Bonjour, c’est Eric à Hong Kong qui semblait bien vide ces derniers jours. Vendredi, ce sont plus de 650’000 personnes qui ont quitté le territoire pour profiter du long week-end de Pâques. Dans les restaurants, les arrivées de touristes n’ont pas compensé les départs de résidents!

Ce lundi, je vous parle aussi des bourdes du secrétaire à la défense de Donald Trump, de l’IA qui envahit la Une des journaux chinois et d’une embellie de l’opinion publique américaine à l’égard de Pékin.

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Eric Sautedé à Hong Kong
21.04.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Le secrétaire à la défense Pete Hegseth, le 16 avril 2025, à Washington. © Keystone / AP Photo / Nathan Howard

Pete Hegseth aurait partagé des infos sur des frappes contre le Yémen dans une seconde boucle Signal. C’est le New York Times qui a révélé hier le pot au rose, après les indiscrétions rapportées fin mars par un journaliste de The Atlantic, lui-même ajouté par erreur dans un premier groupe de discussion sur Signal. Cette seconde boucle de messagerie baptisée «Defense - Team Huddle», renfermant les mêmes renseignements concernant une frappe aérienne américaine contre les militants houthis du Yémen, aurait été composée de treize membres, incluant l’épouse et le frère du secrétaire à la défense. Ces révélations surviennent alors que plusieurs hauts responsables du Pentagone quittent ou sont forcés de quitter le navire

Associated Press (EN)

Kiev et Moscou s’accusent mutuellement de violer la trêve de Pâques. En dépit d’un cessez-le-feu supposé durer 30 heures et annoncé samedi par Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé hier que les forces russes avaient violé la trêve «plus de 2000 fois» depuis le début de la matinée, tout en soulignant que celles-ci n’avaient procédé à aucun raid aérien. Il avait auparavant évoqué des «opérations russes» dans les secteurs de Pokrovsk et de Siversk, sur le front oriental, reprochant à l’armée russe de «continuer d’utiliser des armes lourdes». Côté russe, le ministère de la défense a fait état de tentatives infructueuses des soldats ukrainiens «d’attaquer les positions russes» dans les secteurs de Soukha Balka et de Bagatyr, dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.

France 24 (FR)

Secouristes tués à Gaza: Israël reconnaît «plusieurs manquements». L’armée israélienne a partagé hier les conclusions de son enquête sur la mort des 15 secouristes palestiniens tués par des tirs israéliens dans la bande de Gaza, le 23 mars. Par voie de communiqué, Tsahal assure que «l’enquête a identifié plusieurs manquements professionnels, des manquements aux ordres et un manquement à l’obligation de rendre compte de l’incident». L’officier en charge des soldats auteurs des tirs devrait être limogé «pour avoir fourni un rapport incomplet et inexact lors du débriefing». L’enquête précise néanmoins que les forces israéliennes n’ont pas ouvert le feu «à l’aveugle» ni «sans discernement», contredisant la version du Croissant-Rouge pour qui les soldats israéliens ont tiré avec «l’intention de tuer».

France Info (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

Le président français à Mayotte. Quatre mois après le cyclone Chido qui a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages, Emmanuel Macron risque fort de se retrouver confronté à la même impatience et aux mêmes frustrations que lors de sa visite de décembre, d’autant que la reconstruction se fait attendre. Finalisé à la dernière minute, le projet de loi de programmation du Président se veut pourtant une «refondation» de l’archipel, visant à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat illégal, l’insécurité et à soutenir l’économie locale. Après Mayotte, le voyage présidentiel de cinq jours dans l’océan Indien se poursuivra à La Réunion, Madagascar et l’île Maurice.

