Bonjour, c’est Caroline à Genève, où je fais tout ce que je peux pour sauver ZOE, la maison d’édition que je dirige. Comment faire quand les librairies ont fermé et qu’elles nous apportaient 80% de nos revenus?

Ce matin, je vous parle des projets que j’avais en cours, et de la résistance des librairies qui livrent leurs clients à pied ou en vélo pour échapper aux griffes d’Amazon et aux affres de la poste. Si vous voulez que l’édition romande survive, commandez-nous des livres!

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Caroline Coutau à Genève
27.03.2020

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Les infos qui comptent pour moi

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Une caisse de supermarché à Ville d’Avray, près de Paris (AP Photo/Bertrand Combaldieu

Dans toute la France, les caissières en première ligne. Un magnifique reportage sur la France des caissières à l’ère du virus, «les invisibles, les discrètes, les modestes. Les fragiles souvent. Celles qui se perdent dans le décor».

Le Monde (FR)

L’expérience palestinienne du confinement. Survivre au confinement, les Palestiniens ont une certaines expérience qu’ils rappellent avec une discrète ironie.

Haaretz (EN)

Le cas allemand de faible mortalité. Plein de casse-tête grisants pour les statisticiens, par exemple pourquoi en Allemagne il y a plus de contaminés mais moins de mortalité?

Le Monde (FR)

3320 francs au maximum pour les entrepreneurs. Une tribune dans Le Temps parle des petits entrepreneurs, brève minute de réconfort: «l’entrepreneur, à qui incombent tout le poids et la responsabilité, sera dédommagé moins qu’un travailleur non qualifié de son entreprise. Si l’on considère qu’un entrepreneur travaille souvent entre 50 et 60 heures par semaine, un gain assuré «forfaitaire» de maximum 3320 francs devient presque risible».

Le Temps (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar

Arrêt brutal, ventes au point mort. Depuis mardi 17 mars, début de la fermeture des librairies, c’est l’arrêt, plus radicalement encore depuis le 21 mars puisque les principaux sites de vente en ligne et les distributeurs de Suisse, France et Belgique ont dû stopper leurs activités. Arrêt brutal, ventes au point mort. En avril et mai, ce sera même négatif. Car les retours vont affluer – dans le jargon du métier, ce sont les livres que les libraires ne vendent pas et qui nous sont renvoyés avec facture. Difficile hier de faire trois pas en ligne droite dans notre entrepôt tant les cartons et palettes des retours sont nombreux.

La Liberté (FR)

Solitude épaisse, implacable. On est très organique dans la famille du livre: si les uns vont mal, les autres aussi. Nos marges sont modestes, nos salaires également. Une crise comme celle-ci peut donc être fatale pour le livre. Chez ZOE, nous versons 7 salaires et avons environ CHF 100 000 de factures chaque mois. Nos revenus, ce sont à 80% les ventes en librairie, et 20% de subventions et de soutiens. Grand moment de solitude donc, solitude épaisse, implacable. Ne pas laisser le temps à la nuit de Sonia Molinari, notre thriller scientifique sorti le 5 mars, a beau enthousiasmer libraires et critiques, 7e sur les ventes Payot, ça s’est arrêté.

Editions ZOE (livre de Sonia Molinari) (FR)

Vous pouvez continuer d’acheter des livres! Tous les livres sont accessibles via les librairies présentes sur la page ci-dessous. Vous pouvez également vous mettre aux e-books, vous verrez, c’est bien: e-readers pour la Suisse et eden livres si vous êtes en France ou en Belgique. Pour toutes questions et demandes: écrivez-nous! Nous traitons les commandes pour les libraires qui restent ouvertes en ligne, dans la mesure des stocks disponibles, des transports opérationnels et dans les limites des décisions prises par le Conseil d’Etat, susceptibles de changer chaque jour.

Les libraires de Suisse romande résistent! (FR)

La beauté du vide n’est plus de mise. Si souvent j’appelle de mes vœux un ralentissement, moins de mails, moins de téléphones, moins de sollicitations, et même moins de livres pour pouvoir mieux travailler, aujourd’hui je ne sais plus si ces vœux, il ne faut pas les craindre comme… la peste. En tout cas, pour l’heure, les grandes phrases philosophiques de mes amis sur le vide sonnent un peu bizarres à mes oreilles de directrice de PME. Sur ces sujets, lisez les bonnes feuilles de l’écrivain italien Paolo Giordano!

