Bonjour, c’est Florent à Kyiv, où il neige en plein avril, poussant un collègue à crier «Greta Thunberg! Où es-tu?» dans le bureau.
Au menu du jour: ballet diplomatique autour d’un Gaza en souffrance, droits de douane exorbitants pour la Chine et du répit avec un aquarium sur le front de l’Est. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Trump accueille Netanyahu le 7 avril à la Maison-Blanche. Kevin Dietsch/Getty Images
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Le monde bouge autour de Gaza.
Hier, Benyamin Netanyahou était à Washington pour convaincre le président américain de revoir ses 17% de taxes de douanes. L’occasion aussi de parler du projet de déportation des gazaouis, suivant une idée de Donald Trump. Le même jour, ce dernier a reçu un appel d’Emmanuel Macron et de ses homologues égyptien et jordanien, qui ont expliqué s’opposer «fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza», ainsi qu’à l’implication du Hamas dans la gouvernance du territoire palestinien. Pour finir, l’ONU a communiqué que 400’000 personnes auraient fui Gaza depuis la fin du cessez-le-feu.
Washington Post (EN)
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La guerre commerciale s’emballe entre la Pékin et Washington.
Donald Trump a menacé d’alourdir de 50% additionnels les droits de douane américains sur les produits chinois, si Pékin maintient sa riposte. Les taxes américaines pourraient ainsi atteindre 104%, selon la Maison-Blanche. Il a ajouté sur Truth Social qu’il ne donnerait pas suite aux demandes d’entretien des responsables chinois. De son côté, le Mexique a déclaré ne pas exclure une augmentation des droits contre les Etats-Unis.
BBC (EN)
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Israël prétendait avoir tué des terroristes, il s’agissait de secouristes.
Hier, le Croissant-Rouge a réclamé une enquête internationale après la mort de quinze sauveteurs palestiniens, tués le 23 mars par des tirs israéliens à Rafah. Tsahal avait évoqué des «terroristes», mais une vidéo filmée par une caméra embarquée montre des ambulances identifiables et des secouristes en habits réfléchissants, comme l’exige le protocole. Selon le président du Croissant-Rouge palestinien, les victimes ont été «visées en haut du corps» avec l’intention «de les tuer». Les soldats israéliens auraient ensuite cherché à cacher les dépouilles. Dans la foulée, le chef d’état-major israélien a ordonné une enquête approfondie.
Radio France Internationale (FR)
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Il est temps de raconter le monde
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🌄 Précommande: Trail, la montagne en courant - deuxième édition.
Et si courir en montagne était une façon de retrouver le souffle de l’aventure dans nos vies routinières? Dans cette nouvelle édition augmentée, Charlie Buffet et Sophie Guignard racontent le trail comme une traversée intime: celle du corps qui vit le martyre tandis que l’âme se libère, celle des paysages qui défilent et des certitudes qui tombent.
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Dans mon radar aujourd'hui
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Fin du procès de Nicolas Sarzoky dans le dossier libyen.
Aujourd’hui marque le dernier épisode d’un roman-fleuve judiciaire hors normes qui agite la France depuis une décennie: celui de l’ancien président français, accusé d’avoir été corrompu par Mouammar Kadhafi. Si le sujet peut sembler très franco-français, ce qui m’intéresse, c’est la plaidoirie de l’accusé. Avec l’affaire de l’inéligibilité de Marine Le Pen, condamnée la semaine dernière, Nicolas Sarkozy, qui risque jusqu’à sept ans de prison ferme, pourrait bien surfer la même vague en dénonçant un procès politique. Cela marquerait un nouveau tournant de notre siècle, où les dirigeants n’hésitent plus à fustiger la justice. De quoi affaiblir encore plus un état de droit déjà fragilisé, avec Donald Trump au pouvoir et la montée du totalitarisme un peu partout dans le monde.
Le Parisien (FR)
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Ca m'est arrivé cette semaine
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Je ne pige strictement rien à la bourse.
Rien de rien. Pas faute d’avoir un oncle trader suédois et de lui avoir demandé, un jour, de m’expliquer tout ça. La seule chose que j’ai retenue, c’est qu’il existe deux animaux qui représentent l’art délicat de spéculer sur la thune des autres: le taureau, téméraire, qui fonce et qui achète, et l’ours, prudent, qui vend.
Ces deux animaux, dont les représentations tapissent les murs de la maison de mon oncle, sont l’allégorie d’un Wall Street qui déborde de testostérone, un idéal de la masculinité toxique. D’ailleurs, pour la prudence, on aurait pu préférer au plantigrade le bernard-l’hermite et sa coquille, mais j’imagine qu’il n’était pas assez couillu pour nos amis traders.
C’est donc fort de cette connaissance de première main que je tente de disséquer ce qu’il se passe en ce moment, alors que Donald Trump, insensible aux fluctuations du Dow Jones, ne se départit pas de ses de droits de douane. Devant mon écran, je fais défiler les courbes, les indices, les chiffres, les pourcentages… un cauchemar pour moi, qui ai obtenu mon baccalauréat scientifique (équivalent de la maturité en Suisse) avec 02/20 en maths.
