Bonjour, c’est Sami dans les Grisons, où je redécouvre la beauté de la Suisse, ainsi que sa rigueur. Je vous en parle plus bas.

Il y a aussi de l’inquiétude, sur nos monts et dans nos vallées: deux conseillers fédéraux ont pris l’avion pour Washington sans savoir s’ils pourront voir qui que ce soit capable de ramener le président Trump à de meilleurs sentiments envers la Confédération.

Au menu ce matin: les plans de Nétanyahou pour occuper toute la bande de Gaza, les cinq ans de l’explosion du port de Beyrouth, le boom du minage de cryptos en Libye sans oublier, samedi, le trail mythique Sierre-Zinal: Heidi.news poursuit son Exploration «La course ou la crise».

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Sami Zaïbi à Pany
06.08.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Les largages d’aide humanitaire, comme celui-ci hier, ne sont pas suffisants. Crédits: Keystone / AP / Kareem Abdel Hana

Retour des marchandises privées à Gaza. Hier, le ministère israélien de la Défense permet à nouveau l’acheminement de biens dans l’enclave, pour la première fois depuis octobre de l’année dernière. De façon progressive, 600 camions seront autorisés à pénétrer chaque jour dans la bande. Ce chiffre équivaut à l’approvisionnement avant la guerre, mais reste largement insuffisant pour couvrir les besoins actuels, alors que la famine sévit.

TV5 Monde (FR)

L’occupation complète de Gaza dans le viseur. Selon plusieurs médias hébreux, le Premier ministre israélien aurait confié à des membres du gouvernement son plan d’investir intégralement la bande, en contradiction avec sa position publique depuis le début de la guerre. Actuellement, Tsahal occupe déjà 75% du territoire. L’armée israélienne elle-même s’oppose à un tel plan, arguant qu’une telle opération pourrait mettre en danger la vie des otages et que démanteler toutes les infrastructures du Hamas pourrait prendre des années.

Times of Israel (EN)

KKS et Parmelin en mission à Washington. La présidente et le vice-président de la Confédération ont sauté hier dans un avion pour la capitale des Etats-Unis, dans l’espoir de renégocier le droit de douane punitif de 39% infligé quelques jours plus tôt par Donald Trump. Il n’est pas encore certain que la délégation helvétique puisse rencontrer le président. Ce dernier a également évoqué hier des droits de douane de 250% sur les produits pharmaceutiques suisses, qui représentent l’essentiel des exportations suisses aux Etats-Unis.

RTS Info (FR)

Le banquier qui a programmé l'accouchement de sa femme en fonction de son entraînement de trail...

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Un coureur épuisé sur le parcours de l’UTMB Mont-Blanc en septembre 2023. | © Fanck Oddoux / UTMB


Le trail est-il devenu une drogue à la mode pour les quadras?
Il produit endorphines et dopamine. Il permet de fuir un quotidien qu’on ne maîtrise pas. Ni à la maison avec les enfants, le conjoint, les factures, ni dehors avec le climat, les guerres, les droits de douane. La course, au contraire, est une affaire sous contrôle: chacun y va de son tableur Excel, avec ses temps de course ou de récupération, et même les paramètres d’usure des chaussures.

«La course ou la crise» (3e épisode)

Il est temps de raconter le monde

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🌍📱Migrants TikTok: Je suis arrivé, j’ai réussi, pourquoi pas vous? Bienvenue dans un monde dystopique où les passeurs sont sur WhatsApp, les influenceurs d’exil sur TikTok, les carnets de bord sur Snapchat. Et les migrants, toujours plus nombreux à braver le voyage vers un Eldorado chimérique.
Pendant des mois, le journaliste Amaury Hauchard, correspondant régulier de Heidi.news, et le photographe Michele Cattani ont plongé dans les réseaux sociaux de la migration. Depuis l’Afrique de l’Ouest où ils habitent, ils ont tiré le fil des deux principales routes migratoires de la région, vers l’Europe et les États-Unis.

A découvrir dans notre prochaine revue (précommande)

Dans mon radar aujourd'hui

Huitante ans du bombardement de Hiroshima. A quand le prochain? Largué le 6 août 1945 à 8h15 du matin, Little Boy a ôté la vie à 140’000 personnes. Pour l’occasion, le Japon organise de grandes commémorations auxquelles il a convié à peu près tout le monde. La Russie a décliné. Cette dernière a également annoncé avant-hier sa sortie du moratoire sur les missiles nucléaires à courte et moyenne portée.