Le Monde (Paolo Giordano) (FR)
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Mes raisons d’espérer

L’humour et la créativité des confinés. L’humour et la créativité des gens sur les réseaux sociaux me font garder espoir. L’espiègle Gabriella Zalapi m’envoie au compte-goutte images et mini-vidéos. Elle est l’auteure du bouleversant Antonia. Journal 1965-1966, deux ans dans la vie d’une femme. Il y a l’Italien tout joyeux à la perspective de descendre la poubelle, la réponse de BeeGees à la question What is your plan this summer (stayin’ alive). Et pour les parents (ces héros confinés avec leurs enfants) je ne résiste pas à cette image du chien qui n’en peut plus de se promener…

YouTube (IT)
Mes raisons d’espérer

Des clubs de lecture pour supporter le huis-clos. Le moment où jamais de mettre en valeur les clubs de lecture: «On dispose de temps pour s’écouter et la nuance a toute sa place. Il arrive même que les gens changent d’avis.» Les «book clubs» s’adaptent à la crise sanitaire. Ils proposent à leurs membres de partager leur coup de cœur et de continuer à échanger grâce aux réseaux sociaux et sites de conférence en ligne.

Le Monde (FR)

Dans mon labo (ou mes cartons)

Un feuilleton littéraire visionnaire. Je suis la voisine de Heidi.news au chemin de la Mousse de Chêne-Bourg: les bureaux des éditions ZOE sont à 15m au sud du magnifique open space industriel de Heidi.news, aujourd’hui désert (tout le monde est confiné chez soi) et à 10m des éditions Médecine & Hygiène, notre propriétaire commun. Ensemble, nous avons produit l’été dernier la 2e saison du feuilleton littéraire Stand-by, qui s’avère visionnaire: il décrit un monde à genoux où tout doit se réinventer suite à des bouleversements planétaires climatiques et économiques.

Heidi.news (Stand-By) (FR)

Calendrier bouleversé. Je mets pourtant une partie de mon cerveau en mode déni pour organiser la suite: on déplace à octobre les titres à paraître en avril et mai. On reporte octobre au premier trimestre 2021 et on fonce pour préparer la rentrée littéraire du mois d’août, enjeu crucial pour nous. Ce matin, j’enverrai des services de presse (numériques, ils l‘acceptent, désormais) aux organisateurs de festivals pour que mes auteurs soient lus et invités. Je relis une 3e version d’un texte prévu en avril 2021, sans plus rien savoir du calendrier…

Les Edtions ZOE (FR)

Demandes de soutien fédéral et cantonal. Nous, les professionnels de la branche du livre, sommes en train d’envoyer des demandes de soutien aux autorités fédérales et cantonales, après avoir recueilli les besoins urgents de chacun. Il reste plusieurs points à accorder, notamment en raison des différences d’approche côtés alémanique et romand, mais il est certain que nombre d’entre nous risquent la survie de leur activité avec cette crise. Voici le texte qui fait la synthèse des pertes, des réactions, et demandes des éditeurs et libraires membres de Livre Suisse.

Livre Suisse sur la crise du coronavirus (PDF) (FR)

Le caractère paradoxal de la vie recluse. L’Enfant Lézard de Vincenzo Todisco: voilà un livre magnifique que je dois décaler, malgré son actualité… Un enfant doit apprendre, entre le début des années 60 et le milieu des années 70, à vivre cloîtré, caché par ses parents italiens, exilés économiques dans «le pays d’accueil». Pas de contact avec les autres enfants, pas d’école, pas de foot. Il apprend les règles de l’invisibilité. Il devient une créature furtive, capable de ramper sous les meubles, se faufiler dans l’armoire de la chambre du fond. Un roman qui dit le caractère immobilisé et paradoxal de la vie recluse. Vous pouvez me signaler votre intérêt, on le livrera dès que possible.

