Bonjour, c’est de nouveau Sami à Jeddah, en Arabie Saoudite, où je remplace Amaury qui est en reportage dans la brousse tchadienne. A vous qui êtes bien loin de ces contrées désertiques, je vous souhaite, chers lecteurs, un joyeux Noël!
Ce matin, je vous parle des cadeaux mis sous le sapin, offerts par l’Algérie à la France (une nouvelle loi anti-colonisation), par les Etats-Unis à l’Europe (une interdiction de visa pour cinq régulateurs du numérique), et par le Maroc à lui-même (une Coupe d’Afrique des nations triomphale). |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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L’Assemblée nationale à Alger, photographiée hier. Crédits: Keystone / AP / Fateh Guidoum
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En Algérie, une nouvelle loi prévoit la prison ferme pour quiconque tient des «propos à connotation coloniale».
C’est le joli cadeau de Noël offert à Paris par Alger, dans une période tendue entre les deux pays. Hier, le parlement algérien a validé une loi de criminalisation de la colonisation française. Concrètement, le texte exige des «excuses officielles» de la part de la France (Emmanuel Macron avait qualifié en 2021 la colonisation de «crime contre l’humanité», mais n’avait pas présenté d’excuses) et réclame ses archives ayant trait à la colonisation, notamment à propos des sites d’essais nucléaires. Il demande aussi à la France de décontaminer ces zones. Enfin, des peines de cinq à dix ans de prison sont prévues pour les citoyens algériens glorifiant le colonialisme français, et d’un à trois ans de détention pour tout propos à connotation coloniale.
RFI (FR)
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Washington interdit de visa cinq personnalités européennes qui veulent encadrer les plateformes numériques.
Hier, les Etats-Unis ont interdit d’entrée sur leur territoire l’ancien commissaire européen chargé de la technologie Thierry Breton, ainsi que plusieurs autres responsables allemands et anglais d’organisations de lutte contre la désinformation et la haine en ligne. Leur tort? «Avoir mené des efforts organisés pour contraindre les plateformes américaines à censurer, démonétiser et supprimer les points de vue américains auxquels elles s’opposent», selon le secrétaire d’Etat Marco Rubio. «Ces mesures relèvent de l’intimidation et de la coercition à l’encontre de la souveraineté numérique européenne», a réagi Emmanuel Macron.
Euronews (FR)
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Zelensky propose une version amendée du plan de paix américain.
Le président ukrainien a présenté hier une nouvelle mouture de l’accord, après discussion avec des responsables américains. Celle-ci prévoit le gel de la ligne de front et la tenue d’élections après l’hypothétique signature du traité. En revanche, il rejette tout engagement de l’Ukraine à ne pas rejoindre l’Otan, et laisse en friche les délicates questions de la gouvernance de l’oblast de Donetsk et de la gestion de la centrale nucléaire de Zaporijia. Il appelle à aborder ces sujets lors d’une rencontre entre dirigeants.
France Info (FR)
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Dans mon radar aujourd'hui
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Elections présidentielles en Centrafrique, dernier bastion de la milice Wagner.
Le président sortant Faustin-Archange Touadéra part favori dans les élections de ce dimanche. Durant son mandat, le gouvernement a repris le contrôle d’une majeure partie du pays face aux groupes armés, et cela notamment grâce au soutien chèrement payé des mercenaires russes. Déployés en 2017 à la demande de Touadéra, ceux-ci sont actuellement entre 1500 et 2000. Leur présence en Centrafrique est un succès, contrairement à leurs tentatives de s’implanter au Mozambique, en Libye et au Mali. Et ils ne comptent pas se faire remplacer par les Africa Corps, autre entité paramilitaire russe, promue par Moscou depuis la rébellion puis la mort du chef de Wagner Evguéni Prigojine.
TV5 Monde (FR)
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Ça m'est arrivé cette semaine
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Pourquoi les Saoudiennes passent-elles sous le bistouri?
Si je pose la question, c’est qu’en règle générale on ne voit pas leur visage dans l’espace public. Malgré les assouplissements décidés par MBS et leur nouvelle liberté de s’habiller comme bon leur semble, les Saoudiennes restent une large majorité à porter le niqab – ce qui ne les empêche pas de se maquiller les yeux avec coquetterie, de porter des talons vertigineux et d’exhiber des sacs à main hors de prix. Et même comme cela, il s’agit de rester pudique et se protéger du regard des autres: dans le restaurant indien où je suis en train d’écrire cette newsletter, la famille à côté de moi se mure derrière un paravent qu’elle s’empresse de refermer après chaque passage du serveur.
Pourtant, les Saoudiennes sont les deuxièmes plus grandes consommatrices de chirurgie esthétique du monde arabe, derrière les Émirats et devant le Liban. Leurs péchés mignons: la rhinoplastie, la blépharoplastie (chirurgie des paupières) et le botox. «Ça n’a donc rien à voir avec le regard des hommes?», demandais-je l’autre jour à une consœur installée à Riyadh et spécialisée dans les enjeux liés aux femmes. «Pas du tout!, a-t-elle rétorqué. Au contraire, la plupart des Saoudiens à qui j’en ai parlé trouvent ça moche et préfèrent le naturel. Certains en veulent même à leur épouse d’être passée sous le bistouri! Non, ce qui pousse les Saoudiennes à dépenser des fortunes en chirurgie, c’est le regard des autres femmes, en famille ou entre amies».
