Bonjour, c’est Serge à Genève, où les nouvelles sont sombres. Les bus ne roulent en moyenne qu’à 7,2 km/h, les eaux du lac se réchauffent inexorablement et les jeunes UDC s’opposent à la venue de l’Eurovision à Palexpo.
Alors ce matin, je vous invite à prendre le large, comme ces Suisses que l’on dit sédentaires et qui, en vérité, arpentent les routes du monde.
Remontons le temps (jusqu’aux années 60) et changeons de continent (direction le Chili). Partons sur les traces de la grande musicienne Violeta Parra et de son amant genevois Gilbert Favre. Premier épisode d’une balade dans les Andes.
Je vous donne aussi quelques nouvelles de mes aventures immobilières en Ukraine, d’où je viens de rentrer. |
L'échappée belle du postier de Carouge
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Gilbert Favre en prison à La Paz, en novembre 1966
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Qu’est-ce qui jette sur la route les Suisses,
ces êtres que l’on dit raisonnables, industrieux, prospères et voués à l’épargne? Je ne parle pas des vacances même si j’espère, chères lectrices, chers lecteurs, que les vôtres ont été délicieuses. Je parle des voyages hasardeux, dont on ne connaît ni les circonstances ni la date du retour, d’un nomadisme aventureux auquel ont cédé nombre de nos compatriotes.
Je me souviens d’une conférence donnée par Nicolas Bouvier au Musée de la Croix-Rouge à Genève, quelques années avant sa mort en 1998. Elle portait justement sur ce paradoxe: les Suisses ont la réputation d’être sédentaires alors qu’ils n’ont cessé d’aller et venir. Comme mercenaires, commerçants, pèlerins, précepteurs, gouvernantes, cuisiniers, colporteurs, artisans, architectes ou chercheurs de fortune au nouveau monde. Son intervention au musée accompagnait la sortie de son livre L’Echappée belle (éd. Metropolis, 1996) dont le premier texte s’intitule «Eloge de la Suisse nomade».
Claustrophobie alpine
La clé du paradoxe? Nicolas Bouvier invoque la «fermentation sourde» des Suisses dans leurs vallées, qu’il s’agisse de «claustrophobie alpine» ou du syndrome «ce doit être encore mieux de l’autre côté». Il distingue deux périodes, à commencer par celle des aventures collectives comme le mercenariat – les paysans suisses quittaient leurs terres pour répandre le sang sur tous les champs de bataille européens, avant de retourner à leurs récoltes à date fixe.
Après Marignan et les limites imposées au mercenariat suisse, vient le temps du nomadisme individuel, pour lequel Nicolas Bouvier développe deux exemples. D’abord, le chevrier valaisan Thomas Platter, devenu un professeur renommé à Bâle après avoir parcouru toutes les routes d’Europe au début du 16e siècle. Puis son contemporain Paracelse, plus grande figure médicale de son temps, qui fit de même pendant près de vingt ans. L’auteur de L’Usage du monde en évoque beaucoup d’autres, d’Ella Maillard à Blaise Cendrars en passant par Jean-Jacques Rousseau, Francesco Borromini ou Le Corbusier…
Le courrier dans le Rhône
Ce sont là des noms prestigieux. L’improbable Helvète remuant que j’aimerais vous présenter maintenant est plus modeste, plus inattendu, non moins passionnant: Gilbert Favre, postier de Genève et musicien voyageur. Né en 1936, cinq ans après Bouvier, et mort la même année que lui, en 1998, ce drôle de gaillard a grandi dans la misère entre le Valais et Genève, où il quitte tôt de l’école pour multiplier les petits boulots. Charmant et charmeur, joueur de clarinette, il est l’amant de l’écrivaine et future prostituée militante Grisélidis Réal, qui manque heureusement son suicide quand il la quitte. Premier cœur brisé.
Devenu postier, Gilbert n’hésite pas à boire et, quand il en a marre, à lancer le courrier dans le Rhône. Il passe du temps en prison, pour défaut de paiement de ses impôts militaires, puis s’embarque pour le Chili avec le célèbre archéologue Jean-Christian Spähni, spécialiste des cultures andines. Il participe aux fouilles du désert d’Atacama, prend la poudre d’escampette, et séduit une chanteuse chilienne: Violeta Parra. Devenue une légende de la musique latine, aussi fantasque que son postier d’amant, celle-ci a ressuscité la musique folklorique chilienne. Aujourd’hui encore, sa voix a le don de tirer les larmes de n’importe quel amateur pas trop bouché.
Les fainéants
Gilbert ramène Violeta à Genève puis la suit à Santiago, la quitte quand elle manque à son tour son suicide (deuxième cœur brisé) et file en Bolivie. Et là, miracle! A son arrivée à La Paz, en 1966, il ouvre un café d’artistes, rassemble les meilleurs musiciens du pays et monte un ensemble, Los Jairas («les fainéants, en langue indienne aymara), qui enregistre sept disques en un an, tous des succès. Lui-même a troqué la clarinette pour la quena, une flûte andine, dont il devient vite le meilleur joueur au sud du détroit de Panama, surnommé El Gringo Bandolero. Un article de 1967 du Journal de Genève, intitulé «Un Valaisan flûtiste», salue la «fulgurante réussite» du petit postier de Genève. Quant à sa Violeta de chanteuse, elle connaîtra un destin encore plus grandiose – mais aussi plus funeste…
Ces deux-là, le Gringo de Genève et la Passionaria, sont le sujet d’une nouvelle Exploration, signée Eileen Hofer, dont nous démarrons la publication ce matin. Journaliste et cinéaste, ayant en tête à la fois un récit de voyage pour Heidi.news et une future bande dessinée, Eileen est partie dans les Andes, sur les traces de ces drôles d’oiseaux – de paradis. Une chose est sûre: leur talent est extraordinaire et leur aventure, peu commune, mérite d’être relatée.
