Bonjour, c’est Amaury qui clôture ce Point du jour depuis l’aéroport de Casablanca, où je suis en escale entre Paris et N’Djamena. Théoriquement, je ne devrais plus y être quand vous lirez ces lignes.

Il fait froid, et on voit partout des affiches de la Coupe d’Afrique des Nations, la compétition de foot continentale qui se tiendra fin décembre. Et puis, le Maroc est favori.

Ce matin, je vous parle du triste concept de la «démocratie électorale», de la terrible situation à El-Fasher au Soudan, mais aussi d’une dose d’humour gaulois au Portugal.

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Amaury Hauchard à Casablanca
30.10.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Il pleut déjà à Santiago de Cuba, avant même que l’ouragan Melissa frappe l’île | KEYSTONE / EPA EFE / ERNESTO MASTRASCUSA

Après la Jamaïque, Melissa frappe Cuba. Il s’agit du pire ouragan ayant touché la Jamaïque depuis le début des relevés météorologiques. De catégorie 5, il a été rétrogradé en catégorie 3 avant d’atteindre Cuba avec des vents dépassant hier encore les 200 km/h, a annoncé le Centre national américain des ouragans. 735’000 personnes ont été évacuées à Cuba, 
où les habitants fuient les côtes à l’approche de la tempête. Au moins trente morts sont déjà à déplorer.

Le Monde (FR)

Israël dit reprendre le cessez-le-feu après avoir frappé des dizaines de cibles à Gaza. Tel-Aviv va et vient avec la trêve, tout en rejetant la faute sur le Hamas. «Au moins 101 morts ont été transportés dans les hôpitaux, dont 35 enfants, plusieurs femmes et personnes âgées, à la suite des frappes aériennes israéliennes en moins de 12 heures», a déclaré le porte-parole de la Défense civile, une organisation de secours opérant sous l’autorité du Hamas.

CNN (EN)

La Réserve fédérale américaine diminue ses taux d’intérêt. Hier, elle opérait la seconde baisse de l’année dans l’espoir de maintenir la croissance et l’emploi, quand bien même l’inflation reste élevée. Son directeur Jerome Powell a tenu à préciser que de futures diminutions n’étaient pas garanties. Il a notemment mentionné les effets du shutdown du gouvernement sur l’émission de données indispensables au décisions de la Réserve, mais aussi des divisions au sein du conseil de 19 experts chargé de fixer le loyer de l’argent.

Associated Press (EN)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

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Issa Tchiroma Bakary lors de la campagne électorale, début octobre | KEYSTONE / AP / WELBA YAMO PASCAL

Sera arrêté ou ne sera pas arrêté? Au Cameroun, Paul Biya, 92 ans, a été réélu pour la huitième fois à la présidence du pays. Mais son opposant, Issa Tchiroma Bakary, n’en démord pas et revendique la victoire. Il s’inscrit là dans les pas de chacun de ses prédécesseurs opposants à Paul Biya: bénéficiant de la ferveur populaire, convaincu qu’il a gagné dans les urnes et que celles-ci ont été trafiquées, et clamant haut et fort qu’il ne lâchera rien. Le dernier en date, Maurice Kamto en 2018, a fini embastillé ; qu’en sera-t-il du trublion Tchiroma?

Le Pays (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

El Fasher, je n’y ai jamais été. Mais depuis deux jours, j’ai totalement la tête en vrac ; c’est bizarre, non?

El Fasher,

il y aurait mille façons de la décrire: capitale régionale du Darfour Nord, dans l’est du Soudan, poche de résistance de miliciens rassemblés sous une bannière commune, centre commerçant millénaire planté au milieu du Sahara, pont entre les cultures soudanaises et sahéliennes, dernière ville non tombée du côté des RSF dans tout l’est du pays, bastion originel d’une communauté nomade qui a une influence dingue au Tchad voisin…

El Fasher,

elle a été prise par les RSF dimanche après un an et demi de blocus, Sami vous le disait hier: 177’000 civils y survivaient encore tant bien que mal, dans un quotidien de tirs de mortiers, de frappes de drones et de harcèlement permanent.

El Fasher,

c’était la dernière ville que ces RSF n’avaient pas prise dans le grand est soudanais – les RSF, cette émanation des janjaweeds aux mille accusations d’exactions, déjà condamnées pour génocide il y a vingt ans, objet d’enquête depuis 2023 pour de nouveaux actes génocidaires.


El Fasher,

depuis dimanche ses derniers habitants sont rassemblés et tués, tout simplement. Les vidéos qui tournent sur les boucles Telegram et Whatsapp montrent des hommes tout sourire en train de commettre des crimes gratuits, dans la rue, comme vous iriez alpaguer un passant pour le saluer. «C’est un massacre, tout simplement, il n’y a pas d’autre mot que celui-ci: massacre», m’écrit un travailleur humanitaire à Tawila, ville voisine, où des centaines de milliers d’habitants se sont réfugiés.

El Fasher,

c’est une maternité saoudienne qui a été attaquée entre dimanche et ce matin, ses 460 patients et accompagnateurs tués sans discrimination, et un total de victimes qui se compte à quatre chiffres, 2000 selon l’armée.

