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Bonjour, c’est Bruno Giussani à Lausanne, où je viens de boucler un travail sur la guerre cognitive.
La guerre se sophistique et menace l’intégrité de nos esprits, dans un monde saturé d’informations, d’écrans, de réseaux sociaux, d’IA, de stratégies de manipulation. Nos cerveaux deviennent un champ de bataille à part entière, comme Heidi.news vous en avait déjà parlé.
Ce nouvel enjeu stratégique, c’est le sujet de la première saison du Deftech Podcast, le podcast du programme d’anticipation technologique d’Armasuisse, l’Office fédéral de l’armement. Je l’ai intitulé La menace cognitive.
Que vient faire l’armée suisse là-dedans, vous demandez-vous? Eh bien, la défense cognitive fait désormais partie de ses missions. J’en parle dans l’un des épisodes, dont voici un extrait.
Les cinq autres de la saison sont disponibles sur le site du podcast, en français, italien et allemand – une première, à ma connaissance. Durée totale: 2h45. Un livre suivra en janvier.
Bonne lecture, et bonne écoute! |
L’esprit humain est le nouveau domaine de la guerre
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Pixabay / Geralt
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Il y a plus de cinquante conflits armés en cours dans le monde.
Des conflits «cinétiques», où des forces militaires ou des milices utilisent fusils, chars, avions, drones et missiles pour infliger à l’ennemi des dommages matériels et humains.
Ce sont les conflits qu’on voit à la télévision, faits de violence, sang et destruction. Mais il y en a d’autres, très nombreux, qu’on ne voit pas. Non déclarés, invisibles, qui ne font pas de dégâts physiques, où la partie attaquée souvent ne sait même pas en être la cible. Leurs outils sont l’information, les ordinateurs et les réseaux, l’intelligence artificielle, la psychologie, la linguistique, la neurobiologie. Ils configurent une nouvelle forme de guerre: une «guerre cognitive».
C’est le titre d’un papier publié en 2020 par François du Cluzel, un chercheur français auprès de l’OTAN. Il commence par ces mots: «La nature de la guerre a changé. L’esprit humain est désormais considéré comme un nouveau domaine de la guerre.»
Le document de Cluzel ne parle que peu de guerre de l’information: celle faite de propagande, de désinformation et de «psy-ops», les opérations psychologiques. Il ne s’étend pas non plus sur la cyberguerre: les attaques informatiques devenues une constante de l’ère numérique. Et ne mentionne nullement l’influence du «soft power».
L’esprit, champ de bataille
Ce qu’il met en avant, c’est un autre niveau de menace: la menace cognitive, dont le but n’est pas de voler des données ou d’influencer par les fake news ce que les individus pensent, mais de modifier leur façon de penser, leur capacité à comprendre et à s’orienter dans le monde qui les entoure et à décider de leurs actions en autonomie. L’instrument central de cette guerre est l’exploitation, à travers la technologie, de la connaissance de plus en plus détaillée et intime des personnes et de leur cerveau. Data et neuroscience.
Celle de Cluzel n’est d’ailleurs pas une projection future. La guerre cognitive est déjà là. C’est un ensemble de pratiques et de technologies de subversion utilisées, avec plus ou moins de succès, par une multitude d’acteurs, étatiques et non étatiques.
Remarquez le mot utilisé par Cluzel: «un nouveau domaine de la guerre». Les armées modernes sont en général organisées en cinq domaines: la terre, la mer, les airs, l’espace et le cyberespace. Le cognitif vient maintenant s’y ajouter. Il devient le sixième domaine, où psychologie, neurobiologie et technologie convergent au service d’une idée, en fait, très ancienne: celle de la victoire sans combat.
Une après-midi à Berne
Cette idée est vieille comme le monde, elle prend sa source il y a 2500 ans déjà par Sun Tzu dans son traité L’Art de la guerre. Le stratège chinois suggère d’être invisible et inaudible pour «maîtriser le destin de tes adversaires». Parce que l’art de la guerre, écrit-il, «c’est de soumettre l’ennemi sans combattre».
L’après-midi du mercredi 18 septembre 2024, le Conseil national suisse menait une discussion sur la mission de l’armée, quand la députée centriste Isabelle Chappuis a pris la parole…
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Pendant ce temps sur Heidi.news
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Des promeneurs dans la vieille ville de Jérusalem, près de la porte de Jaffa, le 23 décembre 2017. | Keystone / AP Photo / Oded Balilty
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Ma famille juive n’en peut plus d’Israël.
A l’occasion d’une rencontre de famille, l’auteur d’une partie des épisodes de cette Exploration réfléchit à son identité juive et sa relation à ceux qu’il appelle les «juifs professionnels». Il constate aussi à quel point le carnage en cours à Gaza provoque la colère, la désolation mais aussi la honte parmi les siens.
