Bonjour, c’est Florent, dans l’Est ukrainien, qui, malgré les négociations de paix, se vide peu à peu de sa population. Les drones kamikazes et l’armée russe continuent de gagner du terrain.

Au menu du jour, on va parler des résultats des pourparlers d’Istanbul entre Kyiv et Moscou, qui n’ont, une fois de plus, pas abouti à un cessez-le-feu, de la reprise des recherches dans le village de Blatten et de l’incroyable opération ukrainienne qui a gravement endommagé l’aviation russe.

photo journaliste

Florent Vergnes à Kyiv
03.06.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

Pas de cessez-le-feu pour le second tour des pourparlers ukraino-russes. Plus de deux semaines après la rencontre entre Moscou et Kyiv à Istanbul, les négociations n’auront pas créé la surprise. Alors que l’Ukraine et l’Europe continuent d’exiger un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours comme préalable à tout accord de paix, le Kremlin maintient ses positions maximalistes. Il n’offre qu’une trêve partielle de deux à trois jours dans certaines zones du front. Les deux parties se sont toutefois entendues sur un échange de 1200 prisonniers et 6000 corps de soldats tués. L’Ukraine a d’ores et déjà proposé un nouveau round entre le 20 et le 30 juin, et Erdogan a suggéré une rencontre tripartite incluant Zelensky, Poutine et Trump. Le président américain s’est dit partant.

Euronews (FR)

Emmanuel Macron volé par Greenpeace. Ou, du moins, son double en cire. La statue a été dérobée hier au Musée Grévin, à Paris, par des militants de l’ONG internationale déguisés en touristes. Ils se sont enfuis par la sortie de secours, le président français sous le bras. L’effigie a été ensuite déposée devant l’ambassade de Russie à Paris. Le but de l’opération était de protester contre le maintien des liens économiques entre Paris et Moscou, avec l’achat d‘«engrais chimiques», d‘«uranium», et de «gaz».

France Info (FR)

Aux Etats-Unis, attaque contre un rassemblement de soutien aux otages israéliens. Dimanche dans la nuit, une agression qualifiée de «terroriste» par le FBI a secoué la ville de Boulder, dans le Colorado, blessant six personnes, dont une se trouve dans un état grave. Un individu d’origine égyptienne a utilisé des lance-flammes de fortune en direction d’une foule, en criant «Free Palestine» lors d’une marche de soutien aux otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza. Les autorités fédérales ont ouvert une enquête pour identifier les motivations de l’assaillant.

Le parisien (FR)

Reprise des recherches sur le village de Blatten. Après l’effondrement du glacier de Birch le 28 mai, les opérations de secours ont repris hier à Blatten pour retrouver un éleveur de moutons de 64 ans porté disparu. Suspendues plusieurs jours en raison des conditions dangereuses, les opérations, coordonnées par la police cantonale valaisanne, se concentrent désormais sur un secteur délimité. Le lac formé par les débris reste stable. La vallée du Lötschental demeure en alerte, tandis que la solidarité s’organise pour soutenir les sinistrés.

RTS (FR)

Hommage à Dan Gallin

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DR

Un penseur du syndicalisme s’en est allé. Ancien secrétaire général de l’Union internationale des travailleurs de l’ali­mentation et de l’agriculture (UITA), basée à Genève, Dan Gallin est décédé à Genève samedi 1er juin, à 94 ans. Il était aussi le fondateur du Global Labour Institute en 1997. Ce think tank ayant développé des approches non conformistes pour la défense des droits et des libertés des travailleurs dans le contexte actuel d’un monde brutal, globalisé et capitaliste. Né à Lviv, alors en Pologne, en 1931, Dan Gallin est arrivé en Suisse à l’âge de 12 ans. Il a ensuite étudié aux Etats-Unis, dont il sera chassé en plein maccarthysme. Antisoviétique, antistalinien, il était une figure de la gauche indépendante et internationale. La rédaction de Heidi.news présente ses condoléances à son épouse, l’écrivaine et journaliste Joëlle Kuntz. Les funérailles auront lieu vendredi 6 juin à 14h15 au cimetière de Saint-Georges à Genève.