TV5 Monde (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

Imitations, contrefaçons, arnaques, diffamation… Je finis par m’y perdre. Ce sont mes étudiants qui ont attiré mon attention sur le sujet lors de leur présentation finale sur l’industrie française du luxe à Hong Kong: «Monsieur, vous avez vu que les sacs Hermès et Dior sont faits en Chine pour une fraction du prix?». Et moi de répondre: «C’est encore une campagne de diffamation, non? On a reçu le directeur général d’Hermès à Hong Kong en cours, et il nous a bien montré comment l’essentiel des produits du groupe étaient fabriqués en France, que chaque sac était réalisé par un seul et même artisan qui «signait» au final sa création, et que s’il y avait bien une stratégie artificielle de création de rareté, cela tenait aussi à la lenteur des formations de nouveaux maîtres artisans, en dépit d’ouvertures de nouveaux ateliers chaque année et du recrutement de plusieurs centaines de nouveaux employés en France». Et mes étudiants de répondre: «Peut-être moins Hermès, mais les autres, les Dior et Gucci ils ne fabriquent que 20% en France ou en Italie, c’est partout sur TikTok/Douyin».

Disons-le tout net, je n’ai pas forcément un amour absolu du luxe – montres exceptées, et je ne dis pas ça parce que j’écris pour un média suisse… – et je suis plutôt d’accord avec le directeur d’un grand groupe techno français dont je tairai ici le nom qui me répète à l’envi que ça fait un peu cher les «quatre bouts de cuir cousus ensemble par rapport à l’apport innovant». Mais il se trouve que ces affirmations, dont les réseaux chinois se font l’écho, tombent pile-poil dans un contexte de guerre commerciale où les appels à la consommation patriotique vont bon train – en plus, Hermès annonce plutôt des bons chiffres sur le marché chinois et s’est même permis de passer devant LVMH en capitalisation boursière, alors que ses concurrents internationaux ont la croissance en berne depuis que les consommateurs de l’Empire du milliard, même argentés, sont devenus prudents, voire inquiets quant à l’avenir économique de leur pays.

Alors j’ai regardé les vidéos et lu plusieurs papiers sur Jing Daily, Nss Magazine et Vibe. Le phénomène – la campagne sur les réseaux sociaux chinois – est bien réel, et la vidéo du compte Senbags2 affirmant que 80% des sacs de luxe sont fabriqués en Chine, a ainsi été vue plus de 10 millions de fois avant d’être supprimée et le compte de l’auteur désactivé…

Globalement, ces vidéos se veulent surtout infamantes pour les marques – la différence entre le coût réel de fabrication hors design, marketing et distribution – mais aussi pour les consommateurs, qui seraient les gogos de la farce et paieraient excessivement cher un produit que les mains expertes des ouvriers chinois peuvent leur offrir à une fraction des prix affichés. Au final, ces vidéos font l’apologie de la contrefaçon de qualité sans logo, en laissant penser – et là c’est de la pure diffamation tant qu’aucun titre de presse ou ONG n’aura révélé l’arnaque présumée – que les grandes marques internationales mentent sur le Made in France ou Made in Italy. Au passage, cela renforce aussi le Made in China, et comme la conso chinoise est à la peine, l’appel du pied est bienvenu.

Et puis, là aussi, la désinformation fait son œuvre: les messages ont disparu et les comptes sont suspendus, mais dans l’esprit de mes étudiants, il y aura toujours un doute… Bon, en même temps, je ne les vois pas (encore) capables de se payer un Birkin à 10’000 euros, ou alors le Walmart Birkin à 78 dollars américains…

Mon labo chinois

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Les couvertures du Quotidien de la métropole du Sud faites par IA. @ China Media Project

L’intelligence artificielle s’invite à la Une du journal. Plus d’un tiers des couvertures du Quotidien de la métropole du Sud, l’un des journaux les plus professionnels du pays, auraient été générées par des algorithmes depuis le début de l’année. Volonté d’être résolument dans la modernité ou souci d’économie? Certainement un peu des deux, puisque comme les autres médias chinois, la presse papier est en crise – 55 titres ont disparu en 2023. Cela ne veut pas dire que les premières pages qui ont fait la réputation du titre ont entièrement disparu, mais clairement, le métier des graphistes et des photojournalistes se trouve bouleverser. A la manœuvre, trois IA chinoises: Faceu Technology, Doubao AI et YuanBao AI.

