Bonjour, c’est Barbara à Lausanne, où je viens de prendre la direction de la Fondation Terre des hommes, dédiée à la protection de l’enfance à travers le monde. Je reprends la barre en pleine tempête, après une année 2019 difficile pour notre ONG.

Se découvrir un déficit de 15 millions par rapport à l’année précédente et vivre le départ de près du tiers de nos collaborateur·rices de Lausanne ont laissé des traces importantes dans le moral de chacun·e. De nombreux défis restent, mais je fais confiance à notre capacité de réaction et à notre passion pour notre mission, la protection des enfants.

photo journaliste

Barbara Hintermann à Lausanne
08.07.2020

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Les infos qui comptent pour moi

L’important, ce sont les infos qui montrent des solutions, des impacts, les récits de réussite. Des infos qui me stimulent positivement et qui m’inspirent et qui me donnent de l’espoir pour un avenir durable. Ce sont des informations sur des initiatives relevant de personnes ordinaires, sur des initiatives qui émergent avec peu de ressources mais qui montrent que les petits pas sont aussi importants que les grands. Des initiatives humbles menées avec une certaine modestie. Hier matin la correspondante de Heidi.news à Tel-Aviv, Salomé Parent, présentait l’association Adézia, rassemblement de femmes bien décidées à régler les conflits entre les communautés de leur village. Cela me parle personnellement. Si je crois en une chose (en plus de la nouvelle génération), c’est que les femmes peuvent contribuer fortement à la construction de la paix. Cet exemple le montre parfaitement. Malheureusement, elles sont souvent exclues de la table des négociations dans les processus de recherche de la paix. Les sujets directement liés aux femmes, par exemple la violence envers elles, ne sont pas suffisamment représentés dans les accords de paix en général. Ce n’est qu’une hypothèse de ma part mais si les femmes étaient invitées à participer à la table des négociations, on trouverait probablement des accords de paix plus durables.

Le Monde Afrique (FR)

Enfin la task force se penche sur les boites de nuit. J’ai appris avec beaucoup de soulagement que la Suisse allait enfin rendre obligatoire le port des masques dans les transports en commun pour tenter d’endiguer une nouvelle vague de Covid-19. Mais jusqu’au week-end dernier, rien n’était fait en parallèle pour les boites de nuit et autres clubs fortement fréquentés. C’est pourtant dans ce genre d’environnement clos, où la promiscuité est inévitable, que le risque de transmission est le plus élevé. Les exemples récents à travers le pays illustrent malheureusement bien cela. Heureusement, la task force a pris ses responsabilités en déconseillant fortement ces lieux.

L’avis de la task force (FR)

Il est temps de raconter le monde

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📵 Razzia sur nos data. Nos données personnelles sont recueillies chaque jour par Facebook ou Google, mais aussi par des entreprises qui sont beaucoup plus proches de nous, comme Coop, Migros, la Poste ou les CFF. Que font ces sociétés de cette montagne d’informations? Où ces données sont-elles stockées? Jusqu’où peut aller cette curiosité pour nos comportements? Heidi.news a mené l’enquête.

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Dans mon radar

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Terre des hommes

La nouvelle génération est au centre de mon attention. Je la sens plus engagée, plus consciente des problèmes de nos sociétés. Evidemment, on pense tout de suite aux fortes manifestations pour le climat, qui se multiplient depuis maintenant presque 2 ans. Mais les jeunes sont également fortement présents sur de nombreux autres fronts. J’ai eu l’occasion de participer à deux grèves féministes du 14 juin: celle de 1991 puis, avec ma fille, à celle de 2019. Je fus frappée d’observer une part de jeunes bien plus grande en 2019. Tout cela me donne un bel espoir pour le futur.

J’ai néanmoins peur pour eux et elles. La crise du Covid-19 a lourdement touché 1,5 milliards d’enfants à travers le monde. Je crains de voir une génération entièrement sacrifiée et de voir les droits de l’enfant régresser de 10 ans. De nombreux risques planent sur eux et elles. La malnutrition est le plus dur d’entre eux, lié à la situation de précarité dans laquelle se retrouvent de nombreux parents et les ruptures dans l’approvisionnement de la nourriture. La fermeture des écoles, qui garantissaient à beaucoup d’enfants d’avoir au moins un repas équilibré par jour, a exacerbé ce risque. Nous avons également constaté une croissance alarmante du travail des enfants pour compenser les pertes financières de la famille. J’ai peur qu’on ne mette là le doigt dans un engrenage dangereux et que ces enfants, une fois le Covid-19 passé, continuent à travailler et ne soient pas renvoyés à l’école.

Le problème, c’est qu’on ne les écoute pas assez. Surtout, on ne les fait pas suffisamment participer aux décisions qui les concernent. On oublie trop qu’il s’agit de leur avenir, et plus du nôtre. C’est notamment le cas avec le Covid-19. Nous avons mis en place, en collaboration avec d’autres organisations et les Nations-Unies, l’initiative CovidUnder19 pour leur permettre de s’exprimer sur leur vécu de la crise et les solutions qu’ils ou elles imaginent pour en sortir. Cette initiative est basée sur un sondage que l’on diffuse le plus massivement possible, lui-même mis en place grâce à la collaboration de 270 enfants, issus de 26 pays différents.

