Les infos que j'ai retenues pour vous

Images satellites du site de Fordo avant et après la frappe américaine du 22 juin. © The Guardian

Quelle a été l’efficacité de l’attaque américaine contre les sites nucléaires iraniens? C’est une interrogation que l’on retrouve un peu partout dans les médias, et que les affirmations hâtives de Donald Trump, selon qui les installations d’enrichissement nucléaire de l’Iran ont été «complètement et totalement anéanties», ne parviennent pas à dissiper. A l’aune des images satellites, des déclarations d’experts et de responsables militaires, y compris américains et israéliens, le site de Fordo serait loin d’avoir été complètement détruit. Le centre de technologie nucléaire d’Ispahan aurait été touché par des missiles de croisière Tomahawk tirés depuis un sous-marin de classe Ohio, et non par des missiles anti-bunker, comme précédemment annoncé. Par ailleurs, selon le gouvernement iranien, les sites auraient été évacués il y a plusieurs jours, et certains matériaux, notamment le stock d’uranium, auraient été dans le même temps déplacés.

Un attentat suicide fait au moins 22 morts et 63 blessés dans une église de Damas. Il s’agit de la première attaque de ce genre dans la capitale syrienne depuis que des forces dirigées par des islamistes ont renversé l’ex-président Bachar el-Assad le 8 décembre. Dans l’heure qui a suivi l’attentat, le ministère syrien de l’Intérieur a affirmé que l’auteur de l’explosion était membre de l’organisation Etat islamique, même si selon le ministre de l’Intérieur Anas Khattab une enquête serait en cours. Le patriarcat d’Antioche a été l’un des premiers à dénoncer l’attaque, une condamnation largement reprise par la communauté internationale.

La France mobilise des avions militaires pour évacuer ses ressortissants d’Israël. C’est ce qu’ont annoncé hier les ministères français des affaires étrangères et des armées. Ces vols, qui peuvent embarquer une centaine de personnes, s’effectueront «sous réserve de l’autorisation israélienne» et s’ajouteront aux vols civils affrétés au départ d’Amman, en Jordanie, a-t-il été précisé. La décision, que certains jugent tardive, est intervenue lors du Conseil de défense et de sécurité nationale qui s’est tenu hier à l’Elysée. La France compte 250’000 ressortissants en Israël, dont 100’000 enregistrés sur les listes consulaires de son ambassade. Dimanche soir, un Airbus A320, en provenance d’Amman, a atterri à l’aéroport d’Orly avec 160 personnes à son bord, «pour la plupart en situation d’urgence et de vulnérabilité».

Il est temps de raconter le monde

📖 Ozempic, la révolution de l’obésité. Issu de l’Exploration Minceur sur ordonnance publiée en ligne sur Heidi.news, ce livre aux éditions Odile Jacob prolonge l’enquête de Fabrice Delaye, avec une préface de Patrick Aebischer.

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Dans mon radar aujourd'hui

Arrivée de la marche pour Gaza de Paris à Bruxelles. Cette marche qui a démarré le 15 juin à l’initiative de plusieurs ONG et syndicats – dont l’Association France Palestine Solidarité, la Confédération générale du travail, la Ligue des droits de l’Homme, la Fédération internationale pour les droits humains et la Fédération syndicale unitaire – fait coïncider son arrivée à Bruxelles avec la tenue du Conseil des affaires étrangères de l’UE. Parmi ses demandes: la suspension immédiate de l’accord d’association UE-Israël, la mise en œuvre de sanctions ciblées contre le gouvernement israélien et ses fonctionnaires, le plein respect et l’application des décisions de la Cour internationale de justice et la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’Union européenne.

Rassemblement pour la paix place du Panthéon, le 18 juin 2025. © Eric Sautedé

L’Iran m’a tout de suite rattrapé. A peine arrivé à Paris la semaine dernière, je me suis retrouvé happé par l’actualité des bombardements en Iran. Dès mon premier déjeuner avec un de mes vieux amis. Il m’a raconté les heurts et malheurs de la famille d’un ami commun franco-iranien, Reza (je garde le nom pour moi), dont la mère a été tuée dans une geôle des mollahs, et à l’évidence torturée, pour avoir osé organiser des manifs à la suite du décès de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs iranienne en septembre 2022. Entre la disparition de sa mère et la confirmation de son décès, plusieurs mois s’étaient écoulés. Pas étonnant dès lors que cet ami se réjouisse à chaque cacique du régime éliminé par un missile israélien…

Et puis le soir même, place du Panthéon, me voilà pris dans un rassemblement à l’initiative de plusieurs associations de défense des droits humains en Iran qui dénoncent tout autant l’agression militaire israélienne que la Mollarchie en scandant «Ni Netanyahou, ni Khamenei». Les participants ne sont pas nombreux – à peine 200 à vue de nez – mais les discours s’enchaînent, tous de raison, dénonçant les excès des leaders politiques des deux camps. L’émotion et les larmes ne sont jamais loin, et si l’on n’a pas connu soi-même la guerre, on rappelle que la génération d’avant en a fait la douloureuse expérience, et que les traumas du conflit avec l’Irak des années 80 sont toujours là. Plus tard, au restaurant, à la table d’à côté, un couple parle en persan, avec parfois un mot français qui surgit. Nous les interrogeons bien sûr: ils dénoncent la guerre, mais ils veulent croire à un changement de régime à Téhéran. En partant, l’homme nous lance un «vive la liberté, vive la démocratie».