«Israël-Iran, tango funeste», épisode 4
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Et surtout, la Santé.
C’est acté, l’ancien président français ira en prison — sans doute celle de la Santé à Paris, dotée d’un quartier VIP où les détenus bénéficient d’une cellule personnelle. La condamnation de l’intéressé à cinq ans de prison a été assortie d’un mandat de dépôt différé (au lieu d’un mandat de dépôt classique, à effet immédiat) afin de lui laisser le temps d’organiser sa défense. Elle a aussi été assortie d’une mesure d’exécution provisoire, ce qui signifie que même s’il se pourvoit en appel, Nicolas Sarkozy devra se présenter d’ici quelques semaines à un juge pour commencer à purger sa peine.
On a beaucoup glosé sur ces détails, considérés par l’intéressé et ses nombreux soutiens comme une marque de la «haine des juges» à son endroit. Mais l’immense majorité des experts judiciaires interrogés dans la presse estiment que la peine adoptée n’a rien de surprenant en l’état des lois, des politiques pénales, et des usages en matière d’infraction financière — c’est plutôt la personnalité du prévenu qui tranche avec l’habitude… Loin d’être exceptionnelle, l’exécution provisoire est la règle: elle concerne plus de 80% des peines d’emprisonnement de cinq ans et plus.
Un avocat interrogé par Le Figaro se risque à estimer qu’avec les réductions de peine, Nicolas Sarkozy risque de passer «probablement entre deux et trois ans» derrière les barreaux, à moins bien sûr que le jugement en appel ne modifie la peine. Cher payé?
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Il est temps de raconter le monde
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🍁 Offre d’automne: revues à CHF 15!
L’automne est là, alors quoi de mieux que de se lover avec un bon livre? Jusqu’au 26 octobre, découvrez notre sélection de revues au prix exceptionnel de CHF 15 (au lieu de CHF 22)! Animal toi-même!, Qui nourrira la Suisse demain?, Razzia sur nos data, Clitoris, le sixième continent… plus d’une vingtaine d’enquêtes et grands reportages à (s’)offrir. Bonne lecture!
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DERNIERE MINUTE. Un pas décisif vers la paix à Gaza? L’organisation islamiste a répondu hier soir par communiqué à la proposition conjointe des Etats-Unis et d’Israël, en acceptant le principe de libération immédiate de tous les otages israéliens. En revanche, elle souhaite confier la direction de Gaza à un «organisme palestinien indépendant» (et non une instance internationale) et entend se maintenir au sein d’un «mouvement palestinien unifié» auquel elle «contribuer[ait] de manière responsable». L’avancée est réelle, et Donald Trump a réagi positivement, en appelant Israël à cesser immédiatement les bombardements sur Gaza. La balle est désormais dans le camp de Benyamin Nétanyahou.
Le Monde
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Encore une élection sur le fil en Europe. Après la Hongrie et la Slovaquie, est-ce au tour de la République tchèque de basculer dans le camp des gouvernements d’extrême droite europhobes? Hier et demain se tiennent les élections législatives qui décideront du Premier ministre. Le milliardaire Andrej Babiš, magnat de l’agroalimentaire et chef du gouvernement de 2017 à 2021, a de bonnes chances de réussir son retour, dans un scrutin dominé par la question du soutien à l’Ukraine.
Toute l'Europe
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A quoi joue la Russie? En envoyant ses drones semer le chaos en Pologne, puis en Roumanie, au Danemark, et tout récemment en Allemagne et en Belgique, la Russie joue un jeu dangereux. Pourquoi, au fond? Les attaques hybrides sont sources de dilemmes, rappelle cet article très intéressant de The Economist, elles ont le potentiel de diviser l’Europe et d’accentuer les doutes sur la fiabilité de l’allié américain. En somme, il s’agirait de torpiller l’article 5 de l’OTAN. Et sans doute aussi, au vu de l’échec de Moscou en Ukraine, de focaliser les pays d’Europe sur leur propre défense, au détriment de celle de Kyiv.
The Economist (EN)
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A Genève, la quête très catholique de La Nuit du Bien Commun. Mercredi prochain, le Bâtiment des Forces Motrices à Genève accueillera la 5e édition genevoise de cette soirée de levée de fonds, créée en 2017 par Pierre-Edouard Stérin, le milliardaire qui entend «servir le Christ et la France». Le Temps nous dit tout ce qu’il y a à savoir sur la nébuleuse Stérin, au cœur des tentatives d’influence pour faire basculer l’Hexagone vers une ligne catholique réactionnaire.
Le Temps
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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