20 minutes (FR)
Ça m'est arrivé cette semaine.

Sabotage de vélo et photomontage de poulailler. Dimanche matin, c’était la dernière étape de mon voyage en vélocamping avec ma sœur et mes neveux, de Lausanne jusque dans les Grisons. Après une semaine de pluie presque ininterrompue, le moral des troupes est au plus bas: manque de sommeil, manque d’hygiène, habits trempés et bébé qui braille. Après une escale à Coire, nous nous apprêtons à reprendre la route pour une ultime journée de pédalage qui doit nous emmener à 1400m d’altitude, dans le chalet où la famille élargie va passer une semaine.

Dès le réveil, la journée commence mal. Ma sœur apprend par mail que la commune de Cugy, où elle vient d’emménager avec son compagnon et leurs deux enfants en bas âge, refuse le plan détaillé de poulailler qu’ils leur ont soumis. On parle pourtant d’un mini enclos de quelques mètres carré, dessiné avec précision par mon beau-frère – un ingénieur en environnement qui passe ses journées à envoyer des plans à des communes, et qui semble donc plutôt capable de dessiner un croquis qui tienne la route. Mais rien à faire, la minicipalité exige un photomontage (!) dudit poulailler. Je songe alors au Caire, où le moindre mètre carré de balcon ou de toit accueille au moins trois poules ou cinq pigeons.

Puis au moment de monter en selle, stupeur! Les pneus d’un de nos vélos ont été volontairement dégonflés. Certainement parce que l’on a eu l’outrance de cadenasser celui-ci à un poteau où il est stipulé que les voitures ont interdiction de se garer. Quand bien même notre mince vélo, plaqué contre un mur quelconque, n’entrave rien ni personne. Je songe alors au Caire, où les voitures stationnées colonisent les trottoirs sans que personne ne s’en émeuve, tant qu’un passage est possible.

Une fois les pneus regonflés, nous nous mettons enfin en route et commençons l’ascension à flanc de montagne. A mille mètres d’altitude, après quatre heures d’intense pédalage, la batterie du vélo électrique, qui tire les deux enfants dans une charrette, est à bout. Il faut la recharger, mais aucun café ou magasin n’est en vue. On se met à sonner chez l’habitant pour quémander une prise. Une dame âgée nous ouvre la porte de son chalet cossu, nous lui expliquons en allemand la situation. Elle réplique d’un air navré, en haussant les épaules: «Je suis désolée mais je n’ai pas de prise chez moi». Mon oeil oui. Je songe alors au Caire, où cette famille modeste, rencontrée par hasard dans le parc Al-Azhar, avait insisté pour partager son maigre repas et m’inviter chez eux.

À ce moment-là, je me dit que la Suisse, ou à tout le moins la Suisse alémanique, est un terrain hostile et streng que j’ai bien fait de quitter pour un bout de temps.

Puis nous sonnons à la maison suivante. Un gars robuste en plein bricolage éteint sa ponceuse et nous ouvre. Il s’appelle Ezechiel, a un accent jurassien à couper au couteau et un regard franc et droit comme un liteau fraîchement scié. Il s’étonne de trouver des Welsches au milieu des Grisons, met notre batterie à charger et nous invite gracieusement à prendre le café avec son épouse pendant que leur garçon montre ses jouets à mes neveux.

Nous lui expliquons nos mésaventures. «Oui, les gens sont un peu comme ça par ici. Mais quand on se connaît, ça change», nuance-t-il. Pendant la recharge, nous discutons avec le couple. Lui est un charpentier de Courtetelle, elle est une avocate schwytzoise, leur garçon parle suisse-allemand et français à la maison, et il apprend l’italien à l’école. Tous deux bossent à temps partiel, et sur leur temps libre ils gardent un second enfant âgé d’un an, et retapent de fond en comble le chalet qu’ils ont racheté il y a peu.

Deux heures plus tard, la batterie est chargée, le soleil est de retour, nous remercions nos hôtes et nous remettons en selle pour une dernière montée.

Je repense à cette famille composite et me dis que la Suisse entière, dans toute sa diversité, son opiniâtreté et sa porosité sociale, est matérialisée dans cette baraque en chantier. Et je me dis qu’après tout, j’aime bien mon pays.