En vivant à l’étranger, en particulier en Asie, j’oublie parfois que la France est une terre d’exil politique: les Italiens, puis les Espagnols et les Portugais sont venus trouver refuge chez nous, et plus récemment les Chiliens, les Libanais et bien sûr les Iraniens – j’ose à peine mentionner les Syriens tant on ne s’est pas distingué par rapport à l’Allemagne ou la Suède.

Mon labo chinois

© Center for European Policy Analysis

Guerre Israël(Etats-Unis)-Iran: clairement un casse-tête pour Pékin. Cela s’est d’abord vu dans la lenteur de la réaction – premier communiqué officiel seulement le 17 juin – puis dans le contenu de celle-ci: un appel à «la désescalade» lancé aux deux parties, tout en proposant de «jouer un rôle constructif» sur le plan diplomatique, mais sans jamais préciser comment. D’un côté l’affichage d’ambitions certaines, et de l’autre un manque de capacité à agir, seul ou même avec le partenaire russe. L’implication des Etats-Unis depuis ce week-end a occasionné un durcissement de ton dans la condamnation, mais pour le coup l’offre de bons offices se fait cette fois de conserve «avec la communauté internationale pour unir les efforts et défendre la justice».

Vers un découplage de l’IA à l’échelle globale? Ce n’est pas le moindre des paradoxes, car tout en devenant le leader mondial des LLM open source, la version R1-0528 de Deepseek, rendue publique le 28 mai comme l’indique son nom, est aussi la plus expurgée d’un point de vue politique, ou plus exactement d’avantage contrôlée encore que la première version apparue en janvier. Ce que montre aussi une étude de l’ONG SpeechMap.ai, c’est que non seulement ce modèle ô combien populaire risque de favoriser subtilement un certain narratif en dehors de Chine, plus conforme à la propagande du pays, mais qu’en outre ses biais sont systématiquement renforcés lorsque l’IA est interrogée en chinois. Vers une nouvelle forme de fracture digitale?

L’UE exclut les entreprises chinoises des grosses commandes publiques de matériels médicaux. Après les automobiles électriques, c’est donc au tour du matériel médical importé de Chine de se voir restreindre l’accès au marché européen, mais cette fois sous couvert du nouveau mécanisme dont l’UE s’est dotée en 2022 introduisant une vigilance sur les distorsions de concurrence affectant les contrats de commande publique des pays de l’Union. Bruxelles estime que les entreprises européennes ne bénéficient pas d’un accès équitable au marché chinois. Côté chinois, on dénonce une nouvelle forme de protectionisme et de concurrence déloyale.

Une raison d'espérer

© Keystone / EPA / Nic Bothma

Interdire ou taxer les sacs plastiques, ça marche. Selon l’analyse des données de plus de 45’000 opérations de nettoyage des côtes aux Etats-Unis, entre 2016 et 2023, l’interdiction ou la taxation des sacs en plastique aurait entraîné une diminution de 25% à 47% de ces déchets retrouvés en bord de mer. Problème: ils sont loin d’être la seule cause de cette pollution, et en dépit des succès dorénavant avérés des dispositions visant à réduire l’usage des sacs en plastique, la quantité globale de déchets en plastique – y compris des sacs – a continué d’augmenter aux Etats-Unis.

«Ce n’est pas politiquement correct d’utiliser le terme «changement de régime», mais si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE SA GRANDEUR À L’IRAN (MAKE IRAN GREAT AGAIN), pourquoi n’y aurait-il pas un changement de régime?»

Alors que plusieurs hauts responsables de la Maison-Blanche ont passé une grande partie de la journée de dimanche à insister sur le fait que les Etats-Unis ne souhaitaient pas la fin du gouvernement iranien, mais seulement celle de son programme nucléaire, Donald Trump a anéanti leurs efforts en laissant la porte ouverte à cette fin, via un message posté sur Truth social. Politico estime que ces discours contradictoires soulignent les difficultés auxquelles l’administration Trump est confrontée alors qu’elle tente de gérer les conséquences de son attaque massive contre l’Iran.

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Cette semaine, The Economist a indiqué que la Chine était «devenue le principal soutien de la machine de guerre russe». Il faut s’en souvenir, et prendre conscience que «le partenariat sans alliance» entre la Russie et la Chine, en particulier dans le domaine militaire, n’a eu de cesse de se renforcer.