Les infos que j'ai retenues pour vous

Le nouveau président sud-coréen Lee Jae-Myung et son épouse, hier à Incheon. Crédits: Keystone / AP / Choi Jae-gu

En Corée du Sud, le leader du parti démocrate Lee Jae-Myung élu haut la main. Ancien ouvrier âgé de 60 ans, rescapé d’une tentative d’assassinat l’année dernière, le nouveau président sud-coréen a remporté hier plus de la moitié des voix, contre environ 40% pour son adversaire conservateur Kim Moon-soo. Ce scrutin, auquel ont participé près de 80% des électeurs, doit permettre de tourner la page, six mois après la tentative de coup d’État du président déchu Yoon Suk-yeol et une période de chaos politique marquée par des manifestations, des rebondissements judiciaires et une succession inédite de présidents intérimaires.

A Gaza, nouveau bain de sang près d’un centre d’aide. Au moins 31 personnes ont été tuées et 176 blessées par des tirs israéliens près de Rafah. Tsahal assure avoir été confrontée à des «suspects» sur la route menant au site de distribution d’aide. Selon le porte-parole de la défense civile gazaouie, il s’agit au contraire d’une «attaque délibérée avec des chars et des drones contre des milliers de civils qui s’étaient rassemblés». Dans le même temps, trois soldats israéliens ont été tués à Jabalia, au nord de Gaza.

Chute du gouvernement aux Pays-Bas. Le Premier ministre Dick Schoof a annoncé hier la démission du gouvernement, en place depuis presque un an, suite au départ du parti d’extrême droite PVV de la coalition. Geert Wilders, chef du PVV, souhaitait imposer l’arrêt total du droit d’asile et le départ immédiat des Syriens en possession d’un visa temporaire. Face à l’échec de sa proposition, il a décidé de retirer de la coalition son parti, première force politique du pays depuis les élections de l’année dernière.

La chronique sporadique de malka, la suite

Scène de chasse, par Richard Barret Davis (1782-1854) | DR

Enquête au bout du lac – et du rouleau. Cet épisode de la chronique que nous envoie sporadiquement Malka Gouzer, autrice de la remarquable Exploration «Ritaline mon amour», vient compléter le précédent. Il s’agit d’une enquête journalistique palpitante sur les tourments qui ont saisi Monsieur X à Genève – alors qu’il rêvait de s’y établir – et la traque aux promotions de la Coop, à laquelle il s’adonne désormais de façon compulsive. Une chasse quotidienne dont il va sortir, ce jour-là, bredouille.

Il est temps de raconter le monde

Heidimanche, la newsletter du week-end. Découvrez Heidimanche, la newsletter qui fait le point sur les infos incontournables du week-end et annonce les grands événements de la semaine à venir. Inscrivez-vous, c’est gratuit!

Dans mon radar aujourd'hui

Début du Haj. Aujourd’hui commence le pèlerinage de la Mecque, une année après celui qui avait fait plus de 1300 morts en raison des chaleurs. Pour y parer, les autorités saoudiennes ont installé 50’000 m2 de zones ombragées, 400 climatiseurs, et posé un revêtement spécial anti-chaleur autour de la grande mosquée. Comme je vous l’avais dit il y a quelques semaines, elles se sont même équipées d’intelligence artificielle afin de mieux surveiller les flux de pèlerins. Le logiciel fonctionnera notamment à partir des vidéos fournies par une flotte de drones.

Marche vers Gaza, épisode deux. Cette semaine, j’ai reçu de nombreux messages de personnes heurtées par ma chronique de la semaine dernière. Pour ceux qui ne l’ont pas lue, je parlais de la «Marche vers Gaza». Il s’agit d’un projet de militants pro-Palestine qui veulent se rendre en Egypte et marcher de la localité d’Al-Arish vers Rafah, à la frontière avec Gaza, afin de faire pression pour obtenir une levée du blocage humanitaire. Non sans une certaine dose de cynisme – certains diront d’indélicatesse– je raillais ces «militants en Birkenstock» européens qui pensent débarquer ici et changer la situation, avec ce que je décrivais comme «une pointe d’orientalisme». Cela alors que l’Egypte entière rêve de se mobiliser, mais que son gouvernement de fer interdit toute manifestation et emprisonne ceux qui marchent pour la Palestine.

