Je partage | Je m'inscris

Bonjour, c’est Serge à Genève, où nous avons lancé avec les éditions Georg une nouvelle collection d’essais, Kraft. Oui, la Suisse romande a besoin de nouvelles idées et d’espaces de débats! Le premier volume est un manifeste pour une écologie de l’espoir. Voilà qui valait bien d’abattre un arbre ou deux pour l’imprimer…

C’est signé par le Vert Antonio Hodgers et préfacé par l’écrivain français Erik Orsenna. En voici des bonnes feuilles, un chapitre à lire gratuitement. Et c’est peut-être ce dont vous avez besoin si, comme moi, vous êtes conscient de l’urgence climatique sans savoir exactement comment on va s’en sortir.

photo journaliste

Serge Michel à Genève
13.05.2023

La volée de bois vert du bon docteur Hodgers

Photo article

Antonio Hodgers, conseiller d’Etat genevois, ici en décembre 2022 (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)


Je fais attention.
Je roule le plus souvent en vélo. J’éteins la lumière en quittant une pièce. Je mets un couvercle sur les casseroles. Je trie mes déchets. Je produis une partie de mon électricité avec des panneaux solaires. J’ai réduit mes déplacements en avion. Je mérite ma médaille de climato-responsable!

Et pourtant… je réchauffe la planète. Parce que j’ai encore besoin de ma voiture. Parce que tous les produits que j’achète ne sont pas locaux. Parce que je me chauffe au bois et que ma maison n’est pas assez isolée. Parce que je mange (parfois) de la viande rouge.

C’est grave, docteur Hodgers?

Je n’ai pas eu de consultation au cabinet de ministre genevois récemment réélu. Juste le plaisir d’animer, cette semaine, un débat à l’incubateur Pulse des HES, pour le lancement de notre nouvelle collection, Kraft, dont il signe le premier volume: Manifeste pour une écologie de l’espoir.

J’en suis sorti rassuré. Ouf! On pourra encore vivre heureux avec quelques degrés de plus, dit-il. Quelques? Pas seulement les 1,5 ou 2°C recommandés par le GIEC: avec 4, voire 5 degrés, Genève aura le climat de Naples. Il y a pire. Mais ce n’est pas une excuse pour ne rien faire, parce que Naples aura le climat de Marrakech et Marrakech… on n’ose pas y penser.

Comment agir?, demande Erik Orsenna dans sa préface. Surtout ne pas paniquer, car «la panique ne provoque que l’attaque, la fuite ou la torpeur», estime Antonio Hodgers. C’est un responsable politique. Il a beau s’énerver (poliment) dans les rues de Genève lorsque son vélo est coincé par trois Porsche Cayenne, il estime qu’il faut cesser de culpabiliser les consommateurs et s’adresser aux citoyens, pour construire des majorités politiques et définir des lois qui rendront tout le monde vertueux, ceux qui ont une conscience écolo comme les autres.

Des lois sur la mobilité (le plan climat à Genève prévoit une diminution de 40% des transports individuels motorisés, ça fera toujours quelques Porsche en moins), des lois sur l’isolation des bâtiments (le taux de rénovation actuel, dans une ville aussi riche que Genève, n’est que de 0,8%, si bien qu’il faudrait plus d’un siècle pour tout améliorer), des lois sur la qualité des produits importés, etc.

C’est tentant, c’est raisonnable. Même si on n’y est pas encore. Le 13 juin 2021, le peuple suisse a refusé une loi CO2 bien calibrée. Il doit se prononcer à nouveau, le 18 juin 2023, sur un texte de loi qui pourrait intégrer l’objectif «zéro émission nette» d’ici à 2050.

En attendant, il n’est pas interdit de réfléchir, ni de secouer les esprits avec un essai iconoclaste, une volée de bois vert qui ne plaira ni aux activistes qui se collent les mains sur le pont du Mont-Blanc, ni aux solutionnistes technologiques, ni évidemment aux climato-sceptiques. Peut-être n’êtes-vous pas d’accord avec Antonio Hodgers. Et pourtant, pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences funestes, il va falloir rassembler en étant clair sur les risques et sur les pistes. D’où l’intérêt du débat, pour esquisser des solutions, et d’une collection de petits livres Kraft pour faire émerger les idées.

Bonne lecture!

Retrouvez Heidi.news sur WhatsApp

«L'écologie de la culpabilité est une impasse»

Pour Antonio Hodgers, les injonctions déprimantes sur le climat finissent par stimuler l’oisiveté écologique plutôt qu’une réaction salutaire. Le sentiment de culpabilité ne fonctionne jamais longtemps. Ce qu’il faut, pour sauver la planète, ce sont des majorités politiques et des lois intelligentes.

