSmithKline. Mais cette montée en puissance se heurte aux craintes occidentales sur la dépendance stratégique, la protection des données et la sécurité biotech, tandis que les groupes chinois cherchent à contourner ces obstacles via des «NewCo» basées aux Etats-Unis. Une situation dont la US-China Economic and Security Review Commission du Congrès américain s’est inquiétée dans son dernier rapport annuel.

L’IA chinoise selon Z.ai. Pionnier de l’IA en Chine, Z.ai (Zhipu AI), est moins connu que son concurrent DeepSeek à l’étranger. Pourtant, il a pris la tête du peloton des entreprises chinoises de l’IA générative avec son modèle GLM 4.5, reconnu pour ses performances en codage, rôle-play et traduction de contenus complexes. Un modèle au coude-à-coude avec Grok 4 et autre Claude 4 Opus américains. Si l’on en croit son directeur des produits, Li Zixuan, Z.ai privilégie la collaboration interne et l’intégration de jeunes talents, tout en adoptant une stratégie d’open source pour élargir son influence mondiale. Malgré la course à la reconnaissance internationale, l’entreprise doit néanmoins relever les défis de l’écosystème fermé chinois et des attentes du marché étranger. Dans l’Empire du milliard, l’IA suscite surtout des craintes de perte d’emplois, tandis que les applications pratiques restent la priorité.

Après l’incendie monstre de Hong Kong, les autorités chinoises ordonnent des contrôles de sécurité incendie à l’échelle nationale. La campagne vise exclusivement les immeubles résidentiels et publics de grande hauteur, et les contrôles cibleront les pratiques de rénovation à risque, telles que les constructions non autorisées, l’utilisation d’isolants inflammables et les travaux à chaud comme le soudage dans des espaces intérieurs exigus. Les inspecteurs examineront également les possibles dysfonctionnements des installations de lutte contre les incendies.

Une raison d'espérer

Capture d’écran du site de la convention, détaillant la journée «type» plébiscitée par les participants. © CESE

Les trois propositions à retenir de la convention sur les temps de l’enfant. Vous me direz, encore faut-il que les recommandations de cette convention citoyenne, dans le sillage de celles sur le climat et la fin de vie, soient retenues… Il n’empêche, la forme inédite du débat – 133 citoyens tirés au sort participant à une trentaine d’ateliers menés dans toutes les régions de France et un panel de 20 enfants – mérite que l’on s’y attarde. En a découlé un rapport de 170 pages et trois propositions principales: décaler l’heure de début des cours à 9h au collège et au lycée, articuler savoirs «théoriques» le matin et «pratiques» l’après-midi et mettre en place un plan de «mobilité jeunes» pour se rendre plus facilement dans les établissements scolaires. A suivre donc…

«A toutes les compagnies aériennes, pilotes, trafiquants de drogue et trafiquants d’êtres humains, veuillez considérer que L’ESPACE AERIEN AU-DESSUS ET AUTOUR DU VENEZUELA EST TOTALEMENT FERME».

Par cette petite phrase postée sur son compte Truth Social, le résident de la Maison-Blanche vient de montrer une fois de plus que son jusqu’au-boutisme prend systématiquement pour cible celles et ceux qu’ils considèrent comme des inférieurs – journalistes femmes et demandeurs d’asile compris, bien sûr. Aux antipodes de son attitude avec la Chine, par exemple, comme quand il déclare la semaine passée que les relations avec ce pays «sont extrêmement solides!» et qu’il passe sous silence les interrogations sur les intimidations chinoises à l’égard de Taïwan.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Un peu passée inaperçue dans les médias – à l’exception notable de The Economist – l’étude du Carnegie Endowment for International Peace sur la formation des forces de police étrangères par la Chine fait vraiment froid dans le dos, notamment parce qu’elle montre que l’expertise chinoise est sollicitée bien au-delà des régimes autoritaires.