Premièrement, beaucoup ont été blessés par l’appellation «militants en Birkenstock». Peut-être est-il utile de préciser qu’après dix ans de résistance, je fais désormais moi aussi partie de cette catégorie (voire secte?): modèle Arizona, taille 46, acheté il y a un mois. Ancien Lausannois du quartier Sous-gare qui ne se déplaçait jamais sans son vélo, c’est donc surtout de mon propre milieu social que je me moquais gentiment.

Deuxièmement, et on en vient au cœur du sujet, plusieurs personnes m’ont signalé, à raison, que ce projet est également porté par des militants égyptiens, qui savent combien il est dur de faire bouger les choses ici. Ainsi, l’idée est d’amener un peu de «sang de personnes blanches» en espérant que cela modifie, au moins en partie, la réaction des autorités égyptiennes. C’est un raisonnement qui se tient, tant le traitement différe dans le pays pour les détenteurs d’un passeport étranger.

A ce sujet, voici un des mails que j’ai reçus, et que je trouve puissant: «Pour les citoyens que nous sommes, face à ce sentiment de honte et d’impuissance, que faire? Régulièrement, des manifestations locales ont lieu. Elles permettent au moins de dire qu’on ne se sera pas simplement tu, qu’on n’aura pas consenti, qu’on n’est pas complice. La marche vers Gaza est du même ordre. On peut rêver que les médias vont s’y intéresser puisque quelques Occidentaux vont risquer de se faire arrêter, tabasser, etc.». Il s’agit donc presque d’une action sacrificielle pour utiliser son privilège à bon escient et conjurer le sentiment d’impuissance. Un choix fort, mais qui pose cette question, infinie et récurrente dans le militantisme ou le bénévolat: accomplit-on les actions pour les autres, pour soi-même, ou un peu des deux?

In fine, et c’est le plus important, face à ce que de plus en plus d’observateurs et experts appellent un génocide (et dont je vous parle sous toutes les coutures dans ma newsletter depuis un an et demi), je pense fondamentalement que la pire attitude est le déni, ou le silence complice. A cet égard, l’Histoire nous jugera sans doute sévèrement, à commencer par les Etats. Et donc, toute action, toute mobilisation, même quand c’est pour se casser les dents sur la police égyptienne, est toujours mieux à prendre que le silence. Malgré mes doutes sur la faisabilité de cette fameuse marche, tout ce que je souhaite au fond, c’est qu’elle fonctionne. Bonne route!

Mon labo syrien

Le ministre syrien des Finances, Mohammed Yisr Barnieh, au centre, assiste à la cérémonie d’ouverture de la Bourse de Damas. Crédits: Keystone / AP / Omar Sanadiki

La Bourse de Damas rouvre ses portes. Fermée en décembre de l’année dernière, lors de la chute du régime, pour prévenir la fuite de capitaux ou des manipulations financières, elle a repris du service ce lundi, lors d’une cérémonie en grande pompe. Sur les 28 entreprises enregistrées au Damas Securities Exchange, la moitié sont déjà de retour. L’autre doit encore se soumettre aux exigences de transparence. La bourse «servira de hub pour développer l’économie syrienne, avec un focus sur le numérique», s’est réjoui le ministre des Finances Mohammad Yasar Barnieh.

Washington valide l’intégration des djihadistes étrangers dans l’armée nationale. Ils sont estimés à environ 3500, et viennent principalement de Chine, mais aussi de France et du reste de l’Europe. Les combattants étrangers, qui ont combattu aux côtés de HTS pour renverser le régime de Bachar al-Assad, deviendront des militaires syriens réguliers. C’est ce que veut Damas, et ce qu’a confirmé lundi Thomas Barrack, l’envoyé spécial en Syrie de Donald Trump, qui préfère les garder au sein d’une structure étatique plutôt que de les exclure, au risque qu’ils se dispersent dans la nature.