Grand entretien de Dan Gallin avec Pages de gauche (2017)

Il est temps de raconter le monde

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🌾 Vous n’aurez pas nos graines! C’est la semence qui dirige le monde. Sans graines, plus rien dans l’assiette. Durant des millénaires, les paysans ont nourri une diversité extraordinaire de plantes, en échangeant, préservant, et replantant leurs semences. Jusqu’au jour où l’industrie s’en est mêlée, au nom du profit et de la productivité.

Notre journaliste a arpenté les champs, les fermes et les stations de recherche. Du nord au sud, paysans, chercheurs et activistes réclament la souveraineté des semences. Une question de bon sens, mais aussi de survie.

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Dans mon radar aujourd'hui

Paris et Rome essaient de briser la glace. Emmanuel Macron est attendu à Rome demain pour rencontrer Giorgia Meloni et tenter d’apaiser des relations tendues. Bien que la dirigeante d’extrême droite ait reconnu des «divergences», elle assure n’avoir aucun problème personnel avec le président français, europhile et libéral. Meloni s’était notamment plainte, le mois dernier, d’avoir été écartée d’une réunion avec les dirigeants ukrainien, français, allemand, britannique et polonais. «Gardons-nous des fausses informations sur ce sujet, il y en a assez distillées par les Russes et leurs réseaux», avait rétorqué Macron, tandis que Merz invitait Meloni à mettre son ego de côté. Bien que les deux leaders s’accordent sur la guerre Ukraine, l’issue de cette rencontre pourrait influencer la vision commune de l’Europe sur ce thème.

L’Orient le Jour (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine.

Et même hier soir, au moment d’écrire cette lettre. Je suis à Kramatorsk, tout près de la ligne de front à l’Est. Allongé sur mon lit, je parcours les nouvelles du jour pour trouver quoi raconter, après une journée déjà bien remplie. Je réfléchis à ce que je pourrais partager dans cette rubrique. J’hésite : dois-je vous parler d’Oleg, qui cherche désespérément son fils, captif en Russie, ou de mon départ vers l’est, courant vers la gare sous le bruit des drones ?

Étendu sur mes draps, perdu dans mes pensées pour trouver quoi écrire, je suis soudain tiré dans la réalité par un bruit qui fait trembler le lit. Je me précipite à la fenêtre : deux colonnes de fumée noire s’élèvent à l’horizon, à quelques kilomètres. Puis, trois autres explosions résonnent, suivies de trois nouvelles colonnes de fumée.

Ce sont des KAB, des bombes planantes russes, que Moscou déploie massivement sur le front. Je reconnais leur son, ce «boum» profond, rond et presque paresseux, qui accompagne la destruction des maisons, bien différent du claquement sec des missiles. «J’ai l’habitude, à force», me dis-je.

Mais en baissant les yeux depuis ma fenêtre, j’aperçois un groupe de jeunes, âgés de 14 à 17 ans qui s’amusent dans les jeux du jardin public. L’image me frappe. Ces épaisses zébrures noirâtres à l’horizon contrastent avec ces gamins qui font de la balançoire, indifférents au chaos.

Deux nouvelles explosions secouent l’atmosphère. Je sursaute. Eux, pourtant, ne bronchent pas. Ils ne tournent même pas la tête. Moi qui pensais être un habitué, j’ai trouvé plus fort que moi.

De retour à mon ordinateur, je suis encore troublé par tant de désinvolture face à la guerre. Surtout chez des gamins. Bouleversé, mais aussi soulagé: je sais enfin ce que je vais vous raconter dans cette rubrique.

