Bonjour, c’est Eric à Hong Kong, où des parlementaires mal élus ont rejeté un projet de PACS local, en dépit d’une décision favorable historique des instances judiciaires. Et le gouvernement se contente de «respecter» leur décision sans proposer d’alternative…

Ce lundi, je vous parle de la manifestation pro-palestinienne monstre à Madrid qui a interrompu la Vuelta, des enjeux dystopiques de l’IA du futur en Chine et de l’efficacité de la semaine de 32 heures chez les fonctionnaires écossais.

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Eric Sautedé à Hong Kong
15.09.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Un manifestant brandit un drapeau palestinien sur les barricades bloquant la 21e étape de la course cycliste espagnole à Madrid, le 14 septembre 2025. © Keystone / AP Photo / Manu Fernández

Plus de 100’000 manifestants propalestiniens ont interrompu la Vuelta à Madrid. Et si l’annulation de la dernière étape du tour d’Espagne en a ému certains, ce n’est pas le cas de la numéro 3 du gouvernement espagnol, la ministre du travail Yolanda Diaz, qui a salué sur Instagram la «leçon donnée au monde entier» par les manifestants. Le leader de l’opposition de droite, Alberto Nunez Feijoo, a lui parlé sur X de «honte internationale» pour le pays dont l’exécutif serait responsable.

Swiss Info (FR)

Au Népal, la première ministre par intérim dit vouloir répondre aux attentes de la «Gen Z». Sushila Karki, ancienne présidente de la Cour suprême et première femme de l’histoire à diriger le gouvernement de son pays, déclare ne pas vouloir occuper le poste plus de six mois. Nommée vendredi dernier, la première ministre précise que ce que la contestation «Gen Z» exige «c’est la fin de la corruption, la bonne gouvernance et l’égalité économique». Les manifestations de masse, déclenchées par l’interdiction des médias sociaux, ont littéralement embrasé le pays la semaine passée, se soldant par de nombreux actes de violence et des images spectaculaires de maisons de politiciens vandalisées et du parlement incendié. Le bilan des troubles s’élève à 72 morts, dont trois policiers.

BBC International (EN)

Intrusion de drones russes en Roumanie. Le gouvernement roumain a dénoncé hier cette incursion survenue samedi lors d’une attaque contre l’Ukraine. Pour le ministère de la défense, «ces actions irresponsables […] représentent un nouveau défi pour la sécurité et la stabilité régionales dans la région de la mer Noire». Pour la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, «la violation de l’espace aérien roumain par des drones russes est une autre violation inacceptable de la souveraineté d’un Etat membre de l’UE».

France Info (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

Qatar: «Il est temps que la communauté internationale abandonne les doubles standards» à l’égard d’Israël. Ces mots prononcés hier par le premier ministre qatari, en amont du sommet d’urgence des pays arabes se réunissant à Doha aujourd’hui, sont un avertissement clair adressé à l’allié américain suite à l’attaque israélienne de la semaine dernière. Les frappes israéliennes de mardi dernier ont tué cinq membres du Hamas et un agent de sécurité qatari, manquant de peu la réunion de l’équipe de négociation à Doha supposée évaluer la proposition des Etats-Unis en vue d’un cessez-le-feu à Gaza. Les délégués de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique devraient également aboutir aujourd’hui à une déclaration commune précisant des mesures concrètes contre Israël.

Al-Jazeera (EN)
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Mon bureau de vote à Macao, dimanche 14 septembre 2025. @ Eric Sautedé

Ça m'est arrivé cette semaine

Voter à Macao. Cela fait maintenant plus de 30 ans que je vis entre Hong Kong et Macao, et en vertu des années passées dans chacune des régions administratives spéciales, j’ai obtenu la résidence permanente dans les deux – de base, il faut y vivre sept années consécutives. Je suis aussi inscrit sur les listes électorales, et j’y ai donc le droit de vote. Ce dimanche, à l’occasion des législatives, je me suis donc rendu à Macao pour déposer mon bulletin dans l’une des urnes de l’Institut Salesiano, mon bureau de vote dans le quartier de Saint Laurent, quartier dans lequel j’ai toujours un pied-à-terre même si je suis de retour sur Hong Kong depuis une petite dizaine d’années.