Damas et Doha signent un accord énergétique à sept milliards de dollars. Mené par une holding qatarie, un consortium d’entreprises internationales s’engage à construire en Syrie quatre turbines à gaz pour une capacité électrique totale de 4000 mégawatts, ainsi qu’une station solaire d’une puissance de 1000 mégawatts. Il se donne trois ans pour mettre en service ces infrastructures, dont la puissance cumulée équivaut à la moitié de la production nationale actuelle. Pour l’heure, la majorité du pays ne bénéficie que de trois à quatre heures de courant par jour. Selon les investisseurs, ces projets créeront 50’000 emplois directs et jusqu’à 250’000 emplois indirects.

Pendant ce temps, sur Heidi.news

Elizabeth Mpofu, militante zimbabwéenne et figure mondiale de la lutte pour la souveraineté alimentaire. | DR

«La modernisation agricole crée la faim et fait pleurer les paysans». D’un côté, il y a les philanthropes internationaux qui prétendent nourrir l’humanité à travers la technologie et l’industrie. De l’autre, des petits paysans qui voient bien à quel point ces méthodes appauvrissent les sols et les rendent dépendants. Comme Elizabeth Mpofu au Zimbabwe, figure mondiale de la souveraineté alimentaire, que nous avons appelée un matin avant qu’elle ne se rende aux champs.

Un homme marche dans l’ombre, quartier du Bronx, New York, le 21 janvier 2025. | Michele Cattani pour Heidi.news

Que fait un Africain sans papier quand il arrive à New York? Nous voici à New York, point d’arrivée de ces migrants ouest-africains qui ont traversé la planète en quête de l’Eldorado. Une fois sur place, vers qui se tourner? Là encore, la réponse circule via les réseaux sociaux. C’est l’adresse d’un imam dans une maison rouge du Bronx, ou celle d’une bienfaitrice guinéenne à Harlem. Autant de phares dans la nuit migratoire.

Une raison d'espérer

En Egypte, Zawya défend le cinéma indépendant. Parfois surnommée le «Hollywood du monde arabe», l’industrie du film égyptien a tous les travers de son voisin américain: superproductions pleines d’action et vides de sens, comédies gnangnan, épopées militaires patriotiques. Dans ces ténèbres, Zawya («perspective» en arabe) est un rayon de soleil. Soutenant de jeunes réalisateurs indépendants, offrant une place pour des films qui n’en trouveraient pas ailleurs, cette salle née de la révolution de 2011 a cimenté autour d’elle une communauté fidèle. Dont, vous l’aurez certainement compris, je fais partie.

«Désolé, mais je n’en peux plus. Ce projet de loi de dépenses du Congrès, massif, scandaleux et clientéliste, est une répugnante abomination. Honte à ceux qui ont voté pour: vous savez que vous avez mal agi. Vous le savez.»

Hier sur X, Elon Musk laissait ainsi exploser sa colère à propos du «Big Beautiful Bill» de Donald Trump – il maugréait à ce propos depuis quelques jours déjà, mais en des termes plus diplomatiques. Loin des promesses d’efficience gouvernementale et de sobriété budgétaire du président, que Musk était chargé d’incarner au sein du DOGE, ce projet de loi fait exploser le déficit de Washington et provoque la défiance des bailleurs de fonds internationaux. Un divorce est-il en vue entre le président de la première puissance mondiale et l’homme le plus riche de la planète?

Votre correspondant. Aimant à me définir comme un «arabe raté», je me suis installé au Caire il y a un an et demi pour enfin apprendre cette langue que mon père tunisien ne m’a jamais transmise. Avant cela, j’ai réalisé des Explorations pour Heidi.news et officié chez Le Temps.