Les infos que j'ai retenues pour vous

Pete Hegseth, lors d’une prise de parole, hier mercredi à Bruxelles au siège de l’OTAN | KEYSTONE / AP / OMAR HAVANA

Pas de troupes américaines en Ukraine en cas d’accord de paix. Ce sera à l’Europe de fournir «l’écrasante» part de la future aide à l’Ukraine, a-t-il ajouté. Ce «il», c’est le chef du Pentagone Pete Hegseth, qui s’exprimait lors d’une réunion de l’OTAN hier à Bruxelles. Et d’ailleurs, la perspective ouverte par plusieurs pays européens, ces derniers mois, d’une adhésion ukrainienne à l’organisation atlantique n’est «pas réaliste», a-t-il dit, confirmant les volontés de Donald Trump concernant le retrait américain des conflits mondiaux.

Etats-Unis: l’inflation s’accélère, Trump accuse Biden. Les experts s’attendaient à un ralentissement en janvier, avec l’arrivée de Donald Trump aux affaires. L’inflation a finalement augmenté, passant de 2,9% en décembre à 3% en janvier. Dans la foulée, le nouveau président américain a posté sur son réseau social: «L’inflation de Biden est en hausse!». Sur son réseau social, Donald Trump avait également appelé la banque fédérale à baisser son taux d’intérêt. Mais celle-ci ne devrait pas se presser au vu de ces nouvelles données, selon plusieurs spécialistes.

Arménie: le parlement entérine une demande d’adhésion à l’Union européenne. Le texte, qui doit encore être étudié en deuxième lecture, illustre un tournant pro-européen dans l’histoire du petit pays du Caucase, traditionnellement allié de la Russie. Cela fait suite à un mouvement depuis plusieurs mois de rapprochement. En 2024, le pays avait adhéré à la Cour pénale internationale, malgré des avertissements russes. Il est donc tenu d’interpeller Vladimir Poutine s’il venait à se rendre à Erevan.

Il est temps de raconter le monde

🔎 Les Explorations de Heidi.news. Heidi.news, c’est des enquêtes et grands reportages. Découvrez nos Explorations De la dictature en Amérique, Dans la Syrie libérée, ou encore La vérité sur le vélo, et plongez-vous dans nos Revues imprimées.

Dans mon radar aujourd'hui

Le favori de l’élection pour être le prochain président de la Commission de l’Union africaine, Raila Odinga, en 2023 | KEYSTONE / EPA / DANIEL IRUNGU

Qui pour devenir président de la Commission de l’Union africaine? Il devrait être élu ce week-end à Addis-Abeba, en Ethiopie, par les chefs d’Etat africains. Ils devront en trouver un qui sache contrecarrer les pulsions bellicistes de certains de leurs homologues. Jusque là, l’UA n’a jamais vraiment pesé dans les conflits. Trois candidats se font face pour remplacer le Tchadien Moussa Faki Mahamat, parmi lesquels un favori, le Kenyan Raila Odinga. A 80 ans, il en a passé la moitié à s’opposer aux régimes successifs dans son pays et maîtrise les rouages de la politique politicienne. Face à lui, les anciens ministres des Affaires étrangères de Djibouti Mahamoud Ali Youssouf et de Madagascar Richard Randriamandrato.

Yambo Ouologuem, la blessure. Cette semaine, j’ai regardé un beau film à propos d’un grand homme. Une fois n’est pas coutume, je vous en fais la recension. Avez-vous déjà entendu parler de Yambo Ouloguem? Ecrivain malien du 20e siècle, héros puis paria, acclamé puis détesté, il a sombré dans les limbes de la littérature et du Mali.

Mon confrère et ami Kalidou Sy est parti il y a plusieurs années sur les traces de Yambo Ouloguem, et vient de sortir «Yambo Ouologuem, la blessure». Le documentaire est annoncé en sélection officielle du prochain Fespaco, le principal festival de cinéma du continent africain, qui se tient tous les deux ans à Ouagadougou, au Burkina Faso.

C’est l’histoire d’un homme brillant qui se rêve écrivain quand il grandit dans le centre du Mali. Fils d’un cadre de l’enseignement du Mali, alors colonie française, le petit Yambo est envoyé pour étudier dans l’Hexagone. En 1968, il publie le Devoir de violence, monument littéraire qui raconte la brutalité des empires précoloniaux, à une époque post-décolonisation où le mouvement intellectuel de la négritude a le vent en poupe.

Tollé en Afrique francophone, où le roman est conspué, mais acclamations en France, où l’auteur malien devient le premier Africain à recevoir le prix Renaudot. Cigarettes au bec, argent en poche, il passe de plateau en plateau et est quasiment adulé par tout le milieu littéraire. Jusqu’à ce que… il soit accusé de plagiat.

Le voilà désormais paria en France. Il parle lui d’intertextualité, c’est-à-dire reprendre des bouts de texte d’ici et là pour leur rendre hommage dans une nouvelle oeuvre. Le concept n’a pas encore été théorisé à l’époque, et le jeune prodige malien est jeté dans la fosse aux lions.

Il rentre au Mali, abandonne la littérature. Il a bien écrit quelques oeuvres ici et là durant ce petit temps, mais pas de roman de la trempe du Devoir de Violence. A noter tout de même, un pamphlet sorti en 1969, Lettre à la France nègre, où il harangue avec humour Charles de Gaulle sur le racisme français.

Kalidou Sy a eu le génie de faire appel à la voix de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, pour un roman dont l’histoire fait écho à celle de Yambo Ouologuem.

En sort un documentaire riche, que je ne peux que vous conseiller de regarder quand il sera disponible, certainement après la saison des festivals. Je vous le dirai à ce moment, pour sûr. En attendant, vous pouvez bien entendu aller commander Le Devoir de Violence. Promis, vous ne le regretterez pas!

Mon labo africain

Une manifestation pour réclamer la libération des «disparus», début janvier à Nairobi | KEYSTONE / EPA / DANIEL IRUNGU

La contestation persiste au Kenya. Je vous en ai déjà parlé ici à plusieurs reprises, il y a quelques mois: à cause d’une réforme sur les prix des denrées de base, le gouvernement kenyan avait, fin 2024, déclenché l’ire de sa population descendue dans la rue. Des mois plus tard, les jeunes de la «Gen Z» continuent de défier un pouvoir et la contestation s’est largement étendue. Au prix, raconte Afrique XXI, de nombreux meneurs qui disparaissent un soir, arrêtés par des hommes en tenue, et qu’on ne revoit jamais…

Faute de fonds, la presse ouest-africaine est à la dérive. Bamako Matin fait le bilan de l’état de la presse en Afrique de l’Ouest: désolant! Dans son édito, le journal malien parle d’une «presse en dérive qui sombre sans vergogne dans le chantage, la calomnie et l’amalgame», et tout cela, à cause du manque d’argent. «Comment peut-on objectivement exercer ce noble métier lorsque l’on n’y rentre que pour les besoins du ventre ou d’illusions perdues?», demande-t-il. De fait, de tous les journalistes rencontrés ces dix dernières années dans cette région du monde, seule une infime minorité avait un salaire permettant de payer le loyer et les diners. Pour les autres, il s’agit de gratter quelques francs ici, quelques francs là. Et Bamako Matin de conclure: «Incolores, inodores et sans saveur, (les journalistes) boivent avec n’importe porte quelle louche, mangent dans toutes les marmites et dansent toutes les danses. Pourvu qu’au rendez-vous il y ait de l’argent.»

Le sida en Afrique, il n’y a pas qu’Elon Musk qui en parle. Vous avez certainement entendu l’antienne muskienne prononcée à la Maison-Blanche, en début de semaine. Interrogé par une journaliste sur une fake-news qu’il a publiée sur une présumée livraison de préservatifs au Hamas, alors même que le stock était destiné à la lutte contre le VIH au Mozambique, il a répondu: «OK, c’est une erreur, mais pourquoi faisons-nous cela?» Eh bien M. Musk, je vous conseille cet édito de Wakat Sera qui titre: «Gel de l’aide américaine: on fait comment pour les malades du sida?» En bref, dans des pays majoritairement hostiles aux droits LGBT+, l’engagement financier américain était essentiel, raconte l’hebdo burkinabè.

Une raison d'espérer

Quand la marginalisation et la guerre amènent un essor littéraire ailleurs. Ces dernières années, raconte le magazine américain New Lines Magazine, les festivaliers du Book World Prague, la foire aux livres la plus connue de la République tchèque, ont été surpris de voir de plus en plus de traductions d’oeuvres de… Taïwan. En Pologne, même attrait pour la littérature taïwanaise, de plus en plus traduite. «Dans le passé, Taïwan était présenté davantage comme une région que comme un pays», dit un éditeur tchèque pour expliquer cet essor, également dû à l’exil de ses auteurs. Et New Lines Magazine de faire un parallèle avec l’Ukraine, dont le milieu littéraire a pu trouver un point de chute ailleurs en Europe depuis le début de la guerre.

Votre correspondant Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad même si cela fait trois mois que je vagabonde ici et là pour une Exploration à venir. Là, tout de suite, je suis chez mon grand-père, à Paris, avec eux.