Mon labo slave

Le mémorandum russe, enfin public, campe sur ses positions maximalistes. Lors des pourparlers d’Istanbul, Moscou avait réclamé un échange de positions écrites, mais s’était abstenu de partager la sienne jusqu’aux discussions directes. Hier, le Kremlin a finalement publié son document. Il réaffirme des exigences inflexibles: reconnaissance des annexions de la Crimée et de cinq régions partiellement occupées, retrait des forces ukrainiennes de ces zones, interdiction de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, destitution du président Volodymyr Zelensky, démobilisation de l’armée ukrainienne et statut de neutralité avec interdiction d’armes ou bases étrangères. Moscou demande aussi un statut officiel pour la langue russe, une interdiction de la «propagande nazie», un amenuisement de l’armée ukrainienne, une renonciation mutuelle aux compensations pour les dommages de guerre et, enfin, la levée des restrictions sur l’Église orthodoxe russe en Ukraine. Si Kyiv revoit constamment à la baisse ses exigences, sous pression américaine, le Kremlin, lui, ne bouge pas d’un pouce.

Ukrainska Pravda (EN)

L’opération «toile d’araignée» redonne le sourire aux Ukrainiens. «Je suis si fière», glissait Halyna au micro du Kyiv Independent hier. Si les Kiéviens avaient la banane, c’est que les services de sécurité du pays (SBU) ont réussi, avec peu, à monter un grand coup dimanche. Des drones suicides à courte portée, cachés dans le faux plafond d’un camion, et voilà qu’Internet est inondé d’images de bombardiers russes Tu-95, à 26 millions de francs suisses, partant en fumée. L’opération, qui a mis un an et demi à être montée, a mis à terre 41 appareils qui lâchaient des bombes sur le pays depuis plus de trois ans, selon le SBU. Selon lui, 34 % de la flotte de bombardiers russe aurait été endommagée. Coût total: quelques dizaines de milliers de francs suisses pour l’Ukraine, contre sept milliards pour la Russie. Si l’impact reste limité sur le front, l’initiative aura surtout réussi à doper le moral des Ukrainiens.

Kyiv Independent (EN)

Avec l’élection de l’extrême droite polonaise, l’Ukraine tremble. Karol Nawrocki n’aime pas vraiment son voisin ukrainien, et il ne s’en cache pas. Si cet historien de l’antisoviétisme n’est pas non plus très ami avec Moscou, qui lui reproche son soutien au retrait des monuments à la gloire de l’Armée rouge en Pologne, son élection reste une mauvaise nouvelle pour Kyiv. Le nouveau président, élu avec 50,89 % des voix, s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN. Fervent admirateur de Donald Trump, il a souvent critiqué «l’ingrat» président Zelensky, ainsi que les coûts du soutien aux réfugiés ukrainiens, et ravivé les tensions historiques autour du massacre de Volhynie, que Varsovie accuse Kyiv d’avoir perpétré en 1943. Des positions qui tranchent avec le discours du Premier ministre europhile et défenseur de l’Ukraine, Donald Tusk, dont le gouvernement est désormais en sursis.

RBC Ukraine (EN)

Une raison d'espérer

A Kyiv, une exposition comme thérapie à l’accablement. À pleins poumons, Inna pousse un cri déchirant et suraigu: «Ça rend plus léger!», dit-elle. Relâcher la pression en hurlant, voici l’une des activités promues par l’exposition «troisième souffle», que je suis allé couvrir la semaine dernière pour l’AFP. Jurer dans une cabine insonorisée ou se lover contre un chat géant qui ronronne: à travers divers ateliers, il s’agit de redécouvrir le bonheur ou la nostalgie. Un moment étrange où les soldats retrouvent le sourire, où des personnes doublement déplacées pataugent dans une mare artificielle sans se soucier du lendemain. Plus de 100’000 personnes ont déjà poussé la porte de cette exposition thérapeutique. Une goutte d’eau, quand on sait que 44% de la population ukrainienne souffrirait de dépression

France 24 avec AFP (EN)

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine, d’où je regarde le monde se déliter.

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