Comme à Hong Kong, et certains disent même à cause de Hong Kong, le jeu est devenu beaucoup moins ouvert depuis cinq ans, dans la foulée des grandes manifestations prodémocratie qui avaient gagné l’ancienne colonie britannique en 2019. Ici aussi, priorité a été donnée à la «sécurité nationale», et le nouveau mot d’ordre est devenu celui d’un gouvernement, dans toutes ses incarnations, dirigé par «des patriotes» – dans la parlance officielle, ça donne patriots administering Macao et staunch patriots that [sic] love the country and Macao. C’est assez flou, mais dans la pratique ça veut dire que quiconque remet en cause le mode de gouvernement se voit interdit d’assumer une quelconque fonction officielle, voire de candidater à ladite fonction.

A Hong Kong, le ménage a été fait avant les élections de 2021 avec l’arrestation de tous les démocrates qui avaient participé à des primaires en prévision de législatives initialement prévues en 2020 – c’est le fameux procès dit «des 47». Et puis la méthode a été affinée avec de nouvelles lois électorales, et l’on est donc passé d’un parlement où l’on comptait 29 démocrates sur 70 députés en 2016 à une chambre rouge horizon en 2021, avec 89 députés pro-Pékin sur un total de 90 – la quantité étant supposée compenser l’absence de diversité.

A Macao, le camp démocrate a toujours été extrêmement minoritaire: au mieux quatre voire cinq députés démocrates sur un total de 33 parlementaires. En 2021, six listes de candidats (sur un total de 21), pour l’essentiel des démocrates, furent «disqualifiées» sous prétexte que leur «allégeance à la Région administrative spéciale de Macao» était contestable. Exit les trois plus fervents combattants pour la démocratie, dont le doyen Ng Kuok Cheong, élu pour la première fois et sans discontinuité depuis 1992. Et en 2025, deux listes (sur 8 seulement cette fois) furent à nouveau disqualifiées, l’une d’elles pourtant conduite par un député sortant indépendant ayant travaillé un temps pour des officines pro-Pékin.

Comme à Hong Kong, la participation aux législatives piqua du nez en 2021, par contraste avec 2017 – 42,4% au lieu de 57,2%. Les gens votèrent donc avec leurs pieds, alors que la proportion de votes nuls doublait et celle des votes blancs quadruplait… Si en 2021 l’on pouvait encore blâmer le Covid, une abstention record cette année aurait été plus qu’embarrassante. Ce fut donc une débauche d’exhortations à aller voter, tantôt sur le mode de l’incitation patriotique ou de dédommagements sous forme de repas gratuits et d’heures chômées compensées, tantôt sur un ton plus péremptoire de quasi-intimidation pour quiconque ne remplirait pas ses devoirs. Au final, l’honneur est sauf, puisqu’on est remonté au-dessus de la barre des 50%, mais la participation est tout de même la 3e plus mauvaise sur sept élections depuis 2001, et les votes nuls et blancs poursuivent leur inexorable ascension alors que la seule liste un tant soit peu indépendante, celle conduite par José Maria Pereira Coutinho, recueille plus de 26% des suffrages…

Mon labo chinois

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© Yicai

L’intelligence artificielle «au cœur des nouvelles forces productives de qualité». En bon français, cela veut dire que l’IA devrait devenir le moteur de la croissance chinoise, c’est du moins ce qu’exprimerait un rapport du gouvernement sur la mise en œuvre du plan stratégique «AI Plus», selon Synced (jiqizhixin). Des industries émergentes, telles que la fusion nucléaire ou l’informatique quantique, un temps jugées essentielles deviendraient secondaires. D’ici 2027, le taux de pénétration de l’IA devrait atteindre 70% dans six secteurs-clés (science et technologie, industrie, consommation, bien-être social, gouvernance et coopération mondiale); d’ici 2030, on passerait à 90% dans l’ensemble de l’économie; et à l’horizon 2035, l’IA devrait être devenue aussi banale que l’électricité ou Internet. De cette lecture dystopique, ChinaAI fait une lecture critique – et salutaire!