Mon labo arabe

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Le port de Beyrouth dévasté au lendemain de l’explosion. Crédits: Keystone / AP / Hassan Ammar

Cinq ans après l’explosion du port de Beyrouth, la justice libanaise piétine. Le 4 août 2020, des centaines de tonnes de nitrate d’ammonium, stockées sans mesures de précaution dans un hangar, provoquaient l’une des pires déflagrations non nucléaires de l’histoire de l’humanité. 220 morts et 6500 blessés. Une demi-décennie plus tard, justice n’a pas été rendue. Un premier juge d’instruction a été dessaisi de l’affaire après avoir inculpé deux anciens ministres. Mais le nouveau président Joseph Aoun, élu en janvier, et moins enclin à épargner un Hezbollah sorti affaibli de la guerre contre Israël, promet une conclusion à l’affaire. L’acte d’accusation pourrait être finalisé d’ici la fin de l’année.

RFI (FR)

La Libye, nouvel Eldorado du minage de crypto. Fragmenté, contrôlé par des milices rivales depuis la chute du général Khadafi, le pays offre des conditions idoines aux mineurs de cryptomonnaies: électricité lourdement subventionnée – donc à prix cassé – et absence de régulations. Interdite par le gouvernement de Tripoli, cette activité lucrative est non seulement tolérée mais encouragée par les autorités rivales de Benghazi, dirigées par le Maréchal Haftar. Dans un contexte géopolitique en pleine métamorphose, ce vide politique et sécuritaire appâte également la Russie et la Turquie, qui s’y livrent une guerre d’influence.

Libya Tribune (EN)

À Gaza, Tsahal classe 88% des enquêtes pour crimes de guerre. Comme souvent relayé dans cette newsletter depuis une année et demie, l’armée israélienne annonce généralement l’ouverture d’une enquête lorsque les médias occidentaux rapportent des cas particulièrement choquants d’attaques contre les civils palestiniens. Sur ces 52 investigations, qui concernent au total la mort de 1303 Palestiniens, 46 ont été classées sans suite, révèle l’ONG basée à Londres Action on Armed Violence. Elle dénonce un «schéma d’impunité».

The Guardian (EN)

Une raison d'espérer

Un ancien ambassadeur d’Israël en France demande à Macron des sanctions contre Tel-Aviv. «Monsieur le Président, si des sanctions immédiates ne sont pas imposées à Israël, vous finirez par reconnaître un cimetière». Ces mots sont ceux d’Elie Barnavi, ambassadeur de l’Etat hébreu à Paris entre 2000 et 2002, dans un tribune publiée hier par Le Monde. L’historien et diplomate prend pour exemple les sanctions à l’encontre de la Russie, mais aussi celles décidées par la Slovénie, les Pays-Bas ou l’Espagne contre Tel-Aviv. «Le droit international ne peut pas être à géométrie variable, il en va de sa consistance et de sa crédibilité même. Or, l’Europe n’est rien d’autre que du droit international, négocié, consenti et appliqué. Si ce principe s’écroule, l’Europe disparaît de la scène internationale, définitivement», tonne-t-il.

Le Monde (FR)
En direct de la Trumposphère
Sydney Sweeney est LA PLUS HOT, Taylor Swift N’EST PLUS HOT.

C’était inévitable, Donald Trump a fini par faire irruption dans la dernière polémique ridicule qui agite les Etats-Unis. En cause, une pub de la marque de vêtements American Eagle, qui joue sur l’homophonie entre «jeans» et «genes» en anglais, dans le but de vanter ses pantalons mais aussi la silhouette de l’actrice, dans l’idée qu’elle l’a héritée de ses parents.

Il n’en a pas fallu plus à certains, à gauche, pour y voir un message suprémaciste, voire eugéniste, tandis que ces dernières années le monde de la publicité s’était peu à peu détourné de ses vieilles recettes sexy et objectifiantes.

Dans un message lunaire dont il a le secret, le président américain apporte donc son soutien à Sydney Sweeney, inscrite chez les républicains, et tacle au passage Taylor Swift, la marque de voitures Jaguar, ainsi que la marque de bière Bude Lite, qu’il accuse toutes d’avoir pêché par wokisme. «Being WOKE is for losers!».

Euronews (EN)

Votre correspondant. Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a deux ans pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis correspondant pour Le Temps et Libération. Mais ces jours, je suis dans les Grisons, où je retrouve ma famille et des températures respirables.

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