Editions ZOE (L’Enfant Lézard) (FR)

Pendant ce temps sur Heidi.news

L’Amérique, victime de l’incompétence du monde? Vraiment? Alors même que la crise sanitaire ne fait que commencer aux Etats-Unis, le président et ses proches n’épargnent aucun effort pour limiter les dégâts d’image. Tribune au vitriol de notre correspondant à Boston.

Heidi.news (FR)

Un tiers des entreprises suisses envisagent des licenciements. Economiesuisse relève de très fortes inquiétudes sur l’avenir de l’économie suite à un sondage effectué du 19 au 23 mars et auquel ont répondu 84 de ses membres (entreprises et associations sectorielles). Un tiers et bientôt la moitié des entreprises éprouvent des problèmes de liquidités après avoir perdu un tiers de leur chiffre d’affaires en moyenne. 30% envisagent des licenciements et les deux-tiers le recours au chômage partiel.

Heidi.news (FR)

Un hackathon géant pour préparer l’après coronavirus en Suisse. Face à l’ampleur des dégâts non seulement sanitaires mais aussi économiques et probablement sociaux déclenchés par la pandémie et les mesures pour y faire face, chacun comprend qu’il faut imaginer de nouvelles solutions pour assurer une forme de continuité de la société.

Heidi.news (FR)

Les employés peuvent-ils exiger d’effectuer du télétravail? La crise du coronavirus met de nombreuses entreprises et salariés en grande difficulté. Des mesures de soutien ont été décidées et connaître ses droits est plus important que jamais. Heidi.news crée un nouvel espace de questions-réponses juridiques, en partenariat avec l’étude d’avocats SIGMA LEGAL (Genève et Lausanne). Posez-vos questions à l’adresse redaction@heidi.news

Heidi.news (FR)

Ça pourrait vous étonner

Le confinement, une affaire culturelle. Nous, ça ne nous étonne pas beaucoup, mais j’essayais d’expliquer au téléphone l’autre jour à mes attachées de librairies et de presse pourquoi nous n’étions pas aussi confinés qu’elles à Paris. Le Temps y arrive mieux que moi…

Le Temps (FR)

En Suisse sous corona, le capital n’a rien à craindre, l’homme si. Pas si étonnant, le grand Lukas Bärfuss critique durement la Suisse dans sa gestion de la crise… Pour lui, notre pays où tout fonctionne parfaitement était absolument pas préparé à une réalité où rien du tout ne fonctionne.

Der Spiegel (DE)

Caroline Coutau, bio-express. Après un master de lettres en littérature française, Caroline Coutau est assistante de sémiologie à l’université de Genève, critique de danse contemporaine, commissaire à la Villa Bernasconi (performances, art contemporain, musique, littérature). Elle vit une année à New York, une autre à Madrid et deux ans à Jérusalem. Ces séjours à l’étranger sont déterminants. La lecture et les voyages la forment autant que les études littéraires.

Elle rencontre l’édition à son retour de Jérusalem en 2003. Elle a foi en la littérature pour penser le monde. Elle apprend le métier aux éditions Labor et Fides puis aux éditions Noir sur blanc. Elle entre aux éditions Zoé en 2008 et y travaille davantage avec les auteurs, pour les aider à aller plus loin dans leurs textes, à trouver et creuser leurs particularités, à avoir confiance en eux, à oser. Elle en devient la directrice en 2011. Elle préside aussi Livre Suisse, association romande des libraires, éditeurs et diffuseurs depuis 2019.

Heidi-sorry! Nous avons écrit hier par erreur dans le Point du jour, pour résumer le reportage sur les troupes de l’armée suisse en renfort à l’hôpital Pourtalès de Neuchâtel, qu’elles avaient pour mission de soutenir les soignants dans les unités Covid-19. C’est une erreur: ces troupes ont pour mission de soutenir les soignants dans les unités de soins (pas dans les unités Covid-19). Désolé pour cela!

Heidi-sorry 2 (décidément!) Dans notre newsletter Le Point Coronavirus de hier soir, nous avons écrit: «Le propofol, un produit anesthésiant utilisé lorsqu’il faut entuber un patient, pourrait venir à manquer si l’hôpital est débordé.» Il fallait évidemment comprendre «intuber»…

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