Bonjour, c’est Florent à Kyiv où, comme vous commencez à le savoir, basses températures riment avec nuit de merde!

Visiblement, c’est la bonne période pour pilonner les infrastructures électriques, tuer quelques Kiéviens et, pourquoi pas, tester un nouveau missile à propulsion nucléaire. Vous le verrez dans cette édition.

Aujourd’hui, je vous parle de Donald Trump qui n’est pas content non plus avec ces missiles (ça nous fait au moins un point commun), du festival des présidents indéboulonnables au Cameroun et en Côte d’Ivoire, mais aussi d’une surprenante étude IKEA qui nous parle de vous, mes chers amis suisses, un brin casaniers.

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Florent Vergnes à Kyiv
28.10.2025

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Les infos que j'ai retenues pour vous

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Le missile de croisière à propulsion nucléaire russe 9M730 Bourevestnik au décollage. Russian Defence Ministry / ZUMA PRESS/MAXPPP

Trump juge mécontent du test d’un missile russe à propulsion nucléaire. «C’est inapproprié de la part de Poutine», s’est offusqué hier le président américain après l’annonce par son homologue russe de l’essai réussi de son nouveau missile de croisière. «Il devrait mettre fin à la guerre» en Ukraine, «qui devait durer une semaine et entrera bientôt dans sa quatrième année», a-t-il poursuivi lors d’un échange avec les journalistes. Le missile russe Bourevestnik – «oiseau de tempête», surnommé par les experts «Tchernobyl volant» – a parcouru 14’000 km, soit un tiers du globe lors d’un essai «réussi» le 21 octobre, selon le Kremlin. Doté d’un propulseur nucléaire, il vole à basse altitude, esquive les défenses et peut porter une charge nucléaire.

TV5 Monde (FR)

Paul Biya repart pour un huitième mandat. Bis et re-re-bis repetita. L’indétrônable président camerounais, 92 ans, a été officiellement réélu hier avec 53,66% des voix selon le Conseil constitutionnel. Un score plutôt modeste pour un candidat qui plafonne généralement à 70% aux élections, après 42 ans au pouvoir. Son opposant conteste les résultats, dénonçant une «mascarade» électorale. Des manifestations ont éclaté la veille à Douala, capitale économique du pays, et à Garoua, faisant quatre morts. Deux leaders de l’opposition ont été arrêtés, accusés par le parti de Biya de vouloir «mettre en œuvre un projet insurrectionnel».

Le Monde (FR)

Et Alassane Ouattara pour un quatrième. Même son de cloche en Côte d’Ivoire, où le président a été réélu hier avec un score écrasant de 89,77% au premier tour. Mais derrière cette victoire sans grande surprise, le spectre d’un électorat désintéressé et résigné, alors que le taux de participation n’était que de 50,10%, et même de 20% dans certaines régions. La faute au climat politique électrique de la campagne et à l’absence des stars de l’opposition, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, évincés des listes électorales pour une histoire de nationalité douteuse pour l’un, et une condamnation pénale pour l’autre.

France 24 (FR)

Il est temps de raconter le monde

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Dans mon radar aujourd'hui

La Jamaïque attend la pire tempête de son histoire. Melissa, un monstre de catégorie 5 avec des vents de 270 km/h, doit toucher les côtes de l’île aujourd’hui. Il pourrait être l’ouragan le plus puissant à frapper le pays depuis les premiers suivis météorologiques. «Ne vous aventurez pas à l’extérieur de votre abri sécurisé», a exhorté hier le Centre américain des ouragans (NHC), tandis que les autorités jamaïcaines pressaient les réfractaires à évacuer. En plus des vents, il y a un risque de glissements de terrain et d’inondations soudaines, avec jusqu’à un mètre de pluie. Le danger s’étend aussi à l’est de Cuba, au sud des Bahamas et aux îles Turques-et-Caïques.

Courrier International (FR)
Ca m'est arrivé cette semaine

La flemme. C’est l’automne, la saison des soupes au potiron, des arbres aux feuilles rouges et des missiles russes.

Mon vendredi avait pourtant bien commencé. Le matin, j’ai acheté des citrouilles pour Halloween. Après quoi j’ai écrit mon article sur un jeune soldat de 18 ans, qui partira dans un mois au front où il a de grandes chances de mourir. Pour me changer les idées, je suis ensuite allé chercher de l’éthanol pour chauffer le salon. Faute d’électricité, il faisait 15 degrés à l’intérieur. Le soir, avec ma compagne, on a sculpté les citrouilles en écoutant Bon Iver au coin du feu, sous un plaid. (Du cocooning comme les Helvètes en raffolent, visiblement.) Elle a fait un pumpkin cake, on a bu un thé sous la couette.

Mais à trois heures du mat’, un sifflement que mon inconscient connaît par cœur m’a fait dire, durant mon rêve : «Ah. Un Iskander-M. La flemme.» Les trois premières explosions ont suffi à me réveiller totalement. Une fois le danger passé, on s’est rendormis. À quatre heures, nouvelle alerte. Ma compagne lit le message:

«Forte menace de missile balistique à portée intermédiaire.» Comprendre : à capacité nucléaire.

Encore enroulé dans la couette, je grogne «T’imagines, ils annoncent une frappe nucléaire maintenant, et on a que 15 minutes pour aller dans l’abri atomique à 3 km de là pour y rester coincés pendant des mois ?»

«Ah ouais, la flemme», me répond-elle.

Je me lève, lui dis de récupérer son sac d’évacuation. On s’habille de la tête aux pieds, avec les chaussettes d’hiver et tout le bazar, et on se retrouve, en cinq minutes, dans le couloir, débraillés, l’appareil autour du cou au cas où, les sacs d’évacuation à nos pieds, les traces de draps sur la joue.

«Dans quinze minutes, on en saura plus sur la nature du danger», dit-elle en lisant Telegram.

En bâillant, j’attends de savoir si ce sera une fausse alerte, une escalade dans le conflit ou si on va se faire atomiser. Le sentiment à ce moment-là est un mélange subtil de fatigue, d’excitation et de peur panique à propos de cette infime possibilité que la Russie ait décidé de nous vaporiser sur un coup de tête. Au bout d’un quart d’heure, rien. Ce n’était «qu’un» exercice nucléaire russe. Retour au lit, bien réveillé, par cette espèce d’adrénaline tiédasse, celle de l’attente d’une éventuelle mort inéluctable. Elle a un peu le goût du café réchauffé de chez mamie un dimanche. Brûlé et amer, mais qui vous garde en éveil quand vous voulez dormir. Bref, il est cinq heures, je ne dors pas et «demain» je me lève à sept.

«Putain, la flemme.»

Mon labo slave

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Des peintures réalistes socialistes représentent des soldats nord-coréens au combat. Alexander NEMENOV / AFP

Moscou et Pyongyang, l’idylle venue du passé. On a les alliés qu’on peut. Hier, la ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Choe Son Hui, était à Moscou pour afficher sa «proximité spirituelle» avec le Kremlin. En plus de l’esprit, Pyongyang fournit à son allié russe des missiles balistiques (dont certains me réveillent la nuit). En contrepartie, la Corée du Nord, longtemps isolée technologiquement, bénéficierait d’un transfert de savoir-faire en matière de fabrication et d’utilisation de drones. Récemment, Moscou a célébré cette alliance avec une exposition aux relents soviétiques, montrant des soldats nord-coréens et leurs «camarades» russes face à l’armée ukrainienne. Ce rapprochement révèle surtout l’esseulement croissant de Moscou, y compris vis-à-vis de ses alliés. La Chine, en particulier, voit cette idylle d’un mauvais œil, craignant une déstabilisation régionale et une perte d’influence sur la Corée du Nord.

The Moscow Times (EN)

Un milliardaire pro-Trump à la tête de la Tchéquie? Le président tchèque a hier chargé Andrej Babis, leader du parti ANO, populiste et attrape-tout, de former le nouveau gouvernement. Babis, 7e fortune du pays, ratisse large, de l’extrême droite au parti des «Automobilistes pour eux-mêmes» (véridique), sorte de groupe poujadiste éco-sceptique, dont la politique tourne autour des moteurs à combustion. Objectif: un cabinet d’ici à la mi-décembre. Mais attention, avant de prendre les rênes, il doit clarifier ses conflits d’intérêts. Il dirige un empire chimique et alimentaire et fait face à des accusations de fraude aux subventions européennes, ce qui fait tache auprès de ses alliés europhobes. Son retour pourrait tirer Prague vers Budapest et Bratislava, avec une réduction de l’aide à l’Ukraine et un flirt avec Orban, qui salue déjà cette «bonne nouvelle pour l’Europe».

Challenges (FR)

Le suspect ukrainien du sabotage de Nord Stream sera jugé en Allemagne. Souvenez-vous: sept mois après l’invasion russe de l’Ukraine, alors que Berlin, dépendant du gaz russe, hésitait à sanctionner Moscou, quatre explosions massives ont mis hors service les gazoducs Nord Stream 1 et 2 reliant la Russie à l’Allemagne. Hier, la cour d’appel de Bologne, en Italie, a validé l’extradition vers l’Allemagne de Serhii Kouznietsov, ancien commandant militaire ukrainien soupçonné d’avoir participé au sabotage. Son avocat conteste cette décision et annonce un nouvel appel devant la Cour de cassation italienne, arguant que Kouznietsov bénéficiait d’une «immunité fonctionnelle» et que le gazoduc constituait une «cible militaire légitime» dans le contexte de la guerre.

Euronews (FR)

Vous êtes comment, les Suisses?

De là où on vous écrit chaque jour cette newsletter, on se demande parfois, nous autres les correspondants, comment vous allez, chères lectrices, chers lecteurs helvètes du Point du jour, et comment vous vivez. Hier, c’est un étrange envoi d’IKEA qui nous a renseignés. C’est la première «Étude IKEA sur la vie à la maison – comment vit et cuisine la Suisse». L’enseigne de meubles résume ainsi les résultats de son enquête auprès de 1843 personnes confiée à l’institut Sotomo (dont j’ignorais l’existence):

«Les Suisses et les Suissesses préfèrent rester à la maison – et entre eux. Les visites sont rares et quand elles ont lieu, un nettoyage minutieux est effectué au préalable. La population suisse cuisine avec passion, de préférence des plats italiens et néo-suisses. L’ordre est un thème récurrent de la cohabitation, qui peut aussi engendrer des frictions.»

Pour ma part, je me réjouis de goûter la cuisine néo-suisse. Et vous, vous reconnaissez-vous dans cette caricature – pardon, dans ce «portrait de la Suisse qu’IKEA ne souhaite pas cacher au grand public», comme dit le texte?

Watson a extrait un aspect de l’étude, sur les scènes de ménage

Une raison d'espérer

La baleine franche de l’Atlantique Nord sur la bonne voie. Un des cétacés les plus rares au monde reprend du poil de la bête avec 384 individus recensés en 2025, soit 8 de plus qu’en 2024, selon le North Atlantic Right Whale Consortium. C’est peu, mais après une dégringolade de 25% entre 2010 et 2020, ce gain de 7% depuis 2020 donne de l’espoir. Les mesures de protection, notamment au Canada dans le golfe du Saint-Laurent, commencent à payer. Mais attention, collisions avec navires et filets de pêche menacent encore, et le réchauffement des océans rend leur migration plus risquée. Les scientifiques appellent à renforcer les protections pour éviter l’extinction.

AP (EN)
En direct de la Trumposphère
«Trump sera président en 2028».

«Et les gens doivent se faire à cette idée», a martelé Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump et idéologue alt-right du mouvement MAGA.

Mais il y a un tout petit problème… le 22e amendement de la Constitution américaine interdit formellement un troisième mandat. Aucun souci pour Bannon, qui affirme que le président a sa «stratégie» qui sera dévoilée «au moment opportun».

En attendant ce coup d’État constitutionnel, l’une des hypothèses en vogue dans le monde trumpiste serait que JD Vance devienne président et Trump vice-président. Une technique directement inspirée de Poutine et Medvedev en 2012, qui avait permis au maître du Kremlin de tirer les ficelles en coulisses.

«J’aurais le droit de le faire», a assuré hier le principal intéressé, mais «c’est trop mignon. Ce ne serait pas bien». Il n’est pourtant pas totalement contre l’idée, et les casquettes rouges TRUMP 2028 continuent de se balader sur les têtes MAGA.

BBC (EN)

Votre correspondant. Plus ou moins journaliste, plus ou moins photographe, j’aime les pancakes et les bonnes histoires. Historien de formation, aussi organisé que l’armée russe et ponctuel qu’un bus malien, je fuis les lourdeurs de l’administration dans les pays où il n’y en a plus. Après douze palus et trois typhoïdes en Afrique, je redécouvre les saisons en Ukraine.

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