Les infos que j'ai retenues pour vous

Lors d’une distribution de nourriture de la «Fondation humanitaire de Gaza» le 26 juin 2025, à Gaza | KEYSTONE / AP / ABDEL KAREEM HANA

La Suisse coupe les ponts avec la «Fondation humanitaire de Gaza». L’Autorité fédérale de surveillance des fondations a annoncé hier qu’elle va dissoudre l’antenne suisse de cette organisation, créée et soutenue par les Etats-Unis et Israël. La Fondation humanitaire de Gaza est largement critiquée pour ses méthodes d’attribution et procédés. Plusieurs dizaines de Gazaouis sont morts lors de ses distributions. Selon SwissInfo, l’organisation avait «été enregistrée en Suisse pour des raisons financières au début de l’année.»

Vers un feu vert du Hamas pour le cessez-le-feu à Gaza? Le Hamas a affirmé hier discuter des «propositions» des médiateurs qataris et égyptiens. La perspective d’un possible cessez-le-feu ne semble jamais avoir été aussi proche à Gaza. Sami vous le disait hier matin: Trump avait annoncé mardi qu’Israël avait accepté de finaliser les termes d’une trêve de 60 jours dans la bande.

Téhéran suspend sa coopération avec l’AIEA. Le président iranien a promulgué hier la loi votée fin juin par le Parlement pour geler sa collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Au sortir des douze jours de guerre avec Israël, l’Iran avait multiplié les accusations à son encontre, et dénoncé le «silence  de l’organisation face aux bombardements de ses sites nucléaires. C’est «un signal désastreux», a réagi Berlin, tandis qu’Israël a appelé le monde à «agir avec fermeté».

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

L’aide alimentaire aux réfugiés du Soudan va-t-elle s’arrêter? C’est un radar qui a une durée de deux mois: le responsable du Programme alimentaire mondial pour le Soudan, Shaun Hughes, a tiré hier la sonnette d’alarme: «Si aucun nouveau financement n’est obtenu, tous les réfugiés devront faire face à des réductions de l’aide dans les mois à venir». Dépendante de la manne de l’USAID, que le président Trump a décidé de fermer, l’agence onusienne du PAM était déjà «sévèrement sous-financée».

Les cigales et les fourmis. Les premières, c’est pour vous dire que j’ai posé pour les prochains mois mes valises à Marseille, la ville la plus africaine de France. Les secondes, c’est tous les copains sahéliens. Ceux qui galèrent, ceux qui croient qu’un jour viendra la justice et la liberté de choisir ses gouvernants, ceux qui font dans l’ombre un travail de fourmi pour survivre.

Cette semaine, j’ai parlé à trois de ces fourmis. Mais ils sont soit exposés politiquement (le premier), soit encore au pays (les deux suivants). On les appellera donc Albert, Jean et Marc.

Albert, journaliste malien exilé depuis qu’il a participé à un documentaire de BFM TV sur la crise malienne, au ton caustique envers les autorités militaires, à la terrasse d’un café parisien le week-end passé:

«Pour m’intimider, il y a un mois, ils sont venus saccager les bureaux de ma société de production à Bamako. Tout ça pour me viser moi, parce que je dis la vérité sur les réseaux sociaux…»

«Ils», ce sont les hommes du régime, dit-il.

Le second, Jean, ancien éleveur de poussins à Mopti, dans le centre du Mali, par note vocale sur WhatsApp:

«La semaine dernière, je me suis fait cambrioler, j’ai tout perdu, mon portable, mon ordinateur, mes affaires. Les affaires ne vont pas bien depuis deux ans, tu le sais, et là, c’est encore pire. Je ne sais plus comment faire pour ramener un peu d’argent à la maison…»

Son business de poussins (il les achetait, les faisait grandir, les engraissait et les revendait) marchait bien quand on s’est rencontrés. Et puis le coup d’Etat, la chute de la sécurité,la vie dans un pays en guerre: les poussins, plus personne n’en achète.

