Les infos que j'ai retenues pour vous

Le secrétaire général de l’OTAN, M. Mark Rutte, s’exprime lors d’une conférence de presse. REUTERS/Yves Herman

L’OTAN évoque une offensive russe dans les années à venir. Son chef Mark Rutte a déclaré hier qu’en accroissant ses capacités militaires, le Kremlin pourra attaquer les Etats de l’Alliance dans les cinq prochaines années. «La Russie reconstitue ses forces avec la technologie chinoise et produit plus d’armes, plus rapidement que nous le pensions», a-t-il expliqué. Moscou produirait, en trois mois, autant de munitions que tous les nations de l’OTAN en un an. Mark Rutte a appelé les pays membres à augmenter de 400% les capacités de défense aérienne et antimissile de l’Alliance atlantique.

L’extrême droite européenne se réunit en France. Viktor Orbán, Matteo Salvini, Santiago Abascal, Geert Wilders… il y avait hier de nombreuses têtes d’affiche venues de l’Europe radicale et nationaliste autour de Marine Le Pen. La présidente du Rassemblement national a mis en place une «fête de la victoire», qui entend célébrer l’arrivée en tête du parti d’extrême droite français lors des élections européennes du 9 juin 2024. Parmi les saillies anti-européennes des invités, le Premier ministre hongrois a comparé la politique migratoire de l’UE à «un échange organisé de populations pour remplacer le socle culturel» du continent.

Trump envoie des marines à Los Angeles. Il persiste dans ses opérations visant à mettre un terme aux manifestations et aux violences dans la Cité des anges. Des initiatives qui ont pris la forme d’un bras de fer avec le gouverneur démocrate de l’Etat Gavin Newsom, qui accuse le président de créer le chaos à dessein. Quelque 700 marines seront déployés. Ils ne devraient pas prendre part aux actions de maintien de l’ordre… à moins que le locataire de la Maison-Blanche n’invoque le très controversé Insurrection Act.

Il est temps de raconter le monde

🌄 Précommande: Trail, la montagne en courant - deuxième édition. Et si courir en montagne était une façon de retrouver le souffle de l’aventure dans nos vies routinières? Dans cette nouvelle édition augmentée, Charlie Buffet et Sophie Guignard racontent le trail comme une traversée intime: celle du corps qui vit le martyre tandis que l’âme se libère, celle des paysages qui défilent et des certitudes qui tombent.

Dans mon radar aujourd'hui

L’Europe veut se doter de son Starlink. L’entreprise européenne de télécommunication SES devrait recevoir demain l’autorisation sans condition de l’UE pour un rachat d’Intelsat, évalué à 2,79 milliards de francs suisses. Le but: créer un géant de l’internet satellitaire avec à la constellation OneWeb et plus de 126 relais en orbite. Si on est bien loin des 5800 satellites du géant SpaceX, cette fusion marque un petit pas de l’Europe sur les plates-bandes d’Elon Musk.

Ca m’est arrivé le mois dernier, mais ça m’est revenu hier. Courant à droite à gauche dans l’est de l’Ukraine, je me suis posé un peu pour regarder les nouvelles annonçant la libération, par la Russie, des prisonniers ukrainiens. J’ai de suite pensé à toi, Youri.

Fin mai, Kyiv et Moscou avaient procédé à leur plus grand échange de prisonniers de guerre. En attendant l’arrivée des bus qui devaient amener les premiers 1000 soldats nouvellement libérés, des centaines de familles patientaient, brandissant une foule de jeunes visages vêtus de kaki, figés sur papier glacé. Aucune d’elles ne savait si ses proches avaient eu la chance de quitter les geôles russes. Les noms des heureux élus ne sont pas communiqués en avance. Certains des soldats libérés avaient parfois même été préalablement déclarés morts.

Au milieu de la foule et des banières bleues et jaunes, un homme de 53 ans à la barbe interminable et aux yeux d’un bleu cristallin. Youri. Voûté, tu t’appuyais sur la hampe d’un drapeau ukrainien, une cigarette roulée qui se consume au bout de tes doigts noircis par des décennies de tabac. Tu attends ton fils Ernest. Depuis trois ans maintenant.

À chaque annonce de libération de prisonniers, tu fais le chemin jusqu’à la région de Tchernihiv, dans le nord du pays, avec l’espoir de le voir, qu’il revienne enfin à la maison, après sa capture par les Russes quand il défendait le pays. À chaque fois, des espoirs déçus. «La première fois, ça m’a fait un mal de chien. Maintenant je me prépare, pour ne plus subir la déception, je me conditionne», me dis-tu avec ta voix calme et rocailleuse. Pour éviter d’avoir à fondre en larmes, comme la première fois, tu es venu en famille. «Regarde, un, deux, trois, quatre, cinq… il y en a un tas autour de moi, je suis bien entouré», as-tu compté d’un index noueux. «On s’aide les uns les autres.» Tu es devenu un habitué de ce rendez-vous qui mêle espoirs et angoisses, larmes de joie et de tristesse. Tu as fini par te faire des amis, qui eux aussi attendent éperdument un signe de vie de la chair de leur chair, laquelle est peut-être déjà digérée par la terre du Donbass.

Pourtant, tu es un privilégié parmi la foule de désespérés ce jour-là. Car toi, tu as des nouvelles de ton fils. «C’était un vendredi, un type l’a vu. Un gars qui a été en prison pendant sept ans. Un civil de Donetsk. Il a été libéré et il est arrivé à Kyiv par ses propres moyens.» Par la force du désespoir, tu es devenu enquêteur. Il t’a confié, devant la photo tremblante du téléphone que tu tenais dans tes mains, comment il a aperçu son visage par la fenêtre de l’hôpital où il se faisait soigner pour des problèmes de cœur. Puis un autre type t’a dit qu’il avait entendu qu’un autre soldat avait partagé la cellule d’«Ernie», un jeune d’une vingtaine d’années. «Ça colle», me dis-tu, convaincu.

