Les infos que j'ai retenues pour vous

Donald Trump et Mark Rutte à la Maison-Blanche le 14 juillet 2025. Andrew CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Donald Trump agite l’idée de taxes répressives contre la Russie. C’est un revirement étonnant qui s’opère à Washington. Donald Trump a posé hier un ultimatum à Moscou, menaçant le pays de «100%» de droits de douane en cas d’absence d’accord de cessez-le-feu sur la guerre en Ukraine «d’ici 50 jours», ainsi qu’aux pays acheteurs de pétrole russe. Le locataire de la Maison-Blanche, habituellement conciliant envers Vladimir Poutine, s’est dit «déçu» du maître du Kremlin. Un durcissement de ton qui intervient alors que l’envoyé spécial américain Keith Kellogg est en visite à Kyiv pour s’entretenir avec Volodymyr Zelensky.

Nouvelles flambées de violences en Syrie. Des affrontements entre tribus bédouines et combattants locaux dans la ville à majorité druze de Soueïda, dans le sud de la Syrie, ont fait au moins 89 morts et des dizaines de blessés hier, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Alors que Damas a envoyé des renforts, assurant vouloir s’interposer entre les tribus, Israël a frappé «plusieurs chars», prétextant protéger la minorité druze.

En Irlande, exhumation de bébés morts dans un site religieux. Les fouilles ont commencé hier dans l’ancienne fosse septique du foyer St Mary à Tuam, où 796 enfants, morts entre 1925 et 1960, ont été enterrés sans sépulture. Ce scandale, révélé en 2014 par l’historienne Catherine Corless, a mis en lumière les maltraitances infligées par l’Église catholique et l’État aux mères célibataires et à leurs enfants dans 18 foyers similaires. Entre 1922 et 1998, 56’000 femmes et 57’000 enfants y ont été placés. Parmi ces derniers, 9000 sont morts. Les fouilles devraient durer deux ans et les restes seront identifiés avec des tests ADN.

Il est temps de raconter le monde

🏔️ Trail, la montagne en courant: nouvelle édition augmentée! Et si courir en montagne était une façon de retrouver le souffle de l’aventure dans nos vies routinières? Charlie Buffet et Sophie Guignard racontent le trail comme une traversée intime.
De l’UTMB à la Diagonale des Fous, d’Aristote à Kilian Jornet ou Mathieu Blanchard, cette édition augmentée interroge le sens de la course, la nature du dépassement et la part animale qui se réveille – ou pas – en nous.
Un récit incarné, illustré par les meilleurs photographes de trail, pour comprendre ce que ce sport dit de nous – et ce qu’il fait naître en nous.

Dans mon radar aujourd'hui

Le Premier ministre français dévoile sa feuille de route budgétaire 2026. Aujourd’hui, François Bayrou joue gros. Avec son cap sur l’austérité et une recherche d’économies de 40 milliards d’euros, le Premier ministre va exiger des efforts supplémentaires des Français, à condition que le Parlement accepte le programme. Le risque: une motion de censure que de nombreux partis ont déjà annoncé vouloir brandir, qui pourrait plonger la France dans une nouvelle crise politique. Un pari osé alors qu’une extrême droite en embuscade, malgré ses déboires judiciaires, est boostée par le ras-le-bol des classes populaires et la propagande russe.

Des soldats sautent dans l’eau, dans le Donbass. Florent VERGNES

Risquer sa vie pour se détendre. Bordé par une autoroute, un lac couleur charbon. À l’horizon, les éclairs grondent. Le vent soulève le sable et son odeur nauséabonde. Aux abords, un parc abandonné d’où surgissent des statues de plâtre moulé de sphinx au regard halluciné, kitch et dérangeantes. C’est une station thermale, jadis connue pour soigner les rhumatismes.

Aujourd’hui, le complexe est désaffecté. Le lac contaminé par le choléra. Les rambardes d’accès à l’eau, bouffées par la rouille et le tétanos. La grande bâtisse qui accueillait le sanatorium et sa centaine de chambres n’est plus qu’un tas de ruines où poussent les herbes, à la faveur d’un missile tombé dans le hall deux ans plus tôt.

L’eau couleur pétrole s’agite. Une femme en sort, serrée dans un string blanc et de fausses lunettes de soleil Prada. S’assoit sur son transat pour un selfie, la bouche en cul-de-poule. Des enfants font des châteaux de limon sombre. Les hommes, des concours de plongeon. Malgré le tableau apocalyptique, les cris et les rires retentissent sur les berges. Une trentaine de têtes et le double de pieds dépassent de l’eau salée.

Malgré le choléra. Malgré les explosions en musique de fond. Malgré les quelques kilomètres qui nous séparent du front. Les petits drones explosifs russes parcourent le ciel du Donbass par milliers, pouvant maintenant atteindre des cibles à plus de 30 km. J’ai vu les voitures calcinées sur les routes, les drones harceler les villes et l’anxiété gagner les rues. Les gens courir, la peur collée au visage, abandonnant les vélos pour trouver un abri dans une échoppe. Les grands-mères fébriles, le nez en l’air.