Le troisième, Marc, ex-agent de sécurité au Niger, par messages sur Facebook:

«C’est pas facile mon ami, il n’y a plus personne qui embauche des agents de sécurité au Niger maintenant, toutes les entreprises étrangères sont parties».

Il pouvait se définir comme garde du corps, policier spécial ou, tout simplement, «tu ne veux pas savoir». Mais la réalité de la vie de Marc, c’était de faire la sécurité pour des étrangers en visite au Niger, pour raisons de business principalement. Depuis le coup d’Etat, ces incursions sont devenues rares. Marc galère, mais il enchaîne les petits boulots. Un jour ça ira mieux, dit-il.

Mon labo africain

Image du documentaire diffusé sur Arte «Mali : La résistance contre Wagner». | Hikari Production

«La résistance». La journaliste française Anne-Fleur Lespiaut a réussi à se rendre dans le nord du Mali pour y filmer un camp de base des rebelles indépendantistes, que Bamako qualifie de terroristes. Sur Arte, ce long reportage exclusif — aucune presse n’avait accompagné la rébellion depuis la prise de pouvoir des militaires en 2020 — raconte aussi la convergence des luttes: pour se battre contre l’armée secondée par Wagner, des rebelles maliens ont été formés à la maîtrise des drones par des… Ukrainiens.

Attaques en série. Encore au Mali, cette fois dans le sud du pays, la nébuleuse Al-Qaïda a mené cette semaine une salve d’offensives simultanées contre sept villes différentes. C’est la «dernière escalade sécuritaire dans la région», selon le média mauritanien Sahara Médias. Les pays alentour s’inquiètent de la proximité de la menace: l’une des sept positions visées était un poste-frontière entre avec le Sénégal.

Vers la paix entre le Rwanda et le Congo? C’est en tout cas ce qu’a claironné le président américain Donald Trump, quand il a annoncé en grande pompe la signature d’un accord entre les deux pays, en conflit depuis plusieurs mois dans l’est de la RDC. Un groupe armé pro-Rwanda, secondé par des militaires rwandais, mais dont la présence reste niée par Kigali, a pris par la force plusieurs villes de la région frontalière du Kivu. Six jours après la signature, ça n’a beaucoup changé sur le terrain. Al-Jazeera titre: «Turning point or pointless turn?»

Heidi.news c'est...

L’écrivaine Sigríður Hagalín Björnsdóttir dans sa maison à Reykjavik | Alizée Gau, pour Heidi.news

L’Islande est-elle un paradis pour écrivains? En Islande, les récits sont partout: au fond des fjords, au pied des volcans, dans la tête de chaque habitant – qu’il soit libraire, chercheur, activiste ou fermier. Impossible de mettre un point final à cette Exploration sans se pencher sur ceux qui les créent, les colportent, les font vivre: les écrivains. Au pays des histoires, ceux qui vivent de leur plume sont-ils rois?

Une raison d'espérer

Kanye West en Australie, c’est non! Le visa de l’ancienne star du rap américain, qui vient de sortir un single appelé «Heil Hitler», a été annulé. «Promouvoir ce genre de nazisme, nous n’en avons pas besoin en Australie», a déclaré le ministre de l’immigration Tony Burke. Par contre, le 20 juillet, Kanye West doit donner un concert en Slovaquie qui, lui, ne souffre pas d’annulation. Cela changera peut-être: 3000 personnes ont signé une pétition contre sa venue.

Zohran Mamdani, candidat démocrate à la mairie de New York, en a encore pris plein la tronche hier par Donald Trump.

Et pour cause, il cumule les tares dans l’échelle trumpienne: il se revendique progressiste, musulman, et a déclaré qu’il empêcherait les agents des services de l’immigration (ICE) «d’expulser les voisins des États-Unis», en cas de victoire.

«En tant que président des États-Unis, je ne laisserai pas ce fou communiste détruire New York. Soyez assurés que je tiens tous les leviers et que j’ai toutes les cartes en main. Je sauverai la ville de New York et la rendrai à nouveau «hot» et «great», comme je l’ai fait pour les bons vieux États-Unis!»

Votre correspondant. Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad mais aussi à Marseille, un pas ici, un pas là-bas.