El Fasher,

c’est la première fois dans l’histoire de l’imagerie satellite qu’il y a tellement de sang au sol qu’on peut le voir depuis l’espace.

El Fasher,

c’est déjà deux ans d’horreur dans l’indifférence du monde, c’est 500’000 personnes qui habitaient dans un camp de réfugiés à l’extérieur de la ville finalement prise d’assaut avril, c’est des récits de viols systémiques, de femmes qui griment leur bambin en fille pour qu’il ne se fasse pas tuer dans leur fuite, de charrettes tirées par des ânes et poussées à la chaleur de la saison chaude pour rallier le Tchad, à 400 kilomètres de marche.

El Fasher,

c’est cette amie, ancienne présentatrice de la North Darfur Television, qui a fui la ville l’année dernière et qui m’écrit, hier matin, «I am fine, but the fate of my friends and relatives in the city is still unknown, I only wish them peace». La paix, quelle paix? La paix pour les défunts, la paix pour le pays, la paix pour la ville? Les pleurs résonnent dans son message.

Mon labo africain

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La queue devant une station essence, début octobre à Bamako. Depuis, des restrictions ont été mises en place, et quasiment plus aucune goutte ne filtre des rares stations où il reste de l’or noir | KEYSTONE / AP

Plus de carburant et plus d’école au Mali. Vous voyez, le moment où on dit «Rien ne va plus» avant que la roulette tourne? C’est le sentiment qu’un copain m’a décrit hier sur la situation à Bamako actuellement. Un blocus jihadiste empêche l’approvisionnement en carburant de la capitale, incendie les citernes qui tentent de venir. Du coup, rien ne va plus! Les autorités ont annoncé cette semaine suspendre les cours scolaires pendant quinze jours, le temps d’y voir plus clair. Le brillant journaliste malien Georges Attino raconte les détails sur sa chaîne.

Compte Instragram de Georges Attino (FR)

La «démocratie électorale». Je vous en ai largement parlé: le Cameroun et la Côte d’Ivoire votaient le week-end dernier pour leur prochain président. Dans les deux cas, c’est l’ex qui a rempilé. Alors le Djely, en Guinée, s’amuse à décrire une «sorte de caricature du modèle démocratique, réduite à sa dimension la plus superficielle : l’organisation périodique d’élections», des «scrutins souvent bien ficelés sur le plan technique, mais dont le seul but est de permettre aux dirigeants en place de se fabriquer une légitimité factice». Dans ce passionnant édito, le journal note que la vague récente de coups d’Etat pourrait être liée à cet «échec de la démocratisation».

Le Djely (FR)

«Soundtrack for a coup d’Etat». S’il ne faut voir qu’un seul documentaire d’ici la fin de l’année, que ce soit celui-ci! En ce moment en salles en Europe et bientôt en VOD, le film raconte plusieurs histoires en une: la terrible fin de vie de Patrice Lumumba, Premier ministre assassiné, et le jazz comme arme politique. Ces 2 heures et 30 minutes sont, pour Radio France, un «vrai thriller sur fond de jazz» et, je vous promets, comme le critique de la radio française, que vous passerez un moment «instructif et surprenant».

Radio France (FR)

Une raison d'espérer

Fab Caro reprend Astérix en main. Bon, comme vous pouvez le voir, j’ai pas forcément un optimisme collé au corps cette semaine. Mais j’ai vu avant-hier qu’un nouvel album d’Astérix et Obélix allait sortir. Déjà, c’est une raison de sourire. Et puis, juste après, que c’était le génie Fabrice Caro qui était aux manettes. Je ne sais pas si vous savez qui il est? Il est l’un des auteurs de BD hilarantes, de nouvelles absurdes et de romans ubuesques, le plus drôle que je connaisse. Dans ce nouvel opus, les deux copains gaulois partent en Lusitanie, actuel Portugal, et égrènent tous les clichés —morue, etc. Mais franchement, si on doit le pardonner à une BD, c’est bien à celle-là, non?

BFM TV (FR)
En direct de la Trumposphère
«J’aimerais la porter tout de suite.»

En visite en Corée du Sud, Donald Trump a reçu deux cadeaux: la médaille du grand ordre de Mugunghwa, le plus haut ordre du mérite en Corée du Sud, et une réplique d’une couronne portée par les rois de Silla, la dynastie qui régna de 57 avant J.-C. à 935 après J.-C en Corée.

Ce n’est pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de « la plus grande et la plus extravagante des couronnes d’or existantes » de la période Silla. Alors évidemment, le président américain a été flatté. «C’est un grand honneur, a-t-il dit. J’aimerais la porter tout de suite.»

Washington Post (EN)

Votre correspondant. Il ne faut pas gâter l’affaire! C’est ce qu’on dit aux journalistes toubab débarquant sur le continent africain en quête d’histoires aussi exotiques qu’extravagantes. Alors depuis sept ans, j’essaie de raconter la normalité. Parisien d’origine, j’ai roulé une petite bosse ici et là en Afrique, du Malawi à la Guinée-Bissau, du Mali à la Centrafrique, du Cameroun à Sao Tomé. Depuis le début de l’année dernière, mes valises sont posées au Tchad mais aussi à Marseille, un pas ici, un pas là-bas.

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