Bonjour, c’est Sami à Jeddah, en Arabie Saoudite, où je reviens d’une visite d’Al-Ula, un magnifique site nabatéen étrangement bien préservé malgré des siècles d’iconoclasme musulman. Je vous explique pourquoi plus bas.
Ce matin, je vous parle également de l’affaire Epstein, dont les nouveaux documents publiés hier par le ministère de la Justice compromettent Trump. On évoque aussi le Noël doux-amer de Gaza, alors qu’Israël envisage de recoloniser l’enclave. |
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Les infos que j'ai retenues pour vous
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Sur cette photo non datée publiée par les démocrates de l’organe de surveillance des abus au sein du parlement, on voit Donald Trump entouré de femmes. Crédits: Keystone / AP
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Affaire Epstein: de nouveaux documents compromettent Trump.
Hier, le département américain de la Justice a publié 11’000 nouveaux documents à propos de l’affaire Epstein. Ceux-ci mentionnent à plusieurs reprises le nom de l’actuel président, et démontrent qu’il s’est trouvé à huit reprises dans le jet privé du sulfureux homme d’affaires entre 1993 et 1996, dont une fois avec une personne âgée de 20 ans, selon le courriel d’un enquêteur daté de 2020. Et dans une lettre, semble-t-il signée par Jeffrey Epstein, Trump est décrit comme «partageant aussi notre amour des jeunes filles nubiles». «Quand une jeune beauté passait devant lui, il adorait attraper [sa] chatte», poursuit cette lettre.
CNN (EN)
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Au Yémen, échange de 3000 prisonniers entre les Houthis et les forces gouvernementales.
L’accord a été conclu hier à Mascate, après plusieurs jours de négociations sous les auspices des médiateurs omanais. La guerre entre les Houthis, soutenus par l’Iran, et les forces gouvernementales, soutenues par l’Arabie Saoudite, fait rage depuis plus de dix ans. Pendant ce temps, une force tierce, le Conseil de transition du Sud, soutenu par les Émirats arabes unis, a pris le contrôle d’Aden et d’une grande partie de ce qui fut jusqu’en 1990 le Yémen du Sud. Ses responsables évoquent une prochaine proclamation d’indépendance et ambitionnent de prendre le contrôle de la capitale Saana, actuellement aux mains des Houthis.
Arab News (EN)
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Un million de vieux véhicules interdits de circulation à Delhi.
Alors que la pollution atteint de niveaux records dans la mégapole, entraînant même des accidents de la route en raison du manque de visibilité, les autorités ont activé le niveau maximal de leur dispositif d’urgence. Plus d’un million de vieux véhicules sont bannis de la circulation. L’accès à la pompe dans les stations essence est conditionné à la présentation d’un document de contrôle antipollution valide. Les manifestations se multiplient pour réclamer un air sain, et les défenseurs de l’environnement réclament des mesures plus efficaces visant en priorité les industries polluantes.
France Info (FR)
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Dans mon radar aujourd'hui
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A Gaza, les catholiques célèbrent Noël malgré tout.
Située à moins d’un kilomètre de la Yellow Line, derrière laquelle s’est retranchée l’armée israélienne depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, la seule paroisse catholique de Gaza ne célèbre pas Noël dans une joie béate, aujourd’hui. Il y a encore quelques jours, les fidèles réfugiés dans l’église de la Sainte-Famille ont accueilli plusieurs voisins blessés après que leurs abris ont brûlé dans des tirs d’obus. Il y a trois jours, le patriarche latin de Jérusalem a pu se rendre dans l’enclave pour célébrer une messe et montrer son soutien à la minorité chrétienne, forte d’un millier de croyants, dont 135 catholiques. Tous n’ont que deux vœux à la bouche: paix et normalité.
The National (EN)
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Ça m'est arrivé cette semaine
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Al-Ula et le peuple maudit.
Toujours en Arabie saoudite, dans le cadre d’une exploration à venir sur Heidi.news, j’ai fait une escapade le weekend dernier à Al-Ula, le site archéologique le plus important du royaume, situé au nord-ouest du pays. Comme Petra en Jordanie, ce lieu a été habité et bâti par les Nabatéens, ce peuple marchand oublié, qui était en réalité le plus grand concurrent des Romains il y a deux millénaires. Comme à Petra, les Nabatéens ont sculpté à Al-Ula, au milieu du désert, de magnifiques tombeaux à même les falaises. Ces monuments rectangulaires devaient leur permettre d’atteindre le paradis. Sur la partie supérieure, des obliques permettent à l’âme de s’élever; au milieu, les symboles de fleurs représentent la vie; en bas, l’aigle en haut-relief est un gardien spirituel. A l’intérieur, dans une simple pièce carrée, les défunts de noble extraction étaient enterrés en famille sur plusieurs générations, accompagnés de leurs valeurs qui, comme en Egypte antique, devaient les suivre dans l’au-delà.
Au total, 121 tombeaux sont visibles à Al-Ula, dont une partie a été récemment excavée. Le site entier fait l’objet de rénovations et de constructions de luxe, en collaboration avec l’Agence française pour le développement d’Al-Ula, structure financée par l’Arabie saoudite qui permet d’exporter le savoir-faire français dans la région. Mais en voyant ces tombeaux magnifiques et parfaitement conservés, une question me titille. Comment ont-ils traversé les siècles, alors que, comme je vous l’ai raconté dans de précédentes chroniques, l’Islam rigoriste saoudien a plutôt poussé à abandonner voire détruire tous les sites non musulmans, encore plus lorsque ceux-ci datent l’ère préislamique, nommée en arabe Al-Jahaliya (l’ignorance).
Puis, le lendemain, j’ai eu ma réponse. Après avoir posté sur Instagram quelques photos de ces tombeaux splendides, je reçois cette question d’un ami tunisien: «C’est pas l’endroit interdit aux musulmans?». Je fais quelques recherches en ligne, et effectivement il s’avère que selon certains hadith, le lieu était habité par le peuple de Thamud qui aurait été châtié par Dieu, et Mohammed aurait donc interdit de le visiter. Ce qui, indirectement, a donc probablement contribué à sa conservation, malgré la nature polythéiste du culte nabatéen dont les divinités sculptées entrent en contradiction avec la doctrine iconoclaste.
Evidemment, le lieu est désormais autorisé aux musulmans. D’ailleurs, lors de ma visite, une majorité de touristes étaient saoudiens. Aux antipodes de l’iconoclasme, Al-Ula est désormais devenu LE lieu couru par les stars et créateurs de contenus. Ceux-ci se ruent sur Al-Miraya, un grand bâtiment design, au milieu du désert, recouvert de miroirs – le leurre ultime à influenceurs.
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Un enfant conduit un tricycle, hier dans un camp à Deir El-Balah. Crédits: Keystone / AP / Abdel Kareem Hana
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Israël envisage de recoloniser Gaza.
Hier, lors d’une conférence dans une colonie en Cisjordanie, le ministre israélien de la Défense Israel Katz a lancé la controverse. Il a tout d’abord assuré que Tsahal «ne va jamais quitter Gaza […] afin d’éviter que ce qui s’est passé ne se reproduise». Puis, contredisant le Premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui rejette cette idée, il a suggéré l’implantation d’avant-postes dans le nord de la bande terre, «à la place des communautés qui ont été évacuées». Il fait référence au retrait unilatéral des Israéliens en 2005. «Nous sommes dans une période de souveraineté effective, il y a des opportunités qui n’ont pas existé depuis très longtemps», a-t-il ajouté.
Jerusalem Post (EN)
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«Project Sunrise», le (pas si) nouveau plan américain pour transformer Gaza en destination de luxe.
Dévoilé il y a trois jours, le projet concocté par Jared Kushner et Steve Witkoff vise à transformer la bande de terre en destination «high-tech et luxueuse», dans la lignée de la «Riviera» évoquée par le président américain il y a quelques mois. Devisé à 112 milliards de dollars sur vingt ans, dont une moitié financée par les Etats-Unis, le plan a été présenté aux potentiels donateurs, dont les pays du Golfe. L’Egypte, quant à elle, est mal prise. D’un côté, elle est sceptique et préfère pousser pour son propre plan de reconstruction, devisé à 53 milliards de dollars, qui assurerait le droit des Palestiniens à rester sur leurs terres. Mais de l’autre, Le Caire ne veut pas non s’opposer trop frontalement aux velléités de Trump, soutien vital de l’économie égyptienne.
The New Arab (FR)
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A Alep, combats mortels entre les forces gouvernementales et les Kurdes.
En marge de la visite du ministre turc des Affaires étrangères, des affrontements ont éclaté à Alep entre l’armée nationale de Damas, soutenue par la Turquie, et les Forces démocratiques syriennes (FDS) emmenées par les Kurdes, qu’Ankara soupçonne de soutien au PKK turc. Suite à un accord signé en mars, les FDS doivent normalement se fondre dans les forces gouvernementales d’ici la fin de l’année. Mais sur le terrain, les combattants kurdes sont loin de vouloir rendre les armes. A Alep, les combats ont fait au moins deux morts et plusieurs blessés, avant qu’un accord de cessez-le-feu ne soit signé hier.
Al Jazeera (EN)
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Comment Mohammed Salah a changé la vie des musulmans en Angleterre.
Au centre d’une polémique depuis ses déclarations rancunières à l’encontre de son entraîneur qui ne le fait pas jouer, l’ailier égyptien de 33 ans, actuellement au Maroc pour la Coupe d’Afrique des nations, vit probablement sa dernière saison au bord de la Mersley. Si Liverpool a fait de lui le meilleur joueur égyptien de l’histoire, lui a aussi changé Liverpool. «Middle East Eye» est allé à la rencontre des musulmans de la ville pour comprendre comment la façon dont ils sont perçus a évolué depuis l’arrivée du joueur. Des études montrent une baisse importante de l’islamophobie. Et voici un des slogans chantés à Anfield: If he’s good enough for you, he’s good enough for me, if he scores another few, then I’ll be Muslim too. If he’s good enough for you, he’s good enough for me, sitting in a mosque that’s where I want to be
Middle East Eye (EN)
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En direct de la Trumposphère
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Donald Trump annonce la construction du porte-avion… Trump
Depuis sa résidence de Mar-a-Lago, le président américain a annoncé hier le lancement d’une nouvelle gamme de navires militaires. «On fabrique le meilleur équipement du monde, et de loin», s’est félicité le milliardaire. Cette nouvelle armada, présentée un jour après l’annonce par Emmanuel Macron du lancement de la construction du nouveau porte-avion français, a pour vocation de conforter le leadership mondial de la flotte américaine.
Elle se composera de plusieurs copies de ce que la Navy décrit comme «le navire de guerre le plus létal jamais construit»: un porte-avion de 170 mètres de long (le plus gros construit par l’armée américaine depuis la Seconde Guerre mondiale), 40’000 tonnes et 12 lanceurs de missiles nucléaires, qui répondra au doux nom du président américain.
CNN (EN)
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Votre correspondant.
Lausannois aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé en Egypte il y a deux ans pour enfin apprendre cette langue que feu mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Au Caire, je suis correspondant pour Le Temps et Libération. Mais ces jours, je suis en Arabie Saoudite pour une exploration à venir sur Heidi.news.
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Avenue du Bouchet 2
1209 Genève
Suisse
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