Je lis et relis les papiers de boursicotage, j’apprends des expressions comme baissier, indice de volatilité, découvre que les investisseurs peuvent être stressés et chercher des refuges - désolé, mais c’est le bernard-l’hermite qui s’impose ici encore.
Bref. Exit la guerre en Ukraine et le lexique des bombes en tout genre. Exit les cours de théorique balistique pour comprendre comment fonctionne une arme à sous-munition ou une tête thermobarique à surpression. Non, aujourd’hui, les regards sont ailleurs, grâce à Donald Trump.
Alors que les marchés s’affolent et que le krach boursier commence à pointer son nez, il faut apprendre à comprendre les enjeux du jour, même s’ils me paraissent, finalement, assez anecdotiques. Ironique, quand mon métier consistait, jusqu’alors, à compter et à photographier des morts bien réels, eux.
Pourquoi alors s’y intéresser, demandez-vous? Parce que ces fluctuations pourraient bien signer la fin de Vladimir Poutine, si le prix du pétrole, première manne de la Russie, s’effondre. On peut même spéculer que ce contexte pourrait ramener la paix en Ukraine, qui sait… Car, quand il s’agit d’oseille, l’homme est prêt à tout, et même à arrêter de s’entretuer.
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Un vendeur de rue prépare des articles à vendre sur un marché aux puces alors que de la fumée s’élève au loin après une attaque de missiles russes, à Kiev le 6 avril 2025. Roman PILIPEY/AFP
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La Russie continue de se défiler sur la question d’un cessez-le-feu.
Malgré la pression que Donald Trump entend mettre sur Vladimir Poutine pour le forcer à signer une trêve, le Kremlin a de nouveau joué la fine bouche hier. Selon son porte-parole, Dmitri Peskov, «toute une série de questions» restent à régler avant de conclure un accord de cessez-le-feu avec Kyiv, comme son «incapacité» à «contrôler plusieurs groupes extrémistes» et «les projets de militarisation ultérieure» de l’Ukraine. Une rengaine déjà entendue avant l’invasion du pays par Moscou, il y a plus de trois ans. La Russie joue ainsi la montre, sans grande réaction de la part du locataire de la Maison-Blanche.
The Moscow Times (EN)
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Et si Kyiv cherchait à faire un nouveau «Koursk»?
Souvenez-vous: le 6 août dernier, on découvrait médusés que l’Ukraine, pourtant en peine sur le front de l’Est, avait pénétré la Russie par Koursk. Cette attaque-surprise avait pris de court le Kremlin, qui avait dû dépêcher ses forces rapidement pour juguler la progression ukrainienne. Si les rumeurs à ce propos allaient bon train depuis un moment déjà, hier, pour la première fois, le président Volodymyr Zelensky a confirmé la présence de ses troupes dans la région russe de Bolgorod. Pour l’instant, Kyiv parle d’une manœuvre de «protection». Loin d’être anodine, cette incursion pourrait avoir pour objectif de donner un atout à Kyiv dans de possibles négociations.
Reuters (EN)
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L’oeil de Moscou voit sous l’eau.
Dimanche dernier, la marine britannique disait avoir repéré des capteurs russes dans ses mers, probablement pour espionner les sous-marins nucléaires de la Royal Navy, selon les révélations du Sunday Times. Certains étaient échoués sur la côte, d’autres planqués près des câbles sous-marins. Cette surveillance de sites stratégiques, comme les champs gaziers ou les parcs éoliens, laisse craindre à Londres une attaque sur son réseau énergétique. En janvier, un navire russe signalé dans la Manche, le Yantar, était déjà soupçonné d’espionnage ou de sabotage. Cette guerre de l’ombre a poussé six pays européens, dont le Royaume-Uni, à signer un pacte de sécurité pour contrer la menace.
France Info (FR)
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Sur le front ukrainien, tenter de vivre une vie normale.
Cette fois-ci, c’est votre serviteur qui signe cette raison d’espérer. Elle vient de Kramatorsk, à une vingtaine de kilomètres du front de l’Est. Là-bas, j’ai eu la chance de croiser un aquarium. Roman et Iryna, les propriétaires, y font vivre leurs 200 poissons. Le temps d’une visite, ils offrent une pause psychologique aux enfants et aux soldats encore présents dans cette ville quotidiennement bombardée. «Ici, la guerre n’existe plus», disait Roman en nourrissant ses protégés. Moi-même, j’ai pu, le temps d’un reportage, me laisser bercer par la musique douce et la lumière tamisée, au rythme des raies et des poissons-clowns, oubliant les bombes russes qui ont failli atomiser notre voiture le jour d’avant. «Cet article, on dirait un peu une plante qui pousse au milieu du béton», m’avait glissé ma cheffe de bureau ukrainienne.
The Economic Times avec AFP (FR)
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Votre correspondant
Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine, d’où je regarde le monde se déliter.
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