China Media Project (EN)

La mémoire flash la plus rapide du monde. Mise au point par une équipe de la très prestigieuse Université Fudan de Shanghai, le dispositif PoX enfoncerait totalement le stockage de mémoire vive aujourd’hui utilisé, la fameuse RAM (random-access memory), puisque sa vitesse de fonctionnement serait de l’ordre de 400 picosecondes. Selon le chef de projet, cette mémoire «super flash» serait capable de faire un milliard d’opérations là où une simple clef USB en fait 1000… Je sais bien qu’il faut se méfier des news technos en Chine, comme l’a récemment rappelé Zicheng Wang dans Pekingnology, mais cette découverte a été annoncée dans la revue Nature. De quoi faire rêver les chantres de l’IA, puisque cette nouvelle façon de faire voyager les électrons, présentée comme «économe en énergie et évolutive», devrait connaître un développement industriel d’ici trois à cinq ans.

Sixth Tone (EN)

Interdiction des mentions «conduite autonome» ou «conduite intelligente». En cause, avant tout la conduite assistée présentée jusqu’alors de façon abusive par l’industrie automobile comme une technologie plus avancée que ce qu’elle n’était, à savoir un substitut intégral à la responsabilité humaine. L’accident qui a coûté la vie à trois passagers d’une Xiaomi SU7 fin mars aura donc permis de tirer la sonnette d’alarme en matière de sécurité concernant ces véhicules électriques supposément de plus en plus performants: la berline aurait percuté à près de 100 km/h une barrière en béton dans une zone en travaux alors qu’elle était en mode «conduite d’assistance avancée» (ADAS), le conducteur n’en ayant repris le contrôle que dans les secondes précédant le crash. Depuis février, les mises à jour des logiciels à distance pour ces véhicules doivent également faire l’objet d’une approbation des utilisateurs.

Reuters (EN)

Les petits surnoms de Donald Trump en Chine. Malheureusement, l’article est payant, mais What’s on Weibo proposé par Manya Koetse, est une mine d’infos qui mérite d’être soutenue. Depuis son premier mandat, le président américain (en translittération, donc homophonique, chuanpu surtout et aussi, plus rarement, telangpu) a hérité de plusieurs sobriquets: les plus connus, «Trump bâtisseur de pays» (chuan jianguo) ou «camarade bâtisseur de pays» (jianguo tongzhi). Le pays étant la Chine, et la référence au «camarade» indiquant qu’il roule avant tout pour le Parti communiste chinois – je vous passe les fantasmes sur la naissance cachée de Donald Trump dans la province du Sichuan. Depuis quelques semaines, le président se voit aussi qualifié de «beauté tarifaire» (shuimeiren), homophonique en chinois avec la traduction de la Belle au bois dormant et permettant d’associer habilement shui (les taxes) avec mei qui indique la beauté mais désigne aussi les Etats-Unis (Meiguo).

What’s on Weibo (payant) (EN)

Une raison d'espérer

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Enquête sur l’opinion des Américains vis-à-vis de la Chine (Pew Research Center) de 2005 à 2025. © Radio Free Asia

Ce n’est pas encore de l’amour entre les Etats-Unis et la Chine, mais ça s’en rapproche. En pleine flambée de guerre commerciale, et alors même que les agences de renseignement américaines présentent l’Empire du milieu comme la principale menace pesant sur le pays, cette embellie de l’opinion publique méritait d’être soulignée. Pour le Pew Research Center, c’est la première fois depuis 2017 que l’opinion des Américains connaît une baisse significative des avis «négatifs» à l’égard de Pékin – 4 points de pourcentage en moins par rapport à 2024. A noter aussi que plus de la moitié des personnes interrogées estiment que les hausses des droits de douane seront néfastes pour les Etats-Unis… Mais pour retrouver les 43% d’opinions positives de 2017, la route sera longue (21% seulement aujourd’hui), sachant que le dernier solde positif en faveur des «avis favorables» remonte à… 2012!

Radio Free Asia (EN)

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Victoire du Tiangong Ultra au semi-marathon de Yizhuang, Pékin, le 19 avril 2025 @ Keystone / AP Photo / Ng Han Guan

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Je vous en parlais la semaine passée, il y a comme un vent de folie s’agissant des robots humanoïdes en Chine. Samedi dernier, justement, une vingtaine d’entre eux participaient au semi-marathon Yizhuang de Pékin. C’est le Tiangong Ultra de Beijing robotics qui l’a remporté!

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