Enfant, Nicolas Bouvier rongeait son frein. Les adultes le sermonnaient: «voyager n’est pas un métier». Il a donc cette formule: «grandir, puis déguerpir». Comme je vous crois déjà grands, je vous propose de déguerpir, au son de la flûte et de la guitare chilienne, sur les traces de Gilbert Favre et Violeta Parra.
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Gilbert Favre et Violeta Parra, à Genève en 1964. © Fundación Violeta Parra
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Merci la vie, avant la mort.
Où l’on découvre, ou redécouvre, l’épisode genevois de Violeta Parra et de son grand amour, le postier carougeois Gilbert Favre, mauvais mais charmant garçon qui fut aussi l’amant de l’écrivaine et prostituée Grisélidis Réal. Avant de s’envoler vers les Andes, notre journaliste plonge dans les archives de l’austère Journal de Genève pour comprendre l’enthousiasme suscité à l’époque par cette immense musicienne.
«Le Gringo de Genève et la Passionaria», épisode 1
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Mon deux pièces-cuisine en Ukraine, la suite
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Petit collage de fenêtres de Mykolaïv, clin d’œil à ceux de mes amis qui passent leurs vacances en Grèce, où les cartes postales de jolies fenêtres sont une véritable industrie. | SM, Heidi.news
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Au sud de l’Ukraine, la cité du vide.
Rien ne va pour mon appartement ukrainien, à 70 km du front, et je m’arme de patience face aux pesanteurs somme toute compréhensibles de la bureaucratie locale. Heureusement, les occupations ne manquent pas: chercher de l’eau potable, parcourir les musées et sillonner des rues à moitié désertes. Car la prospère Mykolaïv est devenue, à l’instar de bien des localités de l’Est et du Sud du pays, une cité du vide…
3e épisode (accès libre)
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Un appartement sur Google Maps.
J’aime l’Ukraine et je je parie sur son bel avenir, malgré l’invasion russe. Si bien que quand Raïssa, la dame à la retraite que nous avons accueillie durant deux ans à Genève comme réfugiée, a eu besoin de vendre son appartement de Mykolaïv, je n’ai pas hésité une seconde. Sur place, c’est un peu plus compliqué… Je suis venu signer l’achat et repeindre les murs, mais j’ai eu quelques surprises.
1er épisode (accès libre)
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La fabuleuse saga de l’insuline
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Novo Nordisk et Eli Lilly ont transformé la découverte de Banting en un gigantesque business.| Eli Lilly, courtoisie
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Avant le succès fulgurant de l’Ozempic et consorts,
un autre médicament a fait la fortune des laboratoires spécialisés dans le diabète comme Novo Nordisk et Eli Lilly: l’insuline. Cette hormone a généré un marché phénoménal depuis sa découverte en 1921. Elle est aussi à la source de bien des avancées ayant conduit à la révolution actuelle des analogues de GLP-1 contre l’obésité, objet de notre «Exploration Minceur sur ordonnance». Découvrez, en préambule, la saga du premier médicament blockbuster de l’histoire.
Exploration bonus, 3 épisodes
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Concours: le Livre sur les quais Cette année encore, le Livre sur les quais organise des croisières littéraires. Heidi.news est partenaire de l’événement et vous fait gagner 3 lots de deux places pour la croisière littéraire «Corps et cerveau: leurs petites musiques» avec André Manoukian et Albert Moukheiber, qui partira de Morges le samedi 31.08 à 14h45.
Nous serons présents lors de l’événement du 30 août au 1er septembre: n’hésitez pas à nous rendre visite sur notre stand!
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Quand la bulle de l’IA explose. En juillet, les valeurs technologiques ont perdu un milliard de dollars en valeur de marché – la fin d’une période de croissance spectaculaire initiée en 2022. Ce boom n’avait pas grand-chose à voir avec la valeur intrinsèque; il reposait en grande partie sur l’idée que l’IA était l’avenir. L’histoire se répète, comme dans le cas des radios dans les années 1920 et des startups de la bulle Internet de 2000. Chaque fois que cela se produit, les gens essaient de se rassurer en se disant que cette fois-ci est différente.
The New Statesman (accès libre) (EN)
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L’intelligence émergente des colonies de fourmis et les écologies de l’enchevêtrement. Les fourmis ont 140 millions d’années, c’est plus ancien que les dinosaures. Certaines cultivent des champignons, d’autres réduisent d’autres fourmis en esclavage, d’autres encore construisent des châteaux de feuilles morcelés avec de la bave de puceron, d’autres construisent des ponts à partir de leur propre corps, d’autres enfin assurent la sécurité des arbres en échange de nectar. Tout ce que les fourmis font, elles le font sans contrôle central – même si les fourmis individuelles sont muettes, presque aveugles et ne peuvent se souvenir de rien pendant plus de dix secondes.
Wild Information (accès libre) (EN)
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Les pluies intenses rechargent-elles les nappes? La végétation joue un rôle crucial dans la capacité des nappes à se recharger lors de précipitations intenses. Sur l’épisode de juin 2016, le blé qui est très développé à cette période de l’année consomme toute l’eau dans le sol, limitant ainsi fortement la recharge. À l’inverse, un sol maintenu nu ou des végétations encore peu développées comme à l’époque la betterave favorise l’infiltration des précipitations jusqu’à la nappe mais aussi le ruissellement, avec les coulées de boue associées.
The Conversation France (accès libre)
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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