Initiative #CovidUnder19 (FR)
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Fablab de Terre des hommes en Grèce | Tatjana Aebli/Terre des hommes

Ma raison d'espérer

La solidarité globale qui émerge de la pandémie de Covid-19 peut aboutir à de belles solutions. Partout dans le monde, les fablabs, ces ateliers ouverts à tous, ont tourné à plein régime. Ce fut notamment le cas en Suisse mais également au Burkina Faso où Terre des hommes a mis en place de telles innovations. Destinés à la formation digitale, ces laboratoires de fabrication en 3D encouragent les initiatives et motivent les jeunes dans les pays où l’accès aux technologies reste limité.

Dans mon labo d'innovation humanitaire

Développer l’esprit d’innovation est capital dans une organisation humanitaire. C’est grâce à elle que nous pouvons élaborer des solutions face aux défis que nous rencontrons.

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Gravit’eau

Gravit’eau est un projet de station de lavage des mains. Son recyclage automatique de l’eau par filtrage permet d’économiser 1000 litres d’eau par jour. Développé par l’association du même nom, il a pour but de faciliter l’accès à une eau propre là où elle n’est pas ou peu disponible afin d’améliorer les conditions d’hygiène de base. Terre des hommes s’est associée à Gravit’eau pour installer ces lavabos dans un camp de déplacés au Nigéria, où les enfants ont été poussés de chez eux par les conflits avec les Boko Haram. En temps de Covid, 400 enfants peuvent ainsi avoir accès à une bonne hygiène des mains. Au final, c’est grâce à de petits pas de ce genre que nous parvenons à faire avancer des situations parfois difficiles.

Gravit’eau au Nigéria (EN)

IeDA (Integrated e-Diagnosis Approach) est un de nos projets les plus innovants. Nous avons numérisé le protocole médical de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant de l’OMS et nous l’avons mis à disposition sur une simple tablette. Mobile et interactive, elle permet au personnel des centres de santé de diagnostiquer des maladies pouvant être mortelles sur des enfants de moins de cinq ans. Développé en collaboration avec les Ministères de la Santé du Burkina Faso, du Mali et du Niger, cet outil numérique donne également accès à des formations continues à distance. Grâce à l’intelligence artificielle, la remontée rapide des statistiques locales et nationales permet de repérer le plus tôt possible le développement de foyers épidémiques. C’est un projet important auquel se sont associées de nombreuses institutions et fondations allant de l’EPFL à la prestigieuse école d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, en passant par les Hôpitaux Universitaires de Genève. 2,8 millions d’enfants ont été soignés grâce à cette technologie depuis son lancement en 2014. Il y a actuellement plus de 200’000 consultations d’enfants chaque mois menées avec cette technologie en Afrique de l’Ouest.

Le projet Ieda (FR)

Sur Heidi.news aujourd’hui

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Martial Trezzini/Keystone

Jeu de dupes à Genève autour des pistes cyclables. La bataille autour des nouvelles pistes cyclables de Genève s’enlise, avec au centre de l’argumentaire des anti-vélos, l’idée que pénaliser l’automobile nuirait trop à l’économie. Décryptage et analyse.

Heidi.news (FR)

Les Suisses restent stressés malgré les assouplissements La sortie progressive du semi-confinement a fait baisser l’anxiété des Suisses, sans pour autant la faire disparaître.

Heidi.news (FR)

Incyte se profile en locomotive des biotechnologies romandes. Après une usine à 100 millions de francs à Yverdon-les-bains, la firme bio pharmaceutique américaine continue son implantation helvétique avec l’ouverture de son siège européen à Morges et l’ambition de devenir une nouvelle locomotive pour tout le secteur en Suisse Romande.

Heidi.news (FR)

L’industrie du billet se rebelle contre le déclin annoncé du cash. Le lobby du billet en est persuadé: le déclin annoncé du cash pourrait n’être qu’un grand malentendu.

Heidi.news (FR)

Bolsonaro infecté et cas stables en Suisse. Les grandes étapes de la pandémie, ici et dans le monde. Mis à jour quotidiennement.

Heidi.news (FR)

Ce qui m'a étonnée

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Harish Tyagi/EPA

La révolution des toilettes a été une révélation pour moi, qui suis pourtant une habituée de ce problème. Lors d’une conférence donnée à l’occasion de la journée mondiale des toilettes en novembre dernier à Genève, ma curiosité pour ce sujet s’est vraiment réveillée. Comment l’Inde a-t-elle pu mettre autant d’argent dans une solution, à saluer à première vue, mais sans concertation avec la population concernée et sans prendre en compte la réalité du terrain, ni le fait que le modèle choisi n’était pas adaptée aux femmes et aux enfants? Le Swiss Press Award reçu dernièrement par l’auteur de cette Exploration sur Heidi.news, Arnaud Robert, est amplement mérité.

Swiss Press Award pour Arnaud Robert et Heidi.news (FR)

Barbara Hintermann, bio express. Depuis janvier de cette année, Barbara est la nouvelle directrice générale de la Fondation Terres des hommes, basée à Lausanne. Son implication dans les causes humanitaires, depuis près de 30 ans, l’aura également faite passer par l’Unicef et en grande partie par le Comité International de la Croix-Rouge, notamment en faisant des missions au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique Latine.

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