Mais ici, l’instant est suspendu comme un bulle dans le Donbass. Pas de peur, pas de regard vers les cieux, pas d’alertes. Quand soldats et civils s’évitent pour ne pas être pris pour cible, ils se mélangent ici aux familles. Quand chaque véhicule est caché pour échapper aux attaques, ici tous s’entassent pêle-mêle, dans l’espoir de profiter de la fraîcheur de l’eau viciée, malgré l’orage. Dans ce lac terreux, à quelques kilomètres de la ligne de front, le danger semble avoir disparu.

Les soldats, muscles saillants et tatouages guerriers, trimballent des bouées flamant rose. Entassés à cinq dans le coffre d’une voiture, ils essaient d’échapper à la pluie. Ils fument la chicha, reluquent les filles, jouent au ballon. Sous une pergola défoncée, au milieu des canettes et des chiens errants, une famille boit de la vodka de contrebande devant un barbecue, en dansant sur du Bon Jovi, sourire aux lèvres et les yeux fermés. C’est un spectacle qui m’a profondément surpris, à quelques kilomètres de la mort et de la désolation, où pleuvent les bombes planantes russes.

Avec la guerre, les sources thermales ont retrouvé une nouvelle vie, celle de ceux qui n’ont pas peur de la mort. Qui ont besoin de s’oublier un peu pour survivre.

Mon labo slave

Des soldats devant des systèmes Patriot lors d’une formation, en Allemagne, le 11 juin 2024. Jens BUTTNER/ REUTERS

Les Etats-Unis enverront 17 systèmes Patriot à Kyiv. Donald Trump a annoncé hier avoir conclu un «deal» avec l’OTAN, qui paiera les États-Unis pour l’envoi «massif» de ces systèmes de défense antiaérienne. Un effet direct du durcissement de son ton envers Vladimir Poutine. De quoi redonner un nouveau souffle à l’Ukraine, qui manque de munitions, alors que Moscou bat chaque semaine des records en nombre d’engins tirés, fournis par une industrie de défense à plein régime. Au-delà de l’aspect opérationnel, c’est le changement d’attitude apparent du magnat américain qui surprend positivement en Ukraine.

L’Ukraine veut changer de Premier ministre pour le bonheur de Washington. C’est la ministre de l’Économie, Ioulia Svyrydenko, qui sera désormais à la tête du gouvernement, selon le président ukrainien hier. Un choix directement tourné vers les États-Unis, car cette économiste de 39 ans, issue du secteur privé, s’est illustrée en portant à bout de bras le difficile accord sur les minerais voulu par Donald Trump. Fruit d’échanges houleux entre les deux présidents, il a finalement été conclu de force en mai, grâce à une ministre toujours conciliante. La décision doit encore être ratifiée par le parlement, qui ne devrait pas faire de surprise. Le précédent Premier ministre, Denys Chmygal, deviendra lui ministre de la Défense à la place de l’actuel qui est nommé… ambassadeur à Washington!

Kyiv en passe de trouver un remède aux drones russes. Qu’ils soient suicides, Shahed, FPV ou bombardiers… Moscou domine la guerre des drones grâce à une production industrielle massive, envoyant chaque jour une quantité impressionnante de ces engins sur l’Ukraine. Ces technologies peu coûteuses étaient jusqu’à récemment contrées par des balles, imprécises et mobilisant d’importantes ressources humaines, ou par des systèmes antimissiles très onéreux. Mais hier, le gouvernement ukrainien a annoncé la commande de dizaines de milliers de drones intercepteurs. Ces petits appareils, fabriqués pour 1596 francs suisses chacun, devraient permettre d’arrêter les intrus russes, rééquilibrant ainsi le rapport de force dans les airs, où se joue désormais l’essentiel du conflit.

Une raison d'espérer

Un nouveau joyau archéologique péruvien ouvre ses portes. Si vous en avez marre de la surfréquentation touristique du Machu Picchu, alors vous pouvez visiter Peñico ! Cette citadelle de la civilisation Caral, vieille de 3800 ans, a été ouverte au public samedi dans la vallée de Supe, au nord du Pérou, après huit ans de restauration. Situé à 182 km de Lima, le site, autrefois centre d’échanges commerciaux entre les communautés de la côte, des Andes et de l’Amazonie, témoigne de l’organisation urbaine et agricole de l’une des plus anciennes civilisations d’Amérique.

Si, tout au long de cette édition, on s’est étonné du ton que Donald Trump a employé envers son homologue russe, il faut tout de même remettre l’église au centre du village: pour le locataire de la Maison-Blanche, le maître du Kremlin n’est pas un assassin, mais un «homme dur».

On lui passera donc les 105 décès suspects d’hommes d’affaires russes qui ont tendance à sauter par les fenêtres depuis 2014, les meurtres en pleine rue des opposants politiques, ainsi que les 10’500 civils ukrainiens tués depuis 2022. On se gardera d’ajouter à cela la vie des militaires, les pertes de la guerre de Tchétchénie et tutti quanti.

«Mes conversations avec lui sont toujours très plaisantes, très agréables, mais les missiles continuent de tomber», semble s’étonner Donald, qui, pour se dédouaner un peu, rappelle qu’avant lui, Vladimirovitch a déjà «mené en bateau Clinton, Bush, Obama, Biden».

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine, d’où je regarde le monde se déliter au rythme des drones.