Les infos que j'ai retenues pour vous

Le président Donald Trump s’adresse aux journalistes à bord d’Air Force One, 9 février 2025 © Keystone / AP Photo / Ben Curtis

Etats-Unis: de nouveaux droits de douane de 25% sur l’aluminium et l’acier à compter d’aujourd’hui. Annoncés hier par Donald Trump dans l’avion qui le menait à la Nouvelle-Orléans pour assister au Super Bowl, la finale de la Ligue professionnelle de football américain, ces droits de douane supplémentaires devraient être complétés «mardi ou mercredi» par des «droits de douane réciproques», afin d’aligner la taxation des produits entrant aux Etats-Unis sur la manière dont sont taxés les produits américains à l’étranger. Pour le président américain, ces droits de douane – selon lui «le plus beau mot du dictionnaire» – sont au cœur de la politique économique et diplomatique du pays, conçus comme un moyen de résorber le déficit commercial des Etats-Unis autant que comme un levier de négociations avec les pays visés. Côté chinois, l’arsenal des ripostes s’est largement enrichi depuis son premier mandat…

Macabre découverte en Libye: 28 corps de migrants exhumés d’une fosse commune. Les corps ont été retrouvés après une opération des forces de sécurité dans le centre où étaient enfermés 76 migrants originaires d’Afrique subsaharienne, dans la région de Koufra, à l’extrême sud-est du pays. Le bureau du procureur général libyen révèle qu’une enquête a permis d’identifier l’existence d’une «bande dont les membres séquestraient des migrants irréguliers, les torturaient et les soumettaient à des traitements cruels, dégradants et inhumains». Trois personnes ont été arrêtées, un Libyen et deux étrangers, selon la même source. Plongé dans le chaos politique et sécuritaire depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, le pays est aujourd’hui l’une des principales plaques tournantes du trafic d’êtres humains sur le continent africain.

Colombie: le président Petro appelle tous ses ministres à démissionner. Cet appel, élargi aux directeurs des départements administratifs, fait suite à trois départs de membres du gouvernement ou hauts fonctionnaires provoqués par une réunion particulièrement houleuse mardi dernier entre le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie et son gouvernement, lors de laquelle Gustavo Pedro aurait réprimandé presque tous ses ministres pour le manque de progrès dans la mise en œuvre des projets de réforme. Parmi ces démissions anticipées, celle, annoncée plus tôt dans la journée hier, de la ministre de l’Environnement, Susana Muhamad, qui a accueilli la COP16 sur la biodiversité l’année dernière, à Cali. En cause également, la trop grande proximité de Petro avec l’ancien sénateur Armando Benedetti, visé par une enquête pour des irrégularités dans le financement de la campagne présidentielle.

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

Le premier «Sommet pour l’action sur l’IA» à Paris. Ça se passe entre aujourd’hui et demain au Grand Palais, avec des interventions des poids lourds du secteur et des responsables politiques venus d’un peu partout dans le monde. Une première – largement voulue par le président de la République française – pour essayer de mettre à plat les principaux enjeux liés à l’intelligence artificielle. L’objectif est de rassurer sur une technologie qui promet de révolutionner pratiquement toutes les activités humaines, et qui fait le grand écart entre prophéties messianiques et prédictions apocalyptiques.

L’acteur chinois Wang Xing, à droite, s’entretient avec des officiers de police thaïlandais dans le district de Mae Sot, 7 janvier 2025 @ Keystone / Police royale thaïlandaise via AP.

Explorer plus avant la question des escroqueries en ligne en Asie du Sud-Est. C’est un peu pour ça que j’ai vraiment mis en valeur l’article de Wu Qin publié par Positive Connections. Comme me le rappelait une étudiante cette semaine, qui faisait un exposé sur le sujet en s’appuyant sur des articles de HK01 et Initium, il aura vraiment fallu que ces escroqueries touchent une petite «célébrité» pour que la situation commence à faire du bruit. La victime: Wang Xing, un acteur chinois attiré en Thaïlande sous prétexte d’un contrat de film aussi prometteur qu’illusoire, puis détenu contre son gré pour travailler comme un esclave, la tête rasée, pour arnaquer via un clavier qu’il maîtrise mal d’autres ingénus, voire les recruter. Son calvaire n’aura duré que trois jours, début janvier, mais son visage émacié et son air hagard le jour de sa libération ont fait le tour des réseaux sociaux. Et puis sa prompte libération, très médiatisée par les autorités thaïlandaises, il la doit avant tout à l’influence de sa compagne, Jiajia, qui a posté dès le 5 janvier un appel public sur Weibo après avoir fait chou blanc dans ses démarches auprès des autorités thaïlandaises, mais également chinoises.