Ernie a aujourd’hui 22 ans. Tu as peur de ne pas le reconnaître. Comme les trois cents familles présentes ce jour-là, quand les bus vont arriver, tu vas crier, tu vas pleurer, tu vas exulter. Quand les tristes héros sortent, tu chantes «Gloire à l’Ukraine» à pleins poumons. Puis tu cherches dans la foule de fantômes gris et émaciés, drapés de jaune et de bleu, ce visage que tu as si bien connu, cette moitié de toi. Certains vont téléphoner à leur mère, en larmes à l’écoute de leur voix que le temps et les coups de bâton leur ont fait oublier. D’autres se précipiteront pour embrasser leurs compagnes, dont le parfum s’est évaporé après trois ans de sévices.

Mais Ernie n’est pas là. Alors tu tends son portrait, à l’un, à l’autre, à ceux qui ne sont pas totalement brisés, à celui qui peut encore parler ou fumer une cigarette, lui demandant s’il ne l’a pas vu, dans une cellule, au hasard d’une visite médicale, entre quatre planches de bois. Mais rien. Tu regardes tes nouveaux amis pleurer de joie en étreignant leurs fils. Tu es triste, mais tu ne le montres pas. Tu me serres la main, tes yeux bleus cristallin humides et cernés de rouge: «La prochaine fois.»

Kyiv et Moscou ont annoncé échanger tous les prisonniers de moins de 25 ans, seule véritable avancée de ces pourparlers fantoches. Les premiers sont arrivés hier. Je ne sais pas si Ernest est parmi eux. Je l’espère en tout cas, Youri.

Mon labo slave

Des soldats ukrainiens réagissent après leur retour de captivité lors d’un échange entre la Russie et l’Ukraine. AP/Ukrainian Presidential Press Office

Nouvel échange de prisonniers de guerre entre Kyiv et Moscou. Un premier groupe de soldats des deux pays ennemis a été libéré hier, selon les termes d’un accord conclu lors du second tour de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine, en mai. L’échange, qui devrait durer plusieurs jours, concerne tous les soldats âgés de moins de 25 ans ou gravement blessés. Si le nombre final des personnes libérées n’a pas été communiqué pour des raisons de sécurité, Kyiv et Moscou prévoient d’échanger aussi 6000 corps de soldats dans un futur proche.

Le drone russe V2U, l’intelligence tueuse venue de l’Occident. Les services de renseignement ukrainiens ont publié hier un compte rendu détaillé sur ce nouveau drone de combat utilisé par la Russie sur le front. Reposant sur une intelligence artificielle, l’arme est capable de sélectionner des cibles de manière autonome, faisant entrer la guerre des drones dans une nouvelle ère. Si la plupart des composants sont d’origine chinoise, de nombreuses pièces proviennent de constructeurs japonais, irlandais ou encore américains, et ce malgré les sanctions occidentales contre Moscou.

Attaque aérienne record sur l’Ukraine. Dans la nuit de dimanche à lundi, Moscou a lancé une offensive avec 479 drones suicides longue portée, soit sept de plus que le 1er juin dernier et ses 472 drones. Selon l’armée de l’air ukrainienne, 460 appareils ont été interceptés ou neutralisés, ainsi que 19 des 20 missiles tirés par la Russie. «Des impacts ont été enregistrés à dix endroits», a-t-elle précisé, sans donner plus de détails. Bien qu’occasionnant des dégâts limités, ces attaques deviennent de plus en plus fréquentes et montrent une production russe croissante de ces munitions mortelles mais bon marché. Elles laissent aussi craindre une saturation de la défense aérienne, si Kyiv ne reçoit pas plus d’assistance de ses partenaires.

Une raison d'espérer

Hannes Klostermann / Pew Bertarelli Ocean Legacy | DR

Le président de la Polynésie française dévoile une nouvelle aire marine protégée. A Nice, lors de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), le territoire d’outre-mer s’est engagé à créer l’un des plus vastes réseaux de réserves marines au monde. Le Président Moetai Brotherson veut couvrir près de 23% des eaux de son territoire avec deux zones hautement protégées, pour un total de 900’000 kilomètres carrés, où toute extraction sera interdite. Il établira des périmètres de pêche artisanale, limités aux pratiques traditionnelles. Ces mesures visent à préserver la biodiversité marine et à faire de la Polynésie française un acteur central de la gouvernance océanique mondiale. L’initiative a bénéficié du soutien de la Pew Bertarelli Ocean Legacy, qui travaille avec le gouvernement, les pêcheurs, les scientifiques, les élus et les ONG.

En tout cas, c’est ce qu’affirme Donald Trump à la presse, alors que Los Angeles est secouée par des heurts entre forces de l’ordre, envoyées par le président, et manifestants. L’idée lui aurait été soufflée par Tom Homan, le monsieur frontière de la Maison-Blanche, qui a dit sur CNN ce week-end vouloir arrêter quiconque tenterait de faire obstruction à ses opérations, dont le gouverneur Gavin Newsom.

«Je le ferais si j’étais Tom, a commenté le président hier. Je pense que c’est super. Gavin aime la publicité, mais je pense que ce serait un truc super.»

L’intéressé ne s’est pas laissé faire, dénonçant un «pas incontestable vers l’autoritarisme». D’aucuns voient dans ces actes une tentative de prendre le contrôle des États démocrates avant les élections de midterm.

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je regarde les drones voler en Ukraine, croisant les doigts pour ne pas en bouffer un.