Heidi.news (accès libre) (FR)

La Turquie, d'un séisme à l'autre

Photo article

Démolition d’un bâtiment endommagé par le tremblement de terre de février à Kahramanmaras, ici en mai 2023. EPA/ERDEM SAHIN

La Turquie entre en zone de turbulence. Le sultan-président, Recep Tayyip Erdoğan, est donné perdant face à son adversaire Kemal Kılıçdaroğlu (prononcer «keuleutch-darolou»). Avant ce possible séisme politique, la cinéaste genevoise Eileen Hofer est allée sur les terres en ruines de l’autre séisme. Celui, bien réel, qui a frappé l’est du pays le 6 février 2023. Chiffres officiels: 50’000 morts, et sans doute beaucoup plus. Sur le terrain, la colère gronde contre Ankara.

A la veille des élections, la Turquie tremble. «A 4h16 du matin, vous avez une famille, un toit, un travail. A 4h17, vous avez tout perdu.» Eileen Hofer a arpenté le pays de sa famille, côté maternel. Pour découvrir des églises orthodoxes promises à la démolition, les campements improvisés sur les terrains vagues et une population chauffée à blanc par l’incurie des pouvoirs publics. Il n’y a pas beaucoup de partisans d’Erdoğan sur les terres ravagées du séisme.

Heidi.news (accès libre) (FR)

La colère contre Erdogan et les soupçons de dissimulation. Dans le Hatay, l’une des provinces les plus touchées du pays, le séisme ne passe pas. Trois mois après les secousses, des bénévoles aident encore les victimes et dénoncent l’inaction du gouvernement qui, lui, voudrait plutôt jeter un mouchoir sur l’ampleur du désastre. Il se murmure que le bilan dépasse de très loin les chiffres officiels.

Heidi.news (pour abonnés) (FR)

Contenu partenaire

Photo article

Kraft, la collection des idées. Créée par Heidi.news, Le Temps et les Éditions Georg, Kraft est une collection d’essais dont l’objectif est de permettre aux lecteurs d’accéder à des thématiques actuelles dans un format pratique, abordable et grand-public.

Intitulé Manifeste pour une écologie de l’espoir, le premier tome de la collection est un défi intellectuel lancé par l’écologiste Antonio Hodgers sur le réchauffement. Un essai percutant et résolument actuel avec une question en toile de fond: comment rester optimiste et agir positivement face à l’urgence climatique, sans se montrer toujours punitif ou anxiogène? Ce premier tome est préfacé par Erik Orsenna de l’Académie française.

Quelques bonnes lectures pour le week-end

Photo article

Camille Etienne: pour un soulèvement écologique. Allez, on reste dans le thème du climat, mais côté anxiété. L’activiste française Camille Étienne publie un ouvrage: Pour un soulèvement écologique, sortir de notre impuissance collective (Seuil, 2023). «Ses propos sur le dérèglement climatique à l’œuvre sont ceux d’une vieille sage. Elle a le recul historique propre aux femmes chenues, la colère de celles qui n’oublient pas les injustices passées et présentes», écrit le journaliste, admiratif.

Usbek & Rica (FR)

Un rêve fou: recréer une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Depuis la fin des années 2000, des initiatives en faveur de la nature sauvage (wilderness) émergent en Europe. Du fait de l’absence de stratégie commune et de la diversité des contextes, différents concepts sont développés: le rewilding, le wild land ou la libre évolution. Le projet de Francis Hallé frappe par son ampleur (70 000 hectares, dans un espace transfrontalier) et va nécessiter l’intervention des pouvoirs publics à toutes les échelles, du local à l’Europe: foncier, réglementation, compensations diverses…

The Conversation (France) (FR)

Sur la piste des dangereux informaticiens bulgares. Dark Avenger, pseudonyme de l’auteur du virus informatique le plus dangereux du monde, n’a jamais été identifié. Lui ou son groupe étaient basés dans l’usine à virus bulgare des années 1980, «un collectif de jeunes Bulgares très intelligents et qui s’ennuyaient». Le pays a été à l’origine de centaines de programmes malveillants qui se sont répandus dans les ordinateurs du monde entier dans les années 1990.

The Guardian (EN)

Vous avez aimé? Partagez:

Facebook Twitter Linkedin Instagram
b696e884-f624-429e-91a6-1af20f5cf9e3.png

Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse