Les infos que j'ai retenues pour vous

Après une nuit d’affrontements, des familles passent un checkpoint pour sortir de Cheiukh Maqsoud, mardi 7 octobre au matin. Crédits: Keystone / AP / Omar Albam

En Syrie, cessez-le-feu à Alep après des attaques contre le quartier kurde. Il y a quelques mois, je vous racontais ma visite dans la ville, à Cheikh Maqsoud, quartier délabré où vivent 100’000 Kurdes. Ils ont fui la région d’Afrin après les combats contre les milices arabes soutenues par la Turquie. Dans la nuit de lundi à hier, le coin s’est embrasé avec des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et les combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS). On compte au moins deux morts. Suite à cela, le président Ahmad Sharaa a rencontré Mazloum Abdi, le leader des FDS. Tous deux ont convenu d’une trêve immédiate et évoqué les mécanismes d’une future intégration des forces kurdes dans l’armée régulière syrienne, conformément à un accord déjà signé en mars.

Les pourparler sur Gaza débutent, mais Israël poursuit ses bombardements. Selon plusieurs sources proches des négociateurs, les premières rencontres entre les délégations américaine, israélienne et palestinienne se déroulent «dans un climat positif». «Le Hamas a accepté des choses très importantes […], nous allons avoir un accord sur Gaza, j’en suis assez sûr», a déclaré Donald Trump. Pendant ce temps, l’opération israélienne à Gaza est réduite mais elle se poursuit tout de même. Hier, 19 Palestiniens sont morts sous les bombes, soit environ un tiers du bilan quotidien de ces dernières semaines.

Le Prix Nobel de physique récompense des travaux sur la mécanique quantique. Le Français Michel Devoret, l’Anglais Jonh Clarke, ainsi que l’Américain John M. Martinis, tous professeurs de physique dans des universités aux Etats-Unis, ont été distingués hier pour «la découverte de l’effet tunnel quantique macroscopique et de la quantification de l’énergie dans un circuit électrique». En d’autres termes, leurs expériences, menées dans les années 1980, ont montré jusqu’à quelle échelle les lois de l’infiniment petit s’appliquent encore. Ils ont ainsi mis au jour le fameux «effet tunnel»: un mystérieux mécanisme qui permet à des particules de franchir des «murs» dans un système de la taille de la main.

Pendant ce temps sur Heidi.news

Un drone Hermes 900 au salon IDET de Brno, en République tchèque, le 28 mai 2025. Ce drone de reconnaissance stratégique est utilisé à Gaza, comme bien d’autres modèles fabriqués par Elbit Systems, qui fournit les trois quarts des drones utilisés par Israël. | Keystone / EPA / MARTIN DIVISEK

Hier soir sont probablement partis de Suisse des équipements high-tech pour un fabricant de drones israéliens. EXCLUSIF. La société Swissto12 à Renens produit des antennes de radiofréquence avec une technologie d’impression 3D. Quatre caisses de ce matériel sensible devaient être chargées à l’aéroport de Zurich hier soir 7 octobre à destination de Tel-Aviv, dans le cadre d’un contrat avec le géant israélien de l’armement Elbit Systems, mis en cause pour sa participation à la guerre à Gaza. Interrogée par Heidi.news, Swissto12 indique renoncer à son contrat avec Elbit mais que son matériel, dont l’exportation était autorisée par le SECO, n’était pas utilisé dans le conflit à Gaza et ne servait qu’à des réexportations israéliennes, principalement vers des pays européens.

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

Emmanuel Macron va «prendre ses responsabilités». Deux jours après la dissolution du gouvernement le plus éphémère de l’Histoire (14 heures), on s’approche aujourd’hui du terme la mission confiée par Emmanuel Macron au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de «définir une plateforme d’action et de stabilité». Si ce baroud d’honneur échoue, ce qui semble quasiment inévitable, le président assure qu’il «prendra ses responsabilités». Dissolution? Démission? Obstination? Réponse ce soir, le président français ayant prévu de prendre la parole dans un discours.

Glouglou de chicha et enfants démembrés. Cette semaine, j’étais en reportage à «Little Gaza», ce quartier du Caire renommé ainsi depuis qu’il accueille une bonne partie des 100’000 réfugiés palestiniens ayant fui la guerre ces deux dernières années. Si certains ont réussi à ouvrir de florissants commerces, la majorité d’entre eux vivent dans une précarité absolue. Sans papiers, ils ne peuvent pas travailler, et leurs maigres économies ont déjà été englouties par les 5000 dollars par personne qu’ils ont dû payer aux passeurs de Rafah. Ils survivent avec quelques sous envoyés par leurs proches. Suspendus dans une réalité parallèle, en sécurité mais loin des leurs, ils ne pensent qu’à rentrer à Gaza, «même si tout est détruit, même sous une tente», me confie une grand-mère. C’est en gros ce que je raconte dans mon reportage publié dans Le Temps à l’occasion du deuxième anniversaire du 7-Octobre.

Mais à titre personnel, ce qui m’a le plus frappé, ce ne sont pas les témoignages accablants de Manal, Hassan, Sarah et une myriade d’autres Gazaouis meurtris par la guerre et l’exil. Non, c’est ce groupe d’hommes patauds que j’ai croisés le soir, après une longue journée de travail. Ils sont attablés dans un café, ont entre 30 et 60 ans, c’étaient des voisins à Gaza City et désormais ils sont ici, fauchés et désœuvrés. Je ne sais pas pourquoi, mais leur nonchalance m’a davantage secoué que la douleur et l’emphase de tous les autres rencontrés auparavant. Ils sont là, ces six hommes, à fumer la chicha en se racontant des blagues potaches qui les font à moitié rire. Puis, quand j’arrive et me présente, ils me montrent tous des vidéos sur leur téléphone, des vidéos qu’ils ont tournées eux-mêmes, des corps emballés, des bras détachés, des enfants démembrés. Contrairement aux images qui défilent en boucle sur les chaînes d’info, là rien n’est flouté. Il y a juste la réalité brute et implacable de la mort.

Ils me montrent ces vidéos avec un air blasé, puis s’en retournent au glouglou de leur chicha et à leurs anecdotes. Ils m’expliquent qu’ils dorment le jour, qu’ils se retrouvent au café la nuit, puis qu’ils partent se coucher. Tout leur semble égal. J’essaie de me mettre à leur place et je me demande: quand on a vécu l’horreur absolue pendant des mois, quand on a vu ce qu’il y a de pire dans l’homme, quand on a vu des innocents se faire carboniser, quand on a vu le monde entier se dérober par lâcheté, quand on a vu tout ça, comment encore accorder de l’importance aux choses? Comment croire que la volonté personnelle puisse changer quoi que ce soit? Comment demeurer connecté au reste des êtres humains qui ne savent rien de ces horreurs et ne verront jamais l’Homme dans ses derniers retranchements? Alors je comprends mieux la posture religieuse, pas celle du jihad et du combat, que ne suivent qu’une partie des Gazaouis, mais celle de la soumission à Dieu – littéralement islam – qui les habite tous. Qui consiste à s’en remettre à la prédestination divine et à abandonner toute tentative d’expliquer l’inexplicable ou de vaincre l’invincible.

Mon labo arabe.

Des Israéliens assistent à une cérémonie sur le site du festival Nova, où des centaines de jeunes ont été tués il y a deux ans. Crédits: Keystone / AP / Ariel Schalit

Deux ans après le 7-Octobre, le pacifisme israélien des kibboutz est mort. Paradoxalement, les villages les plus touchés par le massacre du Hamas, autour de la bande de Gaza, étaient également les plus ouverts à la cohabitation avec les Palestiniens. Ce n’est plus le cas. Dans ces communautés exsangues, où s’organisent désormais des visites touristiques macabres, les habitants se sont mis au diapason de la majorité du pays. «Honnêtement, les bombes sur Gaza me font du bien. Il n’y a pas d’innocents à Gaza», déclare un habitant qui avait pourtant soutenu le désengagement de Gaza en 2005 et l’existence d’un Etat palestinien.

La Syrie se donne un parlement sunnite masculin. Dimanche ont eu lieu les premières élections depuis le départ de Bachar Al-Assad. Environ 6000 membres d’un collège électoral composé de notables et d’experts se sont rendus aux urnes pour choisir les deux tiers du nouveau parlement, soit 140 sièges. Cependant, le vote de Suweida et du nord-est du pays, zones non contrôlées par le gouvernement, a été repoussé (cela représente 21 sièges). Sur les 119 personnes désignées, les hommes sunnites forment l’écrasante majorité. Dix sièges reviennent aux minorités, notamment kurdes, chrétiennes et alaouites, tandis que seulement six sièges ont été attribués à des femmes. Le président Ahmed Al-Sharaa s’est engagé à rééquilibrer la donne dans son choix des 70 députés restants.

Israël accusé d’avoir maltraité les membres de la flottille Soumoud. Arrêtés la semaine dernière avant d’avoir atteint les côtes gazaouies, les 500 militants de la flotte humanitaire ont été détenus plusieurs jours dans les geôles israéliennes. Là, ils disent avoir été victimes de mauvais traitements. Certains affirment ne pas avoir reçu d’eau, de nourriture et de médicaments pendant des dizaines d’heures. Plusieurs activistes assurent que la célèbre militante suédoise Greta Thunberg a été forcée de se parer d’un drapeau israélien, et que des gardes israéliens se sont pris en selfie avec elle. Les autorités israéliennes nient ces allégations.

Une raison d'espérer

L’Egyptien Khaled El-Enany devient le premier directeur arabe de l’UNESCO. Elu avec 55 voix sur 57, l’ancien ministre du tourisme et des antiquités, parfaitement francophone, est le second africain à prendre la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Il succède à la Française Audrey Azoulay alors que l’institution traverse un moment charnière – le retrait annoncé des États-Unis en 2026 faisant chuter son budget de près de 11%. L’égyptologue de formation, âgé de 54 ans, entend mettre la priorité sur l’éducation: «Tant qu’un étudiant ou un élève lit dans les manuels scolaires que son voisin est un ennemi, il n’y aura pas de paix. C’est par là qu’il faut commencer».

C’est ce qu’a dit Donald Trump hier, en parlant des politiques sécuritaires du gouverneur de l’Illinois et du maire de Chicago, où le président a envoyé 300 gardes républicains. Pourtant, les statistiques officielles de la criminalité du département de police de Chicago montrent une baisse annuelle de la criminalité, avec des homicides en recul de 28% par rapport à la même période de l’année dernière et de près de 50% par rapport à il y a quatre ans.

En même temps, il n’y a pas de quoi se vanter d’avoir réduit la criminalité de moitié, quand le président s’exprime sur des baisses de 4000% sur à peu près tout.

Votre correspondant. Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a deux ans pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis également correspondant pour Le Temps et Libération.