D’où les questions du public: faut-il être célèbre pour que les autorités, y compris chinoises, s’occupent enfin de leurs ressortissants? Et si les forces de sécurité en Thaïlande se sont servies du dénouement heureux de l’affaire en l’espace de quelques jours pour se faire de la pub, quid des pouvoirs publics chinois et de leur prétention à faire mieux que les autres? Des responsabilités partagées donc, exposées au grand jour, et dont tout à chacun s’aperçoit que les zones d’ombres remontent déjà à plusieurs années. Pour moi, ça a été l’occasion de rappeler qu’un grand journaliste comme Bertil Lintner travaillait sur ces questions depuis plusieurs décennies, et que les liens avec le crime organisé chinois, que les responsables à Pékin ne peuvent ignorer, étaient déjà bien établis et documentés. Et puis qu’une ONG comme Cybercrime Monitor avait déjà publié un gros rapport intitulé «How Organised Crime Operates Illegal Betting, Cyber Scams & Modern Slavery in Southeast Asia», relevant, comme souvent, des connexions avec l’industrie du jeu à Macao et les opportunités ouvertes dans l’ombre de la Belt and Road Initiative voulue par Pékin. De là à imaginer des connivences…

Mon labo chinois

Eoliennes sur le littoral le long d’un gigantesque parc de panneaux solaire près de Weifang, dans la province de Shandong, 22 mars 2024 @ Keystone / AP Photo / Ng Han Guan

Vers une réduction des subventions aux énergies propres. C’est un peu la rançon de la gloire, puisque la Chine vient d’enregistrer une augmentation record de 25% de ses capacités de production d’énergies renouvelables – 357 gigawatts (GW) de production d’énergie solaire et éolienne ont été construits en 2024, portant la capacité des énergies renouvelables à 1889 GW. Cela représente, toutes sources propres confondues, plus de 40% des capacités de production totales du pays. Les objectifs nationaux en matière de renouvelable ont donc été atteints six ans avant la date butoir de 2030! Une manière pour le gouvernement chinois de dire, par ses réductions, que le pays, contrairement à d’autres, a tenu ses promesses et qu’il est donc temps de réorienter le secteur vers des mécanismes de marché. Au passage, cela permet aussi de mettre le holà à ce que Pékin refuse encore de qualifier de «surcapacité»…

Ne Zha 2, le film d’animation qui explose tous les records. Avec plus de 160 millions d’entrées en l’espace de dix jours, le film a donc déjà rapporté plus de 1 milliard de dollars sur le seul marché chinois! Enfoncé Wolf Warrior 2, le précédent record de billetterie de 2017 aux accents patriotico-nationalistes! Surpassées les recettes des blockbusters américains Avengers: Endgame et autres Star Wars: Le Réveil de la Force. C’est un petit démon punk autrefois qualifié de «Ne Zha le plus laid de tous les temps» qui a dominé la Fête du Printemps avec plus de 50% des entrées. C’est aussi l’histoire d’un rebelle qui défie les dieux et les démons, une fable mythologique remise au goût du jour de l’exploration de soi, dont les visuels constituent pour certains la forme la plus aboutie des techniques d’animation chinoises – ici signées du studio Chengdu Coco Cartoon. La première aux Etats-Unis aura lieu le 14 janvier.

Vers le retour d’un certain journalisme d’investigation 2.0? C’est une enquête très médiatisée de Positive Connections (Zhengmian lianjie), disponible seulement via un compte public sur WeChat, qui a permis au journaliste Wu Qin d’exposer à un plus large public les horreurs des escroqueries en ligne qui ont déjà fait des milliers de victimes le long de la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande. L’article a nécessité plusieurs mois de reportage sur le terrain à Mae Sot, en Thaïlande, et s’appuie sur des sources aussi riches que diverses – victimes chinoises, courtiers thaïlandais, Chinois du Myanmar qui obtiennent des terres pour des opérations auprès de groupes ethniques armés, officiers d’immigration et gardes-frontières, etc. Surtout, il s’affranchit du discours des médias d’Etat chinois qui imputent strictement la responsabilité de ces trafics aux manquements des pays d’Asie du Sud-Est – police locale inefficace et corrompue, difficultés bureaucratiques, absence de coopération administrative, etc. – alors même que ce sont des organisations criminelles chinoises qui sont au cœur des opérations.

Une raison d'espérer

Cérémonie de remise des diplômes à l’université Renmin de Pékin, l’une des meilleures de Chine, 26 juin 2023 © Keystone / EPA / Wu Hao.

La réussite quand même, envers et contre tout. Pour compléter l’exploration très parlante d’Heidi.news sur les 19 bullshit jobs enchaînés par Zhang Wei en l’espace de six ans, ces tribulations d’un larbin en Chine, Nina Chen a traduit en anglais les récits de quatre parcours du combattant de jeunes chinois qui ont, au final, quand même trouvé sinon le dream job au moins quelque chose de plus prometteur. Les maux sont connus et méritent d’être rappelés dans leur froide inexorabilité: chômage des jeunes galopant, inflation des diplômes, rigidité du marché du travail et faiblesse systémiques des nouvelles offres d’emploi destinées à une jeunesse de plus en plus désenchantée. Mais tout n’est pas perdu, même pour ceux qui sortent diplômés d’universités ou d’écoles professionnelles de deuxième et troisième rangs.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Pour en finir avec le Nouvel An lunaire, il faut lire le texte de Oiwan Lam sur les controverses auxquelles donne lieu cette fête d’origine chinoise classée par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2024. Une autre perspective sur l’hégémonisme et l’appropriation culturels.