ChinaAI (Substack) (EN)

Taïwan met à jour son manuel de sécurité. Le scoop de Reuters – ledit manuel ne sera publié que la semaine prochaine – rapporte que cette mise à jour d’une première édition sortie en 2022 devrait indiquer aux citoyens la conduite à adopter en cas de présence de soldats ennemis sur le territoire, mettre en garde les usagers sur les enjeux sécuritaires des appareils technologiques fabriqués en Chine et préciser que toute affirmation péremptoire d’une éventuelle reddition de Taïwan doit être considérée comme mensongère. L’opus de 29 pages richement illustrées exhorte les Taïwanais à «se protéger les uns les autres et à préserver [leur] chère patrie». Une mise en garde large d’esprit: «La situation mondiale – que ce soit en Europe ou dans la région indo-pacifique – n’est pas une préoccupation lointaine. Elle est à nos portes».

Reuters via Bangkok Post (EN)

La Chine vend son kit de censure de l’Internet aux pays autoritaires. La «Grande muraille» virtuelle, qui n’a cessé de se perfectionner depuis les années 90, fait des émules, de la junte birmane aux autorités pakistanaises, en passant par le Kazakhstan et l’Ethiopie. A la manœuvre de cette dissémination à l’international de la censure en ligne, une entreprise chinoise, Geedge Networks, dont un consortium de médias et d’ONG vient de passer les agissements au crible grâce à une fuite de 100’000 fichiers internes. On y apprend que l’entreprise est active depuis 2018 et qu’elle a bénéficié de la complicité plus ou moins consciente de sociétés européennes de la tech.

Usbek & Rica (FR)

Dans leurs fonctions sociales, les chatbots chinois semblent plus performants que leurs homologues occidentaux. Deux enquêtes le montrent assez clairement. Du côté de Viola Chou, pour Rest of world, DeepSeek est devenu une aide précieuse pour les personnes un peu isolées en mal de conseils médicaux rapidement accessibles et moins onéreux. Et pour Alex Colville de China Media Project, les DeepSeek, Doubao et Ernie 4.5 seraient bien meilleurs que ChatGPT dans la gestion des idées noires, et en particulier des usagers avec des tendances suicidaires. En Chine, toutes les IA conversationnelles admettent leurs propres limites et encouragent les utilisateurs souffrant potentiellement de troubles psychologiques à consulter un spécialiste… Dans la vraie vie!

China Media Project (EN)

Une raison d'espérer

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Extrait du rapport Introducing a shorter working week in Scotland’s public sector. © The Autonomy Institute

Certains veulent supprimer des jours fériés, d’autres adoptent la semaine de quatre jours. Et l’expérimentation nous vient d’Ecosse où deux services publics – soit 259 employés au total – se sont mis aux 32 heures pendant un an. Bilan? Des employés plus heureux et plus efficaces, puisque prenant moins de congés maladie et recourant clairement moins à ces congés pour des raisons psychologiques. Et la qualité du service aux usagers qui n’a pas faibli. Les deux organismes ont décidé de prolonger l’expérience au-delà du projet pilote, et ce dispositif pourrait bien être généralisé à tous les fonctionnaires d’Ecosse.

The Guardian (EN)
En direct de la Trumposphère
La fin du mythe du sauveur providentiel?

«Les entrepreneurs de la violence nous exploitent et nous perdons notre capacité à agir.»

Les mots de Spencer Cox, le gouverneur républicain de l’Utah, l’Etat où a eu lieu l’assassinat de Charlie Kirk, sonnent haut et fort lors de son interview dominicale à NBC. «Dans ma philosophie conservatrice, ajoute-t-il, et, très franchement, dans ma philosophie religieuse, nous croyons au libre-arbitre, nous croyons que chacun est individuellement responsable de lui-même. Et les Etats-Unis d’Amérique sont un ensemble de personnes très différentes. Encore une fois, aucun président ne va nous sortir de cette situation. Ce sera à chacun d’entre nous de le faire.» Certains veulent voir dans ces propos le début de la fin d’une fuite en avant toujours plus mortifère de la polarisation politique.

NBC News (EN)

Votre correspondant. J’ai découvert l’univers chinois dans les années 1980, avant de m’installer à Hong Kong en 1994. Depuis, je m’efforce de rendre cet Orient de moins en moins lointain aussi accessible que compréhensible. Si vous cherchez un point très complet sur toutes les dimensions de la censure de l’Internet en Chine, son verrouillage absolu, Jessica Batke et Laura Edelson ont fait un superbe travail de synthèse pour ChinaFile – The Locknet: How China Controls Its Internet and Why It Matters.

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