Je trouve le sujet fascinant, il mériterait un ouvrage en lui-même. Comment s’est imposée la chirurgie esthétique dans le monde arabe, selon des standards si différents de ceux en Occident? Car ici, il ne s’agit pas de discrètement masquer un défaut ou d’habilement ralentir le poids des ans; non, il s’agit de sortir la grosse machinerie pour ressembler à des poupées plastiques comme les chanteuses libanaises qui passent à la télévision. L’idéal est si éloigné de la réalité que sur l’application de rencontre Bumble, où je suis inscrit, la plupart des filles recourent à l’intelligence artificielle pour se donner des airs de barbies.
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Cérémonie d’ouverture de la CAN à Rabat, le 21 décembre. Crédits: Keystone / AP
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Au Maroc, début sous la pluie d’une Coupe d’Afrique des nations triomphale.
Juste après avoir remporté la Coupe arabe au Qatar, l’équipe du Maroc a lancé sa CAN à domicile par une bicyclette venue d’ailleurs et une victoire 2-0 sur les Comores. Pour les Marocains, la question n’est plus si leur équipe peut gagner la compétition, mais comment le titre pourrait encore leur échapper, 50 ans après leur dernière consécration. «La victoire n’est pas un choix, mais une obligation qui s’impose», a même asséné le président de la Fédération royale marocaine de football. Pour le royaume, cet événement est aussi et surtout une répétition générale avant la Coupe du Monde 2030, qui se tiendra au Maroc, en Espagne et au Portugal.
France 24 (FR)
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Au Mali, l’imam Dicko appelle à rejoindre la rébellion contre la junte au pouvoir.
Figure tutélaire du mouvement de contestation qui a mené à la chute du président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, Mahmoud Dicko s’est ensuite distancié des militaires qui ont pris le pouvoir. Exilé à Alger en 2023, il n’est pas retourné au Mali depuis. Début décembre, des opposants à la junte ont annoncé la création de la Coalition des forces pour la République, appelant à la «désobéissance civile» et enjoignant les militaires à «refuser les ordres incohérents». Resté silencieux jusqu’ici, l’imam Dicko a pris la parole il y a trois jours pour apporter son soutien au mouvement: «Levez-vous, réunissons-nous […] pour que la situation actuelle dans notre pays prenne fin», dit-il dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. A voir si ce chef religieux a gardé sa capacité de mobilisation.
Jeune Afrique (FR)
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Survols américains au-dessus du Nigéria.
En novembre, Donald Trump avait menacé le pays d’une intervention militaire, évoquant des violences anti-chrétiens – quand bien même les groupes armés visent tout autant les musulmans. Depuis lors, plusieurs avions de reconnaissance américains ont fait incursion dans le ciel du pays, révèle Reuters. Selon les données de vols et d’anciens haut gradés, ces appareils ont décollé depuis le Ghana, dans le but de collecter des informations sur Boko Haram et d’autres groupes armés, ainsi que pour tenter de retrouver un pilote missionnaire américain enlevé au Niger il y a quelques mois.
Reuters (EN)
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En Suisse, une hotline spéciale castors pour calmer les paysans en colère.
Depuis la réintroduction de l’espèce en Suisse en 1956, aucun castor n’a été tué. Un cas unique en Europe, bien que leur population grimpe en flèche: de 1600 il y a vingt ans, ils sont désormais 4900. La multiplication de ces architectes d’eau douce occasionne forcément des tensions avec les riverains et paysans, d’autant plus sur un territoire aussi étriqué que le nôtre. Mais quand il s’agit de ménager la chèvre et le chou, ou plutôt le castor et le champ, la Suisse sait y faire. Disposant d’un fonds annuel d’un million de francs pour prévenir et compenser les dommages causés par les castors – le plus important du genre en Europe –, la Confédération a mis en place une ligne téléphonique spéciale pour répondre aux craintes et colères des riverains et paysans impactés. Une histoire si exemplaire que la journaliste biodiversité du «Guardian» est venue voir par elle-même à Zurich.
The Guardian (EN)
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En direct de la Trumposphère
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Trump désavoué par la Cour suprême.
Hier, l’instance à majorité conservatrice a refusé la demande de Donald Trump d’envoyer la garde nationale à Chicago pour protéger les agents anti immigration. Elle indique que le gouvernement «n’a pas fourni de base légale» pour justifier un tel déploiement, qui n’est autorisé qu’en cas de situation exceptionnelle. Le gouverneur démocrate de l’Illinois Jay Robert Pritzker a salué «une grande victoire» et «une étape importante pour ralentir la marche de Trump vers l’autoritarisme».
De son côté, l’attachée de presse de la Maison-Blanche Abigail Jackson assure que «rien dans la décision d’aujourd’hui ne remet en cause l’objectif fondamental de protéger le personnel et les biens fédéraux contre les émeutiers violents. L’administration continuera de travailler sans relâche pour protéger le public américain».
Selon plusieurs observateurs, cette décision pourrait dissuader le gouvernement de déployer la garde nationale dans d’autres villes.
CNN (EN)
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Votre correspondant.
Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a deux ans pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis correspondant pour Le Temps et Libération. Mais ces jours, je suis en Arabie Saoudite pour une exploration à venir sur Heidi.news.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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